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Sonnet

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Le sonnet est un poème à forme fixe. C'est un poème de quatorze vers, composé de deux quatrains et deux tercets en alexandrins, dont les rimes doivent suivre des règles très précises. Le sonnet a souvent pour thème le sentiment amoureux et a connu un grand succès dans l’histoire de la littérature.

Histoire du sonnet[modifier | modifier le wikicode]

Portrait du poète italien Pétrarque, par Andrea del Castagno, vers 1450, Galerie des Offices (Florence).

Origine du mot[modifier | modifier le wikicode]

Le mot sonnet vient du mot latin sonare, qui signifie "sonner". Le mot français est dérivé de l'italien sonetto, qui lui-même vient du provençal sonet. Il désigne à l'origine une mélodie chantée.

Naissance en Italie[modifier | modifier le wikicode]

Le sonnet est inventé par Giacomo da Lentini en Sicile au XIIIe siècle. Le poète italien Pétrarque rend célèbre le sonnet dans son recueil Canzoniere (qui signifie chansonnette) vers 1350. Ce recueil est composé de 366 poèmes dont 317 sonnets. Ces sonnets évoquent l'amour de Pétrarque pour Laure, une dame d'Avignon. Cette forme de poème se répand dans toute l'Europe au XVIe siècle.

Le sonnet en France[modifier | modifier le wikicode]

Le sonnet est introduit en France à la cour du roi Henri II par Clément Marot. Il écrit le premier sonnet français en 1536 qui s'intitule Sonnet à Madame de Ferrare. Le sonnet s'impose avec les poètes Joachim du Bellay et Pierre de Ronsard à partir de 1549, année de publication de la Défense et Illustration de la langue française aux dépens d'autres poèmes à forme fixe comme la ballade.

Au XVIIe siècle, le sonnet est aussi pratiqué par les auteurs baroques et classiques, comme Boileau.

Au XVIIIe siècle, le sonnet est délaissé. Le sonnet revient à la mode au XIXe siècle. Les poètes romantiques, comme Alfred de Musset, Victor Hugo et Gérard de Nerval, l'utilisent à nouveau. Ensuite, les poètes parnassiens, comme Théophile Gautier et José-Maria de Heredia, le popularisent. Les poètes symbolistes ont également utilisé le sonnet, comme Baudelaire, Verlaine et Rimbaud.

Cependant, les poètes commencent à prendre des libertés avec les règles strictes du sonnet. Certains ont commencé à écrire des sonnets irréguliers, qui ne suivaient pas les modèles de distribution des rimes ou d'alternance des rimes masculines et féminines.

Au XXe siècle, les poètes ont continué à expérimenter avec le sonnet. L'OuLiPo, un groupe de poètes et de mathématiciens, a exploré de nombreuses possibilités, comme les Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau et la composition de sonnets en prose par Jacques Roubaud.

Règles de construction du sonnet[modifier | modifier le wikicode]

  • 14 vers
  • en alexandrins (vers de 12 syllabes)
  • deux quatrains (strophes de 4 vers),
  • suivi de deux tercets (strophes de 3 vers)
  • forme des rimes :
    • 1er quatrain : ABBA
    • 2e quatrain : ABBA
    • 1er tercet : CCD
    • 2e tercet : EDE

Si on s'écarte, même un petit peu, de ces règles, le sonnet est qualifié d'irrégulier.

Sonnets français célèbres[modifier | modifier le wikicode]

  • Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! »

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serais sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard (1524-1585), Sonnets pour Hélène


  • Heureux qui, comme Ulysse...

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la doulceur angevine.

Joachim du Bellay (1522-1560), Les Regrets


  • A M. A. T

Ainsi, mon cher ami, vous allez donc partir !
Adieu ; laissez les sots blâmer votre folie.
Quel que soit le chemin, quel que soit l’avenir,
Le seul guide en ce monde est la main d’une amie.

Vous me laissez pourtant bien seul, moi qui m’ennuie.
Mais qu’importe ? L’espoir de vous voir revenir
Me donnera, malgré les dégoûts de la vie,
Ce courage d’enfant qui consiste à vieillir.

Quelquefois seulement, près de votre maîtresse,
Souvenez-vous d’un coeur qui prouva sa noblesse
Mieux que l’épervier d’or dont mon casque est armé ;

Qui vous a tout de suite et librement aimé,
Dans la force et la fleur de la belle jeunesse,
Et qui dort maintenant à tout jamais fermé.

Alfred de Musset (1810-1857), Poésies nouvelles


  • A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !

Charles Baudelaire (1821-1867), Les fleurs du mal


  • Le dormeur du val
Manuscrit du poème Le dormeur du Val d'Arthur Rimbaud, 1870.

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud (1854-1891), Poésies

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

Tu peux lire la définition de sonnet sur le Dico des Ados.
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