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La Liberté guidant le peuple

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La liberté guidant le peuple

La Liberté guidant le peuple est un tableau peint en 1830 par Eugène Delacroix, le chef de file du romantisme. C'est une représentation fictive de la révolution parisienne de juillet 1830. Il s'agit d'une peinture à l'huile, sur toile, de 325 cm de large sur 260 cm de hauteur. On peut voir que le peintre a fait son tableau sur une base triangulaire, tout comme Le Radeau de la Méduse de Géricault. Le tableau est conservé au musée du Louvre à Paris.

Delacroix en 1830[modifier | modifier le wikicode]

En 1830, lorsqu'il peint ce tableau Delacroix a 32 ans. C'est un bourgeois (certains pensent qu'il est le fils adultérin de Talleyrand). Il a des opinions politiques libérales (plutôt favorables à une monarchie constitutionnelle de type anglais). Il est sensible aux différents mouvements de soulèvements des peuples opprimés : ses tableaux Les massacres de Scio (1824) et La Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi (1826) témoignent de son soutien moral aux Grecs qui se sont révoltés avec succès contre l'occupation turque de leur pays dans les années 1820. Pour ses amis artistes, il est le chef de file du romantisme en peinture.

Sujet du tableau[modifier | modifier le wikicode]

La liberté guidant le peuple est une allégorie de la révolution parisienne de juillet 1830.

Delacroix n'a pas fait le coup de feu pendant les évènements révolutionnaires des Trois Glorieuses. Il décide cependant de "peindre pour la Patrie" en faisant la représentation d'une barricade. Dans ce tableau Delacroix montre qui a fait la révolution : les ouvriers, les étudiants, dans les faits les républicains et les bonapartistes de l'époque. Il montre aussi, en ne les représentant pas comme combattants, que les bourgeois sont absents des combats. Pourtant ce seront eux qui s'installeront au pouvoir après cette révolution.

En fait l'analyse du tableau montre que Delacroix met surtout en garde les révolutionnaires de 1830 contre les dérapages possibles de cette révolution. Dérapages dont la bourgeoisie a très peur.

Le tableau commencé dans la foulée des événements parisiens de l'été 1830 est achevé en décembre 1830. Il est exposé au Salon de 1831. En octobre 1831, le tableau est acheté pour 3 000 francs (une somme considérable) par le roi Louis-Philippe Ier qui s'est installé au pouvoir grâce à cette révolution en juillet 1830.

Analyse du tableau[modifier | modifier le wikicode]

La scène n'est pas précisément localisée. Seules les tours de la cathédrale Notre-Dame indiquent qu'elle se situe à Paris près de la Seine.

Le caractère libéral du tableau[modifier | modifier le wikicode]

Le rappel très fréquent des trois couleurs du drapeau républicain indique l'adhésion aux idées libérales de Delacroix. C'est le rappel que la révolution qui vient d'être faite a pour but de faire disparaître les idées d'Ancien Régime de l'aristocratie dirigée par le roi Charles X qui va être détrôné. Ces idées seront remplacées par celles de la bourgeoisie qui s'est appropriée le drapeau tricolore pendant la Révolution de 1789. C'est après la révolution de 1830 que le drapeau tricolore remplace définitivement le drapeau blanc avec fleurs-de-lis d'or des rois redevenu le drapeau français pendant la Restauration.

La femme symbolisant la liberté brandit le drapeau. Derrière elle, à gauche, les insurgés ont aussi le drapeau tricolore au bout d'une pique. Mais des personnages du premier plan arborent aussi les trois couleurs : celui du centre qui relève la tête à des habits bleu-blanc-rouge. Il en est de même pour le soldat mort à droite : il a une épaulette bleue et blanche et porte un liseré rouge sur le col de son uniforme. Le cadavre à gauche est vêtu d'une chemise blanche maculée du rouge de son sang, mais il porte aussi une chaussette bleue (le bleu est la couleur des patriotes républicains depuis 1789).

Les acteurs de la révolution parisienne de 1830[modifier | modifier le wikicode]

La prise du pont d'Arcole, près de l'Hôtel de ville de Paris, par les insurgés

Delacroix met en valeur les différentes couches sociales qui ont participé aux combats pendant les Trois Glorieuses. Au centre, l'étudiant parisien, avec son chapeau haut-de-forme, son habit noir, un fusil à la main. Les étudiants sont alors issus de la petite bourgeoisie, beaucoup viennent de province. Ils sont pour la plupart d'opinions politiques républicaines, voire bonapartistes. Ils sont très actifs à Paris.

De l'autre côté de la liberté, les pistolets à la main le titi parisien, le gamin de Paris. C'est le symbole des classes populaires parisiennes. L'enfant issu d'une famille nombreuse et qui passe une bonne partie de son temps dans la rue, à l'affut d'une bonne affaire ou d'un petit boulot. Il servira de modèle à Victor Hugo pour Gavroche dans son roman Les Misérables.

