Premier Empire

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Le Premier Empire à son apogée, en septembre 1812

Le Premier Empire est la période de l'histoire de la France comprise entre 1804 et 1815 (avec une interruption de quelques mois d'avril 1814 à mars 1815, où le retour du roi Louis XVIII, un Bourbon provoque la Première Restauration). L'empereur est Napoléon Ier. Le Premier Empire, qui n'est que la suite du Consulat, est un régime politique très autoritaire qui vise à installer définitivement en France les conditions de la domination politique et économique de la bourgeoisie. Le Premier Empire est aussi en guerre continuelle contre les monarchies traditionnelles d'Europe qui veulent effacer l'œuvre et les idées de la Révolution française de 1789. Le premier empire ou l’ère napoléonienne va relever la France économiquement qui avait été ruinée pendant la Révolution.

L'avènement du Premier Empire[modifier | modifier le wikicode]

Portrait officiel de Napoléon Ier par Ingres

En mai 1804, sous la pression de Napoléon Bonaparte, consul à vie de la République française, le Sénat confie le gouvernement de la République à un empereur héréditaire, Napoléon Ier. Après 15 années de révolution, un nouveau système politique est établi. Centré autour de Napoléon, ce nouveau système est bien loin de la monarchie absolue de droit divin. Dans un esprit d'équilibre entre les principes révolutionnaires et ceux de l'Ancien Régime, certains principes créés par la Révolution comme l'égalité entre tous les Français, et l'abolition des privilèges sont maintenus. Trois semaines plus tard, consultés par plébiscite (à l'aide de leurs signatures dans un registre non-confidentiel) les Français confirment le changement par 3 500 000 voix pour et moins de 2 600 voix contre. Le 2 décembre 1804, dans la cathédrale Notre-Dame à Paris, le pape Pie VII, sous la pression accepte de participer au sacre, lui donnant ainsi l'appui de l'Église catholique. Mais Napoléon se couronne lui-même empereur, indiquant ainsi l'origine populaire de son pouvoir et qui ne dépend en rien de l'Église ni d'aucune autre autorité que celle du peuple.

Le régime autoritaire[modifier | modifier le wikicode]

Napoléon Ier ne change pas les organes du pouvoir qu'il a mis en place dès 1799. Mais il en modifie profondément le fonctionnement. Les assemblées législatives, censées représenter les citoyens français, sont supprimées (le Tribunat en 1807) ou réduites à l'inactivité (le Corps législatif). Les lois sont en fait élaborées par les conseillers d'État (nommés par Napoléon) et approuvées sans opposition par les sénateurs (nommés et richement payés par l'empereur). Napoléon travaille séparément avec les différents ministres qui doivent être très compétents, très travailleurs, comme Napoléon lui-même, et ne pas avoir trop de personnalité. Seuls Talleyrand aux Affaires étrangères jusqu'en 1807 et Joseph Fouché à la police jusqu'en 1810 font exception ; mais s'ils sont indispensables ils sont peu sûrs.

Comme tous les régimes autoritaires, le Premier Empire ne tolère pas l'existence d'opposants. De nombreuses polices traquent les mal-pensants. La plus importante est dirigée par Joseph Fouché. Afin d'être parfaitement informées, les polices recrutent dans tous les milieux grâce à la corruption et au chantage. Les arrestations arbitraires, les internements en prison ou en maison d'aliénés, sans décisions de justice, sont fréquents.

Dans chaque département un préfet, secondé par plusieurs sous-préfets, surveille la population. Ils sont nommés par le gouvernement. Le préfet nomme les maires et conseils municipaux (sauf pour les villes importantes où ils sont nommés par le ministre de l'Intérieur). Il organise aussi la conscription des jeunes soldats et fait poursuivre les réfractaires. Il nomme les fonctionnaires, il surveille les théâtres et les journaux locaux. Le préfet préside diverses manifestations économiques (les comices agricoles), il agit pour encourager l'industrie. Régulièrement le préfet envoie des rapports au gouvernement pour le renseigner sur l'état d'esprit de la population.

Le contrôle des esprits[modifier | modifier le wikicode]

Napoléon veut aussi contrôler les esprits. La presse ne peut exister que si elle diffuse des nouvelles favorables au régime. Il n'y a plus qu'un seul journal par département et il publie des articles repris des journaux de Paris dont les directeurs sont nommés par le gouvernement. Les imprimeurs doivent prêter le serment de fidélité à l'empereur, ce qui leur interdit de publier des ouvrages subversifs. Le répertoire des théâtres est soumis à la censure et de nombreuses pièces sont amputées des passages jugés dangereux (comme l'appel au meurtre d'un tyran ou l'éloge de la liberté).

