Fjord

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Geirangerfjord, Norvège.

En géographie physique, un fjord (ou fiord, se prononce "fiorde") est un grau (passage où les eaux de la mer et les eaux intérieures communiquent) formé par un ancien glacier aux côtes très escarpées.1 On peut trouver des fjords en Antarctique, en Colombie-Britannique (Canada), au Chili, au Danemark, en Allemagne, au Groenland, aux îles Féroé, au Monténégro, en Islande, au Kamtchatka (Russie), aux îles Kerguelen (France), à Terre-Neuve-et-Labrador (Canada), en Nouvelle-Zélande, en Norvège, en Nouvelle-Zemble (Russie), dans le Nunavut (Canada), au Québec (Canada), en Argentine, en Russie, en Géorgie du Sud (Royaume-Uni), en Tasmanie (Australie), en Écosse ainsi que dans les états de Washington, du Maine et de l'Alaska (États-Unis). Le littoral norvégien, qui fait 29 000 km de long, ne ferait que 2 500 km si l'on excluait ses 1 200 fjords.2

Glacier de l'est du Groenland traversant un fjord sculpté par le mouvement des glaces.
Illustration de la formation d'un fjord.
Le Sørfjorden (Hardanger) avec Sandvinvatnet et la vallée d'Odda, qui prolonge le fjord. Odda est située sur l'isthme, le Folgefonna à droite.

Formation des fjords[modifier | modifier le wikicode]

Un véritable fjord se forme lorsqu'un glacier forme une vallée en U par abrasion du substrat rocheux environnant. En général, les glaciers se forment dans des vallées en pente douce. Ainsi, le glacier creuse profondément la vallée en U et lui donne son aspect actuel. Ces vallées sont ensuite inondées par l'océan et deviennent des fjords. Les parties basses situées sous le niveau de la mer forment des lacs d'eau douce. La fonte des glaciers s'accompagne du rebond de la croûte terrestre à mesure que la quantité de glace et les sédiments érodés sont éliminés (isostasie). Dans certains cas, ce rebond est plus rapide que l’élévation du niveau de la mer. La plupart des fjords sont plus profonds que la mer adjacente : le Sognefjord, en Norvège, atteint jusqu'à 1 300 m sous le niveau de la mer. Les fjords ont généralement un seuil ou un haut-fond (substrat rocheux) à leur embouchure causé par le taux d'érosion réduit et la moraine de l'ancien glacier. Dans de nombreux cas, ce seuil provoque des courants extrêmes et très rapides d'eau salée (courant de marée). Saltstraumen, en Norvège, est souvent décrit comme possédant le courant de marée le plus puissant au monde. Ces caractéristiques distinguent les fjords des rias (comme les bouches de Kotor), qui sont des vallées immergées par la montée des eaux. Le Drammensfjord est coupé presque en deux par la « crête » de Svelvik, une moraine sableuse qui était en dessous du niveau de la mer lorsqu'elle était recouverte de glace mais qui, depuis le rebond post-glaciaire, atteint jusqu'à 60 m au-dessus du fjord. Jens Esmark introduit au XIXe siècle la théorie selon laquelle les fjords sont ou ont été créés par des glaciers et qu'une grande partie de l'Europe du Nord avait été recouverte d'une épaisse couche de glace au cours de la préhistoire. Les seuils aux embouchures et la profondeur excessive des fjords par rapport à l'océan sont les preuves les plus solides de l'origine glaciaire, et ces seuils sont pour la plupart rocheux. Les seuils sont liés aux sons et aux basses terres où la glace pourrait s'étendre et donc avoir moins de force érosive. John Walter Gregory a soutenu que les fjords sont d'origine tectonique et que les glaciers ont joué un rôle négligeable dans leur formation. Les opinions de Gregory ont été rejetées par les recherches et publications scientifiques ultérieures. Dans le cas du Hardangerfjord, les fractures du pli calédonien ont mené à l'érosion glaciaire, alors qu'il n'y a pas de relation claire entre la direction du Sognefjord et la configuration des plis. Cette relation entre fractures et orientation des fjords est également observée à Lyngen. Les rivières préglaciaires et tertiaires ont vraisemblablement érodé la surface et créé des vallées qui ont ensuite guidé l'écoulement glaciaire et l'érosion du substrat rocheux. Cela pourrait avoir été particulièrement le cas dans l’ouest de la Norvège, où le soulèvement tertiaire de la masse continentale a amplifié les forces d’érosion des rivières.

