Histoire de la langue française

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
Aller à la navigation Aller à la recherche
Manuscrit du début des Serments de Strasbourg, premier texte en langue romane qui donnera le français, 842.

Le français est une langue romane, c'est-à-dire issue du latin.

L'histoire de la langue française commence avec le premier écrit dans une langue nouvelle qui ne peut plus être identifiée comme du latin. Ce premier document en français date de 842 : ce sont les Serments de Strasbourg, qui scellent une alliance entre deux des petits-fils de Charlemagne, Charles le Chauve et Louis le Germanique. Curieusement, ce document contient aussi le premier texte en allemand : les deux langues de l'empire carolingien connaissent ainsi le même point de départ.

Avant le français[modifier | modifier le wikicode]

La langue gauloise[modifier | modifier le wikicode]

La France n'a pas toujours été la France. Dans l'Antiquité, elle faisait partie des Gaules, nom donné par les Romains au territoire peuplé par les Celtes qu'ils appelaient des Gaulois.

Arrivée des Romains[modifier | modifier le wikicode]

De 58 à 51 av. J-C, les Romains, menés par Jules César, voulant étendre leur territoire, envahissent la Gaule.

Les Gaulois parlent une langue celtique, le gaulois, et les Romains parlent une langue italique, le latin. Toutes ces langues font partie de la grande famille des langues indo-européennes, issues d'une même langue disparue, mais en partie reconstituée, l'« indo-européen commun ».

Les Gaulois et les Romains vont donc vivre sur des territoires communs et se mélanger assez vite entre eux, comme dans les autres provinces de l'Empire romain.

Dans presque toute la Gaule, comme en Hispanie (Espagne et Portugal), le latin va remplacer peu à peu les langues celtiques, tout en conservant quelques mots ou des tournures des langues de ces pays. À la fin de l'Empire romain, la langue parlée en Gaule est donc proche du latin, mais avec des modifications qui lui sont propres.

Les langues celtiques n'ont pas disparu : elles ont pu continuer à être parlées et transmises sur les territoires comme la Grande-Bretagne, pourtant également colonisée par les Romains, ou bien en Irlande et en Écosse où les Romains ne se sont jamais installés. Le breton est une langue celtique qui est « revenue » en Bretagne, quand des Bretons romanisés de Grande-Bretagne chassés par des invasions se sont installés en Bretagne.

Pour en savoir plus, lis l’article : Gaulois (langue).

Arrivée des Francs[modifier | modifier le wikicode]

Les Francs étaient un ensemble de tribus, de petites peuplades qui vivaient à l'est du Rhin. Tout comme les Romains, les Francs voulaient agrandir leur territoire.

C'est pourquoi, au Ve siècle, ils envahissent la Gaule romaine, sous les ordres de leur chef, nommé Clovis. Les Francs ne parlaient ni le latin, ni le gaulois, mais le francique, une langue germanique assez proche du bas-allemand et du néerlandais.

Le français a gardé dans son vocabulaire un grand nombre de mots issus du francique, comme :

  • attacher, bannir, bâtir, beffroi, effrayer, bleu, cresson, dard, épieu, épier, escrime, étal, éperon, échanson, gars / garçon, fief, frais, framboise, fauteuil, galop, gant, garant, gris, guerre, guetter, jardin, harangue, hardi, haubert, hêtre, haïr / haine, heaume, honnir / honte, houx, loge(r), maçon, marais, maréchal, marque, marche, randonnée, rang, renard, trêve, trotter... et beaucoup d'autres.

Pourquoi le français ?[modifier | modifier le wikicode]

Les Francs, qui n'étaient pas très nombreux, vont assez vite adopter la langue du pays. Seul un petit nombre de mots du francique seront adoptés dans la langue parlée en Gaule.

Par la suite, ce qu'on appelait le royaume des Francs a été appelé la France. La langue qui s'y formait, principalement issue du latin, a donc été appelée le français.

Tout cela ne s'est pas fait du jour au lendemain, mais a demandé des siècles !

La langue française[modifier | modifier le wikicode]

Le français, depuis les origines, est réparti en deux grandes familles de langues, comprenant de nombreux dialectes :

Oïl et oc étaient les mots pour dire « oui » dans chacun de ces deux groupes linguistiques.

Entre ces deux grandes zones existe une « zone intermédiaire », où la langue a des traits des deux précédentes : elle couvre le Lyonnais, les Alpes, le Jura et toute la Suisse romande.

Les derniers vers du texte en ancien français de la Chanson de Roland, vers 1080.

L'ancien français[modifier | modifier le wikicode]

L'ancien français est l'ensemble des dialectes de la langue d'oïl, durant le Moyen Âge, soit environ quatre siècles de littérature.

