Grande Dépression

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La foule rassemblée devant la Bourse de New York, Wall Street, après le « Jeudi noir » du krach boursier de 1929.

La Grande Dépression, ou crise économique de 1929, est la crise qui a commencé avec le krach boursier de 1929, aux États-Unis, et s'est progressivement étendue au monde entier.

Ses causes sont multiples : surproduction agricole et industrielle liée à la fin de la reconstruction européenne après la Première Guerre mondiale, spéculation boursière débridée aux États-Unis, et crise du crédit bancaire à la suite de la défaillance de remboursement des emprunts faits par les particuliers et les entreprises.

Le gouvernement américain, dirigé par le républicain Hoover, ne réagit que tardivement. Les États du monde touchés par la crise s'enferment derrière des barrières douanières et, en paralysant les échanges, aggravent la crise. Les gouvernements, faute de moyens, baissent leurs dépenses. La misère s'installe dans les villes et les campagnes du monde entier.

À partir de 1933, le nouveau président américain, le démocrate Roosevelt, décide le New Deal, politique de relance de la demande et d'organisation de l'économie. Par contre, en Allemagne, Adolf Hitler, au pouvoir depuis janvier 1933, décide le réarmement du pays et l'organisation de l'autarcie. La Grande Dépression est en grande partie responsable de la Seconde Guerre mondiale.

Pourquoi la crise économique ?[modifier | modifier le wikicode]

De 1922 à 1929, les États-Unis bénéficient d'une période de prospérité importante, mais inégalement répartie. Pourtant, la crise de 1929 a été précédée de difficultés dans de multiples secteurs de l'activité économique.

La crise agricole[modifier | modifier le wikicode]

Un agriculteur américain vers 1925

La Première Guerre mondiale a été bénéfique aux États-Unis, qui augmentent leur production agricole afin d'exporter vers l'Europe en guerre, en particulier la France. En effet, la production agricole française chute car d'excellentes terres agricoles servent de champs de bataille (Picardie, Artois) ; de plus, le travail agricole est bouleversé par la mobilisation, comme combattants, de millions de jeunes paysans.

Pour produire plus, les agriculteurs américains ont augmenté la surface cultivée et se sont équipés en tracteurs et autres machines agricoles. Le plus souvent, cet équipement a été financé par des emprunts bancaires. Mais la paix revenue, les agriculteurs européens reprennent leurs production, privant les Américains d'une partie de leurs débouchés. La population américaine qui progresse, mais à un rythme plus faible qu'auparavant (limitation sévère de l'immigration en 1921 et 1924), n'arrive pas à absorber les produits agricoles américains.

Dès 1926, la surproduction s'installe et les prix agricoles baissent dans l'espoir d' écouler les produits. Pour faire face à la diminution de leurs revenus, certains agriculteurs augmentent leur production et aggravent ainsi la surproduction. Beaucoup de paysans ne parviennent pas à rembourser leurs emprunts bancaires. Pour récupérer les capitaux prêtés, les banques saisissent le matériel et les terres, les mettant en vente à bas prix dans un marché saturé. Les paysans chassés de leurs exploitations émigrent vers les villes, où ils viennent concurrencer les ouvriers industriels. Les agriculteurs dans la gêne réduisent leurs achats de produits industriels (machines, engrais et produits de consommation courante), mettant ainsi en difficulté certaines industries.

Les difficultés industrielles[modifier | modifier le wikicode]

