Affaire Dreyfus

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La dégradation d'Alfred Dreyfus, à Paris, le 5 janvier 1895

L'affaire Dreyfus est une grave affaire politique, militaire et religieuse qui divise profondément la France entre 1894 et 1906.

Le capitaine Alfred Dreyfus, d'origine alsacienne et de confession juive, était officier de l'État-Major de l'armée de terre. Le 13 octobre 1894, il est arrêté et accusé d'avoir livré des secrets militaires à l'empire allemand. Après un procès, où le dossier d'accusation contenait des pièces falsifiées, Dreyfus, est condamné, par un conseil de guerre, pour espionnage au profit de l'Allemagne et envoyé au bagne à l'île du Diable en Guyane, loin de tous ceux qu'il aime, avec des conditions de vie très limitées.

Dreyfus s'est toujours déclaré innocent ; aussi sa famille, soutenue par des hommes politiques et par des journalistes, dévoile les anomalies du procès et demande sa réouverture. En effet en 1896, le colonel Picquart a découvert que l'auteur de la fuite au profit de l'Allemagne est le commandant Esterhazy. L'armée refuse de se déjuger et refuse l'ouverture d'un nouveau procès. En janvier 1898, par son texte manifeste J'accuse publié dans le journal L'Aurore (dirigé par Georges Clemenceau), l'écrivain Émile Zola porte l'affaire Dreyfus devant l'opinion publique. Zola est critiqué de partout par les anti-dreyfusards qui s'opposaient en général, aux juifs. Charles Péguy prend part à toutes les manifestations et publiera Notre Jeunesse1.

Dreyfus est condamné à un an de prison par une cour d'assises. La France se divise alors en deux camps qui s'affrontent violemment : les Dreyfusards partisans de l'ouverture d'un nouveau procès et les anti-dreyfusards qui n'en veulent pas afin de ne pas affaiblir l'armée française.

En 1899, à Rennes, un nouveau procès déclare Dreyfus coupable mais avec des circonstances atténuantes. Dreyfus est condamné à dix ans de détention. Dreyfus accepte alors la grâce du président de la République car il sait qu'il ne tiendra pas 10 ans en prison et qu'il veut revoir sa famille, mais il est toujours considéré comme coupable (la grâce ne modifie pas le jugement mais seulement la peine).

En 1906, un nouveau procès devant la cour de cassation reconnait l'innocence de Dreyfus et décide sa réintégration dans l'armée, il est décoré dans l'ordre de la légion d'honneur. L'affaire Dreyfus a eu d'énormes conséquences sur la vie politique de la France. Dreyfus a passé plus de cinq ans en prison.

Les crises de la IIIe République

La condamnation de Dreyfus[modifier | modifier le wikicode]

Le 15 octobre 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, affecté à l'État-Major de l'armée de terre, est arrêté sur ordre du ministre de la Guerre. Il est soupçonné d'avoir communiqué des secrets militaires par une lettre adressée à l'ambassade d'Allemagne à Paris. L'accusation est basée sur la ressemblance de l'écriture entre l'auteur de la lettre et celle de Dreyfus. Dreyfus est passible du conseil de guerre. L'instruction du dossier est faite par un officier le général Paty de Clam. Pendant toute l'instruction, comme pendant son procès, Alfred Dreyfus clame son innocence.

En décembre 1894, pendant le procès un dossier secret établi par le commandant Henry est fourni au conseil de guerre. Il contient des « preuves » de la trahison de Dreyfus. L'accusé n'a pas accès au contenu du dossier. Après un procès à huis clos, le 22 décembre 1894, le conseil de guerre (uniquement composé de militaires) déclare Dreyfus coupable d'espionnage et d'avoir fourni des renseignements militaires à l'Allemagne, qui est alors considérée comme notre ennemie puisqu'elle est la pièce essentielle de la Triple Alliance dirigée contre la France. Dreyfus est condamné à la dégradation militaire et à la déportation perpétuelle au bagne de l'île du Diable (Guyane) où il est transféré au début de 1895.

La découverte des fausses preuves[modifier | modifier le wikicode]

En mars 1896, le colonel Picquart, membre du 2e bureau (les services de renseignements), découvre que la lettre de l'espion a été en fait écrite par un autre officier le commandant Esterhazy (qui était en relation avec les services allemands). Picquart prévient son supérieur le général Gonse, qui refuse d'en tenir compte afin de ne pas avoir à rouvrir une affaire qui montrerait que l'armée s'est trompée. Cependant Picquart parle ... mais est muté en Afrique du Nord pour l'éloigner de la presse parisienne.

Mis en cause par la famille de Dreyfus soutenue par Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat et par le député Joseph Reinach, Esterhazy est convoqué, à sa demande, devant un conseil de guerre qui, à l'unanimité, l'innocente en janvier 1898.