La cascade Muldalsfossen descend de plusieurs centaines de mètres depuis la vallée suspendue de Muldalen jusqu'au Tafjord.

La confluence des fjords affluents a conduit à l'excavation des bassins des fjords les plus profonds. Près de la côte même, les glaciers typiques de l'ouest de la Norvège se sont étendus (vraisemblablement à travers des détroits et des vallées basses) et ont perdu leur concentration et ont réduit leur pouvoir d'érosion, laissant les seuils rocheux. Le Bolstadfjorden a une profondeur de 160 m avec un seuil de seulement 1,5 m,  tandis que le Sognefjorden, de 1 300 m de profondeur, a un seuil d'environ 100 à 200 m.3 Le Hardangerfjord est composé de plusieurs bassins séparés par des seuils : le bassin le plus profond est Samlafjorden, entre Jonaneset (Jondal) et Ålvik, avec un seuil distinct dans le Vikingneset, à Kvam.

Les vallées suspendues sont courantes le long des fjords glaciaires et des vallées en forme de U. Une vallée suspendue est une vallée affluente plus haute que la vallée principale et créée par les écoulements d'un glacier affluent dans un glacier de plus grand volume. La vallée la moins profonde semble « suspendue » au-dessus de la vallée principale ou d'un fjord. Souvent, des cascades se forment à l’embouchure de la haute vallée ou à proximité. Les petites cascades de ces fjords sont également exploitées comme ressources d'eau douce. Les vallées suspendues se trouvent également sous l’eau dans les systèmes de fjords. Les affluents du Sognefjord sont par exemple beaucoup moins profondes que le fjord principal. L'embouchure du Fjærlandsfjord a une profondeur d'environ 400 m tandis que le fjord principal est à 1 200 m au même niveau. L'embouchure de l'Ikjefjord n'a que 50 mètres de profondeur tandis que le fjord principal mesure environ 1 300 m au même endroit.

Répartition de la glace (en blanc) en Europe durant la dernière période glaciaire.

Caractéristique des fjords[modifier | modifier le wikicode]

Hydrologie[modifier | modifier le wikicode]

Pendant la saison hivernale, l’apport d’eau douce est généralement faible. Les eaux de surface et les eaux plus profondes (jusqu'à 100 m ou plus) se mélangent pendant l'hiver en raison du refroidissement constant de la surface et du vent. Dans les fjords profonds, il y a encore de l'eau douce apportée durant l'été avec moins de densité que l'eau plus salée du long des côtes. Le vent du large, fréquent dans les zones des fjords en hiver, crée un courant à la surface de l'intérieur vers l'extérieur. Ce courant à la surface entraîne à son tour l'eau salée dense de la côte à travers le seuil du fjord et dans les parties les plus profondes du fjord. Bolstadfjorden a un seuil de seulement 1,5 m et un fort affluent d'eau douce grâce à la rivière Vosso, ce qui crée une surface saumâtre qui bloque la circulation du fjord profond. Les couches de sel plus profondes du Bolstadfjorden sont privées d’oxygène et les fonds marins sont recouverts de matières organiques. Le seuil peu profond crée également un fort courant de marée.

