Jean-Jacques Rousseau

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Portrait de Jean-Jacques Rousseau, âgé d'environ 40 ans. Par Maurice-Quentin de La Tour. Vers 1753.

Jean-Jacques Rousseau est un écrivain, philosophe et musicien francophone, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 (66 ans) à Ermenonville. Rousseau a été un précurseur du romantisme en développant le « sentiment de la nature ». Par ses idées politiques (républicaines) et sociales (il faut combattre l'inégalité sociale), Rousseau a eu une influence considérable sur les hommes politiques qui vont faire la Révolution française. Il propose également des idées nouvelles pour l'éducation des enfants.

Les cendres de Rousseau ont été transférées au Panthéon de Paris en 1794.

Une jeunesse tumultueuse

Rousseau a raconté sa vie dans les Confessions.

La mère de Rousseau meurt en accouchant de Jean-Jacques. Son père, un horloger, laisse son fils s'éduquer lui-même. Rousseau dévore les romans comme l'Astrée qui satisferont ses penchants romanesques. Mais il lit aussi l'œuvre de Plutarque où il trouve l'exemple des grands hommes vertueux de l'Antiquité gréco-latine. Il reçoit une éducation protestante. En 1727, il entre en apprentissage chez un graveur qui lui mène la vie dure ; pour réponse Rousseau pratique le mensonge, la dissimulation, la paresse et le chapardage.

En 1728, il a 16 ans. À Annecy, ville du duché de Savoie, alors pays indépendant, il rencontre Madame de Warens qui le convertit au catholicisme. Elle l'envoie à Turin (capitale des États de la Maison de Savoie), pour y recevoir le baptême. Il mène alors une vie vagabonde en subsistant grâce à la charité. Il est tour à tour graveur, laquais et est humilié par ses employeurs et ses maîtres. En 1729, il revient à Annecy. Il étudie sans conviction au séminaire pour devenir prêtre, puis il rêve d'être musicien et se rend à Lyon avec un maître de chapelle. Revenant en Suisse il exerce la fonction de maître de musique à Lausanne et à Neuchâtel (1731). Il se rend à Paris avec un moine orthodoxe à qui il sert d'interprète.

De 1732 à 1740, il s'installe chez Madame de Warens, près de Chambéry (duché de Savoie). Il y passe des années faciles sur le plan matériel et améliore grandement son éducation intellectuelle en étudiant beaucoup de domaines (astronomie, physique et chimie, histoire et géographie, latin, musique...). Mais supplanté par un rival il part pour Lyon en 1740 où il exerce comme précepteur.

Rousseau accueilli dans les milieux intellectuels

Le salon de Madame Geoffrin On y lit une pièce de Voltaire

En 1742, il se rend à Paris. Il y donne des leçons de musique (Rousseau a inventé un nouveau mode de notation musicale, mais il n'obtient pas le succès escompté). Il devient l'ami de Denis Diderot. Grâce à la protection de Madame de Broglie, il est nommé secrétaire de l'ambassadeur de France à Venise. En 1743, il est à Venise, mais son comportement exigeant le fait renvoyer en France.

Devenu le secrétaire de Madame Dupin, il écrit une comédie l'Engagement téméraire  ; Diderot lui confie la rédaction (rémunérée) de quelques articles de l'Encyclopédie sur la musique. Pendant ce temps, il vit en concubinage avec Thérèse Levasseur une servante d'auberge (avec qui il aura cinq enfants qu'il abandonnera à l'hôpital des Enfants-Trouvés, c'est-à-dire à l'Assistance publique).

Il fréquente les milieux littéraires et mondains, en compagnie de Diderot et Melchior Grimm. Mais il est mal à l'aise dans les salons où se rencontraient intellectuels et riches hommes et femmes soutenant l'esprit des Lumières. En 1750, il reçoit le prix de l'Académie de Dijon, pour son Discours sur les Sciences et les Arts. Il devient célèbre. Mais il décide de vivre modestement et se pose en modèle de vertu.

