Monarchie de Juillet

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La monarchie de Juillet est le nom du régime politique de la France de juillet 1830 à février 1848. C'est une monarchie constitutionnelle avec pour roi Louis-Philippe Ier.

Le régime politique repose sur le suffrage censitaire qui donne le pouvoir à la petite partie la plus riche de la bourgeoisie française. À partir de 1840, le gouvernement animé par François Guizot s'appuyant sur une majorité politique docile, grâce à la corruption électorale, refuse tout élargissement du corps électoral par abaissement du cens. Ce sera la cause directe du renversement du régime en février 1848.

Le gouvernement favorise les affaires : en particulier la création d'un réseau ferroviaire en France, mais aussi le développement de l'industrie textile. À l'extérieur, le gouvernement recherche la paix (favorable aux affaires) en particulier avec le Royaume-Uni (première Entente cordiale), ce qui déplait à une partie de l'opinion pour qui l'Angleterre reste l'ennemie. La France poursuit la conquête de l'Algérie par les Français et les premiers colons d'origine européenne s'installent dans ce territoire.

À partir de 1846, une grave crise agricole diminue les revenus des agriculteurs (la très grande majorité de la population). Faute de revenus ceux-ci réduisent leurs commandes à l'industrie qui doit licencier ses ouvriers salariés. Un profond malaise social se développe jusqu'à l'hiver 1848. Il favorise le mécontentement : cela sera fatal au régime.

La bourgeoisie française accapare le pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

Une démocratie censitaire[modifier | modifier le wikicode]

Le roi Louis XVIII en 1831.

En juillet 1830, les hommes politiques issus de la bourgeoisie profitent des émeutes parisiennes pour opérer seulement un changement de dynastie royale.

Pour eux, il n'est pas question de céder aux revendications d'une grande partie des émeutiers (le rétablissement du suffrage universel, voire la proclamation de la République). Aussi ils se contentent de modifier à leur profit la Constitution de 1814. Dès avril 1831, une loi modifie les conditions de vote et d'éligibilité pour la chambre des députés. L'impôt que l'on doit payer pour ses biens pour être pour électeur passe de 300 à 200 francs, pour être éligible de 1000 à 500 francs (un ouvrier industriel gagnait alors en moyenne 450 francs dans l'année) ; l'âge requis passe respectivement à 25 et 30 ans. De ce fait il y a désormais 168 000 électeurs et 15 000 éligibles (sur une population de plus de 33 millions d'habitants). Le droit de vote est bien réservé à la partie la plus riche de la bourgeoisie et à la noblesse (qui est encore une grande propriétaire de terres).

L'accès à la deuxième chambre législative (la Chambre des pairs) cesse d'être héréditaire. Il va donc y avoir une extinction progressive des pairs nommés par le régime précédent, surtout des familles nobles d'avant la Révolution et des nobles du premier empire. Le gouvernement peut alors créer les pairs qu'il veut pour récompenser ses plus fidèles soutiens.

L'installation des notables au pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

Les conseillers municipaux et généraux, jusque-là nommés par le gouvernement, sont désormais élus (mais les maires des villes restent nommés par les préfets ou le gouvernement). La bourgeoisie va donc s'installer plus facilement aux commandes des administrations locales, sources d'influence voire de bonnes affaires.

La petite bourgeoisie boutiquière va aussi trouver une satisfaction. On lui réserve le service dans la Garde nationale, puisqu'il faut payer son uniforme. De 20 à 60 ans, tous ceux qui payent l'impôt sur leurs biens servent dans cette armée bénévole, faiblement expérimentée, mais bien équipée avec 800 000 fusils et 600 canons. Son rôle principal est d'intervenir pour défendre l'ordre bourgeois contre les attaques des classes populaires.

Un régime contesté[modifier | modifier le wikicode]

Née d'une révolution détournée au profit de la bourgeoisie la Monarchie de Juillet est contestée par les partisans des régimes précédents (Restauration et Empire) mais aussi par les républicains.

