Paramo

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Le paramo, en Colombie.

Le paramo1, ou páramo, est un paysage et un écosystème de montagne, dans les régions tropicales : c'est une sorte de prairie froide de haute altitude, dans les Andes, qui se forme au-dessus de la forêt tropicale, avant la limite des neiges éternelles.

Le paramo est typiquement un paysage d'Amérique du Sud, dans le nord des Andes, mais on retrouve des paysages très similaires ailleurs, dans d'autres régions tropicales du monde, que l'on appelle également « paramo ».

Paramo dans la brume, au Venezuela.
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Le paramo dans les Andes[modifier | modifier le wikicode]

Le paramo est un écosystème froid, en raison de l'altitude, mais on le trouve dans les régions tropicales. Il est limité au nord de la Cordillère des Andes, principalement au Venezuela, en Colombie, en Équateur, en Bolivie et au Pérou2. Plus au sud, dans les régions tempérées, le paramo est remplacé en altitude par la puna, encore plus sèche, au Chili et au Pérou.

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Caractéristiques physiques[modifier | modifier le wikicode]

Schéma de l'étagement de la végétation en région tropicale : les Andes sont recouvertes en grande partie par une forêt tropicale. Mais, au dessus de 3 000 mètres d'altitude, il fait plus froid, plus sec, il pleut moins, et il neige. Les arbres ne peuvent plus pousser, la forêt est remplacée par un autre paysage, le paramo, qui s'étend jusqu'à la limite des neiges éternelles.

En montagne, la température et l'humidité changent avec l'altitude, ce qui fait qu'on ne va pas rencontrer les mêmes plantes, et les mêmes paysages, selon l'altitude.

Pour en savoir plus, lis l’article : Étagement de la végétation.

Le paramo se rencontre dans les Andes entre environ 3 000 et 4 000 mètres d'altitude, mais cela varie selon les régions, l'exposition des versants... Classiquement, on distingue :

  • le sub-paramo, ou « paramo bas », entre 3 200 et 3 500 mètres d'altitude3, une zone de transition avec la forêt, où l'on rencontre encore de nombreux buissons, et parfois une forêt naine,
  • le paramo proprement dit, qui s'étend de 3 500 à 4 100 mètres d'altitude3
  • et le super-paramo, ou « paramo haut », qui s'étend de 4 100 mètres d'altitude à la limite des neiges éternelles3.

Lorsque l'on monte en altitude, il fait plus froid, et plus sec. La plus grande partie des Andes se situe en milieu tropical, et est recouverte par une forêt dense : la forêt amazonienne. Mais plus l'on monte en altitude, et plus il fait froid et sec. Au-dessus d'une certaine hauteur, les arbres ne peuvent plus pousser, et, à partir d'environ 3 500 mètres d'altitude, la forêt est entièrement remplacée par des herbes : c'est le paramo, une immense étendue d'herbes et de buissons, avec des lacs, des étangs et des tourbières.

C'est un milieu très froid, où l'air (et donc le dioxygène) est rare. Les températures sont basses toute l'année2, plus en hiver qu'en été, mais surtout varient énormément entre le jour et la nuit : la différence de température entre le jour et la nuit peut être 3 à 10 fois plus importante qu'entre l'été et l'hiver4. Durant la nuit, la température du sol tombe en dessous de 0 °C et l'eau gèle, puis se réchauffe le matin et dégèle.

Le paramo est un milieu plus ou moins humide : il existe des paramos très secs3Note 1, et d'autres très humides. C'est un milieu généralement plus sec que la forêt dense qui pousse en contrebas, mais tout de même beaucoup plus humide que la puna que l'on trouve plus au sud, en climat tempéré.Note 2En raison du climat tropical, il existe une saison humide, où il pleut beaucoup7, et une saison sèche, où il ne pleut quasiment pas. En revanche, le paramo est régulièrement humidifié par les brumesNote 3, et il y neige souvent, notamment la nuit, et ce même durant l'été, où les nuits peuvent également être très froides.

Le ventNote 4 et le froidNote 5 ont, depuis des milliers d'années, creusé le paramo. Les nombreux creux se remplissent d'eau et deviennent des marécages et des tourbières. Le paramo est parsemé de mares et de petits étangs, et il est parcouru par de nombreux petits ruisseaux qui serpentent dans les fissures de la roche. Les paramos constituent une réserve d'eau importante dans les montagnes, mais, notamment en raison du froid, cette eau n'est pas toujours disponible pour les plantes. De plus, à cette altitude, les plantes ne sont protégées ni du vent violent et froid, ni du rayonnement solaire intense, qui ont tendance à les dessécher.

