Bébé romain

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Dès sa naissance, le bébé romain est soumis à de multiples contraintes qui visent à faire de lui, un homme ou une femme utiles à la cité, comme soldat et citoyen ou comme future mère. Comme tous les membres de la famille le bébé est soumis à la seule autorité du père (le pater familias). Celui-ci a sur lui le droit de vie ou de mort et les nourrissons qui ne plaisent pas sont abandonnés sur la voie publique. Une fois l'enfant accepté par son père, l'allaitement est confié à la mère ou à une nourrice quelquefois à une esclave. Mais le père est très attentif à l'alimentation et aux soins corporels donnés au nourrisson.

Pendant les heures qui suivent la naissance[modifier | modifier le wikicode]

Dès sa naissance le bébé romain est soumis à la toute puissance paternelle. Si c'est une fille et que son père consent à la garder, celui-ci ordonne seulement qu'on alimente le bébé. Si c'est un garçon, il est déposé sur le sol devant son père qui doit le prendre dans ses bras, ce qui veut dire qu'il le reconnaît comme son fils qui lui succèdera dans la charge de chef de famille en particulier dans le culte rendu aux ancêtres. Il prend alors l'engagement de le nourrir et de le former comme futur citoyen. Notons que sous la République romaine, il n'y avait pas de déclaration de la naissance d'un enfant auprès des autorités officielles. L'enregistrement des naissances (pour les enfants légitimes) commença pendant le règne de l'empereur Auguste. À partir de l'empereur Marc-Aurèle le père a un délai de trente jours pour faire enregistrer la naissance de son enfant, cette décision est applicable à tous les enfants légitimes ou non.

Si le père se désintéresse de l'enfant celui-ci est rejeté de la famille. Il est alors exposé en dehors de la maison en le déposant sur la voie publique sans aucun secours. Le bébé ainsi exposé ne survivra que quelques heures : la faim ; le froid, les animaux errants auront vite raison de lui. Cette exposition est courante pour les enfants mal formés, ou pour les garçons et les filles dans les familles pauvres déjà surchargées d'enfants et qui ne peuvent nourrir une bouche supplémentaire. Les enfants nés un jour néfaste risquent aussi d'être abandonnés, l’historien Suétone rapporte qu'à la mort de Germanicus, général très aimé des Romains, les nouveaux-nés furent abandonnés dans les rues.

Certains enfants ainsi abandonnés sont recueillis par des familles sans enfant et qui en cherchent un pour l'adopter, car l'adoption est une pratique très courante à Rome où on considère que la filiation n'est pas obligatoirement biologique mais dépend uniquement de la décision du chef de famille. D'autres seront pris en charge par des marchands d'esclaves qui revendront l'enfant une fois celui-ci reconnu apte à travailler.

Malgré la diffusion du christianisme dans l'Empire romain, l'abandon est encore pratiqué au début du IVe siècle.

L'entrée officielle dans la famille[modifier | modifier le wikicode]

La mortalité infantile étant importante, beaucoup d'enfants meurent dans les jours qui suivent la naissance. Aussi on retarde l'entrée officielle de l'enfant dans la famille. Pour les filles ce sera huit jours après la naissance, pour les garçons neuf jours. C'est au cours de cette cérémonie, le dies lustricus (le jour de la purification) que le nourrisson recevra son prénom.

La cérémonie a lieu dans la maison familiale près de l'autel domestique (le lararium) où siègent les représentations des dieux familiaux. Le plus souvent une parente passe un doigt mouillé de salive sur le front et les lèvres du nourrisson. On lui suspend autour du cou une bulla (sorte de sachet où sont placées des amulettes chargées de protéger l'enfant en éloignant les mauvaises influences). Dans les familles d'hommes libres cette bulla est en or mais dans les familles d'affranchis et les pauvres elle est en cuir. Cette bulla sera portée jusqu'à 17 ans lorsque le garçon revêtira la toge prétexte et jusqu'au mariage pour les filles (le mariage était souvent très précoce à partir de 12-13 ans).

