Croisades

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Sur le Moyen Âge

À partir de la fin du XIe siècle et jusqu'à la fin du XIIIe siècle les croisades commencent. Ce sont des expéditions militaires entreprises par des chrétiens d'Europe en direction du Proche-Orient (Syrie-Palestine) qu'ils considèrent comme la Terre sainte.

Ce pèlerinage particulier est choisi par le pape qui accorde aux participants des privilèges spirituels (généralement des indulgences) et temporels (des terres prises dans les pays conquis, une nouvelle situation dans la hiérarchie féodale). Le but de la croisade est de délivrer Jérusalem, où se trouvent la plupart des lieux saints du christianisme, en particulier le tombeau de Jésus. Jérusalem était alors en territoire musulman. Les chrétiens d'Occident pensaient que les chrétiens y vivant étaient maltraités par les musulmans car depuis 1078, les Turcs seldjoukides interdisent l'arrivée de pèlerins dans la ville.

Il y a eu huit grandes croisades. La première croisade permet la fondation d'états chrétiens en Syrie-Palestine. Les croisades suivantes tentent de défendre ces états chrétiens que les musulmans parviennent à reprendre progressivement.

De ces croisades, les Occidentaux ramènent des produits d'Orient et découvrent de nouvelles techniques, sciences et un nouvel « art de vivre ». Les conditions diplomatiques et militaires dans lesquelles se sont déroulées les croisades renforcent les oppositions entre les chrétiens d'Occident (de confession catholique) et les chrétiens d'Orient (en grande partie de confession orthodoxe).

La croisade est un pèlerinage[modifier | modifier le wikicode]

Descente de Croix. Colline du Golgotha, lieu se la crucifixion de Jésus. Peinture du XVIe siècle.

Pour un chrétien, la Palestine est la Terre Sainte par excellence. Les différents sites témoins de la vie et de la prédication de Jésus sont situés dans cette région. Se rendre en pèlerinage à Jérusalem, bien que non-obligatoire, est un moyen de faire le salut de son âme. Cependant le concile de Châlon en 813 condamne officiellement la croyance populaire que le pèlerinage lave les péchés. Pourtant cette idée est théorisée par Bernard de Clairvaux dès la deuxième Croisade.

Jusqu'au VIIe siècle, Jérusalem fait partie de l'Empire byzantin où la population est surtout de religion chrétienne orthodoxe. Mais en 638 Jérusalem est conquise par les musulmans. Désormais dans la ville coexistent avec des musulmans, des chrétiens de diverses confessions et des juifs.

Dans la seconde moitié du Xe siècle, le voyage depuis l'Europe par la mer Méditerranée devient plus sûr grâce à la disparition de la piraterie musulmane. Le voyage par voie terrestre, en grande partie fait dans les terres de l'empire byzantin, n'est rendu dangereux que dans la dernière partie à cause des attaques des tribus de Bédouins qui rançonnent les voyageurs. Souvent il fallait protéger les voyageurs par des groupes armés. Le danger possible est considéré comme une des composantes normales du pèlerinage et en augmente la valeur spirituelle. Au début du XIe siècle, l'approche du millénaire de la Crucifixion de Jésus fait affluer les pèlerins. De nombreux couvents sont créés dans la région.

Au XIe siècle, la dynastie musulmane des Fatimides qui gouverne la Syrie-Palestine laisse les non-musulmans se rendre en pèlerinage à Jérusalem à condition de payer une redevance. Mais en 1071, les Turcs seldjoukides, nouveaux convertis à l'Islam, s'emparent de Jérusalem en provoquant un carnage des occupants et en réduisant au servage les habitants des villes des alentours. En 1078, ils interdisent l'accès de la ville aux pèlerins. L'idée que les chrétiens sont maltraités se répand et s'amplifie en Europe occidentale. Cependant, d'après les chroniques du temps, on compte six pèlerinages sans encombre entre 1085 et 1092.

Chasser les musulmans de Jérusalem, avoir un accès libre aux lieux saints apparaît une action méritoire pour les chrétiens (en fait dès 1098 les Fatimides reprennent Jérusalem, mais la croisade est lancée depuis 1095 et les chevaliers occidentaux sont en marche vers la Palestine depuis 1096).

La croisade est une guerre « juste »[modifier | modifier le wikicode]

Affrontement entre les musulmans (à gauche) et les chevaliers chrétiens (à droite). Miniature sur la bataille d'Antioche en 1098

Pour les guerriers et les religieux du XIe siècle, la guerre contre l'« infidèle » est une guerre juste. Pourtant, à l'origine, le christianisme est opposé à l'emploi de la force militaire pour convaincre les païens ou les adversaires confessionnels. Pour les premiers chrétiens seuls l'exemple et la parole sont nécessaires pour la conversion (cette position restera admise dans le monde orthodoxe).