Pendant la saison estivale, il y a généralement un afflux important d’eau fluviale dans les zones intérieures. Cette eau douce se mélange à l'eau salée, créant une couche d'eau saumâtre avec une surface légèrement plus élevée que l'océan, qui à son tour crée un courant depuis l'embouchure des rivières vers l'océan. Ce courant devient progressivement plus salé vers la côte et juste sous le courant de surface, il y a un courant inverse d'eau plus salée venant de la côte. Dans les parties les plus profondes du fjord, l'eau froide restant de l'hiver est stable et séparée de l'atmosphère par la couche supérieure saumâtre. Cette eau profonde est ventilée en se mélangeant à la couche supérieure, ce qui la réchauffe l'hiver et la rafraîchit pendant l'été. Dans les fjords avec un seuil peu profond ou de faibles niveaux de mélange, ces eaux profondes ne sont pas remplacées chaque année et la faible concentration en oxygène rend les eaux profondes impropres aux poissons et à la faune en général. Dans les cas les plus extrêmes, il existe une barrière constante d’eau douce à la surface et le fjord gèle de telle sorte qu’il n’y a plus d’oxygène sous la surface. Drammensfjorden en est un exemple. Le brassage dans les fjords résulte principalement de la propagation d'une marée interne à partir du seuil d'entrée.

La branche Gaupnefjorden du Sognefjorden est fortement affectée par l'eau douce car une rivière glaciaire s'y jette tandis que Velfjorden a peu d'apport d'eau douce.4

Récifs coralliens[modifier | modifier le wikicode]

En 2000, des récifs coralliens ont été découverts au fond des fjords norvégiens. On pense que la vie marine de ces récifs est l’une des principales raisons pour lesquelles le littoral norvégien est une zone de pêche si généreuse. Cette découverte étant relativement récente, peu de recherches ont été menées. Les récifs hébergent des milliers de formes de vie telles que le plancton, les coraux, les anémones, les poissons, plusieurs espèces de requins et bien d'autres encore. La plupart sont spécialement adaptés à la vie sous la plus grande pression de la colonne d’eau au-dessus d’eux et dans l’obscurité totale des profondeurs marines.5

Les fjords de Nouvelle-Zélande abritent également des récifs coralliens d'eau froide, mais une couche superficielle d'eau douce sombre permet à ces coraux de croître dans des eaux beaucoup moins profondes que d'ordinaire. Un observatoire sous-marin à Milford Sound permet aux touristes de les observer sans plonger dans l'eau.6

Écueils[modifier | modifier le wikicode]

Dans certaines zones proches des limites des zones de fjords, les corridors érodés par les glaces sont si nombreux et de direction si variée que le littoral rocheux est divisé en milliers de blocs d'îles, certains grands et montagneux tandis que d'autres ne sont que des pointes ou des récifs rocheux y menaçant la navigation. C'est ce qu'on appelle les skerries (écueils). Le terme skerry est dérivé du vieux norrois sker, qui signifie "rocher dans la mer".

Les écueils se forment le plus souvent à la sortie des fjords, où les vallées glaciaires submergées perpendiculaires à la côte se rejoignent avec d'autres vallées transversales dans un ensemble complexe. La frange insulaire de la Norvège regroupe énormément de ces écueils (appelé skjærgård) ; de nombreux fjords transversaux sont disposés de telle sorte qu'ils sont parallèles à la côte et constituent un chenal protégé derrière une succession presque ininterrompue d'îles rocheuses et d'écueils. Par ce biais, on peut parcourir un passage protégé sur presque tout le chemin de 1 601 km de Stavanger au cap Nord, en Norvège. La Blindleia est une voie navigable protégée par des écueils qui commence près de Kristiansand, dans le sud de la Norvège, et se poursuit au-delà de Lillesand. La côte suédoise le long du Bohuslän est également protégée. Une voie similaire existe entre Seattle, dans l'état de Washington, et Vancouver, en Colombie-Britannique, jusqu'à Skagway, en Alaska. Un autre passage protégé par des écueils s'étend au nord du détroit de Magellan sur 800 km.

