Philippe Pétain

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Philippe Pétain

Philippe Pétain est un militaire et un homme politique français, né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais) et mort le 23 juillet 1951 à Port-Joinville, sur l'île d'Yeu, en Vendée.

Pendant la Première Guerre mondiale, il organise la défense de Verdun, devient commandant en chef de l'armée française, puis est nommé maréchal de France en 1918.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est investi des pleins pouvoirs par le Parlement et met fin à la Troisième République en la remplaçant par un régime plus autoritaire et plus centralisé autour du chef de l'État. C'est le « régime de Vichy ». Il devient donc le chef de l'« État français » qui collabore avec l'occupant nazi et lutte contre la Résistance française. Il dirige le régime de Vichy du 10 juillet 1940 au 20 août 1944. Condamné à mort en 1945 pour haute trahison, il est gracié mais reste emprisonné sur l'île d'Yeu où il meurt en 1951 à 95 ans.

Le militaire[modifier | modifier le wikicode]

Philippe Pétain est originaire d'une famille de cultivateurs installée en Artois.

Carrière militaire[modifier | modifier le wikicode]

Il fait ses études militaires à l'École de Saint-Cyr où il entre parmi les derniers du concours et dont il sort dans les rangs du milieu.

Sa carrière militaire est très lente : sous-lieutenant d'infanterie en 1878, lieutenant en 1883, capitaine en 1890, commandant en 1900. Il est nommé lieutenant-colonel en 1907 et colonel en 1910. En juillet 1914, il est sur le point de prendre sa retraite. Il est affecté dans des unités stationnées à Villefranche-sur-mer, Besançon, Marseille, Vincennes, Châlons-sur-Marne (aujourd'hui Châlons-en-Champagne), Quimper, Arras et Saint-Omer. Célibataire, il y connaît la vie médiocre des officiers de garnison. Il ne manifeste pas d'opinions politiques à une époque où les officiers sont souvent très engagés (surtout à droite) et surveillés par le pouvoir républicain (affaire des fiches). Selon ses futurs collaborateurs, il aurait cru à l'innocence de Dreyfus.

Officier instructeur et professeur dans différentes écoles militaires, il y développe des idées qui vont à l'encontre des théories du haut-commandement militaire. Il est opposé à la charge d'infanterie baïonnette au canon qui doit enfoncer les lignes ennemies (méthode qui sera responsable du carnage des premiers mois de guerre en 1914). Pétain est persuadé que le matériel moderne (mitrailleuse et canon) doit jouer un grand rôle dans l'attaque. Il préconise une préparation d'artillerie qui doit affaiblir les positions ennemies. Cela doit permettre une action plus efficace des soldats d'infanterie (qui ne doivent plus tirer au hasard mais sur des cibles). Il apparaît déjà comme « économe du sang de ses soldats ».

Le vainqueur de Verdun[modifier | modifier le wikicode]

Verdun - Tableau de guerre, peint par Félix Valloton en 1917.

Alors qu'il allait prendre sa retraite, le déclenchement de la Première Guerre mondiale permet au colonel Pétain de prolonger sa carrière militaire. En août 1914, pendant la bataille des Frontières, il dirige la 4e brigade d'infanterie qui opère en Belgique. Il est nommé général de brigade le 31 août.

Pétain bénéficie alors de l'épuration (le limogeage) que le général Joffre fait dans le haut-commandement français, dont une partie avait été très critique sur la manière dont il avait mené les opérations au début de la guerre. En septembre 1914, à la tête de la 67e division d'infanterie, il participe à la bataille de la Marne. Pétain est nommé général de division le 14 septembre. Le 20 octobre, pendant la course à la mer, il commande le 33e corps d'armée qui opère en Artois.

En juin 1915, il prend la tête de la IIe armée qui défend la région Lorraine, et en particulier Verdun. Lorsque, le 2 février 1916, les Allemands déclenchent la bataille de Verdun, Pétain organise la défense de la place forte, verrou stratégique pour la défense de la capitale. C'est lui qui crée la « Voie Sacrée » qui, de Bar-le-Duc à Verdun, permet de ravitailler les troupes qui s'accrochent au terrain dans des conditions épouvantables. Il organise la rotation des soldats vers l'avant et l'arrière où ils peuvent souffler. Les soldats engagés à Verdun lui seront très reconnaissants de la manière dont il a conduit la bataille. Pétain s'appuiera sur la confiance des anciens combattants par la suite.

Le 1er mai 1916, Pétain est nommé au commandement du groupe d'armée du Centre et est remplacé à Verdun par le général Nivelle qui terminera victorieusement la bataille en décembre.

Commandant en chef des troupes françaises[modifier | modifier le wikicode]

Le 15 mai 1917, Pétain devient commandant en chef des troupes françaises en remplacement du général Nivelle dont l'offensive sur le Chemin des Dames a été un désastre. Pétain doit faire face à l'agitation qui touche certaines unités : les mutineries de 1917. Pétain rétablit l'ordre en faisant arrêter et juger les meneurs, dont une partie sera fusillée. Pétain regagne la confiance des soldats en faisant savoir que pour lancer une nouvelle offensive d'envergure, il attend la livraison des chars de combat et l'arrivée des premières troupes américaines. Il améliore également la vie quotidienne des combattants. Là encore, Pétain forge sa légende de chef soucieux de ses hommes.