L'affaire devient publique[modifier | modifier le wikicode]

J'accuse d'Émile Zola
Dessin humoristique de Caran d'Ache, paru dans le Figaro du 14 février 1898, sous le titre, ils en ont parlé (sous entendu de l'Affaire)

Les données de l'Affaire sont portées à la connaissance du public par la presse, en particulier par le quotidien parisien Le Figaro. Cependant la presse antisémite se déchaine contre Dreyfus qui est de confession juive. L'opinion publique se coupe en deux parties. D'un côté les Dreyfusards qui réclament la justice pour Dreyfus et la vérité sur le comportement délictueux de l'État-major de l'armée. Celui-ci est accusé de couvrir les véritables coupables et les erreurs des conseils de guerre, alors que les officiers généraux (comme le général Gonse, le général Billot et le général De Gallifet), savent que Dreyfus est innocent. Dans ce camp se trouvent les républicains, la gauche radicale et la gauche socialiste, de nombreux intellectuels antimilitaristes voire pacifistes, les francs-maçons. C'est à ce moment qu'est fondée la ligue des droits de l'homme. De l'autre côté se trouvent les Anti-Dreyfusards qui ne veulent pas remettre en cause les décisions de la justice militaire et qui « défendent » l'honneur de l'armée et l'intérêt de la France. Là se regroupent les nostalgiques de la royauté, les catholiques intransigeants, la Ligue des Patriotes, les antisémites dont le journal ‘‘La Croix. L'agitation est importante : les débats sont très animés au Parlement, on s'injurie dans la presse, on se provoque en duels, il y a des batailles de rues, on se brouille dans les familles

Le 13 janvier 1898, en première page du quotidien parisien L'Aurore, dirigé par Georges Clemenceau, paraît le manifeste « J'accuse », lettre ouverte au président de la République, dans lequel l'écrivain Émile Zola attaque l'État-major qui avait fait condamner un innocent (Dreyfus) et acquitté un coupable (Esterhazy) et demande la réouverture du procès.

Poursuivi pour diffamation, Zola est traduit devant une cour d'assises qui le 23 février 1898, le condamne à la peine maximum (soit un an de prison ferme), à 3 000 francs d'amende (somme considérable à l'époque) et exclu de l'ordre de la Légion d'honneur.

La révision du procès[modifier | modifier le wikicode]

En août 1898, le lieutenant-colonel Henry reconnait avoir falsifié une partie du dossier secret transmis au premier conseil de guerre qui avait condamné Dreyfus. Henry se suicide le 30 août ... Fin octobre 1898, les débats parlementaires sur la révision du procès commence. Le 3 juin 1899, la cour de cassation ordonnera un nouveau procès devant le conseil de guerre de Rennes.De nombreux chefs de l'armée française mis en cause doivent démissionner.

L'agitation est à son comble : à l'issue des courses hippiques d'Auteuil, Émile Loubet, le président de la République, est agressé à coup de canne par un militant nationaliste anti-dreyfusard. Le ministère Waldeck-Rousseau, de Défense républicaine, entré en fonction le 26 juin 1899, soutient la révision du procès Dreyfus et traduit les chefs nationalistes devant la Haute-Cour. Le 9 septembre 1899, le conseil de guerre siégeant à Rennes loin de l'agitation parisienne reconnait Dreyfus coupable mais avec des circonstances atténuantes et le condamne à dix années de réclusion. Le président de la République gracie Dreyfus dont la peine de réclusion est remise. Alfred Dreyfus retrouve alors la liberté, mais il est toujours reconnu coupable de trahison.

La réhabilitation de Dreyfus[modifier | modifier le wikicode]

En 1904, on met à jour de nouvelles preuves innocentant Dreyfus. Celui-ci demande la révision du procès de 1899.

Le procès est rouvert devant la cour de cassation qui casse le jugement de Rennes, et sans renvoyer le procès devant une autre cour, décide elle-même que Dreyfus est innocent. Le 13 juillet 1906, le capitaine Dreyfus est réhabilité et réintégré dans l'armée avec le grade de commandant. Il reçoit la Légion d'honneur.

Conséquences de l'affaire Dreyfus[modifier | modifier le wikicode]

L'affaire Dreyfus eut d'importantes conséquences sur la vie politique française.

La République triomphait une fois encore de ses adversaires acharnés qu'étaient les royalistes soutenus par une partie de la hiérarchie de l'Église catholique. Les Républicains les plus avancés (pour l'époque) s'organisent et fondent le Bloc des gauches qui triomphe aux élections législatives de 1902. Les socialistes français, jusqu'alors tenus à l'écart de l'action gouvernementale sont intégrés à la vie politique normale du pays. Afin de réduire l'influence de l'Église catholique dans la vie politique, les républicains accentuent la lutte contre les congrégations religieuses catholiques qui avaient été un soutien des anti-dreyfusards. Le Bloc des gauches vote en 1905 la loi de séparation des Églises et de l'État qui est la base de la laïcité en France. Cependant les nationalistes et les antisémites se rejoignent pour rejeter la démocratie et le régime républicain : pour défendre ces idées le journal l'Action française est fondée en 1899 par Charles Maurras.

L'armée, où une très grande partie des officiers sont d'opinions politiques monarchistes, est la grande perdante. L'opinion antimilitariste se renforce en France. Les services de renseignements sont démantelés, les crédits militaires sont réduits, le service militaire long (accusé de "décérébrer" les soldats appelés), est mis en cause et, en 1905, il est ramené à deux ans. En face, l'Allemagne de Guillaume II faisait une active course aux armements.

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

Pour plus d’informations[modifier | modifier le wikicode]

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