Mais au cours des siècles, l'Église catholique modifie progressivement sa doctrine. Saint Augustin dès le IVe siècle admet qu'après l'échec d'une conversion pacifique il est nécessaire d'utiliser la force militaire, surtout en cas de guerre défensive. Par la suite la papauté prenant la tête d'un territoire italien a recours aux soldats, les milices du Christ, pour se défendre contre les invasions hongroises voire musulmanes (les Sarrasins assiègent Rome en 846) puis plus tard contre les pressions exercées par l'empereur germanique. En 878, le pape Jean VIII s'adressant aux évêques francs, admet que « ceux qui combattent vaillamment les païens et les infidèles, s'ils périssent avec la piété de la foi catholique entreront dans le repos de la vie éternelle ». En 1063, le pape Alexandre II déclare juste la guerre contre ceux « qui persécutent les chrétiens et les chassent de leurs villes » et accorde le pardon de leurs fautes aux combattants. On voit donc apparaître l'idée de guerre juste qui est très proche de l'idée de guerre sainte. D'abord appliquée dans les régions européennes menacées par l'expansion musulmane (en Espagne, dans les îles méditerranéennes…), cette idée peut s'appliquer sans difficulté à la situation en Terre sainte que les chrétiens considèrent comme étant de tous temps une terre chrétienne qu'il faut donc défendre contre les attaques des musulmans.

La croisade pour changer sa vie[modifier | modifier le wikicode]

D'après les chroniqueurs qui relatent l'histoire de la première croisade, près de cent mille personnes y participent. Ces foules nombreuses mélangent des combattants (chevaliers et écuyers, sergents d'armes, simples soldats ) mais aussi des pèlerins non-combattants (serviteurs des nobles fortunés, profiteurs en tous genres qui suivent d'ordinairement les troupes en marches, pauvres, femmes, enfants...). Dans les expéditions suivantes, les effectifs apparaissent plus réduits : ainsi, lors de la troisième croisade, les rois Philippe II Auguste et Richard Cœur de Lion ne disposent que de 650 chevaliers et 1 300 écuyers. Le roi Louis IX part en Égypte avec environ 15 000 hommes, dont 2 500 chevaliers. Les effectifs dépassent rarement 10 000 individus.

Il y a pourtant un réel engouement pour le départ. Aux raisons religieuses énoncées ci-dessus on peut ajouter d'autres raisons. En Europe occidentale l' Église catholique s'efforce de réduire la violence guerrière par la trêve de Dieu et la paix de Dieu. Désormais l'énergie des guerriers manque d'occasions de se dépenser. Avoir la bénédiction de l'Église pour combattre l'infidèle est une aubaine pour montrer sa valeur et acquérir un grand prestige. Dès le XIe siècle, l'Europe occidentale commence un essor démographique qui nécessite un agrandissement du domaine cultivable, extension qui ne peut être infinie. Pour beaucoup, il vaut mieux quitter l'Europe pour tenter sa chance ailleurs, dans une région qui d'après la Bible est un pays « où coulent le lait et le miel ». Pour les fils cadets des famille de chevaliers, l'avenir est barré en Europe où les fiefs sont déjà distribués en faveur des ainés ; là encore la conquête de terres non-chrétiennes peut assurer de s'y tailler de belles seigneuries.

Les souverains européens, qui pour diverses raisons prennent la tête des croisades, pensent peut-être s'assurer des vassaux dans des régions nouvelles et en tirer profit.

Pour en savoir plus, lis l’article : Croisé.

Vocabulaire[modifier | modifier le wikicode]