L'opposition des royalistes légitimistes[modifier | modifier le wikicode]

Les légitimistes sont des royalistes qui considèrent que le roi Louis-Philippe est un usurpateur. Les légitimistes recrutent parmi la noblesse et le clergé catholique. Ils restent influents dans le Midi, dans l'Ouest et dans certaines parties du Massif Central.

Ils espèrent le rétablissement du « vrai roi », le comte de Chambord, petit-fils du roi Charles X, en exil depuis 1830. La tentative de soulèvement de l'Ouest entreprise en 1832 par la duchesse de Berry (mère du comte de Chambord) échoue et déconsidère sa cause. Les légitimistes vont désormais faire de l'opposition dans leurs salons du faubourg Saint-Germain à Paris ou dans leurs châteaux de province en y commentant les articles de leur journaux favoris La Quotidienne et La Gazette de France.

L'opposition bonapartiste[modifier | modifier le wikicode]

Depuis 1832, chef de la maison Bonaparte le prince Louis-Napoléon essaie de profiter du souvenir magnifié du Premier Empire. Sa tentative de soulèvement de la garnison de Strasbourg en 1836 échoue et il est expulsé vers les États-Unis. En 1840, profitant de l'effervescence créée par le retour des cendres de Napoléon en France, il tente de débarquer à Boulogne échoue et tourne au ridicule. Louis-Napoléon est emprisonné au fort de Ham, dans la Somme (dont il s'évade en 1846).

L'opposition républicaine[modifier | modifier le wikicode]

Caricature de Louis-Philippe en 183. La poire

L'escamotage de la révolution de 1830, renforce l'opposition déterminée des républicains. Influents dans la petite bourgeoisie, parmi les étudiants, les ouvriers (très minoritaires à l'époque) ils s'organisent en sociétés secrètes (comme celle des Droits de l'Homme ou celle des Saisons). Leurs chefs sont Garnier-Pagès, Godefroy Cavaignac, Armand Carrel, Raspail qui publient régulièrement des articles dans les journaux Le National, La Tribune. Ils y développent un programme surtout politique : le suffrage universel (masculin), la liberté d'association et la création d'un enseignement primaire gratuit. Dans le journal La Réforme, une petite minorité de républicains demandent des lois pour améliorer le sort des ouvriers qui vivent dans des conditions le plus souvent désastreuses.

En décembre 1830, à Paris il y a des émeutes pour protester contre les conditions favorables qui sont faites aux anciens ministres de Charles X qui comparaissent devant la justice. En février 1831, à Paris, la révélation de la tenue d'une messe légitimiste en souvenir du duc de Berry assassiné en 1820, déclenche le pillage de l'église Saint-Germain l'Auxerrois et de l'Archevêché. Des mascarades anti-religieuses renforcent le carnaval qui se tenait alors. En juin 1832, les funérailles du général Lamarque, un opposant au régime, tournent à l'émeute, l'armée intervient, il y aura plus de 800 victimes.

La presse, relativement libre jusqu'en 1835, se déchaîne contre les soutiens du régime et surtout contre le roi Louis-Philippe. Elle raille son avarice, son physique. La caricature de Philippon, retravaillée par Honoré Daumier, qui montre les transformations de la tête du roi en poire, connaît un immense succès. Le roi lui-même est menacé et est la cible de nombreux attentats comme celui de Fieschi en juillet 1835 qui fait 18 morts et 23 blessés. Il y a récidives en juin et décembre 1836, en 1840 et encore en 1846.

Les insurrections ouvrières[modifier | modifier le wikicode]

Bien plus dangereuses encore pour le régime bourgeois sont les émeutes ouvrières provoquées par des conditions de vie, de travail et de salaire très difficiles. En novembre 1831, les ouvriers en soie, les Canuts de Lyon, se soulèvent pour réclamer des augmentations de salaire. Quelques temps maîtres de la ville, ils sont sévèrement réprimés par l'armée commandée par le maréchal Bugeaud ; il y aura plus de 1000 victimes. En avril 1834, il y a un nouveau soulèvement à Lyon, lui aussi réprimé durement, on relève 300 morts et 300 blessés. Au même moment a lieu à Paris, le massacre de la rue Transnonain, où l'armée exécutera 25 personnes.

