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Pierre Waldeck-Rousseau

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Pierre Waldeck-Rousseau vers 1900.

Pierre Waldeck-Rousseau est né à Nantes en 1846 et est mort à Corbeil en 1904. C'est un avocat et homme politique français d'opinion républicaine. Il est président du conseil des ministres de juin 1899 à mai 1902. Son gouvernement dit « de défense républicaine » prit des mesures très importantes contre les mouvements nationalistes et antirépublicains, conte les congrégations religieuses catholiques anti-républicaines. Pendant son gouvernement des mesures sociales améliorèrent la condition des ouvriers industriels. Dans le domaine des relations internationales s'il ne parvient pas à conclure une alliance avec le Royaume-Uni, il améliore les relations entre la France et la Russie tsariste et affaiblit le camp adverse de la Triple alliance austro-germano-italienne en signant des accord de non-agression avec l'Italie.

Pierre Waldeck-Rousseau est le fils d'un avocat ayant des opinions républicaines, qui a été député de l'assemblée constituante de 1848, opposant à Napoléon III et maire de Nantes de 1871 à 1874. Après des études de droit à Poitiers, Pierre Waldeck-Rousseau devient avocat.

La carrière politique[modifier | modifier le wikicode]

En 1879, en Ille-et-Vilaine, au moment de la victoire des républicains contre les monarchistes de l'Ordre moral, il est élu député républicain de tendance modérée. Il est le soutien de nombreux gouvernements formés par les républicains opportunistes.

De novembre 1881 à janvier 1882 il est ministre de l'Intérieur dans le gouvernement formé par Léon Gambetta. Puis de février 1883 à mars 1885, il est le ministre de l'Intérieur dans le gouvernement présidé par Jules Ferry. Il fait voter en 1884, une loi qui autorise la création d'associations pour les salariés du secteur privé et pour leurs employeurs (c'est la reconnaissance des syndicats professionnels, qui étaient interdits depuis la Loi Le Chapellier de 1791). Il est réélu député d'Ille-et-Vilaine en 1885, mais ne se représente pas en 1889. Il se retire de la vie politique active et devient alors avocat inscrit au barreau de Paris.

En 1894, il est élu sénateur du département de la Loire. En janvier 1895, Waldeck-Rousseau est candidat à l'élection présidentielle consécutive à la démission du président Jean Casimir-Perier. Arrivé troisième au premier tour il se désiste : Félix Faure sera alors élu président de la République.

Accès à la présidence du conseil des ministres[modifier | modifier le wikicode]

« L'attentat » nationaliste contre le président de la République à Auteuil en juin 1899.

Les années qui suivent sont très agitée. Il y a une très forte contestation politique liée au rebondissement de l'affaire Dreyfus à la suite de la parution de l'article J'accuse écrit par Émile Zola qui paraît le 13 janvier 1898 dans le journal quotidien L'Aurore dirigé par Georges Clemenceau. Les nationalistes, les antisémites, la presse catholique et les royalistes français se déchaînent alors pour empêcher la tenue d'un procès en révision pour annuler la condamnation au bagne du capitaine Alfred Dreyfus en 1894, et en profitent pour attaquer les institutions républicaines.

Fin octobre 1898, les débats parlementaires sur la révision du procès commence. Le 3 juin 1899, la cour de cassation ordonnera un nouveau procès devant le conseil de guerre de Rennes. Les antidreyfusards sont furieux. En février, le président Félix Faure, d'opinions antidreyfusardes, meurt inopinément. Pour lui succéder, le 12 février 1899, les républicains élisent Émile Loubet. À l'issue des cérémonies d'obsèques de Félix Faure, le 23 février, les nationalistes tentent un coup de force contre la caserne militaire de Reuilly. Le 4 avril, le président de la République est agressé pendant les courses hippiques d'Auteuil. Les chefs nationalistes dont Paul Déroulède seront arrêtés et condamnés en avril-mai. Pour empêcher une contre-manifestation des républicains le gouvernement fait occuper Paris par près de 10 000 militaires. Les républicains sont mécontents de la politique gouvernementale qui semble maintenir l'équilibre entre les deux camps. Le gouvernement présidé par Dupuy mis en minorité doit démissionner le 12 juin.

Le président Loubet, constatant que Raymond Poincaré échoue à former un nouveau gouvernement, confie cette mission à Waldeck-Rousseau le 22 juin. Le gouvernement est accepté par les chambres législatives le 26 juin.

L'action ministérielle[modifier | modifier le wikicode]

Les membres du gouvernement Waldeck-Rousseau en juillet 1899

Le gouvernement Waldeck-Rousseau innove dans sa composition. La plus grande partie des nouveaux ministres sont de tendances républicaines, mais ils côtoient le général de Galliffet (à la Guerre) qui avait été un des plus efficaces adversaires des insurgés de la Commune de Paris et le « socialiste » Alexandre Millerand (au Commerce, à l'Industrie, aux Postes et Télégraphes).