  • Croisés : Une personne qui part en croisade est un croisé et prend la croix. Il est nommé ainsi du fait qu'il porte généralement entre les épaules une croix cousue sur son habit (cruce signati). Les templiers portaient tous une grande croix sur leurs vêtements et boucliers :
    • les Hospitaliers, croix blanche sur fond noir ou rouge (avec la croix blanche sur fond rouge, ils sont à l'origine de l'ordre de Malte ou Ordre de Saint-Jean) ;
    • les Teutoniques, croix noire sur fond blanc (croix qui étaient d'ailleurs présentes sur certaines armes nazies et servaient également de décoration militaire, à ne pas confondre cependant avec la croix gammée) ;
    • Les Templiers (croix rouge sur fond blanc) constituaient un ordre religieux copié sur la chevalerie et dévoué au Christ, à l'église et aux pèlerins, créé à Jérusalem après la conquête des Francs (1099), en 1120. Les premiers templiers se nommaient Les pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. Mais on appelle aussi parfois templiers les hospitaliers (ordre de l'hôpital), ancêtres de l'ordre de Malte et les chevaliers teutoniques, bien que tous ces ordres aient été religieux. Les templiers étaient des moines-soldats ayant normalement pour rôle d'escorter les pèlerins en terre sainte ;
  • On nomme parfois les croisés Francs parce qu'ils venaient en majorité du royaume de France, d'où par exemple la Jérusalem franque ;
  • Les territoires contrôlés et gouvernés par des croisés sont appelé les États latins d'Orient ou États ou royaumes francs d'Orient.

Événements pendant l'époque des croisades[modifier | modifier le wikicode]

  • En 1073, les Turcs seldjoukides prennent Jérusalem aux Arabes fatimides. En 1078, ces derniers interdisent le pèlerinage aux chrétiens. Les Byzantins ont également subi une défaite contre les Turcs en 1071 à la bataille de Manzikert, et l'empereur byzantin, Alexis Ier Comnène, après des hésitations dues à des barbaries commises par les chrétiens occidentaux, finit par lancer un appel à l'aide en Occident.

Première Croisade (1096-1099)[modifier | modifier le wikicode]

Article à lire : Première croisade.
  • Le 27 novembre 1095, le pape Urbain II prêche pour la première fois la croisade.
  • En 1096 débute réellement la première croisade (la marche vers Jérusalem).
  • En 1098, les Arabes fatimides reprennent Jérusalem aux Turcs seldjoukides.
  • En 1099, les croisés prennent Jérusalem aux Arabes fatimides et massacrent les habitants, mais ils occupent aussi d'autres villes comme Saint-Jean-d'Acre. Jérusalem devient bientôt un royaume. C'est la fin de la première croisade.
  • En 1104, Saint-Jean-d'Acre (ou Akko, Accon), est occupée dès 1104 par les croisés.

C'est la ville que les croisés détiendront le plus longtemps au cours de croisades (1044-1187 et 1191-1291). Le nom de cette ville vient de l'Ordre hospitalier de Saint-Jean suite à son emménagement à Saint-Jean-d'Acre causé par la perte de Jérusalem en 1187.

Deuxième croisade (1147-1149)[modifier | modifier le wikicode]

En 1144, le comté d'Édesse créé par les croisés est repris par les musulmans. De plus, le roi Louis VII doit se rendre en pèlerinage pour se faire pardonner un massacre commis à Vitry en 1142.

La croisade est prêchée à Vézelay en 1146 par saint Bernard de Clairvaux.

Le roi Louis VII, accompagné par sa femme Aliénor d'Aquitaine, emmène 70 000 hommes. Il est rejoint par Conrad III l'empereur germanique. Les soldats prennent la voie terrestre par la vallée du Danube, et arrivent à Constantinople.

En 1147, l'armée de l'empereur est battue à Dorylée. En janvier 1148, les Français sont battus à Pisidie et rembarquent sur des bateaux grecs. Dans l'été 1148, l'offensive franco-germanique sur Damas est un échec.

En 1149, les croisés quittent la Palestine. L'expédition est un échec, Édesse reste entre les mains des musulmans.

Troisième croisade (1189-1192)[modifier | modifier le wikicode]

En octobre 1187, le kurde Saladin, sultan ayyoubide d'Égypte et de Syrie, prend Jérusalem et d'autres villes occupées aux chrétiens, dont Saint-Jean-d'Acre. On dit que le pape Urbain III est mort de chagrin en apprenant la nouvelle.

En 1189 débute la troisième croisade, dite aussi la croisade des rois : le roi français Philippe Auguste, le roi anglais Richard Cœur de Lion1 et l'empereur germanique Frédéric Barberousse partent en croisade.

Cent mille Allemands prennent la voie terrestre par Constantinople et l'Asie mineure. Trente mille Français et deux mille Anglais s'embarquent à Aigues-Mortes et prennent la voie maritime. Au cours du voyage le roi Richard Cœur de Lion s'empare de l'île de Chypre qui était tenue par un despote grec.

En mai 1190, l'empereur écrase les Turcs à Konya. Mais, en juin, Frédéric Barberousse meurt accidentellement par noyade en chemin, et son armée se disperse.

