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Enrico Dandolo

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Enrico Dandolo
Doge de Venise
Portrait imaginaire d'Enrico Dandolo (peint au XIXe siècle).
Portrait imaginaire d'Enrico Dandolo (peint au XIXe siècle).
Fonction
Doge
Pays République de Venise
Règne 1er juin 1192 - mai 1205
Prédécesseur Orio Mastropiero
Successeur Pietro Ziani
Nom de naissance Enrico Dandolo (italien), Henricus Dandulus (latin)
Naissance 1107 à Venise
Décès mai 1205 à Constantinople
Sépulture Basilique Sainte-Sophie (Constantinople)
Père Vitale Dandolo
Mère Inconnue
Conjoint Contessa
Enfants Ranier Dandolo
Résidence Palais des Doges
Blason de la famille Dandolo
Blason de la famille Dandolo
voir modèle • modifier

Enrico Dandolo, né en 1107 à Venise et mort en mai 1205 à Constantinople, est un doge de Venise du 1er juin 1192 à sa mort.

Élu à l'âge de 85 ans, il est le 41e doge de la République de Venise et est considéré comme l'un des plus grands doges de l'histoire de la ville. C'est en partie grâce à lui que Venise deviendra une grande puissance maritime et gagnera nombre de territoires en Grèce suite à l'éclatement de l'Empire byzantin dont Dandolo sera un des instigateurs.

Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Jeunesse et ambassades à Constantinople[modifier | modifier le wikicode]

Enrico Dandolo naît en 1107. Il vient d'une famille assez importante qui s'est hissée au pouvoir à la fin du XIe siècle ; son père, Vital Dandolo, est un grand juriste et proche conseiller du doge. Quant à son oncle qui porte le même nom que lui, il est patriarche de Grado, ce qui est un très haut poste ecclésiastique.

Enrico Dandolo ne devient important qu'en 1171 ; à cette date, l'Empereur byzantin Manuel Ier Comnène fait arrêter tous les marchands vénitiens de Constantinople, confisque leurs biens et fait exécuter beaucoup d'entre eux. L'année suivante, le doge Vital II Michele part avec une ambassade à Constantinople (dont fait partie Enrico Dandolo qui se trouve en compagnie de Filippo Greco) pour régler cette crise ; mais Manuel Ier refuse de l'entendre et renvoie les Vénitiens. À son retour, Vital II Michele est poignardé à mort par Marco Casolo ; Sebastian Ziani est élu doge, et, en 1173, Enrico est nommé ambassadeur à Constantinople.

En 1176, il devient juge et proche conseiller de Sebastian Ziani ; et, quand celui-ci meurt en 1178, il élit avec d'autres dignitaires vénitiens le doge Orio Mastropiero. En 1183, Dandolo est de nouveau envoyé à Constantinople afin de trouver un accord avec le nouvel empereur Andronic Ier Comnène et rétablir le quartier vénitien de la ville ; les négociations aboutissent à un traité signé en 1186. Les nombreux séjours à Constantinople font de Dandolo un spécialiste de la culture byzantine, connaissances qui lui serviront beaucoup durant son activité de doge et notamment pendant la Quatrième croisade.

Doge de Venise[modifier | modifier le wikicode]

Le 1er juin 1192, Enrico Dandolo est élu doge de Venise ; il est âgé de quatre-vingt-cinq ans. Il devenait en effet de plus en plus important dans la politique vénitienne et cherchait par tous les moyens à faire de la Sérénissime République la première puissance méditerranéenne. Son élection est probablement l'issue d'un accord entre les différents électeurs qui voulaient élire une personne âgée qui mourrait rapidement ; mais Enrico aura un règne bien plus long que celui de ses prédécesseurs.

Réformes[modifier | modifier le wikicode]

Une fois au pouvoir, Enrico Dandolo entame plusieurs réformes. Il écrit notamment un code civil vénitien qui regroupe les lois de la République de Venise ; mais frappe également une nouvelle monnaie, le grosso vénitien, qui connaîtra un grand succès et sera introduite dans de nombreux pays.

Politique extérieure[modifier | modifier le wikicode]

Enrico Dandolo prêchant la croisade, par Gustave Doré.

C'est pourtant au niveau de la politique extérieure que Dandolo agira le plus. En effet, dès son accession au pouvoir, il chasse les Pisans de la ville de Pola (Pula) en Croatie et fait de même avec les Hongrois de Zara (Zadar). Enrico conclut des accords avec de nombreux États européens, tels que le Saint-Empire romain germanique, le royaume d'Arménie, l'Empire byzantin et le patriarcat d'Aquilée. Il gagne également une guerre contre Pise, la rivale de Venise, qui soutenait des rebelles de Dalmatie (région partagée aujourd'hui entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine), mais ne parvient pas à reprendre Zara qui s'est révoltée.