Pour pousser, les plantes doivent s'adapter aux conditions très rudes du paramo : le froid intense, la différence de température entre le jour et la nuit, le gel et le dégel, le vent violent, et, surtout, être capables de retenir l'eau, durant la nuit. Certaines espèces ont réussi à bien s'acclimater à ces conditions, grâce à des adaptations spécifiques, et forment ce paysage caractéristique.

Faune et flore[modifier | modifier le wikicode]

Les paramos sont comme des « îles », séparés par un « océan » de forêt tropicale : en raison de leur altitude, les paramos ne sont pas reliés les uns aux autres. Les espèces qui ne sont pas strictement inféodées au paramo, comme l'ours à lunettes ou le tapir de montagne, peuvent traverser la forêt tropicale et se rendre d'un paramo à un autre. Les plantes, et les animaux plus petits, comme les amphibiens et les reptiles, ainsi que les insectes, ne peuvent vivre que dans le paramo, et ne pourraient pas survivre dans la forêt tropicale. Ils passent donc toute leur existence dans le paramo, isolés des êtres vivants des autres paramo, ce qui les amène à évoluer séparément. Comme tous les milieux très isolés, les paramos ont un très fort taux d'endémisme.

En raison de leur altitude, les paramo ont tendance à être isolés les uns les autres, si bien que les espèces qui y vivent peuvent évoluer séparément, et que l'on y trouve une très forte biodiversité, avec un fort taux d'endémisme : beaucoup d'espèces typiques des paramo ne vivent que dans un seul pays ou une seule région, voire dans un seul paramo : par exemple, la très rare Violette de Cuatrecasas (Viola cuatrecasasi), aux fleurs rouges, ne pousse que sur le paramo de Farallones de Cali, en Colombie.

Les plantes[modifier | modifier le wikicode]

Le paramo, en Colombie, avec des plantes aux formes très caractéristiques de ce milieu : des plantes en coussins, au milieu des hautes herbes formant de grosses touffes, ou tussocks. Derrière, on aperçoit les frailejones avec leurs hautes rosettes très typiques.
Les feuilles du frailejon, comme celles de beaucoup d'autres plantes du paramo, sont recouvertes d'un duvet de poils très fins, qui retiennent l'humidité et la chaleur. C'est ce qui leur donne cet aspect argenté.

La végétation du paramo est constituée principalement d'herbes, et de quelques buissons. Il n'y a pratiquement pas d'arbres, même si les « herbes » peuvent être très hautes : plus de 2 mètres de haut pour certaines ! Ce sont cependant bien des herbes, et pas des arbres, puisqu'elles n'ont pas de tronc. Ces plantes ont dû s'adapter aux conditions très rudes du paramo, le froid, et la sécheresse.

En effet, pour effectuer la photosynthèse et se nourrir, les plantes ont besoin de dioxyde de carbone, de lumière, et d'eau. Elles peuvent absorber du dioxyde de carbone de l'air n'importe quand (d'ailleurs, beaucoup de plantes des milieux chauds le font plutôt la nuit, pour éviter de se dessécher), mais, pour absorber de l'eau, elles ont impérativement besoin de la lumière du soleil. C'est justement le problème du paramo : en effet, même si c'est un milieu très humide, l'eau gèle durant la nuit à cause du froid, et met beaucoup de temps à se réchauffer et à fondre le matin. Du coup, les plantes n'ont réellement de l'eau liquide et ne peuvent effectuer la photosynthèse que l'après-midi. C'est bien trop peu pour les arbres, qui ne peuvent pas survivre à cette altitude.

Pour en savoir plus, lis l’article : Photosynthèse.

Cependant, beaucoup de plantes poussent dans le paramo : elles ont réussi à s'adapter, et à développer des stratégies qui leur permettent de s'approvisionner en eau, malgré le froid. Les plantes les plus abondantes dans le paramo sont les graminées, comme comme les stipes, ou les calamagrostides, qui forment de grosses touffes d'herbes appelées tussocks : les feuilles mortes de la touffe restent accrochées à la plante, ce qui lui permet de résister au froid et à la sécheresse.