Phytoplanctons[modifier | modifier le wikicode]

Les fjords offrent des conditions environnementales uniques aux phytoplanctons. Dans les fjords polaires, les écoulements des glaciers et des calottes glaciaires ajoutent de l'eau de fonte fraîche et froide ainsi que des sédiments transportés dans la masse d'eau. Les nutriments fournis par cet écoulement peuvent améliorer considérablement la croissance du phytoplancton. Par exemple, dans certains fjords de la péninsule antarctique occidentale, l’enrichissement en nutriments provenant de l’eau de fonte entraîne la prolifération de diatomées, un groupe hautement productif de phytoplanctons qui permet à ces fjords de constituer des aires d’alimentation précieuses pour d’autres espèces.7 Il est possible qu'à mesure que le changement climatique réduit la production d'eau de fonte à long terme, la dynamique des nutriments au sein de ces fjords se déplace vers les espèces moins productives, déstabilisant ainsi l'écologie du réseau trophique des systèmes de fjords.

En plus du flux de nutriments, les sédiments transportés par les glaciers en mouvement peuvent rester en suspension dans la colonne d'eau, augmentant la turbidité et réduisant la pénétration de la lumière dans les grandes profondeurs du fjord. Cet effet peut limiter la lumière disponible pour la photosynthèse dans les zones plus profondes de la masse d’eau, réduisant ainsi l’abondance du phytoplancton sous la surface.8

Dans l’ensemble, l’abondance du phytoplancton et la composition des espèces dans les fjords sont très saisonnières, variant en raison de la disponibilité saisonnière de la lumière et des propriétés de l’eau qui dépendent de la fonte des glaciers et de la formation de glace marine. L'étude des communautés phytoplanctoniques dans les fjords est un domaine de recherche actif, soutenu par des groupes tels que FjordPhyto, une initiative scientifique citoyenne visant à étudier des échantillons de phytoplancton collectés par les résidents locaux, les touristes et les plaisanciers de tous horizons.

Lacs[modifier | modifier le wikicode]

Un lac "épi-plateau" se forme lorsque l’eau de fonte est emprisonnée derrière une plate-forme de glace flottante et que l’eau douce flotte sur l’eau salée plus dense en dessous. Sa surface peut geler, formant un écosystème isolé.

Hardangerfjord, dans le Hordaland, Norvège.

Étymologie[modifier | modifier le wikicode]

Fjords et lacs de Norvège, à noter que la miniature montrant les fjords du nord est à une échelle considérablement réduite.

Le mot fjord est emprunté au norvégien, où il est prononcé "fiour" dans divers dialectes et a une signification plus générale, faisant référence dans de nombreux cas à toute étendue d'eau longue et étroite, grau ou chenal.

Le mot norvégien est hérité du vieux norrois fjǫrðr, un nom qui fait référence à un plan d'eau « semblable à un lac » utilisé pour le passage et le transport en bateau et est étroitement lié au nom ferð « voyager, transporter ». Les deux mots remontent à l'indo-européen *pértus "traversée", de la racine *per- "croix". Les mot ferry est de la même origine.

Le fjord scandinave, en proto-scandinave *ferþuz, est à l'origine de mots germaniques similaires : fjörður en islandais, fjørður en féroïen, fjärd en suédois (désigne les plans d'eau de la Baltique), firth en scots (désigne les plans d'eau marins, principalement en Écosse et dans le nord de l'Angleterre). Le nom nordique fjǫrðr a été adopté en allemand comme Förde, utilisé pour les longues baies étroites du Schleswig-Holstein, et en anglais comme firth « fjord, embouchure de rivière ». Le mot anglais ford (à comparer à l'allemand Furt, au bas allemand Ford ou Vörde, au néerlandais voorde - Vilvoorde -, au grec ancien πόρος, poros et au latin portus) est supposé provenir du germanique *ferþu- et de la racine indo-européenne *pertu- signifiant « point de passage ». Fjord/firth/Förde ainsi que ford/Furt/Vörde/voorde font référence à un nom germanique pour voyage : ferd ou färd en scandinave et du verbe voyager : en néerlandais varen, allemand fahren ; Anglais to fare.