La Première Guerre mondiale a fortement développé l'industrie des États-Unis, ces derniers vendent, le plus souvent à crédit, des armes aux Français et aux Britanniques et doivent équiper leur armée qui va venir combattre en France en 1917-18. La guerre terminée, une partie de l'industrie américaine doit faire une conversion vers des activités civiles. Certaines branches progressent fortement : l'acier, le pétrole, l'électricité double entre 1920 et 1929. L'automobile et l'appareillage électrique sont en plein essor. Cependant, d'autres secteurs augmentent moins : les constructions navales et ferroviaires, l'extraction du charbon, les industries agro-alimentaires. Ce boom industriel est favorisé par la généralisation de nouvelles méthodes de travail comme le taylorisme et le travail à la chaîne qui accroissent la productivité. Pour réussir et profiter de cette modernisation, les entreprises se sont endettées fortement auprès des banques. De très grandes entreprises se créent par rachat de leurs concurrents (concentration horizontale) ou par contrôle de toutes les étapes de fabrication et de distribution (concentration verticale). Les grandes entreprises s'entendent dans des cartels pour imposer leurs prix et fausse ainsi la concurrence. Mais cette modernisation limite aussi les besoins en main d'œuvre (d'où les lois restrictives sur l'immigration). Les entreprises, sauf Henri Ford, pour augmenter leurs profits, freinent la progression des salaires donc les capacités d'achat des salariés. Avec la crise agricole les paysans limitent leurs achats. Pour écouler la production et dégonfler les stocks créés par une production excédentaire face à la demande, les autorités politiques encouragent le recours au crédit bancaire donc à l'endettement des entreprises et des particuliers. La publicité qui connaît un grand essor encourage aussi la consommation.

L'essor du crédit bancaire et la spéculation boursière[modifier | modifier le wikicode]

L'équipement des entreprises et la frénésie de consommation des particuliers encouragent les banques à développer le crédit. Les États-Unis qui, pendant la guerre, ont beaucoup vendu et prêté des capitaux aux gouvernement français et britanniques disposent alors de soixante pour cent du stock d'or mondial. Les banques disposent alors de grands moyens financiers, qu'elle entendent augmenter par des opérations de crédit mais aussi la spéculation boursière. Beaucoup de crédits bancaire, provenant des dépôts des particuliers, sont investis en bourse. Les achats d'action progressent vite et mécaniquement le cours de celles-ci augmente. La valeur totale des actions double entre 1925 et 1929. Or la valeur réelle de la production industrielle, la richesse réelle susceptible de fournir des bénéfices aux actionnaires, ne progresse que de vingt pour cent. On achète donc cher, et à crédit, un bout de papier qui rapporte assez peu chaque année. Les spéculateurs cependant continuent leurs achats car ils espèrent vendre plus cher leurs actions quelque temps après. De plus les banques américaines investissent des capitaux en Autriche et en Allemagne, capitaux prêtés à court terme aux banques mais que celles-ci immobilisent dans des prêts à long terme aux entreprises.

Le krach boursier d'octobre 1929[modifier | modifier le wikicode]

L'effondrement des cours boursiers à la bourse de New York en octobre 1929

Dès le début de 1929, des signes montrent l'essoufflement de la prospérité : les entreprises réduisent leurs achats, le taux du crédit augmente afin de freiner la sortie des capitaux. Consommateurs et spéculateurs boursiers ont moins de facilités. Les résultats financiers en baisse des entreprises américaines inquiètent les possesseurs d'actions et les banquiers. Le jeudi 24 octobre 1929, en raison de l'importance des ordres de vente, les cours des actions s'effondrent à Wall Street, la bourse de New York. C'est le début du krach boursier qui se transforme rapidement en très grave crise bancaire.

Pour en savoir plus, lis l’article : Krach de 1929.

La crise devient mondiale[modifier | modifier le wikicode]

Pour faire face à leurs difficultés financières, les banques américaines tentent de rapatrier les capitaux qu'elles ont investis en Europe, via des prêts aux banques européennes. Or ces capitaux placés dans des entreprises, ne peuvent être disponibles immédiatement. Les banques défaillantes sont mises en faillite. Les clients des banques retirent leurs dépôts bancaires. Certaines banques ne peuvent restituer les fonds déposés parce qu'ils sont immobilisés dans les entreprises. Nouvelles faillites et perte de leurs dépôts par les clients. Les banques privées de fonds ne peuvent plus prêter aux entreprises qui ne peuvent régler leurs échéances (factures des fournisseurs, salaires du personnel). Ces dernières sont aussi mises en faillite. La crise bancaire américaine est donc exportée en Europe.