Beaucoup ont les feuilles recouvertes d'un fin duvet de petits poils, qui les empêche de perdre trop d'eau par évaporation, et leur permet de récupérer l'humidité de la brume : c'est ce qui leur donne un aspect argentéNote 6. La plupart des plantes sont assez petites, afin d'éviter de perdre trop de chaleur. Certaines ont des feuilles minuscules, et poussent en formant des sortes de grosses boules, ou des coussins, ce qui, encore une fois, permet de les protéger du froid4.

Beaucoup de plantes du paramo ont des formes très caractéristiques, qui leur permettent de résister aux conditions très rudes du paramo, et que l'on ne retrouve généralement que là. Des plantes, qui ne sont pourtant pas de proches cousines, en s'adaptant à un même milieu, finissent par adopter la même forme, pour résister aux mêmes contraintes, si bien qu'elles se ressemblent beaucoup : c'est ce que l'on appelle la convergence. Ainsi, on trouve dans le paramo par exemple, en plus des tussocks et des coussins, de nombreuses plantes en rosettes.

Pour en savoir plus, lis les articles : Convergence évolutive et Rosette (botanique).

La plante la plus typique est le frailejon, qui forme de grosses rosettes aux feuilles argentées, et aux fleurs jaunes. Il en existe plusieurs espèces, qui vivent toutes dans les différents paramos des différents pays d'Amérique du Sud. Sa forme et sa taille lui permettent de résister au froid intense du paramo, et de retenir l'eau indispensable à sa croissance9. Sa forme particulière, en rosette géante, lui permet de se protéger du froid, en gardant le bourgeon qui est au centre de la rosette au chaud9, ce qui empêche la plante de gelerNote 7.

Les plantes comme le frailejon forment des rosettes géantes surélevées : les feuilles les plus vieilles meurent, mais restent accrochées à la plante. Avec le temps, elles finissent par former une sorte de tronc, qui repousse la rosette de plus en plus haut, ce qui permet non seulement de la protéger du froid, mais aussi de stocker de l'eau, qui reste liquide, et peut être utilisée par la plante le matin, dès que le soleil se lève. Beaucoup d'autres plantes du paramo ont une forme similaire pour les mêmes raisons. Les frailejones poussent très lentement, mais peuvent vivre très longtemps et atteindre une grande hauteur, jusqu'à plus de 2 m !

D'autres plantes, comme les achupallas (un cousin de l'ananas), ou encore les lupins, forment aussi des rosettes géantes, mais différentes : chez celles-ci, les feuilles de la rosette se déploient près du sol. En revanche, les fleurs forment une inflorescence très haute, au bout d'une longue tige. Comme pour les rosettes surélevées du frailejon, cette tige éloigne le bourgeon du sol, trop froid, et stocke de l'eau liquide qui permet à la plante d'effectuer la photosynthèse.

Schéma des différentes formes de plantes du paramo : dans le paramo, certaines plantes ont évolué, ce qui leur a permis de s'adapter au froid et au manque d'eau. Certaines formes permettent de particulièrement bien résister au froid et à la sécheresse, et on les retrouve chez beaucoup de plantes du paramo : 1 : rosette géante - Les feuilles de l'extérieur forment une cuvette, qui retient l'humidité, et protège les feuilles plus jeunes et le bourgeon, au centre. Exemple : le Paepalanthus.  • 2 : rosette surélevée - Dans ce type de rosette, les feuilles extérieures, en mourant, restent accrochées à la plantes, et forment une sorte de « tronc », qui permet de grandir en hauteur, et d'éloigner la plante du sol, plus froid. Exemple : les frailejones.  • 3 : rosette avec inflorescence surélevée - Cette rosette ressemble à une rosette géante classique, mais ici, les fleurs sont réunies pour former une inflorescence, qui pousse très haut au bout d'une longue tige, ce qui lui permet d'échapper au froid du sol, mais aussi d'être mieux perçue des pollinisateurs. Exemples : l'achupalla, le lupin...  • 4 : tussock - Les très grandes herbes du paramo forment souvent ce genre de grosses touffes, dont la forme est due aux feuilles mortes qui restent accrochées à la plante. Cela lui permet de se protéger du froid, et de conserver l'humidité. Exemples : la stipe, la calamagrostide...  • 5 : coussin - Les feuilles sont minuscules et serrées les unes contre les autres, pour former une sorte de grosse boule, qui retient beaucoup mieux la chaleur. Exemples : le plantain rigide.