En tant qu'emprunt au norvégien, il s'agit du seul mot de la langue français à commencer par fj. Le mot a longtemps été orthographié fiord, une orthographe conservée dans les noms de lieux tels que Grise Fiord.

Usages scandinaves[modifier | modifier le wikicode]

Fjord à Christiania, Claude Monet (1895).
Holandsfjorden avec le glacier Svartisen dans le Nordland.

L'utilisation du mot fjord en norvégien, danois et suédois est plus général que dans la terminologie scientifique internationale. En Scandinavie, fjord est utilisé pour désigner un bras de mer étroit en Norvège, au Danemark et dans l’ouest de la Suède, mais ce n’est pas sa seule application. En Norvège et en Islande, l'usage est au plus proche du vieux norrois, le fjord étant utilisé à la fois pour désigner un estuaire et pour une crique longue et étroite. Dans l'est de la Norvège, le terme s'applique également aux lacs d'eau douce longs et étroits (Randsfjorden et Tyrifjord) et parfois même aux rivières (par exemple à Flå le Hallingdal, la rivière Hallingdal est appelée fjorden). Dans le sud-est de la Suède, le nom fjärd est une subdivision du terme « fjord » utilisé pour désigner les baies, les anses et les criques étroites de la côte suédoise de la mer Baltique et la plupart des lacs suédois. Ce dernier terme est également utilisé pour désigner les plans d'eau au large des côtes finlandaises, où le suédois est parlé. En danois, le mot peut même s'appliquer aux lagunes peu profondes. En islandais moderne, fjörður est encore utilisé avec le sens plus large de crique. En finnois, le mot vuono est utilisé bien qu'il n'y ait qu'un seul fjord en Finlande.

En vieux norrois, le génitif était fjarðar tandis que le datif était firði. La forme dative s'est transformée en noms de lieux courants comme Førde, Fyrde ou Førre.

L'utilisation allemande du mot Föhrde pour désigner les longues baies étroites de la côte de la mer Baltique indique une origine germanique commune du mot. Le paysage est principalement constitué d'amas de moraines. Le Föhrden et certains « fjords » de la côte est du Jutland, au Danemark, sont également d'origine glaciaire. Mais tandis que les glaciers creusant de « vrais » fjords se déplaçaient des montagnes vers la mer, au Danemark et en Allemagne ils étaient les extrémités d'un immense glacier recouvrant le bassin qu'est aujourd'hui la mer Baltique.

Alors que le nom fjord décrit principalement des baies (mais pas toujours des fjords géologiques), les détroits des mêmes régions sont généralement nommés Sund dans les langues scandinaves ainsi qu'en allemand. Le mot est lié à « diviser » dans le sens de « séparer ».

Le nom de Wexford en Irlande est à l'origine dérivé de Veisafjǫrðr (« crique des vasières ») en vieux norrois, tel qu'utilisé par les colons vikings, bien que la crique à cet endroit en termes modernes soit un estuaire, pas un fjord. De même, le nom de Milford (aujourd'hui Milford Haven) au Pays de Galles est dérivé de Melrfjǫrðr (« fjord/crique de banc de sable »), bien que l'estuaire sur lequel il se trouve soit en réalité une ria.

En vieux norrois, angr était un autre nom commun désignant les fjords et autres criques de l'océan. Ce mot n'a survécu que comme suffixe dans les noms de certains fjords scandinaves et a également été transféré dans les mêmes cas aux villes adjacentes ou aux zones environnantes, par exemple Hardanger, Stavanger et Geiranger.

Autres usages[modifier | modifier le wikicode]

Le canal de Lème, en Croatie, est communément désigné comme un fjord mais est en réalité une ria.

