Phéniciens

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L'alphabet phénicien

Dans l'Antiquité, les Phéniciens occupaient la bande côtière entre la mer Méditerranée et les montagnes du Liban. Leur civilisation s'est surtout développée du XIIe au VIIe siècle av. J-C. Ils étaient divisés entre plusieurs cités concurrentes (Tyr, Byblos, Sidon ...). La richesse du pays et la réputation de ses marins ont attiré de nombreux conquérants comme les Assyriens, les Égyptiens, les Perses et les Macédoniens d'Alexandre le Grand.

Les Phéniciens étaient des agriculteurs mais surtout de très grands commerçants et d'habiles navigateurs qui parcouraient la mer Méditerranée et la partie ouest de l'océan Atlantique. Ils ont fondé de nombreux comptoirs commerciaux dont le plus célèbre est Carthage, en Tunisie. Les Phéniciens sont les inventeurs de l'alphabet.

La Phénicie[modifier | modifier le wikicode]

La Phénicie correspond approximativement au Liban et aux régions côtières de la Syrie.

Les plaines côtières sont étroites (moins d'une soixantaine de kilomètres de large). L'agriculture bénéficie des abondantes pluies qui tombent au printemps ; en été, il est possible d'irriguer grâce aux cours d'eau liés à la fonte des neiges des montagnes de l'arrière-pays. Les Phéniciens avaient une réputation de très bons agriculteurs.

Sur les côtes, la pêche est une activité importante qui permet le ramassage des coquilles du murex qui fournissent la pourpre, une teinture très précieuse allant du brun au rose. On pense que le mot Phénicie vient du mot phoinix qui signifie « rouge » en grec. De plus, la côte est riche en sites favorables à la création de ports de commerce.

Les montagnes du Liban sont élevées (plus de 3 000 m au point culminant). Fortement arrosées, elles sont couvertes de neige pendant plusieurs semaines en hiver. C'est une région forestière avec la présence de cèdres, dont le bois, très résistant et imputrescible, est très recherché.

Malgré ses atouts, la Phénicie manque de métaux. Les Phéniciens sont donc contraints à aller chercher ailleurs ces ressources indispensables.

Le commerce maritime des Phéniciens[modifier | modifier le wikicode]

Avec les Crétois et les Grecs, les Phéniciens ont été les grands navigateurs du monde méditerranéen antique. L'invasion de l'Asie de l'ouest et de l'Égypte par les peuples de la mer à la fin du IIe millénaire av. J-C, met fin à la menace hittite et égyptienne sur la Phénicie. Au même moment, la mer Méditerranée orientale est désormais libre après la disparition brutale des redoutables concurrents Mycéniens. Contrairement aux Grecs, les Phéniciens ne cherchent pas à conquérir des terres pour y installer des colons. Ils recherchent seulement à « faire des affaires ».

Les Phéniciens disposaient de bateaux de commerce fabriqués dans du bois de cèdre et rendus étanches grâce à un calfatage à l'aide de bitume qui leur donnait une couleur noire. Les Phéniciens pour leur trafic en mer Méditerranée pratiquaient le cabotage le long des côtes. Mais on sait aussi qu'ils pouvaient naviguer de nuit en se servant du repère astronomique de la Petite Ourse. Les Phéniciens gardaient le secret sur leurs routes maritimes. Ils ont passé le détroit de Gibraltar, navigué dans l'océan Atlantique. Ils ont atteint les « îles Cassitérides » (probablement les îles Scilly au large de la Cornouaille britannique) qui servaient de relais dans le commerce de l'étain extrait des îles britanniques, un minerai indispensable pour la fabrication du bronze.

Pour commercer avec les peuples côtiers de la méditerranée, les Phéniciens abordaient sur les plages et faisaient du troc avec les indigènes. Quelquefois ils se comportaient en pirates en enlevant les femmes et les enfants pour les vendre comme esclaves (cela a été le cas d'Eumée le fidèle berger d'Ulysse).