Parmi les autres plantes du paramo, on trouve également de nombreuses espèces d'orchidées, des séneçons (cousins du frailejon), des violettes, des géraniums...

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En plus de l'eau, du dioxyde de carbone, et de la lumière, nécessaire à la photosynthèse, les plantes ont également besoin d'azote, qu'elles se procurent généralement dans le sol. Mais, dans le paramo, le sol est très acide, et souvent humide, notamment à proximité des mares et dans les tourbières.

C'est un problème que toutes les plantes rencontrent dans les tourbières et les sols acides, un peu partout dans le monde. Pour y remédier, certaines plantes du paramo, comme dans d'autres environnements ressemblants, ont trouvé une solution : ce sont des plantes carnivores, qui capturent de petits animaux (des insectes, en général) dont elles se nourrissent pour se procurer l'azote qu'elles ne trouvent pas en quantité suffisante dans le sol. La droséra de Cendé est endémique du paramo de Cendé, au Vénézuela. Plusieurs espèces de grassettes vivent également dans les Andes. Les rosettes du paepalanthus retiennent l'eau et de petits insectes s'y noient parfois : certains scientifiques pensent que cette plante pourrait également être carnivore.

Les animaux[modifier | modifier le wikicode]

De nombreux animaux fréquentent le paramo, même s'ils ne vivent pas exclusivement là. Les animaux les plus emblématiques du paramo sont l'ours à lunettes, le tapir de montagne, et le coati de montagne, mais ils ne vivent pas seulement là : on les trouve aussi dans la forêt de montagne qui pousse juste en dessous du paramo, et ils s'y rendent généralement pour se nourrir. L'ours à lunettes est le seul ours d'Amérique du Sud. Presque exclusivement végétarien, il vit en haute montagne. Gourmand, il s'aventure régulièrement dans le paramo, afin de se régaler des achupallas10. Il complète son régime alimentaire par des vers, des insectes, et quelques animaux. Occasionnellement, il peut s'attaquer à un cerf ou un tapir. Le tapir est un gros herbivore, même si le tapir de montagne est l'un des plus petits. Il vit dans la forêt de montagne et s'aventure dans le paramo pour brouter les herbes dont il se nourrit, et apprécie particulièrement les feuilles de lupin.

Le coati de montagne est le plus petit des coatis. C'est un cousin du raton-laveur, dont il existe deux espèces, qui vivent dans la forêt de montagne et le paramo.

Le cerf du paramo est l'un des herbivores les plus courants10. Généralement considéré comme une population sud-américaine du cerf de Virginie, adapté à la vie en montagne, il pourrait s'agir en fait d'une espèce à part. Bien qu'il soit localement abondant dans le paramo, le fait qu'il ne vive que là et qu'on ne le trouve nulle part ailleurs dans le monde en fait tout de même une espèce fragile, qu'il est nécessaire de protéger. L'animal le plus courant dans le paramo est le renard des Andes10, surnommé « loup du paramo ». Le renard de Magellan est présent dans presque toute l'Amérique du Sud, et adapté à des environnements très divers. Dans le paramo, ce prédateur se nourrit notamment de lapin du paramo10. Le puma10 est le plus grand prédateur du paramo : présent dans presque toute l'Amérique, il est bien adapté à la vie en montagne. L'oncille, qui vit notamment dans les forêts de montagnes, s'aventure également en altitude10. D'autres petits félins fréquentent aussi parfois le paramo, comme le colocolo ou le chat des Andes.

De nombreux mammifères de la forêt s'aventurent parfois dans le paramo, comme le coati roux, le tapir du Brésil, ou le singe laineux10.

Contrairement aux mammifères, beaucoup d'oiseaux qui fréquentent le paramo ne vivent que là, si bien qu'on trouve un certain nombre d'espèces caractéristiques. Le caracara caronculé est une sorte de vautour, cousin du faucon. Comme les autres caracaras, c'est un charognard, mais il se nourrit aussi de vers, d'insectes et de graines. Il passe une grande partie de son temps au sol, à chercher sa nourriture. Le paramo abrite également beaucoup d'espèces de petits oiseaux, qui cherchent leur nourriture (souvent des graines ou de petits insectes) dans les herbes, comme les pipits ou les tyrans, la cataménie du paramo, le conirostre roux...