Le terme « fjord » est parfois appliqué à des criques aux parois abruptes qui n'ont pas été créées par des glaciers. La plupart de ces criques sont des canyons fluviaux ou des rias. Quelques exemples :

  • À Acapulco, au Mexique, les calanques — criques étroites et rocheuses — à l'ouest de la ville, où les célèbres plongeurs de falaise se produisent quotidiennement, sont décrites dans la littérature touristique de la ville comme étant des fjords ;
  • Le fiordo di Furore, en Italie, est une ria ;
  • Golfo Dulce, Puntarenas, Costa Rica. Comme le Saco de Mamangua ci-dessous, il est parfois décrit comme un « fjord tropical » ;
  • Le Khor ash Sham, dans la péninsule de Moussandam, à Oman, et d'autres « khors » ou criques de la côte profondément découpée de Moussandam, sont souvent décrits comme des « fjords ». Ils ont été formés par la subduction de la plaque tectonique arabique sous la plaque eurasiatique ;9
  • Bouches de Kotor, au Monténégro ;
  • Le canal de Lème, en Istrie, en Croatie, est parfois appelée « fjord de Lème » bien qu'il s'agisse d'une ria creusée par la rivière Pazinčica. Les Croates l'appellent Limski kanal ;
  • Voie navigable de Milford Haven dans le Pembrokeshire, au Pays de Galles. Cette entrée est une ria. Le nom de lieu est dérivé du vieux norrois Melrfjordr signifiant « fjord de banc de sable » ;
  • Port Davey, en Tasmanie, en Australie, est généralement considéré comme un « fjord », mais on pense désormais qu'il fait partie d'un système de vallées fluviales immergées ;10
  • Saco de Mamangua, à Rio de Janeiro, Brésil. Familièrement qualifié de « fjord tropical ».

Fjords d'eau douce[modifier | modifier le wikicode]

Village d'Eidfjord sous le delta originel de la période glaciaire.

Certains lacs d'eau douce norvégiens qui se sont formés dans de longues vallées creusées par les glaciers avec des seuils, des deltas de front de glace ou des moraines bloquant l'exutoire suivent la convention de dénomination norvégienne : ils sont fréquemment appelés fjords. Les deltas du front de glace se sont développés lorsque celui-ci est resté relativement stable pendant une longue période lors de la fonte de la calotte glaciaire. Le relief qui en résulte est un isthme entre le lac et le fjord d'eau salée, appelé en norvégien « eid » comme dans les toponymes Eidfjord ou Nordfjordeid. Le rebond post-glaciaire a transformé ces deltas en terrasses jusqu'au niveau niveau marin originel. Dans l'Eidfjord, l'Eio a creusé le delta d'origine et laissé une terrasse de 110 m d'altitude alors que le lac n'est qu'à 19 m au-dessus du niveau de la mer. Ces dépôts sont des sources précieuses de matériaux de construction de haute qualité (sable et gravier) pour les maisons et les infrastructures. Le village d'Eidfjord se trouve sur l'eid ou l'isthme entre le lac Eidfjordvatnet et la branche Eidfjorden du Hardangerfjord. Nordfjordeid est l'isthme avec un village entre le lac Hornindalsvatnet et le Nordfjord. Ces lacs sont également désignés lacs de la vallée du fjord par les géologues.

L'un des plus grands de Norvège est le Tyrifjord, à 63 m au-dessus du niveau de la mer et avec une profondeur moyenne de 97 m, la majeure partie du lac se trouvant sous le niveau de la mer. Le plus grand lac de Norvège, le Mjøsa, est également appelé « le fjord » par les habitants. Un autre exemple est le fjord d'eau douce Movatnet (lac Mo) qui jusqu'en 1743 était séparé du Romarheimsfjorden par un isthme et relié par une courte rivière. Lors d'une crue en novembre 1743, le lit de la rivière s'éroda et l'eau de mer put se déverser dans le lac à marée haute. Finalement, le Movatnet est devenu un fjord d'eau salée et renommé Mofjorden. Comme les fjords, les lacs d'eau douce sont souvent profonds. Par exemple, le Hornindalsvatnet a une profondeur d'au moins 500 m et l'eau met en moyenne 16 ans pour s'écouler dans le lac. Ces lacs créés par l'action glaciaire sont également appelés lacs de fjord ou lacs à barrages morainiques.

