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Aigle de Suger

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L'Aigle de Suger exposé au musée du Louvre (Paris).

L'Aigle de Suger est un vase lithurgique zoomorphe, peut-être une aiguière en porphyre (une pierre magmatique généralement de couleur rouge ou verte)1 fixé sur une monture en argent doré. Le vase est vraisemblablement d'origine égyptienne ou romaineNote 1 tandis que la monture a été réalisé sur demande de l'abbé Suger dans les années 1130-1140 par des orfèvres parisiens et lotharingiens. Ce vase faisait partie du trésor de l'abbaye de Saint-Denis et devait vraisemblablement servir à orner l'autel de l'abbaye. L'aigle de Suger à également servit de source d'inspiration au Chrémier en forme de Colombe réalisé par l'orfèvre Jean-Alexandre Chertier sur des dessins de Eugène Viollet-le-Duc pour le trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris2.

La tombe de l'Abbé Suger fut pillé par les révolutionnaires en 1793 et le trésors de l'abbaye intégra les collections du Louvre. Ce vase fait partie d'un ensemble de quatre vases en pierre dure montée, deux sont conservés au Louvres : une aiguière de sardoine et le vase d'Aliénor en cristal de roche, le dernier un calice se trouve à la National Gallery of Art de Washington.

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

Le commanditaire : l'abbé Suger et la rénovation de l'abbaye de Saint-Denis[modifier | modifier le wikicode]

L'abbé Suger, ici représenté dans un tableau de Justus van Egmont peint dans les années 1630, musée d'Art de Nantes.
Statue de Bernard de Clairvaux au sein de l'Église Saint-Bernard de Fontaine-lès-Dijon. Le moine cistercien critiqua fortement la tendance de son époque pour les décorations exagérés des églisesNote 2, ce qui conduisit les deux abbés à s'opposer3.

Les origines familiales de Suger font encore aujourd'hui l'objet de débat parmi les historiens45. Il est toutefois placé en tant qu'oblat c'est à ce moment là qu'il côtoie pendant quelques mois celui qui deviendra le futur roi Louis VI vers l'an 10916. Il occupe différentes fonction ecclésiastiques et à partir de 1118 il se rapproche vraisemblablement de l'entourage royal. Il est élu en 1122 abbé de Saint-Denis, sans que le roi n'ait donné son avisNote 3, mais il en ferra par la suite son principale conseiller6. Il est fortement opposé à l'ascétisme prôné par son contemporain Bernard de Clairvaux et les deux s'affronteront par écrits interposés.

Suger dès son élection entreprend de rassembler les fonds nécessaires à la rénovation de l'abbaye. En effet, il mentionne des murs fissurés, des vases d'autel perdu, des tours qui menacent de s'effondré. En effet, l'abbaye a été victime de différends raids Vikings au cour de la deuxième moitié du IXe siècle qui assiègent Paris7. Suger cherchent en restaurant l'église d'époque carolingienne a mettre en valeur les reliques de Saint Denis tout en augmentant la capacité d'accueil de l'édifice7. Il s'inspire à ce titre de l'abbaye de Saint-Martin-des-Champs à Paris8. Il fait reconstruire la façade ouest de l'édifice à partir de 1135. En ce qui concerne la façade du narthex, il s'agit de la première façade avec une rosace et trois portails, le tout flanqué de deux tours9. Enfin, il ajoute des chapelles au chœur avec de vastes vitraux à l'intérieur. Enfin, il modifie la décoration de l'autel en y ajoutant tout un ensemble d'objets précieux, de croix et de vases liturgiques dont notamment ceux que l'on a appelé les quatre vases de Suger, trois étant conservé au Louvre et un à Washington. Les travaux de rénovation seront toutefois interrompu à sa mort en 1151 et ne reprendront qu'à partir de 1231.

Le vase proprement dit[modifier | modifier le wikicode]

Le vase antique[modifier | modifier le wikicode]

Le vase est en porphyre, une pierre prestigieuse durant l'Antiquité souvent associé à l'aristocratie mais surtout pouvoir impérial romain10. En effet, étymologiquement porphyre vient du grec porphyros qui signifie pourpre, cette couleur étant l'un des symboles de l'Empereur romain. A cette époque, le porphyre (aussi appelé de nos jours porphyre antique ou égyptien)Note 4 désignait exclusivementNote 5 une roche extraite des carrières de Mons Porphyrites (aujourd'hui massif du Gebel Dokhan) à l'ouest de Hurghada en Égypte découverte d'après Pline l'Ancien sous le règne de l'empereur Tibère11, vraisemblablement en 18 a.p. J.-C.12. Cette carrière était donc la seule source d'approvisionnement connu en "marbre tibérien" (appelation de Pline l, 'Ancien) et fournissait exclusivement13 les empereurs qui utilisait cette pierre notamment pour des sarcophages14 ou encore la colonne de Constantin à Istanbul érigé en 328. Cette carrière fut épuisé au Ve siècle et le site fut perdu jusqu'à sa redécouverte en 1823 par les égyptologues James Burton et John Gardner Wilkinson15. Les blocs de pierre était acheminé à travers le désert jusqu'aux rivages du Nil avant de rejoindre Alexandrie puis le port d'Ostie10.

