Ghetto

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Varsovie occupée par les Allemands en 1941. Passerelle obligatoire pour piétons juifs connectant deux parties du ghetto. La séparation des habitants (principe du ghetto) entre juifs et non juifs est nette, ces derniers circulent sur la voirie normale.

Un ghetto est un territoire urbain réservé à une ethnie, à un groupe religieux ou un groupe social. La population des ghettos y réside soit volontairement pour pouvoir pratiquer les coutumes de sa vie communautaire ou bien elle est y est contrainte par les autorités étatiques qui souhaitent la séparer du reste de la population généralement pour des raisons raciales ou religieuses.

La notion de ghetto est historiquement liée aux Juifs vivant dans l'Antiquité gréco-romaine païenne puis dans l'Europe chrétienne du Moyen Âge. Le mot provient de l'italien Ghetto qui désignait un quartier particulier de la ville de Venise au Moyen Âge. Il a également existé des ghettos dans le Japon de la fin du XIXe siècle (ces quartiers étaient alors réservées au classes sociales considérées comme inférieures).

Aujourd'hui le terme a aujourd'hui une acception plus large. Il désigne les quartiers urbains des grandes métropoles où sont regroupées les minorités ethniques. C'est le cas des ghettos noirs dans les grandes villes des États-Unis, mais aussi aux quartiers des villes asiatiques ou africaines où se regroupent les ethnies les plus pauvres.

Pourquoi y-a-t-il eu création des ghettos juifs?[modifier | modifier le wikicode]

Dans l'Antiquité gréco-latine[modifier | modifier le wikicode]

Dès qu'une partie importante de la population juive a dû quitter la « Terre promise » , les juifs dispersés dans le monde hellénistique puis romain se sont installés dans quelques villes. Là ils se sont regroupés dans certains quartiers. Ce regroupement était le plus souvent lié à la pratiques de certaines traditions comme la nécessité d'une alimentation conforme aux règles de la cacherout comme l'abattage rituel des animaux avec la présence d'un rabbin, le jour du Sabbat et l'éducation religieuses avec la nécessité de se rendre dans une synagogue proche.

La fréquence des mariages internes à la communauté replie également la population juive sur elle-même et provoque régulièrement des accrochages quelques fois violents avec le reste de la population qui est polythéiste. Réunis dans un quartier les juifs sont plus à l'abri.

Ainsi au début du premier siècle, l'historien juif Flavius Josèphe estime à près de 100 000 les juifs vivant à Alexandrie la grande métropole de l' Égypte. Ces juifs étaient par ailleurs hellénisés ; la traduction de l'Ancien Testament en grec, dite de la Septante, a été réalisée dans le milieu intellectuel des juifs d'Alexandrie.

Dans l'Europe chrétienne du Moyen Âge[modifier | modifier le wikicode]

Juifs priant dans une synagogue. Manuscrit allemand vers 1320

Pour les chrétiens, le juifs sont des déicides, à qui l'on ne peut pardonner l'exécution de Jésus. Leur présence en Europe, souvent nécessaires pour des raisons économiques, doit être rendue la plus difficile possible.

L'enfermement des juifs dans un quartier réservé est progressif. On constate qu'à la fin du XIe siècle, l'évêque de Spire dans le Allemagne, accorde aux juifs un quartier séparé situé dans la banlieue de Spire. Il est entouré d'un mur et dispose d'un cimetière et une synagogue. Les Juifs ont leur propre police, il peuvent engager des serviteurs chrétiens et vendre de la viande cascher aux non-Juifs. Ces privilèges sont confirmés par l'empereur en 1090.

Mais en 1215, le concile de Latran décide la séparation des Juifs d'avec le reste de la société. Paris compte alors quatre quartiers peuplés surtout par des juifs et de nombreuses villes ont alors leurs rues « aux juifs » ou « de la juiverie ». Les pays européens appliquent les décisions du concile. En 1290, Édouard II d'Angleterre chasse les juifs. En 1294, Philippe IV le Bel fait regrouper les Juifs dans un quartier de la ville de Beaucaire puis il les expulse en 1306. (notons que souvent le roi se garde alors de rembourser les nombreux emprunts qu'il avait contracté auprès des juifs). Les juifs se regroupent alors sur le territoire pontifical du comtat Venaissin (ce sont les « juifs du pape »), en Alsace et à Metz, alors dans le Saint-Empire.

Les ghettos de l'époque moderne[modifier | modifier le wikicode]

En Espagne, 1480, sur ordres des souverains de Castille et d'Aragon, les Juifs doivent désormais vivre dans des rues isolées de celles des chrétiens (les juderias). En 1492, les Juifs espagnols sont expulsés; ils migrent vers les côtes du Proche-Orient, la France, les Pays-Bas ou l'empire turc.

En Italie dès 1516, la république de Venise crée le premier ghetto (le nom vient du site des anciennes fonderies de canons qui s'appelait getto ou ghetto qui veut dire fonderie en italien). L' endroit est situé près de l'église san Girolamo. Il s'agit qu'un assemblage de pâtés contigus de maisons. Le site est accessibles par deux ponts, qui sont fermées par des portes surveillées par quatre gardiens payés par les habitants ; elles sont closes de minuit à l'aube.

En 1555, le pape Paul IV crée des ghettos à Rome et dans les États pontificaux. Puis le pape Pie V recommande que les autres États italiens suivent l'exemple de la papauté. Au XVIIe siècle seules Livourne et Pise n'ont pas de ghetto.

D'autres villes européennes ont aussi leur ghetto :Vienne, Budapest, Prague, Anvers, Bruxelles qui sont toutes situées dans les territoires sous autorité des Habsbourg de Vienne.

Dans le Saint-Empire les villes Francfort-sur-le-Main et Worms conservent les quartiers juifs. En Europe occidentale, Amsterdam, et même Londres et Manchester à partir des années 1640 ont des communautés juives.

Les ghettos de l'époque contemporaine[modifier | modifier le wikicode]

Le ghetto de Varsovie est le plus connu des ghettos, il fut construit par les nazis pour y regrouper les personnes de confession juive

Au XVIIIe siècle, après divers édits de tolérance promulgués par l'empereur Joseph II ou le roi Louis XVI, pendant la Révolution française, dès 1791, les juifs de France se voient reconnus comme des citoyens, il n'est donc plus nécessaires qu'ils vivent séparés de leurs autres concitoyens. Cette politique d'émancipation sera poursuivie en Allemagne pendant le XIXe siècle.

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, en particulier en Pologne, le régime nazi prend des mesures d'enfermement des juifs des pays occupés par l'armée allemande. Ce regroupement forcé sera la première étape vers l'élimination physique des juifs. Certains de ces ghettos tenteront sans succès de s'opposer militairement à la politique d'extermination menée par les Allemands.

En Afrique du Sud, pendant la période de l'apartheid, la minorité blanche qui gouvernait a créé aussi des quartiers réservés aux Noirs pour les isoler des Blancs.lL'exemple le plus célèbre est celui de Soweto près de Johannesburg

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