En 1752, il fait jouer avec un grand succès son opéra Le Devin de village. Mais il se renferme sur lui-même, il refuse même d'être présenté au roi Louis XV. Sa comédie Narcisse, jouée à la Comédie française, est un échec. Rousseau participe à la querelle des bouffons, où il défend la musique italienne contre la musique française. En 1755, il publie le Discours sur l'Inégalité, où il défend l'idée de la bonté naturelle de l'homme qui est corrompu par une société injuste et inégalitaire.

En 1754, il retourne à Genève, il abjure le catholicisme. Mais il est assez mal reçu par les autorités municipales. Voltaire, avec lequel il ne s'entend pas, s'installant à proximité, cela pousse Rousseau à revenir à Paris.

La grande période créatrice

Rousseau à l'Ermitage. Gravure de 1903

En 1756, Rousseau est accueilli par madame d'Épinay, à l'Ermitage, une maison dépendant du château de Chevrette, près de Montmorency (aujourd'hui dans le Val d'Oise). Il y travaille beaucoup profitant du cadre campagnard qu'il affectionne. Il s'éprend de madame d'Houdetot, belle-sœur de madame d'Épinay qui en est fâchée. Les intrigues de Grimm le font renvoyer en 1757. Il se brouille définitivement avec Diderot.

Rousseau est alors recueilli dans une dépendance du château de Montmorency mise à sa disposition par le Maréchal de Luxembourg. Il y séjourne de 1758 à 1762. C'est là qu'il rédige La Nouvelle Héloïse (1761), Du Contrat social (1762) ainsi que L'Émile (1762). L'Émile est condamné par le parlement de Paris à cause des idées religieuses (Profession de foi du Vicaire Savoyard) qu'il contenait et est brûlé.

Rousseau est poursuivi pour être emprisonné, il doit s'enfuir en Suisse à Genève, puis à Yverdon et à Motiers (qui dépendent du roi de Prusse). Mais il doit la quitter en octobre 1765 devant les attaques (littéraires) de Voltaire qui excite les autorités et la population contre Rousseau.

Invité par le philosophe David Hume il se rend en Angleterre, mais se brouille avec ses nouveaux protecteurs et est toujours attaqué (par livres interposés) par Voltaire.

En mai 1767 il rentre en France où il ne cesse de changer de logis (à Gisors chez le prince de Conty, Lyon, Grenoble, Bourgoin, puis en Dauphiné). Il se croit la victime d'un complot généralisé contre lui.

Les dernières années de Rousseau

Revenu à Paris, en 1770, il vit pauvrement et très isolé. Cependant, il se lie avec l'écrivain Bernardin de Saint-Pierre. Il rédige les Confessions et Dialogues : Rousseau juge de Jean-Jacques (1772-1776), puis les Rêveries du promeneur solitaire.

Il se réfugie au château Ermenonville, au nord de Paris, chez le marquis de Girardin. Il y meurt en 1778. Il est enterré dans l'île des peupliers dans le parc du château.

En 1794, la Convention nationale décide de transférer solennellement ses cendres au Panthéon de Paris.

Les idées de Jean-Jacques Rousseau

L'œuvre de Jean-Jacques Rousseau est consacrée à la compréhension des conditions morales et politiques (la vie en commun) de la vie humaine. Rousseau avait une passion pour la liberté, la justice, il avait le goût de la vertu et le mépris de la richesse.

Le bonheur

Comme les autres philosophes de son époque Rousseau recherche ce qui peut permettre le bonheur de l'homme. Les philosophes pensaient que le progrès des connaissances et l'amélioration des conditions matérielles de la vie apporteraient le bonheur à l'homme. Contrairement à eux, Rousseau est persuadé que la civilisation (les arts, les sciences, la vie en société) dégrade l'homme qui perd ainsi l'égalité et la liberté, c'est-à-dire le bonheur qu'il connaissait dans l'« état de nature » (c'est-à-dire, lorsqu'il vivait uniquement pour satisfaire ses propres besoins sans le concours des autres). Pour Rousseau le bonheur est dans la vie simple loin de la richesse procurée par la civilisation.