Certains de ces lacs étaient salés après la période glaciaire, mais ont ensuite été coupés de l'océan lors du rebond post-glaciaire. À la fin de la période glaciaire, l'est de la Norvège était environ 200 m plus bas. Lorsque la calotte glaciaire a reculé et a permis à l'océan de remplir les vallées et les basses terres, des lacs comme Mjøsa et Tyrifjord faisaient partie de l'océan tandis que la vallée de Drammen était un fjord étroit. À l'époque des Vikings, le Drammensfjord était encore quatre ou cinq mètres plus haut qu'aujourd'hui et atteignait la ville de Hokksund, tandis qu'une partie de l'actuelle ville de Drammen était sous l'eau. Après la période glaciaire, l'océan était d'environ 150 m à Notodden. L'océan s'étendait comme un fjord à travers le Heddalsvatnet jusqu'au Hjartdal. Le rebond postglaciaire a finalement séparé le Heddalsvatnet de l'océan et l'a transformé en lac d'eau douce. À l'époque néolithique, le Heddalsvatnet était encore un fjord d'eau salée relié à l'océan et fut coupé de ce dernier vers 1 500 av. J.-C.

Certains fjords d'eau douce comme le Slidrefjord se situent au-dessus de la limite marine.

Village d'Årdalstangen sur le petit isthme entre le lac Årdalsvatnet (nord) et la branche Årdalsfjorden du Sognefjorden (sud).

Comme les fjords d'eau douce, les prolongements des fjords sur terre sont également désignés sous le nom de vallées de fjords. Par exemple Flåmsdal (vallée de Flåm) et Måbødalen.

En dehors de la Norvège, les trois bras occidentaux du lac Te Anau, en Nouvelle-Zélande, sont nommés North Fiord, Middle Fiord et South Fiord. Un autre « fjord » d'eau douce situé dans un lac plus grand est l'étang Western Brook, dans le parc national du Gros-Morne, à Terre-Neuve ; il est aussi souvent décrit comme un fjord, mais il s'agit en réalité d'un lac d'eau douce coupé de la mer, ce n'est donc pas un fjord au sens propre du terme. Localement, ils l'appellent « fjord enclavé ». Ces lacs sont parfois appelés « lacs de fjord ». Le lac Okanagan a été le premier lac nord-américain à être ainsi décrit, en 1962. Le substrat rocheux y a été érodé jusqu'à 650 m sous le niveau de la mer, soit 2 000 m sous la topographie régionale environnante. Les lacs de fjord sont communs dans la partie intérieure de la chaîne Côtière et de la chaîne des Cascades ; les plus notables incluent le lac Chelan, le lac Seton, le lac Chilko et le lac Atlin. Le lac Kootenay, le lac Slocan et d'autres lacs du bassin du fleuve Columbia ressemblent également à des fjords et ont été créés par la glaciation de la même manière. Le long de la côte de la Colombie-Britannique, un lac-fjord remarquable est le lac Owikeno, qui est une extension d'eau douce de Rivers Inlet. Le lac Quesnel, situé dans le centre de la Colombie-Britannique, est considéré comme le lac formé par un fjord le plus profond de la planète.

Les échancrures des Grands Lacs nord-américains constituent une famille spécifique de fjords d'eau douce. Baie Supérieure est située sur la côte nord-ouest de la baie Georgienne du lac Huron, en Ontario, et Huron Bay est située sur la rive sud du lac Supérieur, dans le Michigan.