Malgré tous ses efforts, Dandolo ne parvient pas à remettre en place tous les privilèges dont jouissaient auparavant les marchands vénitiens à Constantinople ; privilèges désormais accordés aux Pisans et aux Génois.

Quatrième croisade[modifier | modifier le wikicode]

Alexis V Doukas Murzuphle négociant avec Enrico Dandolo, par Gustave Doré.
Article à lire : Quatrième croisade.

En 1198, le pape Innocent III, récemment élu, appelle à la croisade. Nombreux sont les chevaliers et seigneurs qui rêvent de faire fortune en Terre sainte ; les Croisés, qui se retrouvent à Venise afin de prendre la mer, sont au nombre de trente-trois mille. Enrico Dandolo consent à leur faire traverser la Méditerranée sur des bateaux vénitiens mais exige pour cela un paiement de quatre-vingt-cinq mille marcs d'argent, ce qui représente une somme gigantesque. Les Croisés, incapables de payer, sont nombreux à quitter le projet pour partir en Terre sainte par d'autres moyens ; et les seize mille Croisés restants n'ont toujours pas la somme qui ne baisse pas malgré la diminution du nombre d'hommes en armes à embarquer. Enrico Dandolo décide alors d'utiliser les Croisés afin de servir ses intérêts ; il leur promet de leur laisser un délai pour payer les quatre-vingt-cinq mille marcs s'ils l'aident à reprendre la ville insurgée de Zara. Les Croisés acceptent, et s'emparent de Zara avant de la mettre à sac. Zara étant une ville catholique, Innocent III excommunie Croisés et Vénitiens pour l'avoir pillée et saccagée.

C'est alors qu'intervient le prince impérial en exil Alexis Ange ; son père, l'empereur byzantin Isaac II Ange, a été détrôné par son frère Alexis III Ange. Il promet aux Croisés suffisamment d'or et d'argent pour payer les Vénitiens et des vivres avant de partir en Terre sainte ; et, pour convaincre les évêques de l'armée occidentale, il promet également de remettre l'Église orthodoxe sous la tutelle du pape. Cette dernière promesse apaise les scrupules des Croisés qui embarquent pour Constantinople qu'ils assiègent et prennent en 1203. Ils replacent alors Alexis IV Ange sur le trône conjointement avec son père Isaac II Ange ; mais, en plus d'être impopulaire, il se révèle assez vite incapable de payer les Croisés. Enrico Dandolo, qui est présent, pousse les Croisés à prendre Constantinople pour se servir eux-mêmes ; ils assiègent donc une seconde fois la capitale byzantine. Alexis IV et Isaac II sont renversés au cours du siège et Alexis Doukas devient empereur sous le nom d'Alexis V. Celui-ci organise la défense de la ville mais cette dernière est finalement prise le 13 avril 1204 et Alexis V est jeté du haut d'une falaise. Un coup mortel est alors porté à l'Empire byzantin, qui est partagé entre les vainqueurs ; Enrico Dandolo s'assure d'avoir une bonne part du butin et reçoit également trois-huitièmes des territoires byzantins, dont le duché de Naxos et les îles ioniennes. Il s'empare aussi de nombreuses œuvres d'art constantinopolitaines qu'il envoie à Venise (l'exemple le plus célèbre étant les chevaux de Saint-Marc).

Mort[modifier | modifier le wikicode]

Pierre tombale arborant le nom d'Enrico Dandolo, à Sainte-Sophie.

Toutefois, Enrico Dandolo ne rentre pas à Venise et reste à Constantinople pour aider le souverain du nouvel empire (l'Empire latin de Constantinople), Baudouin Ier de Hainaut, à combattre les Bulgares. Il assiste à la bataille d'Andrinople de 1205 qui est une terrible défaite pour les Latins. Puis, quelques mois plus tard, en mai 1205, Enrico Dandolo meurt à Constantinople, âgé de 97 ans. Il est inhumé dans la basilique Sainte-Sophie où une pierre tombale sur laquelle est gravé son nom est encore visible aujourd'hui.

La légende raconte que, lors de la chute de Constantinople le 29 mai 1453, le sultan Mehmed II fait déterrer ses os et les fait dévorer par des chiens.

Mariage et descendance[modifier | modifier le wikicode]

Enrico Dandolo épouse, sans qu'on sache exactement quand, une certaine Contessa, dont on suppose, sans certitude, qu'elle pourrait être de la famille Minotto. Il en a un fils, Ranier Dandolo, qui devient vice-doge, assure la régence en son absence et meurt en 1209 lors d'une guerre contre Pise. Des rumeurs affirment qu'il serait également le père d'un patriarche de Constantinople du nom de Fantino, mais ce personnage est sûrement fictif.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

ConquestOfConstantinopleByTheCrusadersIn1204.jpg
Article mis en lumière la semaine du 3 avril 2023.
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