Des partisans divisés[modifier | modifier le wikicode]

Parti de la résistance et parti du mouvement[modifier | modifier le wikicode]

Les hommes politiques qui ont installé Louis-Philippe sur le trône étaient d'accord pour s'opposer à la politique réactionnaire du roi Charles X. Mais ils se divisent sur l'avenir.

Certains, tels le banquier Jacques Laffitte ou Odilon Barrot, souhaitent élargir le corps électoral et y intégrer la petite bourgeoisie. Il souhaitait également aider les peuples européens qui en 1830 sont en lutte contre leurs souverains absolutistes (tels les Belges ou les Polonais) et ainsi trouver des alliés en Europe (les souverains installés sont hostiles au roi Louis-Philippe qui doit son trône à une révolution). Cette tendance de la haute bourgeoisie est dénommée le « parti du Mouvement ».

Par contre une autre tendance pense que le régime mis en place en 1830, est le meilleur pour défendre les intérêts de la bourgeoisie et qu'il faut rechercher la paix à l'intérieur, y compris en usant de la force contre les tentatives républicaines et ouvrières. Comme le développement des affaires nécessite une situation de paix extérieure, il ne faut pas contrarier les autres souverains et pour cela refuser de modifier la carte de l'Europe. Leurs chefs sont Casimir Périer, François Guizot et Adolphe Thiers. Ils forment le « parti de la Résistance ». Eux-mêmes sont divisés sur la place qu'il faut accorder au roi dans la direction du pays (Thiers est opposé à l'idée d'un roi qui gouverne alors que Guizot s'en accommode.)

Les ministères de la Résistance[modifier | modifier le wikicode]

En novembre 1830, le roi confie la direction du gouvernement à Jacques Laffitte (chef du parti du Mouvement). Celui-ci est incapable de faire cesser l'agitation quotidienne à propos de la vie chère et des poursuites contre les partisans de la Restauration. Son désir d'aider les peuples européens en lutte contre leurs souverains l'oppose au roi qui le renvoie en mai 1831.

Désormais le parti de la Résistance va diriger la France jusqu'en 1848. Cependant de 1830 à 1840, il y aura quinze ministères. Cette instabilité est due aux rivalités entre les chefs du parti de la Résistance, mais aussi aux intrigues du roi pour tenter d'imposer ses opinions dans le gouvernement de la France. De mars 1831 à mai 1832, Casimir Périer réprime les soulèvements populaires, lutte contre la presse d'opposition en lui intentant de multiples procès, réorganise la garde nationale qui devient bourgeoise. Périer meurt victime de l'épidémie de choléra de 1832. Le roi fait appel au duc de Broglie, à Thiers et à Guizot, autres chefs du parti de la Résistance. Ceux-ci mènent une politique très conservatrice. Ils font face aux nombreux soulèvement ouvriers et complots républicains (voir plus haut). Dans ce but ils limitent fortement la liberté de la presse par les lois de 1835. Ils tentent d'interdire les associations qui ont plus de 20 membres. Cependant Guizot fait voter en 1833, une loi qui oblige les communes à ouvrir et entretenir une école primaire de garçons.

De 1836 à 1839, grâce à la complaisance du gouvernement Molé, le roi participe à la direction du pays. Mais en 1839, les partisans de Molé sont battus aux élections législatives. Thiers devient président du conseil. Son échec en politique étrangère à propos de l'Égypte, l'oblige, en octobre 1840, à céder le pouvoir à Guizot. Celui-ci va gouverner, en accord avec le roi jusqu'en 1848.