L'ancien français n'est pas accessible immédiatement au lecteur moderne. Celui-ci peut comprendre partiellement le texte original de la Chanson de Roland (1080), mais bien des points lui échappent, tant ont changé les usages de la grammaire et du vocabulaire. Une traduction s'avère nécessaire pour accompagner la lecture.

Le moyen français[modifier | modifier le wikicode]

Une page de l’ordonnance de Villers-Cotterêts, 1539.

Le moyen français est la langue de la Renaissance. C' était une langue devenue analytique. De Rabelais à Montaigne, le lecteur d'aujourd'hui comprend (presque) tout : le vocabulaire est un peu exotique, mais la structure de la phrase est (presque) semblable à la nôtre. Un grand changement technique s'est opéré : ces livres-là sont postérieurs à Gutenberg : ils ont été imprimés dès leur publication !

C'est de cette époque (1539) que datent l'ordonnance de Villers-Cotterêts (ville où à été signé la loi du latin) qui commande d'utiliser le français pour les documents officiels en France, puis 10 ans plus tard Défense et Illustration de la langue française (1549) un texte dans lequel des écrivains ( La Pléiade) proposent d'utiliser plus et mieux le français dans la littérature, alors qu'à l'époque on écrivait encore souvent en latin.

Le français classique[modifier | modifier le wikicode]

C'est le français de Corneille, de Molière, de La Fontaine et de Madame de Sévigné. Tout le monde l'a étudié à l'école. Nous comprenons cette langue, tout en percevant bien ce qu'elle a de différent de la nôtre, dans ses tournures, surtout. Le vocabulaire, lui, s'est stabilisé, unifié. Nous y sommes à l'aise.

Le français moderne[modifier | modifier le wikicode]

On dit que Rousseau a inventé la prose moderne. Lui, mais aussi Voltaire et Diderot. La langue est désormais limpide : on la lit à haute voix sans accrocher. C'est une langue sans complications, accessible à tous. C'est celle du XVIIIe siècle, le Siècle des Lumières.

Le français contemporain[modifier | modifier le wikicode]

Depuis les Romantiques du XIXe siècle, la langue s'est stabilisée, uniformisée. L'école et l’État y ont fortement contribué. Les romanciers du XIXe et du début du XXe siècle usent volontiers d'une langue cultivée, voire recherchée. C'est ce qui les distingue des auteurs contemporains, généralement plus proches de la langue de tous les jours.

Les enregistrements sonores réalisés depuis la fin du XIXe siècle témoignent de l'évolution de la prononciation du français durant cette période.

Écouter « Le pont Mirabeau », dit et enregistré par Guillaume Apollinaire lui-même le 24 décembre 1913.

Diverses origines des mots français[modifier | modifier le wikicode]

Nous avons encore aujourd'hui des mots d'origine gauloise dans la langue française. On en compte environ 150, comme blato, « blé », caliavo, « caillou », ou crama, « crème ». Nous avons également 400 mots qui viennent du francique comme gwerra, « guerre » et suppa, « soupe ».

Une écrasante majorité de mots français sont pourtant d'origine latine, issus du latin classique, comme regula, « règle », assez souvent aussi du latin populaire, comme caballus, « cheval », et même de l'argot latin d'origine militaire, comme testa, « tête » (proprement un « tesson de poterie » !).

Beaucoup de mots scientifiques ont été forgés avec des mots tirés du grec ancien : en médecine et en biologie, par exemple. D'autres mots ont été importés des langues voisines, et parfois d'idiomes beaucoup plus éloignés géographiquement.

Pour en savoir plus, lis l’article : Mots d'origine étrangère utilisés par les Français.

Influence du français[modifier | modifier le wikicode]

Du XIVe siècle jusqu'au XIXe siècle, le français était une langue de communication internationale en Europe voire dans d'autres régions du monde. Sont prestige comme langue de culture faisait qu'elle était souvent apprise et parlée dans toutes les cours royales européennes. Par la suite, l'anglais a pris sa place comme langue internationale, mais le français reste important pour les échanges entre pays francophones.

On retrouve des mots français dans beaucoup de langues, et en particulier en anglais du fait de la conquête normande de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant. En effet, les nouveaux dirigeants du pays à partir de 1066 ont gardé leur langue : l'Anglo-normand, un dialecte du français, pendant trois siècles. Cela fait que 30 à 50 % du vocabulaire de l'anglais vient de mots français.

Langues régionales[modifier | modifier le wikicode]

En France sont pratiquées des langues régionales. Certaines sont de la même famille que le français, d'autres non.

Article à lire : Langues régionales de France.

Pour en savoir plus[modifier | modifier le wikicode]

Article mis en lumière la semaine du 9 janvier 2012.
Portail des langues —  Tout sur les langues et la linguistique