Cependant, du fait de sa prudence jugée « défaitiste », en mars 1918, les gouvernements alliés lui préfèrent le général Foch, partisan de l'offensive, pour devenir le généralissime coordonnant les armées françaises, britanniques et américaines qui font face aux dernières offensives des armées allemandes. Pétain préparait une invasion de l'Allemagne quand, sur la pression de Foch, les alliés signèrent l'armistice du 11 novembre 1918.

En 1925-1926, au Maroc, il dirige avec succès la lutte contre les rebelles commandés par Abd el-Krim. Dans les années 1930, son prestige reste immense.

L'homme politique collaborationniste[modifier | modifier le wikicode]

Portrait de Philippe Pétain, en civil, beaucoup plus âgé, dans les années 1930 ou à la veille des années 1940

Pétain est ministre de la Guerre en 1934, puis ambassadeur de Madrid auprès du général Francisco Franco. Durant cette période, il se montre favorable, en cas de conflit, à une guerre de positions défensive.

Pendant la guerre[modifier | modifier le wikicode]

En mai 1940, alors qu'il est vice-président du Conseil des ministres, il insiste pour que le gouvernement signe l'armistice. Le 16 juin, il est nommé Président du Conseil par le président Albert Lebrun, suite à la démission de Paul Reynaud. Il a alors 84 ans. Dès le 17 juin, il lance un appel à la fin de la lutte contre les Allemands avec lesquels ses représentants négocient les conditions d'un armistice, qui sera signé le 22 juin.

Rencontre entre Pétain et Adolf Hitler en 1940.

Il s'installe alors en zone libre, à Vichy et, le 17 juillet 1940, se fait accorder les pleins pouvoirs par le Parlement. Il met alors en place un régime autoritaire, réactionnaire et raciste que l'on appellera « Régime de Vichy ». À partir de sa rencontre avec Hitler en octobre 1940, il engage la France dans une politique de collaboration avec l'Allemagne nazie. Ses gouvernements aident les nazis dans leur lutte contre les armées alliées anglo-américano-russes et contre les résistants français.

À la fin de la guerre, les nazis l'emmènent en Allemagne, puis il revient en France. Il est jugé, condamné à mort, finalement gracié par le général de Gaulle. Il passe le reste de sa vie enfermé sur l'île d'Yeu, où il meurt en 1951, à 95 ans.

Philippe Pétain vu par le général de Gaulle[modifier | modifier le wikicode]

Dans ses Mémoires de guerre, Charles de Gaulle dresse le portrait du Maréchal Pétain :

« Toute la carrière de cet homme d'exception avait été un long effort de refoulement. Trop fier pour l'intrigue, trop fort pour la médiocrité, trop ambitieux pour être arriviste, il nourrissait en sa solitude une passion de dominer, longuement durcie par la conscience de sa propre valeur, les traverses rencontrées, le mépris qu'il avait des autres. La gloire militaire lui avait, jadis, prodigué ses caresses amères. Mais elle ne l'avait pas comblé, faute de l'avoir aimé seul. Et voici que, tout à coup, dans l'extrême hiver de sa vie, les événements offraient à ses dons et à son orgueil l'occasion tant attendue de s'épanouir sans limites, à une condition, toutefois, c’est qu'il acceptât le désastre comme pavois de son élévation et le décorât de sa gloire [...]  ».

Vikiliens pour compléter[modifier | modifier le wikicode]

Article mis en lumière la semaine du 29 juin 2015.
Chefs d'État de la France depuis la Révolution française

Première République :
Grande instabilité politique.

Premier Empire :
1804 - Napoléon Ier

Première Restauration :
1814 - Louis XVIII

Cent-Jours :
1815 - Napoléon Ier

Seconde Restauration :
1815 - Louis XVIII
1824 - Charles X

Monarchie de Juillet :
1830 - Louis-Philippe Ier

Seconde République :
1848 - Louis-Napoléon Bonaparte

Second Empire :
Empereur - Napoléon III

Troisième République :
1871 - Adolphe Thiers
1873 - Patrice de Mac Mahon
1879 - Jules Grévy
1887 - Sadi Carnot
1894 - Jean Casimir-Perier
1895 - Félix Faure
1899 - Émile Loubet
1906 - Armand Fallières
1913 - Raymond Poincaré
1920 - Paul Deschanel
1920 - Alexandre Millerand
1924 - Gaston Doumergue
1931 - Paul Doumer
1932 - Albert Lebrun

Régime de Vichy :
1940 - Philippe Pétain

Gouvernement provisoire de la République française :
1944 - Général de Gaulle
1946 - Félix Gouin, Georges Bidault, Léon Blum

Quatrième République :
1947 - Vincent Auriol
1954 - René Coty

Cinquième République :
1959 - Charles de Gaulle
1969 - Alain Poher (intérim)
1969 - Georges Pompidou
1974 - Alain Poher (intérim)
1974 - Valéry Giscard d'Estaing
1981 - François Mitterrand
1995 - Jacques Chirac
2007 - Nicolas Sarkozy
2012 - François Hollande
2017 - Emmanuel Macron

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