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Comme les plantes, les petits animaux, comme les amphibiens et les reptiles, mais aussi les insectes et les autres arthropodes, se déplacent peu : ils sont spécifiques du paramo, et ne vivent que là. On ne les trouve pas dans les forêts, en dessous des paramos, et ils ne peuvent pas les traverser pour aller d'un paramo à l'autre. Beaucoup d'espèces sont endémiques du paramo, voire même d'une seule région ou d'un seul paramo en particulier.

La faune aquatique des paramos est assez importante, mais comprend peu de poissons, essentiellement des poissons-chats ; cependant, la truite arc-en-ciel a été introduite dans certains ruisseaux, où elle est très abondante. On trouve beaucoup d'espèces d'amphibiens, principalement de petites grenouilles et des salamandres, mais très peu de reptiles : en Colombie, par exemple, on n'a recensé que 14 espèces de lézards, et seulement 4 espèces de serpents qui peuvent vivre dans le paramo.

Les insectes sont nombreux dans le paramo, mais encore assez mal connus. On y rencontre, notamment, des papillons ainsi que des criquets, par exemple.

Le paramo et l'homme[modifier | modifier le wikicode]

Activités[modifier | modifier le wikicode]

Une vache, dans le paramo.
Vue sur le paramo, traversé par le téléphérique de Mérida, depuis une des cabines. Le téléphérique permet d'amener les touristes dans le paramo.

Malgré le froid, les sols du paramo sont fertiles, et faciles à travailler, puisqu'il n'y a pas besoin de les déboiser, contrairement à la forêt. L'agriculture en montagne se développe donc dans le paramo.

Dans les régions où le bois est rare, on utilise les branches du chuquiraga, un buisson poussant dans le paramo, pour se chauffer11.

Les prairies du paramo sont utilisées comme pâturage pour le bétail. On cultive aussi des légumes, principalement des pommes de terre et d'autres légumes, comme l'oca, ou l'ulluque. Le paramo est également une importante ressource en eau pour l'agriculture : l'eau du paramo est drainée et amenée dans les vallées, où l'on pratique l'agriculture.

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Au Venezuela, la truite arc-en-ciel a été introduite dans les rivières des paramos, afin d'alimenter la pêche, ce qui permet de fournir non seulement une ressource alimentaire supplémentaire, mais également de générer du tourisme, en attirant les pêcheurs dans la région.

Le tourisme est donc une autre activité importante du paramo : des sentiers permettent de découvrir le paramo à travers plusieurs parcs naturels. Le téléphérique de Mérida, qui aujourd'hui ne fonctionne plus, était le plus haut, et le deuxième plus long téléphérique du monde. Partant de la ville de Mérida, au Venezuela (à une altitude de 1 640 mètres), il pouvait emporter 36 personnes jusqu'au Pico Espejo, situé 12.5 km plus loin, à 4 765 mètres d'altitude, traversant donc le paramo de Mérida. Fermé en 2008, il a été remplacé par un autre plus moderne, en 2016.

Menaces et protections[modifier | modifier le wikicode]

L'agriculture dans le paramo est traditionnellement une agriculture vivrière, de subsistance, c'est-à-dire que les populations locales y cultivent ce dont elles ont besoin pour vivre. Mais, récemment, cette agriculture est devenue une agriculture plus intensive, on cultive non seulement ce dont on a besoin pour manger, mais également pour vendre. Ce développement de l'agriculture peut nuire au paramo, qui est un écosystème fragile, et qui abrite des espèces menacées, comme l'ours des Andes ou le tapir de montagne, par exemple. Dans certaines régions, le gouvernement a interdit l'agriculture dans le paramo, ce qui permet de protéger les espèces en danger, mais pose un problème aux populations locales, qui ne peuvent plus cultiver ce dont elles ont besoin pour vivre.

La présence de la truite, introduite dans les rivières des paramos, pose également certains problèmes, car elle pourrait bien bouleverser les écosystèmes : même s'il y a peu de poissons dans les cours d'eau du paramo, la truite pourrait entrer en compétition avec eux, en se nourrissant des mêmes ressources, par exemple. Certains poissons-chats ont déjà disparu, victimes de la surpêche, ou de la modification de leur habitat. De plus, la truite est un prédateur carnivore qui se nourrit de petits animaux aquatiques, poissons, insectes ou autres invertébrés, et sa présence pourrait donc bien être dévastatrice pour certaines espèces aquatiques.

Plusieurs parcs naturels ont été créés dans les Andes, par différents pays, pour protéger la nature, et, notamment, le paramo.

