Voie romaine

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Section de voie romaine dallée, en Syrie, entre Antioche et Alep

Les voies romaines sont des routes qui reliaient les cités de l'Empire romain.

Les voies romaines, dont certaines ont été établies sur des chemins qui existaient avant, permettaient le déplacement rapide des légions de l'armée romaine. Elles étaient aussi empruntées par les voyageurs à pied, à cheval ou en litière. Les commerçants y transportaient des marchandises dans des chariots.

Les routes actuelles suivent souvent le tracé des anciennes voies romaines, ou bien elles passent à proximité. Sur une carte routière moderne, ces anciennes voies romaines apparaissent souvent par leur tracé rectiligne et des noms de lieux caractéristiques comme La Chaussée, Estrées, Maison-Rouge, ce dernier nom désignant les maisons des cantonniers, toujours peintes en ocre rouge, comme elles le sont encore en Italie.

Une route revêtue est appelée en latin (via) strata. De là sont issus l'ancien français estrée (toponyme fréquent), l'allemand Straße, le néerlandais straat et l'anglais street.

Reconstitution d'un chariot de marchandises de l'époque romaine.
Images sur les voies romaines Vikidia possède une catégorie d’images sur les voies romaines.

Construction d'une voie romaine[modifier | modifier le wikicode]

Coupe d'une voie romaine dallée

Pour la construction de leurs routes les Romains privilégient la ligne droite. Cette technique est parfaitement adaptée aux régions de relief horizontal comme les plaines et les plateaux. Là où les pentes sont fortes, les Romains préfèrent le tracé à mi-pente. Les virages sont élargis afin de faciliter le passage des chariots (qui n'ont pas de train avant tournant). Les Romains installent leurs routes sur la crête des reliefs (les points les plus hauts) et évitent les fonds de vallée et les zones marécageuses où ils doivent construire la route sur un remblai. Les cours d'eau sont franchis par des gués le plus souvent empierrés ou par des ponts en bois ou en pierre. Il existait aussi des tunnels routiers équipés de puits d'aération.

La route est construite par tronçons sur lesquels travaillent plusieurs équipes utilisant des techniques différentes. Le raccordement des tronçons perturbe souvent le tracé rectiligne. Une partie des voies romaines ont été construites par les soldats durant la "paix romaine". Ailleurs, ce sont des entrepreneurs privés qui sont chargés des travaux (souvent ils emploient des esclaves).

Contrairement à une idée répandue, les voies romaines, sur la plus grande partie de leur tracé, n'étaient pas pavées. Ce n'est qu'aux abords des villes qu'elles étaient recouvertes de dalles ou de pavés de différentes tailles. Dans les passages difficiles, des rainures parallèles guidaient les chariots, par exemple sur les ponts ou dans les sections étroites, pentues ou sinueuses. L'écartement des roues et des rainures était standardisé à (environ) 1,43 m, du moins en plaine, écartement qui sera repris au XIXe siècle pour les rails de chemins de fer. En montagne, on constate des rainurages à écartement plus étroit, par exemple de 1,15 m, pour de plus petits véhicules, plus légers et plus maniables.

La voie romaine reposait sur une fondation de blocs et de pierres plates recouverte d'une couche épaisse de cailloux et de sable. Le revêtement était formé de dalles liées au ciment, sans joint de dilatation. Cette rigidité fragilisait la partie superficielle soumise aux écarts de température qui dilatent la surface, ce qui favorise les fissures vite dégradées par les pluies stagnantes (pas de bombement de la surface).

Le réseau routier[modifier | modifier le wikicode]

Le point de départ des voies romaines, sur le Forum romain à Rome.
Borne milliaire, sur la voie romaine qui reliait Braga (Portugal) à Astorga (Espagne)

À l'apogée de l'Empire romain, le réseau est constitué d'environ 150 000 kilomètres de voies. Sur le Forum romain de Rome, l'empereur Auguste a fait placer le Milliaire d'or, qui servait de point de départs (le zéro) de tout le réseau routier.

On peut distinguer plusieurs catégories de voies:

  • les voies publiques, qui forment les grands axes de circulation. Elles relient les grandes villes de l'empire (civitates). La largeur moyenne de ce type de voie varie de 6 à 12 mètres.
  • les voies vicinales : elles permettent la liaison entre un bourg (vicus) et la grande voie publique la plus proche. C'est cette catégorie qui représente l'essentiel du réseau. La largeur moyenne est de 4 mètres.
  • il existe des voies privées, qui permettent aux propriétaires des grandes villas rurales de sortir de leur domaine et d'accéder au réseau principal.

Des bornes milliaires, installées tous les milles (environ 1478,5 mètres) indiquaient les distances parcourues, entre les villes les plus proches et commémoraient les travaux des différents magistrats ou empereurs.

Quelques voies romaines sont restées célèbres :

La circulation sur le réseau[modifier | modifier le wikicode]

Les soldats en déplacement marchent sur la voie elle-même. Il en est de même pour la poste impériale ou les chariots et litières des grands personnages. Les chariots des commerçants roulent également sur la voie. Mais les piétons et les cavaliers circulent surtout sur un chemin latéral à la voie. La poste impériale qui acheminait le courrier officiel disposait de relais où les courriers trouvaient des chevaux frais de rechange pour poursuivre rapidement leur route ou bien faire étape. Le courrier privé circulait grâce aux gens qui se déplaçaient pour leurs affaires ou leurs loisirs et qui se chargeaient de transporter les lettres pour leurs amis. L'acheminement du courrier et des nouvelles était donc très lent.

Un piéton parcourait une trentaine de kilomètres par jour, tandis que les marchandises circulant à cheval par le service des postes impériales pouvaient en parcourir plus de 150.

Les ponts, les gués, les auberges jalonnaient les routes, parcourues par des voyageurs à pied, à cheval, en voiture, en chaise à porteurs ou en litières.

Du fait de la technique de l'attelage, la charge utile transportée par les véhicules était faible. Les voitures légères de la poste pouvaient transporter de 60 à 100 kilos et les gros transports ne dépassaient gère la demi-tonne.

Curieusement le réseau routier qui a favorisé les déplacements des hommes et des marchandises a aussi facilité les invasions germaniques des IVe et Ve siècles. Les envahisseurs venaient d'abord pour piller, puis s'établir. Le réseau qui joint les villes était un bon moyen de déplacement et d'orientation, qui de plus aboutissait aux villes où se concentrait encore la richesse. Dans un premier temps du moins, les envahisseurs ne se sont guère éloignés des voies romaines. Ce sont les villes qui les premières ont été attaquées. Les villages ont ainsi été épargnés (c'est une des raisons pour lesquelles les habitants les plus riches ont fui les villes pour s'installer dans leurs villas campagnardes).

Pour compléter sur le réseau routier romain antique[modifier | modifier le wikicode]

Romulus et Rémus - Louve du Capitole.jpg
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