Bataille des frontières

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Bataille des frontières
Cartes montrant les offensives allemandes et françaises sur tout le front. La carte d'en-haut, à gauche, montre les attaques sur le front belge, la carte d'en-bas, à gauche, montre les opérations centrées sur Bruxelles, et la carte de droite montre les offensives en Alsace et en Lorraine.
Cartes montrant les offensives allemandes et françaises sur tout le front. La carte d'en-haut, à gauche, montre les attaques sur le front belge, la carte d'en-bas, à gauche, montre les opérations centrées sur Bruxelles, et la carte de droite montre les offensives en Alsace et en Lorraine.
Informations générales
Dates 7 - 23 août 1914
Lieu Nord-est de la France et Belgique
Cause Réalisation du plan Schlieffen allemand visant à contourner les défenses françaises en passant par la Belgique, et du plan XVII consistant à attaquer les positions allemandes en Alsace-Lorraine
Changements territoriaux Conquête de l'est et du centre de la Belgique, et du nord de la France
Belligérants
Commandants
Forces en présence
Près de 580 000 soldats (500 000 Français, 80 000 Britanniques)
Près de 1 100 000 soldats
Pertes
Près de 110 000 (tués, blessés et disparus)
Près de 55 000 (tués, blessés et disparus)
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La bataille des frontières est une bataille de la Première Guerre mondiale, se déroulant du 7 au 23 août 1914 dans le nord-est de la France et en Belgique. Marquant les premiers combats du conflit, elle commence par l'invasion allemande de la Belgique conformément au plan Schlieffen, et des offensives françaises en Alsace et en Lorraine en suivant le plan XVII. Les armées allemandes, en plus grand nombre, s'emparent après une grande résistance des villes de Liège et Namur, et avancent à travers la Belgique en menaçant d'encerclement les lignes françaises. Les forces belges, assistées des armées française et britannique, doivent d'abord se retirer aux environs de Mons puis se replient plein-sud après la prise de cette dernière : c'est la Grande Retraite.

La veille de la retraite, le 22 août 1914, constitue la journée la plus meurtrière de la guerre et de l'histoire militaire de la France, avec 25 000 soldats morts et près de 1 000 civils tués lors de massacres en Belgique12.

Préparation[modifier | modifier le wikicode]

Pour en savoir plus, lis les articles : Plan Schlieffen et Plan XVII.

En prévision du déclenchement d'une guerre, des plans militaires ont été conçus par les principales puissances d'Europe décrivant la mise en place de la mobilisation et les opérations sur le front.

Le plan allemand, nommé le plan Schlieffen (du nom du général Alfred von Schlieffen), consiste à contourner les solides défenses françaises installées sur la frontière allemande en passant par la Belgique, puis à marcher sur Paris pour acter l'effondrement de l'armée française. Après cela, les unités allemandes seraient redéployés sur le front russe, où elles pourraient être intégralement mobilisées. Le plan est alors planifié dans une optique d'achèvement rapide du conflit, une guerre menée sur deux fronts obligeant l'Allemagne à disperser une partie de ses troupes et à compromettre la possibilité d'une percée3.

Le plan français, appelé le plan XVII (puisqu'étant à sa vingt-septième révision en 1913), consiste à mobiliser massivement des armées en Lorraine pour mener des offensives vers l'Alsace-Lorraine (territoire allemand depuis la guerre franco-prussienne de 1870-1871), à assurer les arrières françaises en gardant la frontière belge, puis à avancer jusqu'à la frontière luxembourgeoise en cas d'invasion4. Elle cherche à être organisée conjointement avec une offensive russe en Prusse-Orientale, afin de déborder les forces allemandes3.

Les Français, sous le commandement du général Joffre, mobilisent les 3e, 4e et 5e armées en Lorraine formant 500 000 troupes, accompagnées d'un corps expéditionnaire britannique constitué de 90 000 soldats4. Ils ne mobilisent pas de troupes à la frontière belge, sous-estimant le rapport de force5. Les Allemands envoyent les 6e et 7e armées, chargées respectivement de tenir les positions aux environs de Sarrebourg, et de défendre Strasbourg en cas d'attaque ou d'avancer vers Nancy dans le cas contraire, huit régiments (les « régiments lorrains ») et quatre corps d'armée6.

