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Turquie pendant la Seconde Guerre mondiale

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La Turquie reste neutre pendant la majeure partie de la Seconde Guerre mondiale, tout en entretenant des liens tant avec les Alliés qu'avec l'Axe. Marquée par la politique isolationniste du général Atatürk, suite à la défaite ottomane lors de la Première Guerre mondiale, la Turquie cherche à préserver sa souveraineté en déclarant sa neutralité et en signant des accords communs avec certains pays alliés et de l'Axe1. L'évolution de la guerre qui se révèle favorable aux Alliés, la Turquie déclare la guerre à l'Allemagne en février 1945, dans l'optique de pouvoir participer à la conférence fondatrice de l'Organisation des Nations unies (ONU)2. La Turquie deviendra, en octobre 1945, un des membres fondateurs de l'ONU.

Par l'intermédiaire de leur nationalité, de nombreux Juifs turcs purent bénéficier d'un statut de protection et échapper à la déportation dans les camps d'exterminations nazis, bien que des restrictions sur l'émigration compliquèrent leur accueil3.

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

La majeure partie de la vie politique turque de l'entre-deux-guerres est marquée par la figure de Mustafa Kemal Atatürk. Sa politique étrangère, qui sera celle adoptée lors de la Seconde Guerre mondiale, consiste à rechercher un équilibre entre les puissances de la région (France, Royaume-Uni, Union soviétique...) en évitant des revendications qui pourraient menacer leurs intérêts (comme l'Irak pour les Britanniques, riche en pétrole)4. Encore marquée par la politique audacieuse adoptée lors de la Première Guerre mondiale, qui lui fit accumuler les défaites, la nouvelle Turquie cherche également à rester en-dehors des conflits diplomatiques et de forger des alliances, pour profiter de son emplacement stratégique au cœur du Caucase5.

Sur le plan économique, cette volonté de se trouver des alliés amène la Turquie à avoir des relations proches avec certains pays, principalement l'Allemagne qui fournit une grande partie de l'armement turque2. En matière de politique intérieure, l'ambition de construire un État-nation et de réduire l'influence de la religion qui était dominante sous l'Empire, conduit le pays à limiter fortement le poids des minorités ethniques et religieuses, ce qui amena parfois à des campagnes de discrimination, des massacres et des expulsions de communautés grecques ou juives3.

À la mort d'Atatürk, en 1938, son successeur İsmet İnönü poursuit la politique prudente d'Atatürk sur le plan extérieur6.

Pendant la Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le wikicode]

Afin d'instaurer un équilibre et de bénéficier d'un certain confort économique, la Turquie signe des accords de coopération avec plusieurs pays comme les États-Unis (1er avril 1939) et le Royaume-Uni et la France (octobre 1939), qui lui permettent de recevoir des fonds pour renforcer son armée. Malgré la neutralité proclamée par le pays, les Alliés (principalement les Britanniques) souhaitent que la Turquie s'engage à leur côté, l'ouverture d'un nouveau front pouvant faciliter la victoire alliée, et ils veulent également l'arrêt de la production du chrome qui est livré à l'Allemagne et qui permet la fabrication d'avions. La Turquie ne peut cependant pas satisfaire les demandes alliées, son armée étant trop faible pour pouvoir s'engager dans un conflit et restant fortement dépendante du commerce allemand (les aides accordées par les Alliés n'étant pas assez importantes)7.

Après la prise de contrôle de la majeure partie de l'Europe par les nazis, en 1940, des miliers de Juifs turcs se retrouvent menacés de déportation dans les camps d'extermination. Bien que le statut d'État neutre de la Turquie permet à ses citoyens d'échapper à la déportation, le gouvernement allemand ne respecte pas ce statut et fixe un délai de rapatriement des Juifs de nationalité de pays neutres, après quoi ils ne bénéficieront plus de protection. Le gouvernement turc rejeta la plupart des demandes de rapatriement des Juifs, tout en organisant des convois renvoyant une partie en Turquie : ce sont plus de 400 Juifs qui seront rapatriés, contre plus de 1 000 qui seront déportés. Les lourdeurs administratives turques en matière d'émigration, dont plusieurs mois pouvaient être nécessaires pour qu'une demande soit acceptée, amenèrent des associations juives à prendre le relais des autorités, qui refusaient d'accorder des visas, obligeait chaque groupe de voyageurs à se recenser et interdisait toute escale3. Le 18 juin 1941, juste avant l'invasion allemande de l'Union soviétique, l'Allemagne et la Turquie signent un pacte de non-agression, permettant aux Allemands d'empêcher l'entrée en guerre du pays au côté des Alliés et de sécuriser leurs soutiens et conquêtes des Balkans (Bulgarie, Grèce...). Pour les Turcs, il s'agit de maintenir un certain équilibre.

Au-delà du climat tendu avec les Alliés et l'Axe, la position neutre de la Turquie se voyait compliquée à appliquer par les déclarations radicales des journaux ultranationalistes, qui soutenaient l'annexion du Caucase soviétique et la guerre contre la Grèce (les positions les plus extrêmes revendiquaient des territoires jusqu'au Maroc et l'île de Sakhaline)89. Le gouvernement turc comptait lui-même mettre en place un projet de déclaration de guerre à l'URSS, en massant des troupes à la frontière. La défaite allemande à Stalingrad, en novembre 1942, retarde la réalisation de ce plan9.

En janvier 1943, une conférence secrète est organisée entre le Premier ministre britannique Winston Churchill et le président turc İsmet İnönü, qui ne débouche sur rien de nouveau1. Le 21 avril 1944, après des pressions américaines et britanniques menaçant d'instaurer un embargo sur les exportations depuis la Turquie, le gouvernement turc cesse de livrer du chrome à l'Allemagne et les banques allemandes présentes en Turquie doivent quitter le territoire10. Le pays rompt ses relations diplomatiques avec cette dernière en août 1944, ainsi qu'avec le Japon en janvier 19451. Le 26 février 1945, la Grande Assemblée nationale de Turquie (Parlement) déclare à l'unanimité la guerre à l'Axe, afin de pouvoir participer à la conférence fondatrice des Nations unies, à San Francisco entre avril et juin 194511. Cette entrée en guerre n'aura cependant aucune conséquence sur le plan militaire, et les troupes turques ne participeront à aucun combat.

Conséquences[modifier | modifier le wikicode]

La neutralité que la Turquie a su gardé durant la guerre lui a permis de préserver ses ressources économiques et matérielles ainsi que son armée, qui n'était pas préparée pour s'engager dans un conflit. L'entrée en guerre du pays, bien que tardive, lui permet de devenir un membre fondateur de l'Organisation des Nations unies (ONU) en octobre 1945, et d'acquérir un certain poids sur la scène internationale.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

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