Compte tenu de sa situation particulière, le paramo souffre également du réchauffement climatique : dans certaines régions, on a pu mesurer que la limite des frailejones, c'est-à-dire la limite du paramo, a reculé de 300 mètres plus haut en seulement trente ans12.

Dans la culture populaire[modifier | modifier le wikicode]

Mythes et légendes[modifier | modifier le wikicode]

En raison de son altitude, le paramo est un endroit assez inaccessible, et mystérieux. Il est l'objet de plusieurs légendes. Le frailejon, la plante typique du paramo, avec ses grandes feuilles argentées, est une plante sacrée10 pour les indiens des Andes.

La Mancarita13 est une créature légendaire, qui vit dans les brumes du paramo. Il s'agit d'une sorte de fée maléfique, ou de sorcière14, ou parfois encore d'un fantôme ou d'une apparition. Son apparence varie beaucoup d'un récit à l'autre, et d'une région à l'autre. D'après la légende, elle attire les hommes dans les montagnes, où ils se perdent à tout jamais14. D'après une légende de Pisba, Mancarita est une très belle femme, vêtue de blanc. Son cou est fait de glace, et ses bras, d'eau. Elle utilise sa très grande beauté pour attirer les hommes et les perdre dans les brumes10.

Selon certaines légendes, elle se nourrirait de neige15, et aurait coutume de se baigner dans certains lacs de haute montagne, comme la Laguna Encantada13, en Colombie. Elle serait capable d'imiter la voix humaine13 afin d'attirer les gens, en gémissant ou en pleurant. On la décrit parfois comme une créature sauvage, couverte de fourrure, à la poitrine démesurée15. Elle attirerait les hommes, ou enlèverait les enfants, pour les dévorer, ou boire leur sang, à la manière d'une sorte de vampire...

La légende de la Mancarita se rapproche d'autres légendes de créatures similaires de la montagne, comme la Patasola16, la Patetaro, ou encore la Llorona du Mexique, avec lesquelles elle est parfois confondue (ce qui explique notamment la diversité des descriptions). Toutes ces légendes sont sans doute le reflet de l'imagination des hommes, face à la montagne, perçue comme mystérieuse et magnifique, ou, au contraire, particulièrement terrifiante, mais incontestablement dangereuse, et dans laquelle les hommes peuvent disparaître et ne jamais revenir.

Au cinéma[modifier | modifier le wikicode]

  • El páramo est un film d'horreur de 2012, dont l'histoire se déroule dans les montagnes de Colombie.

Le paramo ailleurs dans le monde[modifier | modifier le wikicode]

Le paysage d'altitude, dans la chaîne du Ruwenzori, en Ouganda, au dessus de la forêt tropicale, forme un « paramo » africain, mais avec des plantes différentes, comme les lobélies.

Ailleurs dans le monde, il existe d'autres chaînes de hautes montagnes dans les régions tropicales : en Amérique centrale, en Papouasie-Nouvelle-Guinée (où l'on trouve d'ailleurs quelques-uns des très rares glaciers tropicaux de la planète), en Afrique2... Comme les Andes, ces montagnes sont occupées par des forêts tropicales, au-dessus desquelles on trouve, en altitude, des écosystèmes ressemblant au paramo : les espèces y sont, bien sûr, différentes, mais elles sont adaptées aux mêmes contraintes, et se ressemblent beaucoup. Le nom de « paramo » est normalement réservé aux Andes, mais il est aujourd'hui utilisé pour décrire ces autres écosystèmes similaires21718 ailleurs dans le monde. Dans ce cas, le paramo peut être considéré comme un biome1017.

Ayant à subir des contraintes similaires à celles que subissent les frailejones (froid extrême, sécheresse) dans les Andes, d'autres plantes comme les séneçons géants181920, certaines lobélies181920 et certains lupins19 (en Afrique), ou l'épée d'argent1920 (sur les pentes des volcans de Hawaï) ont évolué de la même façon, et développé des adaptations similaires, comme la forme en rosette. Bien que n'étant pas de proches parentes, ces plantes se ressemblent beaucoup, parce qu'elles sont adaptées à un même milieu (c'est ce que l'on appelle la convergence).