Localisation des fjords[modifier | modifier le wikicode]

Le Sognefjord, plus long fjord de Norvège, est une attraction touristique populaire.
Eyjafjörður, au nord de l'Islande, Akureyri est visible à droite.
Killary Harbour, ouest de l'Irlande.
Milford Sound, en Nouvelle-Zélande.
Glacier dans un fjord du parc national des Kenai Fjords, Alaska.
Tysfjord, en Norvège, au nord du cercle polaire arctique, en zone boréale.
L'entrée du port de Larsen, baie du fjord Drygalski sur l'île de Géorgie du Sud.
Glacier Inostrantsev, fjord Inostrantsev, Nouvelle-Zemble.

Les principales régions montagneuses où se sont formés des fjords se situent dans les latitudes moyennes supérieures et les hautes latitudes atteignant (Svalbard, Groenland), où, pendant la période glaciaire, de nombreux glaciers de vallée sont descendus jusqu'au niveau de la mer alors plus bas. Les fjords se développent mieux dans les chaînes de montagnes contre lesquelles les vents marins dominants d'ouest s'élèvent orographiquement au-dessus des régions montagneuses, ce qui entraîne des chutes de neige abondantes pour alimenter les glaciers. Ainsi, les littoraux comportant les fjords les plus prononcés sont la côte ouest de la Norvège, la côte ouest de l'Amérique du Nord, de Puget Sound à l'Alaska, la côte sud-ouest de la Nouvelle-Zélande et les côtes ouest et sud-ouest de l'Amérique du Sud, principalement au Chili.

Localisations principales[modifier | modifier le wikicode]

  • Côte ouest de l'Europe
  • Côte ouest de la Nouvelle-Zélande
    • Fiordland, au sud-ouest de l'île du Sud
  • Côte nord-ouest de l'Amérique du Nord
    • Alaska, États-Unis : Lynn Canal, Glacier Bay, etc.
    • Colombie-Britannique, Canada : depuis la frontière de l'Alaska, le long du canal de Portland jusqu'à l'Indian Arm ; Kingcome Inlet est un fjord typique de la côte ouest
    • Hood Canal, Washington, États-Unis et bras du Puget Sound
  • Côte nord-est de l'Amérique du Nord
    • Labrador : fjord Saglek, fjord Nachvak, fjord Hébron
    • Côte est de la baie d'Ungava
    • Île de Baffin
    • Île d'Ellesmere
    • Groenland : Kangerlussuaq, fjord glacé d'Ilulissat, Scoresby Sund, île Disko
  • Côte sud-ouest de l'Amérique du Sud
    • Chili
    • Île des États, Argentine
Les montagnes enneigées contrastant avec les eaux sombres du fjord Efjorden avec les fjords Stefjorden, Tysfjord et Ofotfjorden au loin.

Extrêmes[modifier | modifier le wikicode]

Les plus longs fjords du monde sont11 :

  1. Nansen Sound / Greely Fiord / Tanquary Fiord, au Canada - 420 km
  2. Détroit de Chatham / Canal Lynn, aux États-Unis - 403 km
  3. Scoresby Sund, au Groenland - 382 km
  4. Canal Concepción - Puerto Simpson, au Chili - 245 km
  5. Sognefjord, en Norvège - 204 km
  6. Fjord de l'Indépendance, au Groenland - 200 km
  7. Matochkin Shar, Nouvelle-Zemble, en Russie - 125 km

Les fjords les plus profonds du monde sont12 :

  1. Skelton Inlet, en Antarctique : -1 933 m
  2. Canal Messier, à Tortel, Chili : -1 358 m
  3. Sognefjord, en Norvège : -1 308 m (tandis que les montagnes environnantes s'élèvent jusqu'à 1 500 m au-dessus du niveau de la mer
  4. Canal Baker, à Tortel, Chili : -1 251 m

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

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