Déroulement[modifier | modifier le wikicode]

Les troupes allemandes lancent l'offensive le 2 août 1914, en envahissant le Luxembourg. Le 4 août, après le rejet de l'ultimatum adressé par le gouvernement belge, l'Allemagne envoie ses troupes en Belgique, violant ainsi la neutralité de ces deux pays reconnues respectivement depuis 1867 et 1839789. Après les premières avancées allemandes en Belgique, l'armée française lance une offensive le 7 août en direction de Mulhouse, s'en emparant le 9 août. Elle doit cependant abandonner la ville le lendemain, après une contre-offensive allemande10. Le 13 août, les forces allemandes mènent à leur tour une offensive vers Belfort, à une vingtaine de kilomètres de la frontière. D'intenses affrontements se concentrent autour du moulin de la Caille, qui constitue la route vers Belfort. Les combats, ne durant que deux heures, causent plus de 800 morts au total et amènent à la prise du moulin par les forces allemandes, mais les lourdes pertes provoquent l'arrêt de l'offensive11. Une armée d'Alsace est fondée après ces batailles, qui permit une poussée des forces françaises vers Mulhouse (reprise le 19 août) et Colmar (prise le 22 août), soit une étendue d'une dizaine de kilomètres et la prise d'une poignée de villages12. La contre-offensive allemande menée sur le front, fin août, repoussa cependant les Français à leurs positions initiales à l'exception des parties les plus à l'ouest de l'Alsace (correspondant aux villes de Saint-Amarin, Dannemarie et Masevaux), qui restèrent françaises pour le reste de la guerre12. Le front se stabilise à partir de début septembre.

Les attaques commencent en Lorraine le 14 août, avec l'envoi de la 3e armée vers la ville d'Arlon (Lorraine belge) et la poussée des 1e et 2e armées vers Sarrebourg1013. Les troupes françaises avancent jusqu'au sommet du Donon (près de 10 kilomètres de la frontière) ainsi qu'aux environs de Morhange. Le 18 août, les Français s'emparent de Sarrebourg, qui subit des tirs d'obus le lendemain. De nombreux espions sont cachés à l'intérieur de la ville, transférant des renseignement au commandement allemand. Le 20 août, trois corps d'armée allemands mènent une contre-offensive sur tout le front, contraignant les Français à évacuer Sarrebourg et Morhange et à se replier vers Nancy6. Les Français échouent également à s'emparer de la rive droite de la Sarre, et doivent reculer jusqu'à la Meurthe10. Le front se stabilise courant septembre10.

Après la prise de la forteresse de Liège, le 16 août 1914, les forces belges se replient vers le sud du pays en direction de Charleroi et Mons. L'arrivée de l'armée française conduit néanmoins à de sévères pertes, et permet aux Allemands de menacer d'encerclement les armées françaises de Lorraine. Après la prise de Charleroi et Mons, le 23 août 1914, où les Britanniques marquent le début de leur participation dans la guerre, les troupes françaises puis britanniques effectuent un repli vers le sud, en direction de la Marne. Les troupes belges se retirent en parallèle vers la position fortifiée d'Anvers. Le front ne se stabilisera qu'après la bataille de la Marne2.

Bilan[modifier | modifier le wikicode]

Au total, les combats lors des batailles d'août 1914 provoquèrent la perte de près de 150 000 soldats4, et amènent à la prise du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais par les troupes allemandes début septembre. La journée du 22 août 1914, se déroulant durant la bataille des frontières, fut la plus meurtrière de toute la guerre ainsi que de l'histoire militaire française, provoquant la mort de 25 000 soldats français1. Dans l'ensemble, le mois d'août 1914 est celui ayant provoqué le plus grand nombre de décès de tout le conflit9.

Références[modifier | modifier le wikicode]

Portail de la Première Guerre mondiale —  Tous les articles concernant la Guerre de 1914-1918.