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On trouve des paramos :

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Vikiliens pour compléter[modifier | modifier le wikicode]


Top web[modifier | modifier le wikicode]

Sélection d'images[modifier | modifier le wikicode]

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. On classe les paramos en fonction de leur hygrométrie en : Sec, Semi-humide, Humide, Très humide, Superhumide, Superhumide pluvial et Pluvial. Les paramos secs reçoivent entre environ 600 et 1 200 mm de précipitations par an, alors que les paramos pluviaux en reçoivent plus de 4 000
  2. À titre de comparaison, la ville de Manaus, au Brésil, dans la forêt amazonienne, à 92 m d'altitude, reçoit environ 2 145 mm d'eau par an5, et il tombe 393 mm, à Potosí6, en Bolivie, dans la puna, à 4 070 m d'altitude.
  3. Les brumes et brouillards constituent ce que l'on appelle les précipitations horizontales. D'après une étude8, elles contribuerait à 18% de l'humidité du paramo.
  4. Dans une forêt, les arbres et les plantes hautes retiennent le sol avec leurs racines, et font un obstacle au vent. Dans le paramo, il n'y a pas de plantes aussi hautes, il n'est donc pas protégé contre l'érosion
  5. Durant une ère glaciaire, les glaciers en se déplaçant provoquent une érosion en arrachant des particules de roches et en les transportant au loin. Bien d'autres phénomènes font que le froid est un agent important de l'érosion : l'alternance du gel et du dégel (le jour et la nuit, par exemple), fait éclater les roches : c'est ce qu'on appelle la gélifraction.
  6. On dit de ces plantes couvertes d'un duvet de petits poils qu'elles sont pubescentes
  7. On a pu mesurer que la température du bourgeon du frailejon, bien protégé par les feuilles de la rosette, pouvait être de 2°C supérieure à celle de l'air !

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Ressource en ligne [en ligne] paramo, larousse.fr page consultée le 24 décembre 2015
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 2,12 2,13 2,14 2,15 et 2,16 (en)Wilhelm Lauer, Ecoclimatological conditions of the paramo belt in the tropical high mountains, in Mountain Research and Development, vol. 1, N°3-4, 1981, pp. 209-221
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Juan Carlos Mendoza Saavedra, Frailejones du Paramo de Chingaza, Colombie : Plan de conservation - Université de Sherbrooke, 2014
  4. 4,0 et 4,1 P. M. Ramsay & E. R. B. Oxley, The growth form composition of plant communities in the ecuadorian páramos
  5. Ressource en ligne [en ligne] Climat:Manaus - climate-data.org page consultée le 18 mai 2016
  6. Ressource en ligne [en ligne] Climat:San Luis Potosi - climate-data.org page consultée le 18 mai 2016
  7. (en) Guillermo Sarmiento, 2 - Ecological Features of Climate in High Tropical Mountains, in François Vuilleumier & Maximina Monasterio, High Altitude Tropical Biogeography, Oxford University Press & American Museum of Natural History, 1986, pp. 11-45 (ISBN 978-0195036251)
  8. Dorewend, 1979, cité par (es) Mario A. Díaz-Granados Ortiz & al., Páramos: Hidrosistemas Sensibles, Revista de Ingeniería, n°22, juillet-décembre 2005
  9. 9,0 et 9,1 (en) Maximina Monasterio, 3 - Adaptative Strategies of Espeletia in the Andean Desert Páramo , in François Vuilleumier & Maximina Monasterio, High Altitude Tropical Biogeography, Oxford University Press & American Museum of Natural History, 1986, pp. 49-80 (ISBN 978-0195036251)
  10. 10,0 10,1 10,2 10,3 10,4 10,5 10,6 10,7 10,8 et 10,9 (en) Benjamín Villegas Jiménez, Columbia natural parks
  11. P. M. Ramsay, The Paramo Vegetation of Ecuador: the Community Ecology, Dynamics and Productivity of Tropical Grasslands in the Andes.
  12. Ressource en ligne [en ligne] (es) Govierno Bolivariano de Venezuela, Ministerio del Poder Popular para Educación Universitaria, Ciencia y Tecnología, Frailejones avanzan 300 metros hacia la cima del páramo andino, 14 novembre 2015 page consultée le 24 décembre 2015
  13. 13,0 13,1 et 13,2 Livre imprimé [livre] (es) Manuel Ancízar (sous le pseudonyme de Alpha), La peregrinación del Alpha por las provincias del norte de la Nueva Granada en 1850-1851, 1853
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Paysage composite.jpg
Sur les paysages et les formes de la végétation :
Article mis en lumière la semaine du 19 février 2018, la semaine du 23 mai 2022.
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