En juin 1191, les Franco-anglais reprennent Saint-Jean-d'Acre. Mais étant malade et ne s'entendant pas bien avec l'Anglais, Philippe Auguste quitte la croisade et rentre en France (le voyage durera six mois). En septembre 1191, Richard bat Saladin à Arzuf. En 1192, les Anglais reprennent Ascalon et Jaffa. Mais Jérusalem reste hors de portée des croisés.

En septembre 1192, le roi d'Angleterre a réussi à signer un traité de paix avec Saladin permettant l'entrée de pèlerins et de marchands, sans armes, à Jérusalem qui reste aux Musulmans.

Pendant le voyage terrestre de retour en Europe, le roi Richard se fait capturer par le roi d'Autriche Léopold V qui le livre à Henri VII du Saint-Empire romain germanique. C'est la mère de Richard, Aliénor d'Aquitaine, qui paye la rançon (et non Robin des Bois1...).

Eugène Delacroix, Prise de Constantinople par les Croisés, lors de la IVe croisade en 1204, musée du Louvre, huile sur toile, 81 x 99 cm, 1840

Quatrième croisade (1202-1204)[modifier | modifier le wikicode]

Article à lire : Quatrième croisade.

Cette croisade est voulue par l'empereur germanique Henri VI qui veut reprendre le projet de son père Frédéric Barberousse. Cette croisade, dont les soldats sont transportés par les navires de Venise, est détournée vers Constantinople, capitale de l'empire byzantin. Les Croisés s'emparent de Constantinople et fondent l'Empire latin de Constantinople.

Croisade des Albigeois (1208-1249)[modifier | modifier le wikicode]

Article à lire : Croisade des Albigeois.

Cette croisade se passe dans le sud de la France et vise les cathares, des croyants d'une autre religion chrétienne, le catharisme.

L'inquisition médiévale, tribunal de l'Église censée remettre les écartés de la foi sur le droit chemin (le christianisme), recourant parfois à la torture, est créée. Mais elle ne sera pas seulement réservée aux cathares : les Templiers, ordre créé dans la Jérusalem des croisés, seront finalement aussi livrés à l'inquisition en 1307.

Croisade des enfants[modifier | modifier le wikicode]

Article à lire : Croisade des enfants.

Cinquième croisade (1217-1221)[modifier | modifier le wikicode]

Article à lire : Cinquième croisade.

L'objectif de la mission est de conquérir l'Égypte sous le régime ayyoubide afin de l'utiliser comme monnaie d'échange contre les terres perdues de Terre Sainte. La croisade n'a pas atteint son but et se termine donc sans aucun changement.

Sixième croisade (1228-1229)[modifier | modifier le wikicode]

Article à lire : Sixième croisade.

Grâce à sa diplomatie, l'empereur germanique Frédéric II arrive à reprendre Jérusalem. Mais c'est un roi excommunié, c'est-à-dire renié du pape, qui a repris Jérusalem, et l'Église en est choquée.

Septième croisade (1248-1254)[modifier | modifier le wikicode]

Article à lire : Septième croisade.

Cette croisade est due à la reprise de Jérusalem par les Korasmiens, peuple venu d'Iran, en 1244. C'est la première des deux croisades du roi Saint-Louis, Louis IX. Elle n'entraîne aucun changement favorable aux croisés en Terre Sainte.

Huitième croisade (1270-1270)[modifier | modifier le wikicode]

Article à lire : Huitième croisade.

Cette croisade est due à la menace d'une force arabe (mamelouke) sur les territoires occupés, victorieuse sur les Mongols de Gengis Khan en 1260 en Terre Sainte, et ainsi libre de chasser les croisés. C'est la seconde croisade de Saint-Louis, et dans laquelle il meurt à Tunis en 1270. Une fois de plus, le résultat pour les croisés est nul.

Neuvième croisade (1270-1271)[modifier | modifier le wikicode]

Article à lire : Neuvième croisade.

C'est la dernière croisade en Terre Sainte. La raison est la même que pour celle de la septième croisade, et Édouard Ier d'Angleterre, dit Édouard le Sec, en est le commandant. Le résultat est nul.

Fin de la présence franque en Orient (1291)[modifier | modifier le wikicode]

La ville portuaire de Saint-Jean-d'Acre, dernière ville significative encore occupée par la présence franque, tombe entre les mains des Mamelouks en mai 1291.

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. 1,0 et 1,1 Selon la dernière version de la légende, Robin des Bois protège l'Angleterre de Richard pendant son absence contre son frère Jean sans Terre (qui lui succède réellement).
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