Prospérité américaine des années 1920

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La prospérité américaine des années 1920 est une période de très grande prospérité économique qu'ont connue les États-Unis de 1922 à 1929. La production augmente énormément, grâce à de nouvelles méthodes de travail et l'apparition de nouveaux produits. Mais également, le gouvernement veut favoriser l'économie intérieure et augmente les droits de douane pour protéger les producteurs américains de leurs concurrents étrangers.

La consommation explose grâce à une hausse modérée des salaires mais surtout au recours massif au crédit bancaire. La publicité qui se développe crée de nouveaux « besoins ». La spéculation boursière, souvent faite à crédit, se déchaîne. La population vit désormais en majorité en ville. Celles-ci s'étendent par l'apparition des banlieues pavillonnaires habitées par les plus aisés qui abandonnent les centres-villes où s'entassent les plus pauvres. L'emploi agricole et industriel est presque dépassé par l'emploi dans les services.

Au même moment, la société américaine développe des comportements xénophobes (mesures répétées pour limiter l'immigration, intimidation envers les Américains catholiques (surtout d'origine italienne), les juifs, les noirs). Le puritanisme religieux progresse (par exemple avec la prohibition de l'alcool), la violence urbaine augmente (le gangstérisme). Surtout certaines activités commencent à connaître des difficultés pour écouler leurs produits. Les entreprises sont fragilisées ce qui menace le fonctionnement du système bancaire.

Développement économique[modifier | modifier le wikicode]

La deuxième révolution industrielle se développe aux États-Unis. Elle est basée sur l'utilisation importante de nouvelles énergies (le pétrole et de l'électricité) et sur la fabrication massive de nouveaux produits (en particulier l'automobile et les appareils et moteurs électriques).

La production de pétrole est multipliée par quatre de 1921 à 1929. Le pétrole entame la domination du charbon (énergie principale de la révolution industrielle du XIXe siècle) même si ce dernier fournit encore les trois quarts de la consommation d'énergie. La prospection, l'extraction, le raffinage et la distribution des produits pétroliers sont organisés par de très grandes compagnies comme la Standard Oil de Rockfeller.

La Ford modèle T, version de 1927

Les produits pétroliers vont permettre le développement de l'industrie automobile. La production de véhicules est multipliée par 3 de 1921 à 1929 pour atteindre quatre millions huit cents mille véhicules annuels. En 1929, la production américaine représente les cinq sixièmes de la production mondiale. Il y a lors 23 millions de véhicules en circulation aux États-Unis (pour une population de 130 millions d'habitants). Trois grandes sociétés dominent le secteur : General Motors (qui a regroupé de nombreux petits constructeurs), Ford et Chrysler. Pour fournir les tôles nécessaires à la carrosserie et les pièces métalliques la production d'acier est presque doublée entre 1921 et 1929. Elle est aussi stimulée par l'emploi de poutrelles d'acier dans la construction des gratte-ciels qui se multiplient dans les villes américaines. L'industrie chimique bénéficie aussi du développement de l'automobile à qui elle fournit les pneumatiques.

L'aluminium, qui demande de grande quantité d'électricité pour sa fabrication, augmente sa production. Cela favorise le développement de l'aviation civile et révolutionne les transports intérieurs américains à partir de 1926 (la première traversée transatlantique n'est réalisée qu'en mai 1927, par Charles Lindbergh sur son monomoteur Spirit of Saint Louis).

La consommation électrique est multipliée par cinq entre 1921 et 1929. Les usines remplacent leurs anciens moteurs à vapeur par des moteurs électriques (70% des moteurs d'usine en 1929). Les Américains les plus aisés disposent de nombreux appareils électriques (appareils radio TSF, téléphone, aspirateurs, réfrigérateurs...) qui améliorent leurs conditions de vie.

Explications sur ce développement économique[modifier | modifier le wikicode]

Le développement de la production permet d'augmenter le chiffre d'affaire donc les bénéfices des entreprises. Les actionnaires propriétaires de ces entreprises, qui perçoivent chaque année une partie des bénéfices, s'enrichissent donc. Il doit aussi permettre de répondre à la demande croissante de la population. Il a été rendu possible par un fort investissement financier pour construire de nouvelles usines et les équiper, mais aussi à l'utilisation de nouvelles méthodes de travail (comme le taylorisme et le travail à la chaîne).