Pour en savoir plus, lis l’article : Discours sur les Sciences et les Arts.

L'inégalité

Pour Rousseau l'homme s'est éloigné du bonheur naturel, lorsque poussé par des contraintes extérieures, il a dû s'associer avec d'autres. Il a alors développé son langage pour communiquer, ses connaissances techniques pour échanger des produits, ses arts. Mais il s'est alors éloigné de la nature. L'homme a été obligé de travailler sans cesse pour se procurer ce dont il avait besoin. Les plus forts ou les plus habiles l'emportent sur les plus faibles et accaparent une partie des biens. La propriété et l'inégalité apparaissent. Le plus fort impose son autorité, la liberté individuelle disparait.

Pour en savoir plus, lis l’article : Discours sur l'origine de l'inégalité.

La liberté et la démocratie

Cependant Rousseau est conscient que l'on ne peut revenir en arrière et retrouver l'« état de naturel » des origines. L'homme vit en société au milieu de tout ce qui menace sa liberté et son bonheur. Rousseau recherche alors quelle forme d'organisation est capable de préserver la liberté et les biens de chaque individu.

C'est le contrat social, un pacte d'association entre les hommes. Chaque homme est « naturellement » libre (souverain), mais en s'associant les libertés, les volontés individuelles forment la volonté générale (la souveraineté collective). Celle-ci impose des règles auxquelles on se soumet parce qu'elles proviennent en fait des volontés individuelles. L'homme reste libre puisqu'il n'obéit alors pas à ses semblables, mais à lui-même en tant que partie du souverain exprimé par la volonté collective. C'est la base de la démocratie. Cette idée aura une très grande influence sur des hommes politiques de la période révolutionnaire.

Pour en savoir plus, lis l’article : Du Contrat Social.

L'éducation selon Rousseau

Dans l'Émile Rousseau aborde le domaine de l'éducation. Rousseau parie sur la spontanéité individuelle. Pour lui il faut s'appuyer sur la sensibilité personnelle, sur la nature plus que sur la raison ou la culture. Il faut un enseignement progressif adapté aux capacités supposées des enfants pour chaque âge. L'enfant doit se former par sa propre expérience, pour Rousseau la nature est un des meilleurs professeurs. Il faut donc observer la nature, vivre au contact des choses et des réalités sociales. Il faut éveiller la curiosité de l'enfant pour qu'il s'instruise par lui-même. Mais il faut veiller à ce que les défauts dus à la civilisation (le mensonge, le vol, l'esprit de domination, la vanité) soient écartés.

Pour en savoir plus, lis l’article : Émile ou De l'éducation.

La religion

Dans le domaine religieux, Rousseau croit en l'existence d'un Être suprême puisque l'univers est organisé. Rousseau pense que l'homme est libre pour agir, et qu'il ne tient qu'à lui de faire un bon usage de la liberté. Rousseau croit que l'âme est immortelle, les bons seront récompensés mais les méchants n'auront pas un tourment éternel, ils le connaissent déjà par leur vie terrestre. Mais Rousseau est tolérant et pense que peu importe la manière d'adorer le Créateur, pourvu qu'on le fasse avec sentiment.

Pour en savoir plus, lis l’article : Profession de foi du Vicaire savoyard.

L'héroïsme

Pour Rousseau, le Héros est l'ouvrage de la nature, de la fortune et de lui-même. Comme le Sage, il est ferme et inébranlable mais dans l'intérêt de la société et non pour son bénéfice personnel. Le Héros est celui qui se rend le plus utile aux autres et qui doit être le premier de tous.

Le Héros joue un rôle social : Il faut faire éprouver aux hommes le bonheur pour le leur faire aimer. C'est souvent la force à la main que le Héros se met en état de recevoir les bénédictions des hommes qu'il contraint d'abord à porter le joug des loix pour les soumettre enfin à l'autorité de la raison.1

Œuvres principales

Sources

  • www.alalettre.com/rousseau.pbp et
  • Le petit Robert des noms propres 2006.
  • XVIIIe siècle. Lagarde et Michard. Bordas.1962
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