La monture en argent[modifier | modifier le wikicode]

Description[modifier | modifier le wikicode]

Gravure représentant le Trésor de Saint-Denis, planche extraite de Histoire de l'abbaye royale de Saint Denys en France, 1706, par Michel Félibien. L'Aigle de Suger se situe à l'extrémité en bas à gauche.

Aigle ou faucon ?[modifier | modifier le wikicode]

L'Aigle de Suger dans la culture[modifier | modifier le wikicode]

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Philippe Malgouyres dans la notice consacré au vase dans le catalogue de l'exposition Porphyre, La pierre pourpre des Ptolémées aux Bonaparte date le vase au début de l'Empire romain de par sa forme et de par des éléments décoratifs imitant le bronze.
  2. "Elle revêt d'or ses pierres et abandonne ses fils tout nus", Apologie à Guillaume de Saint-Thierry, chapitre XII (trad. Charpentier) Wikisource
  3. Cela s'inscrit dans le contexte de la réforme grégorienne d'où à découlé la querelle des investitures avec la papauté.
  4. On parle de porphyre antique pour désigner le porphyre extrait de la carrière des Mons Porphyrites afin de les distinguer des pierres extraites de gisement découvert au XVIIIe siècle en Russie ou en Italie.
  5. Au Moyen-Âge et à la Renaissance, l'appellation porphyre s'est répandu à d'autres types, mais les Romains distinguait par exemple une autre variété verte extraite de la même carrière était appelé hieracites, tandis que le porphyre vert désigne le porphyre vert de Grèce, aussi appelé serpentine, dont l'usage est attesté depuis la civilisation minoenne.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Définition de porphyre sur le Trésor informatisé de la Langue française Lire en ligne
  2. Dossier pédagogique de l'exposition "Le trésor de Notre-Dame de Paris. Des origines à Viollet-Le-Duc" au musée du Louvre, consulté en ligne.
  3. H. Havard, Histoire de l’Orfèvrerie française, Paris, Librairies-Imprimeries réunies, 1896, p. 111-112
  4. Régine Pernoud, Lumière du Moyen Âge, 1981, éd. Grasset.
  5. Rolf Grosse, La famille de l'abbé Suger, Bibliothèque de l'École des Chartes, 2004, p. 497-500
  6. 6,0 et 6,1 Éric Bournazel, Louis VI le Gros, Paris, Fayard, 2007
  7. 7,0 et 7,1 F. de Guilhermy, L'abbaye de Saint-Denis : tombeaux des rois de France, Paris, Arnoult Lépine ainé, 1891
  8. François Collombet, Les plus belles cathédrales de France, Éd. Concept-Image Associés, 2002, p. 10
  9. Philippe Plagnieux, La basilique de Saint-Denis : Seine-Saint-Denis, Éd. du Patrimoine, 1998, p. 7
  10. 10,0 et 10,1 P. Malgouyres, Porphyre, La pierre pourpre des Ptolémées aux Bonaparte, catalogue d'exposition, 2003, Paris, Louvre, RMN
  11. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, livre XXXVI, § 11 (traduction Émile Littré).
  12. W. Van Rengen¸A New Paneion at Mons Porphyrites, Chronique d'Egypte, vol. 70, n°139-140, p. 240-245.
  13. (en) V. Maxfield, "Une entreprise impériale dans les montagnes de la Mer Rouge : les carrières du Mons Claudianus et du Mons Porphyrites", conférence lors du colloque Le Désert Oriental d'Égypte durant la période gréco-romaine : bilans archéologiques, 2016, Collège de France, consulté en ligne
  14. (en) J. G. Keenan, "Mons Porphyrites", O. Nicholson (dir.), The Oxford Dictionary of Late Antiquity, Volume 2: J–Z, 2018, Oxford, Oxford University Press. p. 1035.
  15. John Gardner Wilkinson, "Notes on a part of the Eastern Desert of Upper Egypt", Journal of the Royal Geographical Society London, 1832, vol. 2, p.28-60
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