La publicité agent du développement économique. Publicité pour le savon Palmolive en 1922

Le nombre de consommateurs augmente. La population américaine passe de 106 millions à 130 millions entre 1921 et 1930. La natalité, bien qu'en diminution, reste forte (19 naissances pour mille habitants). Cependant l'apport de l'immigration diminue. Après la guerre de 1914-1918, une réaction puritaine et xénophobe, obtient en 1921 et 1924, des lois qui restreignent le nombre et sélectionnent les immigrants (refus des immigrants provenant de l'Europe du Sud). La population continue son urbanisation (50% en 1920 et 56% en 1930). De nouveaux besoins apparaissent alors (en particulier en automobile et en électricité). Pour absorber cette énorme production il faut augmenter les revenus des Américains. Beaucoup de patrons, suivant l'exemple d'Henry Ford augmentent les salaires. Mais cela reste insuffisant. Aussi de plus en plus d'Américains recourent au crédit bancaire qui leur permet de consommer, donc de vivre au-dessus de leurs moyens financiers réels. Les républicains sont au pouvoir de 1921 à mars 1933. Ils prennent des mesures douanières protectionnistes qui diminuent les importations de produits étrangers susceptibles de concurrencer les produits américains (en particulier dans l'agriculture, les industries chimiques, textiles et métallurgiques).

Le financement du développement est assuré par les banques. Elles seules sont désormais capables de réunir les énormes capitaux nécessaires. Elles installent partout des agences qui collectent l'épargne des Américains. Banque de dépôts (dont les clients peuvent à tout moment retirer leur argent) elles deviennent des banques d'affaires prêtant aux entreprises. Mais de ce fait elles immobilisent pour de nombreuses années cet argent. Elles prennent alors un grand risque en cas de retraits massifs par des épargnants. Cependant, le crédit bancaire est abondant. Les États-Unis possèdent 60% du stock d'or mondial. Le dollar américain est convertible en or (les billets peuvent être échangés contre leur valeur en lingots d'or). Le dollar inspire confiance.

Pour augmenter la productivité de leurs employés et la rentabilité du capital investi, les industriels généralisent de nouvelles méthodes de travail. Le taylorisme, le travail à la chaîne, la standardisation permettent d'atteindre ces objectifs. Afin de se procurer une main d'œuvre meilleur marché que celle des régions industrielles anciennes du Nord-Est et des Grands Lacs, les entreprises délocalisent vers les États du Sud, où les ruraux en difficultés peuvent être embauchés à bon prix. C'est le début de l'industrialisation du Sud. Elles recherchent également à se rapprocher des sources d'énergie nouvelles comme le pétrole du Texas.

Une nouvelle façon de vivre[modifier | modifier le wikicode]

Une population urbanisée[modifier | modifier le wikicode]

Les gratte-ciel de la presqu'île de Manhattan à New York en 1932

Dans les années 1920, se met en place ce que l'on appelle l'« american way of life » (le mode de vie américain). En 1930, la population américaine est urbanisée à 56%. Les grandes villes sont surtout concentrées dans les régions du Nord-Est et des Grands Lacs. Les villes s'étendent et changent d'aspect.

En centre ville s'élèvent des gratte-ciel de plus en plus hauts (avec ses 86 étages et ses 400 mètres de haut l'Empire State Building de Manhattan à New-York a été pendant longtemps le plus haut bâtiment du monde). Les étages sont occupés par des bureaux et les rez-de-chaussée par des magasins. Les immeubles d'habitations avec quelques étages sont abandonnés par la population aisée. Elle est remplacée par une population pauvre formée par les Noirs qui fuient la ségrégation raciale très importante dans les États du Sud, et par des ruraux déracinés par les crises agricoles qui se succèdent depuis 1920. Faute d'entretien par les propriétaires ces immeubles se dégradent rapidement.

La population aisée va habiter à la périphérie de l'ancien noyau urbain. Se créent alors les banlieues typiques avec leurs pavillons individuels entourés par des jardins sans clôture. La possession d'une automobile permet les trajets entre le domicile « banlieusard » et le travail qui reste dans le centre ville.

Automobiles et appareils électriques[modifier | modifier le wikicode]

L'automobile se répand dans les villes. Grâce à la baisse des prix et au crédit bancaire, la voiture séduit les employés et les ouvriers qui représentent environ 60% des propriétaires de véhicules. Tout en créant de nouveaux métiers, l'automobile favorise la migration des plus aisés vers les banlieues et crée un nouveau paysage urbain (chaussées bitumées, signalisation routière...).

L'électricité permet l'introduction du confort ménager dans les maisons. La petite taille du moteur électrique lui permet d'actionner des aspirateurs, des lave-linge, des réfrigérateurs qui révolutionnent le travail ménager. L'électricité permet aussi le développement de nouveaux loisirs. La radio TSF, l'électrophone mettent l'Américain au courant des informations mais surtout le font assister en direct aux évènements sportifs, aux concerts. Le jazz, musique du Sud, se répand ainsi dans tout le pays. Le cinéma, muet jusqu'en 1927, les photographies dans la presse véhiculent des images qui uniformisent les tenues vestimentaires, le décor des logements, le style de vie (le cocktail-apéritif et les cigarettes). La presse, avec des illustrations prend une grande ampleur, elle véhicule la publicité qui pousse aux achats.