Pauvres en Californie pendant la crise de 1929

Les gouvernements jouent alors le chacun pour soi. En septembre 1931, le Royaume-Uni, en 1933 la France, et 1934 les États-Unis, dévaluent leurs monnaies en espérant ainsi rendre leurs produits plus faciles à acheter pour les étrangers. Pour sauver son économie on est prêt à augmenter le chômage chez les autres. Les pays ferment leurs frontières aux produits étrangers. Le Royaume-Uni renonce au libre- change établit au XIXe siècle et réserve son commerce à son empire colonial ; la France en fait de même pour ses colonies. Les États-Unis augmentent de quarante pour cent leurs droits de douanes. Les pays pratiquent le dumping en vendant à perte leurs produits. Dans certains pays on détruit les produits pour tenter de maintenir les cours, ainsi au Brésil, on brûle du café dans les locomotives à vapeur des chemins de fer. Le commerce international est paralysé : de 1929 à 1932, les échanges internationaux baissent d'un tiers en volume et de deux tiers en valeur.

Malgré ces interventions des états, les prix baissent car les acheteurs font défaut (selon les pays, baisse de 30 a 40 pour cent pour les prix de gros entre 1929 et 1933). Les entreprises privées d'argent et de crédit bancaire réduisent leurs production, licencient leur personnel, le chômage augmente (en 1933, aux États-Unis il y a 12 millions de chômeurs, il y en a autant en Allemagne pays beaucoup moins peuplé et la France détruit près d'un million d'emplois de 1931 à 1936). Privée d'emplois et de revenus, une grande partie de la population tombe dans la misère. Les bidonvilles se multiplient, comme les Hoovervilles aux États-Unis.

Différentes politiques face à la crise[modifier | modifier le wikicode]

Au pouvoir depuis 1920, les républicains américains, adeptes du libéralisme économique, ne veulent pas intervenir, car ils pensent que le système se rétablira de lui-même en quelques semaines. Mais la crise persistant, le chômage augmentant et les élections présidentielles devant avoir lieu en novembre 1932, le président Hoover se décide à réagir, mais timidement et beaucoup trop tard. L'élection du candidat démocrate Franklin Delano Roosevelt va permettre, en 1933, aux États-Unis de commencer à lutter contre la crise.

Pour en savoir plus, lis l’article : New Deal.

En France, pays à l'économie moins moderne et moins impliqué dans les commerce international, la crise se fait sentir à partir de 1931-1932. Les gouvernements du centre qui se succèdent au pouvoir presque sans interruption de 1932 à 1936 réduisent les dépenses de l'État, en raison des mauvaises rentrées d'impôt. En réduisant le nombre et le salaire des fonctionnaires, ils handicapent la consommation. En tentant de maintenir le niveau de la monnaie par des taux de crédit élevés, ils gênent la production. Le chômage se développe. Aux élections législatives de 1936, le succès des partis de gauche, regroupés dans le Front populaire, va permettre au gouvernement de Léon Blum d'essayer d'apporter une réponse à la crise.

Pour en savoir plus, lis l’article : Front populaire.

La crise sociale étant très grave en Allemagne et les succès des partis de gauche devenant préoccupants pour les possédants, le patronat finance le parti nazi qui, en s'alliant avec les autres partis de droite, parvient au pouvoir en janvier 1933, avec Adolf Hitler comme chancelier. Ce dernier va fermer les frontières aux produits étrangers, va instaurer des restrictions économiques sévères sur le pouvoir d'achat de la population. Hitler va surtout réduire le chômage en développant massivement l'industrie d'armement pour équiper l'armée allemande, illégalement en pleine reconstruction.

Pour en savoir plus, lis l’article : Allemagne nazie face à la crise de 1929.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Source[modifier | modifier le wikicode]

  • Divers auteurs, Dictionnaire d'histoire économique de 1800 à nos jours, Hatier
Article mis en lumière la semaine du 3 novembre 2008.
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