Allongé, mais relevant la tête, l'ouvrier parisien. Certains commentateurs du tableau ont vu en lui, le typographe, ouvrier très instruit de l'imprimerie, donc de la presse et de la diffusion des idées. Notons que ce typographe est le seul personnage vivant, présenté distinctement en premier plan, qui n'a pas d'armes. À l'époque les typographes formaient l'aristocratie de la classe ouvrière. À l'extrême-gauche du tableau, un autre ouvrier parisien, sabre à la main, pistolet à la ceinture. Il peut être considéré comme le représentant des autres corps de métiers, plus manuels (mais aussi plus déterminés à la lutte violente contre l'ordre existant).

Delacroix n'a représenté aucun bourgeois parmi les combattants, ce qui est conforme à la réalité des événements.

Signification politique du tableau[modifier | modifier le wikicode]

On peut interpréter la liberté guidant le peuple comme un parti pris politique de Delacroix. C'est un tableau engagé et non pas uniquement documentaire.

Le premier plan du tableau

En fait ce sont les personnages du premier plan qui sont les plus intéressants et ce sont eux qui renferment le plus de signification. Delacroix y a placé ses idées politiques.

Le cadavre à gauche est certainement le point central du tableau. C'est un ouvrier. Remarquons que curieusement il est dévêtu (détail peu réaliste). Sont mises en valeur les parties de son corps qui sont les plus animales, les moins civilisées celles qui sont les plus liées aux besoins vitaux de l'être humain. Le bas de son corps nu est complémentaire du torse nu de la liberté. Ils sont donc liés. Mais l'une est vivante et l'autre est morte. Le col ouvert du cadavre, semble faire référence aux cols ouverts des condamnés à la guillotine. Certains commentateurs du tableau y ont vu le rappel de la Terreur de 1793-1794, une suite possible de la liberté acquise en 1789. La Terreur de 1793-1794, qui pour sauver la république et la liberté, a provisoirement institué une sorte d'égalité sociale grâce à des moyens très autoritaires. Ce cadavre en tendant son pied chaussé de bleu (le bleu est alors la couleur symbolique de la République) semble vouloir faire un croche-pieds destiné à faire trébucher la liberté. Si elle veut avancer la liberté devra contourner ou enjamber ce cadavre et ce qu'il représente du point de vue politique. C'est une illustration des idées des bourgeois qui veulent bien de la liberté politique et pour cela ils préfèrent la monarchie constitutionnelle à la république. Mais ces bourgeois rejettent vigoureusement l'égalité sociale, qui selon eux ne pourrait être acquise que par la suppression de la liberté.

Ce cadavre s'oppose tête-bêche mais en parallèle à l'ouvrier-typographe, vêtu et surtout vivant. Celui-ci semble tendre son front (sa pensée, sa conscience) vers la liberté, qui le regarde (?). Pour Delacroix est-ce l'attitude à suivre : rechercher la liberté politique (celle de la confrontation des idées) et non pas l'égalité sociale.

Deux autres personnages sont aussi représentés morts. Le soldat, lui aussi un pied nu, dont le cadavre fait obstacle à l'avancée de la liberté. Il porte l'uniforme des armées républicaines de la Révolution. Cet uniforme est glorieux, mais il recouvre un mort. Il est au pied de la barricade. D'ailleurs par qui a-t il été tué ? Par les forces de répression envoyées par le roi Charles X ou bien par l'ouvrier au cadavre découvert ? 1793 qui aurait tué 1789, la terreur populaire contre la révolution bourgeoise ?

Enfin à l'extrême-droite du tableau, mort lui aussi, et de plus la face contre terre, donc totalement anéanti, un autre soldat. C'est un cuirassier, le corps de cavalerie le plus redoutable dans une bataille. Il peut représenter l'empire (les empereurs romains sont très souvent représentés en cuirasse). Pour la bourgeoisie l'empire c'est le régime militaire dévoreur d'hommes qui a mené la France à la défaite en 1815. C'est le régime dont la disparition a permis le retour des aristocrates émigrés dont on vient de se débarrasser par la révolution de 1830. C'est un avertissement aux militants bonapartistes très actifs à l'époque et aux très nombreux nostalgiques du Premier Empire. La liberté pour progresser devra passer aussi sur leurs cadavres. Ils ont pu servir pendant les événements mais on n'a plus besoin d'eux.

La liberté guide le peuple. Mais vers où ? Pour avancer elle doit passer sur les cadavres (et les idées) de 1792, de 1793 et de l'empire. Ces régimes disparus, mais qui en 1830 ont encore beaucoup de partisans, font très peur à la bourgeoisie. Pour elle, l'avenir politique et social de la France tient donc à la capacité des nouveaux maîtres du pouvoir de passer ces obstacles. C'est ce que semble proposer Delacroix.

Delacroix cherche à montrer une certaine confrontation des idées qui doit d'abord se faire passer par les cadavres.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • Romantisme, revue, 1980 n° 28-29
  • Connaissance des arts, revue. septembre 1982
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