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Lares

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photographie de trois représentations de Lares. Toutes tiennent un plat et une corne dans les mains
Représentation de Lares, musée de Naples.

Dans les croyances des Romains de l'Antiquité, les lares étaient des génies protecteurs du foyer (ou plus généralement d'un lieu particulier), des personnes qui y vivaient et des biens qu'elles possédaient. Ce sont des divinités secondaires spécialisées, contrairement aux grandes divinités comme Jupiter ou Minerve. Les lares étaient aussi vénérés dans le milieu environnant, dans les champs, les carrefours aussi bien dans les villes que dans les campagnes... Pour obtenir la protection des lares, le demandeur (dans la maison, il s'agit du père de famille) déposait des offrandes auprès des statuettes déposées sur un autel : le lararium ou laraire.

Les représentations existantes des lares, peu nombreuses sous la République romaine, sont beaucoup plus fréquentes sous l'Empire. Généralement, il s'agit d'une statuette de jeune homme vêtu d'une tunique courte, couronné d'une guirlande de feuilles de lauriers et qui lève en l'air une corne en forme de coupe. Les lares pouvaient aussi être peints sur les murs autour de l'autel.

Le culte rendu aux Lares[modifier | modifier le wikicode]

Le culte privé[modifier | modifier le wikicode]

photographie en couleur. La niche avec son décor peint, deux lares entourant le génie du propriétaire. On remarque un serpent qui est la représentations du génie du maître de maison
Un lararium dans une maison de Pompéi.

Sous la République, les Lares sont honorés dans le cadre familial. L'autel où sont installés les Lares et le Pénates est le centre de la maison. Il est le plus souvent situé dans l'atrium, du moins dans les villas, mais il peut être déplacé dans une pièce voisine. Tous les matins, le père de famille, entouré de ses proches et de ses serviteurs, leur adresse une prière.

Les images des Lares sont peintes sur la muraille ; les statuettes sont logées sous une niche plus ou moins profonde ou sous un abri à fronton soutenu par des colonnes. Des autels de pierre ou de brique sont quelquefois construits devant l'abri des Lares ; mais souvent ils sont remplacés par de petits autels portatifs en argile ou en bronze.

Aux principaux jours de fête, aux Calendes, aux Nones et aux Ides et le jour de la nouvelle lune, on offre un sacrifice. On orne les statuettes de guirlandes de feuilles ou de fleurs récemment cueillies. On fait brûler de l'encens. On ajoute des fruits, des gâteaux de farine de blé, du miel en rayons. On procède à des libations de vin. À la campagne, quelquefois, on sacrifiait des truies ou des agneaux.

Les prières et offrandes aux Lares prenaient un aspect plus solennel dans les grands événements de la vie familiale. Le jour où les jeunes gens, entrant dans l'âge adulte, revêtaient la toge virile, la bulle qu'ils portaient au cou depuis l'enfance était accrochée au cou du Lare familial. Quand une personne rentrait d'un long voyage, elle rendait grâce aux lares de son foyer. Lorsque la jeune mariée entrait pour la première fois dans la maison de son nouvel époux, elle déposait sur l'autel des lares une pièce de monnaie qu'elle avait dissimulée dans sa chaussure. Après les funérailles, on purifiait la maison du défunt en sacrifiant aux Lares deux béliers.

Le citoyen romain qui part à la guerre se recommande aux Lares pour leur demander leur protection. Après sa libération, un prisonnier offrait ses liens aux Lares. Après ses campagnes militaires, le soldat suspendait devant l'autel ses armes ou les dépouilles qu'il avait prises à l'ennemi.

Le culte public[modifier | modifier le wikicode]

À Rome, sous la République (donc avant la fin du Ie siècle av. J-C), il existait un culte public des Lares. Il s'agissait d'honorer les Lares protecteurs d'un morceau de l'espace agricole ou de l'espace urbain et par extension du territoire de la République. Ainsi les Romains croyaient que c'étaient les lares Militares qui ayant été invoqués ont éloigné Hannibal des murs de Rome pendant la Deuxième Guerre punique. La fête des compitalia, au milieu de l'hiver était le grand moment de ce culte public des lares. Il donnait lieu à des réjouissances populaires comme des fêtes foraines. Le lieu de culte, des petits autels disséminés le long des chemins ou le long des rues, était placé sous l'autorité d'une association d'esclaves et d'affranchis. Les frais de fonctionnement étaient souvent réglés par des citoyens riches, qui y recrutaient les agents électoraux voire les hommes de mains nécessaires à une carrière politique. Peu de traces des autels dédiés à ce culte public nous sont parvenues (destruction possible au cours d'opération d'urbanisme postérieures).