Dès la prise de fonction, le gouvernement « épure » le haut-personnel de la magistrature et de l'armée. De nombreux magistrats et officiers généraux ou supérieurs ayant manifesté publiquement des opinions anti-dreyfusardes et anti-républicaines sont déplacés ou contraints de prendre leur retraite.

Procès en révision de Dreyfus[modifier | modifier le wikicode]

Le procès en révision de Dreyfus devant la conseil de guerre à Rennes. Dreyfus est assis devant ses avocats

La procès de révision du capitaine Dreyfus à lieu devant le conseil de Guerre de Rennes du 7 août au 9 septembre 1899, en présence de Dreyfus ramené du bagne de Guyane. Plus de 90 témoins et acteurs du procès de 1894 purent s'exprimer. Le procès se tient à huis-clos lors des séances consacrées à l'examen des dossiers secrets.

À l'issue du procès Dreyfus est de nouveau reconnu coupable de trahison (5 voix contre 2) mais on lui reconnait les circonstances atténuantes. Il est condamné à 10 ans de détention et à la dégradation militaire. Le 19 septembre par décret le gouvernement dispense Dreyfus de terminer sa peine de prison et lui évite la dégradation militaire. Cette décision gouvernementale est approuvée par la chambre des députés par 317 voix contre 212.

La lutte contre les nationalistes et les anti-républicains[modifier | modifier le wikicode]

Les chefs des nationalistes, très liés au milieu monarchiques, très antisémites sont poursuivis pour l'affaire de la caserne de Reuilly du 23 février. Les partisans de l'organisation le Grand Occident de France se retranchent armés dans l'immeuble de leur association rue Chabrol à Paris du 13 août au 20 septembre. Ils ne cèdent que devant la menace d'intervention d'une compagnie du génie pour détruire l'immeuble. Les républicains les plus engagés organisent des contre-manifestations : le 20 août l'église Saint-Joseph est pillée. Les nationalistes contre-attaquent, l'intervention de l'armée se termine par 137 blessés parmi les militaires.

L'ouverture le 18 septembre d'une information judiciaire contre les chefs de la Ligue des patriotes, de la Ligue antisémite et des Jeunesses royalistes aboutit à la mise en accusation de 17 personnes (sur 49 soupçonnées au départ). Le 9 novembre les accusés sont renvoyés devant la Haute-Cour de justice (en fait le Sénat) . Début janvier 1900 certains accusés sont condamnés à 10 ans de bannissement du territoire français, d'autres à 10 ans de détention, certains sont acquittés.

Les lois de défense et de progrès[modifier | modifier le wikicode]

Parallèlement à la lutte politique contre les nationalistes, le gouvernement combat un puissant groupe de presse, de tendance réactionnaire. Les membres de la Congrégation des pères augustins de l'Assomption ou assomptionnistes, avaient été expulsés de France en 1880, car ils n'avaient pas reçus l'autorisation gouvernementale. Cependant ils s'étaient réinstallés à Paris. En 1883, les assomptionnistes fondent un quotidien La Croix. Le journal est très anti-dreyfusard et antisémite. Rapidement des « Croix » locales sont créées dans de nombreux départements. Théoriquement indépendantes les unes des autres elles sont en fait fédérées par un organe central « La Crois des comités ». Elles forment donc un groupe de presse dont influences est grande en province. Outre le journal, le groupe publie également de nombreuse revues et brochures qui font de la propagande anti-républicaine.

En novembre 1899, le gouvernement ordonne des poursuites contre la congrégation. Le 24 novembre les membres sont condamnés individuellement à 16 francs d'amende et la congrégation et dissoute. De nombreux hauts responsables de l'Église catholique (l'archevêque d'Aix, les évêques de Versailles, Montpellier, Viviers, Valence, Tulle), témoignent publiquement leur sympathie pour les condamnés. Or ces responsables religieux depuis le Concordat de 1802 sont assimilés à des fonctionnaires, leur traitement versé par l'État est donc suspendu. Le pape fait alors savoir officieusement qu'il rejette l'intrusion des religieux dans la vie politique.

En novembre, afin de mieux contrôler la formation des candidats aux hautes fonctions politiques ou administratives, le gouvernement dépose un projet de loi qui rend obligatoire pour les candidats un stage de trois ans dans les établissements d'enseignement secondaire de l'État.