De nouveaux comportements[modifier | modifier le wikicode]

Cette soif de consommation favorise le développement économique mais conduit aussi à un énorme gaspillage de matières et d'espace. L'Américain, au moins celui qui en a les moyens financiers, préfère acheter du neuf que de réparer les objets de la vie courante.

La condition féminine évolue, du moins dans les villes. Les femmes américaines obtiennent le droit de vote en 1920. Les femmes acquièrent leur indépendance matérielle grâce au travail salarié. Les mœurs se libéralisent, de nouvelles façons de s'habiller et de vivre apparaissent. Cependant, ces changements choquent une partie de la population qui reste attachée à l'image traditionnelle de la femme, gardienne du foyer et pôle de stabilité dans la famille.

Exclus de la prospérité[modifier | modifier le wikicode]

Les difficultés de l'agriculture[modifier | modifier le wikicode]

À partir de 1925, une partie des agriculteurs américains est en difficulté. Ils se sont endettés pour moderniser leurs exploitations pendant la Première Guerre mondiale afin de ravitailler la France et le Royaume-Uni alors en guerre. Mais la concurrence des « pays neufs » et la reconstruction de l'agriculture européenne une fois la paix revenue, les privent de clients. La surproduction et la baisse des prix agricoles qui en résulte s'installent. Faute de pouvoir rembourser leurs emprunts bancaires, les agriculteurs doivent vendre leur matériel et leurs terres. Au mieux ils restent comme salariés agricoles, au pire ils doivent partir vers les villes où ils espèrent trouver du travail. Ceux qui restent, faute de revenus suffisants ne bénéficient pas des avantages matériels de la prospérité.

Les noirs[modifier | modifier le wikicode]

En 1921, un enfant noir vendeur de journaux

Mais ce sont surtout les minorités ethniques et religieuses qui ont de grandes difficultés. En premier lieu les Noirs, très nombreux dans les États du Sud. L'abolition de l'esclavage en 1863, ne leur a pas accordé une réelle égalité politique avec les Blancs. Les extrémistes blancs regroupés dans le Ku-Klux-Klan (entre 4 et 5 millions d'adhérents en 1925) continuent leurs actions terroristes destinées à maintenir les Noirs dans la crainte et à maintenir la supériorité politique et sociale des Blancs.

Beaucoup de Noirs quittent le Sud et gagnent les villes industrielles du Nord-Est et de la région des Grands Lacs. Là, faute de moyens financiers, ils s'entassent dans des quartiers délabrés des noyaux urbains (les ghettos). Mais là encore, ils ne sont pas à l'abri de menaces. En juillet 1919, une vague de crimes racistes submergent 26 villes ; à Chicago pendant 13 jours, les extrémistes blancs pillent et tuent des Noirs. Le chômage et les « petits métiers » sont très répandus et donnent des revenus très faibles. Exceptés quelques artistes musiciens de jazz appréciés par les amateurs blancs, les Noirs vivent dans l'indigence voire la misère.

Les immigrants désormais mal-aimés[modifier | modifier le wikicode]

Les immigrants récents (ceux arrivés depuis le début du siècle) sont exposé à l'hostilité des Américains installés. La conquête territoriale faite aux dépens des Amérindiens étant achevée, les nouveaux immigrants sont contraints de rester dans les villes. Ils s'y concentrent dans certains quartiers : il y a de nombreuses « Little Italy » dans les villes américaines.

Les immigrants sont accusés d'enlever du travail aux salariés déjà installés et d'accepter de bas salaires. Les immigrants de fraîche date sont originaires de l'Europe du Sud (Italiens surtout) ou de l'Europe de l'Est (Russes et Polonais). Les « anciens Américains » leur reprochent d'introduire des idées, comme le catholicisme insupportable à une société dominée par les diverses tendances du protestantisme. On les accuse de répandre des idées dangereuses comme le socialisme et l'anarchisme. Le procès infondé fait à deux immigrants italiens Sacco et Vanzetti en 1921 et leur exécution en 1927 témoignent de la violence de cette hostilité.

Afin de « protéger » la société américaine blanche et protestante (les WASP, white anglo-saxon protestants), le Congrès vote deux vagues de lois en 1921 et 1924. Par des quotas basés sur l'origine ethnique, elles durcissent les conditions d'entrée des immigrants afin d'« assécher » l'arrivée d'Italiens et de Slaves, tout en favorisant l'entrée des Britanniques et des Germaniques. Alors qu'avant la Première Guerre mondiale, chaque année près de 680 000 Européens du Sud et de l'Est entraient aux États-Unis, ils ne sont plus que 150 000 en 1921 et un peu moins de 22 000 en 1924.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d'histoire, Bordas
  • Divers auteurs, Dictionnaire d'histoire économique, Hatier
  • Divers auteurs, Histoire du XXe siècle, Hatier

Vikiliens pour compléter[modifier | modifier le wikicode]

Sur l'histoire des États-Unis dans la première moitié du XXe siècle
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