D'autres fêtes officielles honoraient les Lares publics. Le 1er mai c'étaient les Lares Praestites qui étaient les lares protecteurs du territoire de la tribu mythique des Rhamnes, une des tribus fondatrices de Rome au temps de Romulus, ils étaient donc les protecteurs de Rome . On célébrait le 23 décembre la fête Larentalia ou Larentinalia, honorant Acca Laurentia la mère supposée du dieu Lare (certainement une confusion basée sur l'homophonie entre Lare et Larentalia).

L'empereur Auguste lorsqu'il réorganise les anciens cultes romains accorde une grande importance au cultes des Lares. Mais il en profite pour y associer le culte du génie de la famille impériale. Il fait édifier des autels aux 265 carrefours de Rome ; y étaient exposées les statues des deux lares entourant la statue représentant le génie de l'empereur. Aux endroits les plus prestigieux Auguste fait même placer, à ses frais, des œuvres d'art d'inspiration hellénique. Les successeurs d'Auguste, et en particulier Trajan, firent restaurer ces lieux de culte public. La fête des compitalia déplacée le 27 juin donne lieu à des processions et des sacrifices auxquels participe la famille impériale. On a retrouvé de multiples vestiges des autels construit sous l'empire. De nombreuses représentations sculptées témoignent de ce culte officiel des lares à cette époque.

Un décret du Sénat (sénatus-consulte) rend obligatoire l'hommage à la divinité impériale et aux Lares publics. Il était courant d'invoquer ces lares et génie impériaux au cours des repas et de les faire apporter dans la salle du festin. Cela permettait aux courtisans de flatter leurs dirigeants.

Origine de l'idée des lares[modifier | modifier le wikicode]

Dans le chant des Frères Arvales, le mot lares (sous la forme étrusque de lases et au pluriel) apparaît pour la première fois ; c' est une prière pour la prospérité des récoltes au début du printemps, on demande aux lares de protéger le travail des paysans contre les fléaux qui peuvent les menacer. La prière est alors complétée par le sacrifice de deux béliers. Caton l'Ancien recommande à la femme de la maison d'orner de couronnes les statues des lares plusieurs fois dans le mois, quant au maître de maison il doit avant toute visite de ses propriétés saluer les lares. Les Lares président à l'existence de la famille, veillent sur la prospérité et sur la santé des hommes groupés autour du foyer où trônent leurs statuettes.

Dans les documents anciens, le mot est au singulier. Il s'agit alors d'une très ancienne divinité champêtre, associée au dieu Mars (qui a aussi un aspect champêtre). Il est le fils d'Acca Larentia, la déesse latine de la floraison printanières (qui annonce les récoltes futures). Il est souvent représenté par une forme taillée grossièrement dans une souche.

À l'époque royale, à Rome, on célébrait la fête des compitalia, qui consistaient à offrir des présents aux divinités protectrices de l'espace agricole attribué à une communauté. On édifiait alors des autels dressés aux carrefours des chemins. L'espace s'urbanisant, la fête devient celle des carrefours des rues. Mais les carrefours délimitant l' espace de deux communautés voisines, le lare unique devient double (d'où le pluriel).

Les lares ont été souvent confondus à tord avec des ancêtres déifiés qui deviennent alors les protecteurs de leur descendance. Cela est certainement dû à une contamination de la religion romaine primitive par des idées importées de Grèce (où il existe un culte des héros, humains devenus dieux). On retrouve le même phénomène avec l'attribution de la généalogie et des aventures des divinités grecques aux divinités romaines qui jusque là en étaient dépourvues. Ce n'est qu'avec l'installation de empire que des humains (Jules César, Auguste, puis les autres empereurs) seront déifiés après leur mort.

Par contre les Romains ont rapidement confondu les lares (protecteurs et conservateurs des biens) et les pénates, (divinités de la maison créatrices de toutes les richesses dont dispose la famille) . Sur l'autel familial, le lare était entouré par un couple de Pénates. D'où l'emploi d'un mot ou de l'autre indifféremment.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines. Daremberg et Saglio. 1877
  • Dictionnaire des Antiquités. Anthony Rich. 1883.
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