L'immobilisme du ministère Guizot[modifier | modifier le wikicode]

Guizot dispose d'une majorité à la chambre de députés grâce à la corruption électorale : il fait élire de nombreux hauts-fonctionnaires qui lui doivent tout (il y avait près de 180 fonctionnaires-députés sur 450). Guizot refuse constamment un abaissement du cens électoral qui rendrait électeurs et éligibles un plus grand nombre de bourgeois. De cette manière il mécontente une partie de la population qui fournit pourtant les plus nombreux soutiens du régime. Pour tenter de gagner le soutien des milieux catholiques jusque-là peu favorables à la Monarchie de Juillet, il essaie sans succès de permettre la création d'universités libres (sous le contrôle de l'Église catholique).

En 1841, sous la pression des patrons des filatures et tissages de l'Est, il fait voter une loi qui réglemente le travail des enfants dans l'industrie. En 1842, pour satisfaire les milieux bancaires et les industriels de la sidérurgie, Guizot fait voter une loi qui organise la construction d'un réseau de chemins de fer en étoile autour de Paris.

A l'extérieur, Guizot recherche l'apaisement avec le Royaume-Uni (celui-ci est inquiet des entreprises françaises en Égypte, en Algérie et à Tahiti). Mais les menées de la France en Espagne (à propos des mariages espagnols) mécontentent fortement les Britanniques et Guizot tente alors de se rapprocher des souverains absolutistes d'Europe. Ce retournement diplomatique indispose une grande partie de l'opinion française, où le souvenir des guerres de la Révolution est encore présent.

La chute de la Monarchie de Juillet[modifier | modifier le wikicode]

L'essor de l'opposition républicaine[modifier | modifier le wikicode]

upright=0.75Louis-Philippe chassé du pouvoir

La Monarchie de Juillet va disparaitre à la suite des manœuvres politiques d'une partie de la bourgeoisie censitaire. La partie gauche de la Chambre des députés demande une réforme politique. Pour assurer une plus grande représentativité des députés elle demande une augmentation du nombre des électeurs grâce à l'abaissement du cens électoral de 200 à 100 francs et la prise en compte des diplômes (sans conditions de cens). Elle veut aussi interdire aux fonctionnaires en exercice de devenir députés.

Comme le gouvernement ne veut rien entendre, la Gauche dynastique organise, à partir de juillet 1847, une campagne nationale d'agitation, sous la forme de banquets politiques. Là après un repas payant les participants parleraient politique et demanderaient collectivement la réforme. Conçue à l'origine par les soutiens critiques de la monarchie, cette campagne des banquets est progressivement prise en main par les républicains, adversaires de la monarchie (en particulier Arago, Ledru-Rollin, Louis Blanc et le journal La Réforme). Il y aura 70 banquets à travers la France.

La révolution de février 1848[modifier | modifier le wikicode]

Un banquet est prévu à Paris le 22 février 1848. Le gouvernement l'interdit. Le 22 une manifestation a lieu dans Paris, elle connaît quelques incidents entre manifestants et soldats. Le 23 la Garde nationale, pourtant composée de bourgeois, manifeste bruyamment son opposition au ministère Guizot. Le roi se décide alors à remplacer Guizot par Molé. Mais dans la soirée des manifestants sont tués par des soldats. Dans la nuit leurs cadavres sont promenés dans les rues de Paris, ce qui provoque des appels à l'insurrection. Le 24 au matin Paris est soulevé contre le gouvernement. L'Hôtel de Ville est occupé et la résidence royale du palais des Tuileries est menacée.

Louis-Philippe décide de ne pas intervenir militairement pour éviter le bain de sang. Il abdique en faveur du comte de Paris son petit-fils, puis prend le chemin de l'exil en Angleterre. Dans l'après-midi du 24 février la république est proclamée par les députés.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Bordas, (articles Monarchie de Juillet, Révolution de 1830, Révolution de 1848, Guizot, Louis-Philippe Ier)
  • Philippe Vigier, La Monarchie de Juillet, PUF, collection Que Sais-Je ?
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