L'enseignement est strictement contrôlé par le gouvernement. En 1806, l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur dépendent de l'Université impériale. Elle seule est autorisée à former les étudiants, leurs maîtres et à délivrer les diplômes. De cette manière Napoléon est sûr que les futurs dirigeants de la France soient formés comme il l'entend. Par contre, l'enseignement primaire (essentiellement fréquenté par les enfants des familles peu aisées) est laissé à la bonne volonté des associations religieuses, en particulier les Frères des écoles chrétiennes.

L'Église catholique doit servir le régime impérial. Depuis le Concordat de 1801, signé avec la papauté, les prêtres français sont des fonctionnaires. Ils doivent donc célébrer les victoires impériales en organisant des cérémonies religieuses (les Te Deum) ; ils doivent fêter le 15 août Saint Napoléon, un martyr chrétien inventé de toute pièce. À partir de 1808, le catéchisme impérial, obligatoire dans tous les diocèses, assimile la désobéissance à l'empereur à un péché mortel.

La cour impériale[modifier | modifier le wikicode]

Joachim Murat, beau-frère de Napoléon Ier, maréchal d'Empire, Grand Amiral

Comme tous les souverains européens, Napoléon s'entoure d'une cour. Cela lui permet d'occuper sa nombreuse famille et de récompenser ceux qui l'ont aidé à s'emparer du pouvoir. Les trois frères (sur les 4, Lucien brouillé avec Napoléon vivra loin du pouvoir) et les trois sœurs de Napoléon sont qualifiés de Princes français, c'est parmi eux et leur descendance que la couronne est héréditaire (Napoléon n'aura qu'un fils: (Napoléon II) en 1810). La mère de Napoléon, Madame Mère vit un peu à l'écart. L'impératrice Joséphine de Beauharnais et ses deux enfants nés de son précédent mariage complètent la famille impériale. Autour d'eux gravitent les six grands dignitaires qui sont les frères, le beau-frère et les deux anciens consuls. En dépit des titres ronflants qu'ils portent (Grand Électeur, Archi-Chancelier d'Empire, Grand Amiral...) leur fonction est honorifique, mais bien rémunérée. Puis six Grands Officiers civils organisent la vie de la Cour (le Grand Chambellan, le Grand Veneur, le Grand Maréchal du Palais...). Les quatorze maréchaux d'Empire nommés en mai 1804, complètent les officiels de la Cour. Tout le travail réel est fourni par une multitude de personnel de service (chambellan, écuyers, pages, cuisiniers...). La vie de la Cour est réglementée par une étiquette très rigide, dans une volonté de retrouver l'atmosphère de la Cour sous Louis XIV. On s'y ennuie beaucoup malgré les fêtes somptueuses qui y sont organisées. Ses lieux de résidence sont le palais des Tuileries à Paris, le château de Saint-Cloud, à proximité de Paris et le château de Fontainebleau que Napoléon appréciait beaucoup.

La noblesse impériale[modifier | modifier le wikicode]

Napoléon a voulu regrouper autour de lui les partisans de son régime. En 1802, la Légion d'honneur est créée dans l'idée d'un ordre de chevalerie républicaine. Cela heurtant trop l'idéal égalitaire égalitaire de la Révolution, la Légion d'honneur ne survécut que comme décoration. Devenu empereur, Napoléon crée une nouvelle noblesse. Les Grands Dignitaires, les Grands Officiers et les maréchaux d'Empire deviennent ducs ou princes et reçoivent des possessions en Italie dont Napoléon est le roi (Cambacérès est fait duc de Parme, Talleyrand prince de Bénévent...) Désormais un titre de noblesse accompagne automatiquement une fonction officielle dans l'administration, l'armée ou l'Église catholique en France (un maréchal d'Empire, un grand officier est duc ; un archevêque, un ministre, un sénateur est comte ; le maire d'une grande ville, un évêque est baron). Malgré la suppression du droit d'aînesse par la Révolution, ces titres peuvent devenir héréditaires si la famille constitue pour l'aîné des garçons un majorat c'est-à-dire un bien dont le revenu lui permettra de « tenir son rang ». Napoléon créa près de 30 ducs, 450 comtes, 1 500 barons et 1 300 chevaliers d'Empire. Certains membres de la noblesse d'avant la Révolution rallièrent le régime pour bénéficier de ces avantages.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Jacques Godechot, Institutions de la France sous la Révolution et l'Empire, PUF, 1968

Pour compléter sur l'histoire du Premier Empire[modifier | modifier le wikicode]

Article mis en lumière la semaine du 5 juillet 2010.
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