Les soins au nourisson[modifier | modifier le wikicode]

Les protections divines[modifier | modifier le wikicode]

Ayant été accepté par son père, le nourrisson est placé sous la protection d'une multitude de divinités de rang secondaire qui devront protéger sa croissance. Déjà au moment de sa naissance Vitumus et Sentitus lui ont donné le souffle vital et les sens qui lui permettront d’appréhender le monde autour de lui. Lors de sa présentation à son père le bébé est pris en charge par Opis qui le reçoit sur le sol, par Vaginatus qui lui fait émettre les premiers vagissements prouvant qu'il est en vie et par Levana qui accompagne son relevage par son père lorsqu'il le prend dans ses bras. Installé dans son berceau le nourrisson est protégé par Cunina, tandis que Ruminus veille à l'allaitement. Si le bébé a peur Paventinus l'apaisera. Ce seront Potina et Educa qui lui apprendront à boire et à manger. Se tenir debout et les premiers pas sont dus à l'intervention de Stativus et d'Abeona tandis que Fabulinus les aidera à prononcer leurs premiers mots....

Pour renforcer cette protection, la coutume veut que, pendant les premiers jours qui suivent la naissance, trois hommes portant un pilon pour l'un, un balai pour l'autre et une hache pour le troisième, gardent la maison afin de repousser les forces maléfiques. Pour effrayer les mauvais esprits on offre au nouveau-né des objets et des jouets bruyants comme des hochets et des crécelles.

Le nourrissage[modifier | modifier le wikicode]

L'allaitement. Terre cuite du IIIe siècle apr. J-C

Le nourrisson ne sera sevré, c'est-à-dire qu'il ne recevra plus le lait, que vers trois ans. Jusque-là il est alimenté grâce à l'allaitement. Cette opération est confiée soit à la mère, soit, par défaut de lait ou grâce à des moyens financiers suffisants, à une nourrice choisie avec soin afin qu'elle ne contamine pas l'enfant. Rappelons que les fondateurs légendaires de Rome Romulus et Rémus ont été allaités par une louve dans la grotte du Lupercale. Ayant la charge de l'existence de l'enfant qu'il a reconnu, le père veille à ce qu'il soit alimenté correctement. Pour les Romains c'est cette présence paternelle qui transforme le lait, matière qu'ils considèrent comme non-civilisée, en aliment digne d'être absorbé par un humain.

Progressivement l'alimentation du bébé sera modifiée, afin de transformer son corps mou en corps plus charpenté. Le nourrisson recevra des produits plus élaborés et civilisés par une activité humaine. Le but est de fabriquer un corps normal, c'est-à-dire apte à l'exercice physique qui attend le futur soldat, ou à la gestation et à l'accouchement sans problème pour les filles. Par un régime alimentaire strict on pourchasse l'embonpoint qui pour les Romains dénote une certaine mollesse.

Les soins corporels[modifier | modifier le wikicode]

Dès que le nourrisson a été reconnu par son père, il est baigné puis emmailloté. Le but de ces opérations est de façonner le corps de l'enfant.

Souvent le père assiste au bain quotidien qui est froid. La mère ou la nourrice profite de l'occasion pour modeler le corps alors que les os sont encore mous. La tête, la mâchoire, les fesses sont ainsi massées pour les rapprocher des normes esthétiques.

L'emmaillotement tente de rigidifier les os des membres. Le corps est enserré dans des bandelettes, assez larges pour ne pas abimer la peau. Mais on les resserre aux endroits que l’on veut affiner, comme les poignets, les coudes, les genoux et les hanches. Ce type d'emmaillotement dure environ deux mois. Ensuite on libère progressivement les membres. On commence toujours par le bras droit afin que l'enfant prenne l'habitude de s'en servir et devienne ainsi droitier; car chez les Romains tout ce qui est à gauche (la sinistra) porte malheur. Puis après quelques semaines on libère le bras gauche, puis les pieds et enfin le reste du corps.

Pour compléter sur les enfants à Rome[modifier | modifier le wikicode]

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • [1] revue Terrain revue d'anthropologie et sciences humaines. Mars 2003.
  • [2] site La Toge et le glaive.
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