La loi de 1901 sur les associations[modifier | modifier le wikicode]

La crise de l'affaire Dreyfus et la division de la France en deux camps irréconciliable , l'agitation nationaliste et anti-républicaine, l'influence des congrégations religieuses catholiques dans la formation de l'opinion et dans l'enseignement ( formation des jeunes français selon deux philosophies différentes), la richesse de ces congrégations estimée à près d'un milliard de francs, inquiétaient les républicains. Le gouvernement entrepris de mettre de l'ordre dans les statuts, des droits et les devoirs des différentes associations structurant la vie des Français, tout en réservant un sort particulier aux congrégations religieuses.

Le projet de loi présenté le 14 novembre 1899. Après des discussions longues et vives et une « navette » entre la chambre des députés et le sénat, la loi est adoptée définitivement le 25 juin 1901 et est promulguée le 1er juillet 1901. D'après cette loi une association est une convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d'une façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices. L'association peut alors se former librement, sans autorisation ni déclaration préalable, elle doit cependant se déclarer auprès d'une préfecture ou d'une sous-préfecture, signaler son siège social et remettre ses statuts.

Les congrégations, qui disposent de biens comme des immeubles, des rentes, des produits doivent être autorisées par une loi votée par les chambres. Une fois autorisée il suffit d'un décret gouvernemental pour fonder un nouvel établissement. Les anciennes congrégations non-autorisées avaient trois mois pour se mettre en règle. Les membres d'un congrégation non-autorisée étaient interdits d'enseignement ou de direction d' un établissement d'enseignement. Les biens des congrégations non-autorisée et non régularisées étaient rendus aux donateurs ou à leurs héritiers ou vendus et le produit de la vente mis en réserve dans les comptes de la Caisse des dépôts et consignations. L'État se donne ainsi les moyens de contrôler les congrégations et en fait de ne permettre que celles qu'il juge non dangereuses pour la cohésion nationale.

La réforme de l'enseignement secondaire[modifier | modifier le wikicode]

Au début du XXe siècle, l'enseignement secondaire ne concernait que quelques centaines de milliers de collégiens et lycéens; la plus grande parties des jeunes arrêtaient leurs études à la fin de l'école primaire et l'obtention ou non du certificat d'études primaires.

Pour démocratiser l'enseignement secondaire, le gouvernement refuse la gratuité de la scolarité ; il se contente d'accorder plus de bourses pour la poursuite des études pour les jeunes les plus méritant.

L'enseignement secondaire est organisé en deux cycles : le premier cycle en 4 ans avec l'étude du latin et du grec pour les « classiques » ou bien un approfondissement en français en sciences et en dessin pour les « modernes ». Le second cycle en 3 ans débouche sur le baccalauréat unique donnant le droit d'inscription dans les facultés d'enseignement supérieur . Il est optionnel et comporte quatre sections : latin/grec , latin /langue vivante, latin /sciences et sciences/langue vivante sans latin. On remarque la promotion des sciences qui paraissent devoir être développées pour favoriser l'effort industriel du pays.

La politique étrangère[modifier | modifier le wikicode]

Théophile Delcassé est le ministre des Affaires étrangères pendant tout le ministère. Il est hostile à un rapprochement avec l'Allemagne qu'il soupçonne de vouloir isoler la France afin d'empêcher la Revanche, c'est-à-dire la mise en cause du traité de paix de Francfort de 1871 et la récupération des territoires cédés à l'empire allemand.

Delcassé parvient à s'entendre avec l'Italie, pourtant membre du « camp adverse » (la Triple entente). L'Italie accepte la politique de la France à propos du Maroc, et la France laisse faire l'installation de l'Italie en Tripolitaine (Libye). En1902, lors du renouvellement de son adhésion à la Triplice l'Italie obtient qu'une possibilité d'intervention contre la France ne soit plus mentionnée.

Delcassé recherche l'alliance russe (pourtant un empire autoritaire), afin de faire peser une menace sur l'Allemagne sur son flanc est. De nombreux voyages officiels entre le président de la République en Russie ou du tsar en France ont lieu.

La France participe à la répression de la révolte des Boxers en Chine.

Pour ne pas mécontenter les Anglais la France refuse de soutenir les colons du Transvaal en Afrique du Sud, contre l'armée britannique.

Fin du ministère Waldeck-Rousseau[modifier | modifier le wikicode]

Les élections législatives d'avril-mai 1902 sont un succès pour les partis républicains, grâce à l'union autour d'un seul candidat pour le second tour. Sur 589 députés, il y a 339 élus qui soutiennent le ministère.

Cependant Waldeck-Rousseau estime qu'il a fait le travail pour lequel il avait été choisi en 1899 (défendre la République, attaquée par les nationalistes et les anti-républicains). Il pense qu'il ne faut pas aller « trop à gauche », en particulier dans la lutte anticléricale ou dans des lois sociales. Il démissionne le 3 juin 1902. Il est remplacé par Émile Combes.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • [1] L'article de Wikipédia sur le même sujet
  • Histoire de France contemporaine. Larousse. 1920.
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