Mais les Phéniciens ont aussi créé des comptoirs commerciaux. Ces points de contact avec les indigènes, sont aménagés avec soin sur les côtes. Lorsque cela est possible, les Phéniciens s'installent dans un îlot, plus facile à défendre en cas d'attaque de la part des populations locales. Les indigènes ou des « intermédiaires phéniciens » apportent vers des comptoirs les marchandises recherchées (en particulier le métal).

Contre ces produits, dans les pays d'Orient, les Phéniciens échangeaient leurs surplus agricoles (huile, vin) et les objets fabriqués par les artisans habiles de la Phénicie : des pièces d'orfèvrerie, des meubles, des bijoux, des verreries et les précieuses étoffes de couleur pourpre (du violet ou brun foncé ou rose pâle). Ils diffusaient également les produits qu'ils s'étaient procurés ailleurs (papyrus et or d'Égypte, ivoire, pierres précieuses et fer de Nubie, parfums d'Arabie...). Dans les pays d'Occident, poteries, verreries et tissus grossiers faisaient l'affaire, mais procuraient du travail aux artisans phéniciens, habiles copieurs des objets de luxe venues d'Asie.

Les grandes cités phéniciennes[modifier | modifier le wikicode]

Les Phéniciens n'ont jamais formé un pays uni. Chaque cité était indépendante de ses voisines. Le pouvoir était exercé par un roi qui devait s'entendre avec les armateurs et les commerçants les plus riches (au VIIe siècle av. J-C. À Tyr, le roi est renversé au VIIe siècle av. J-Cet la cité est dirigée par les magistrats (les suffètes).

Dès le troisième millénaire av. J-C, Byblos, est une grande cité marchande, très renommée pour ses constructions navales.. Elle trafique avec l'Égypte à qui elle livre du bois de cèdre et achète du papyrus.

Sidon devient importante entre 1500 et 1200 av. J-C. Elle aussi commerce avec l'Égypte du Nouvel Empire. La cité est détruite par les Philistins vers 1100.

Tyr, installée sur son îlot, domine à partir de 1100. Elle influence les royaumes hébreux établis en Palestine, certaines reines de ces pays sont d'origine phénicienne (comme Athalie). Mais à partir de 738, comme beaucoup de pays voisins, Tyr est soumise au le roi d'Assyrie, puis par l'empire néo-babylonnien en 574 et enfin par les Perses en 539. La cité fournit d'ailleurs ses bateaux pour les transports des troupes de Xerxès vers la Grèce pendant la seconde guerre médique. En 332, la ville tombe aux mains d'Alexandre le Grand.

Carthage[modifier | modifier le wikicode]

Le plus célèbre des comptoirs phéniciens est Carthage fondée en 814, ville qui va prendre le contrôle de la mer Méditerranée occidentale après des affrontements difficiles contre les Grecs, les Étrusques et les Romains.

Articles à lire : Carthage et Civilisation carthaginoise.

La religion des Phéniciens[modifier | modifier le wikicode]

Le dieu Baal brandissant la foudre

Les Phéniciens sont polythéistes, comme la plupart des peuples antiques (sauf les Hébreux). Ce peuple de marins a curieusement des dieux relevant du monde agraire : peut être est-ce l'indice que les Phéniciens étaient à l'origine plus installés à l'intérieur des terres d'où ils auraient été expulsés par des conquérants.

Chaque cité avait son dieu protecteur : Melqart à Tyr, Eshmoun à Sidon... Ce sont des adaptations locales du dieu principal Baal, dont le nom signifie « maître », c'est le dieu du ciel, qui envoie la pluie et maîtrise la foudre. La déesse Ashtart donne la fécondité et est liée au dieu Adonis, son fils ou son amant, dont la mort accidentelle et la résurrection symbolisent le cycle annuel des saisons et de la végétation.

Les dieux sont chargés de favoriser la vie des hommes en leur donnant de bonnes récoltes et de beaux troupeaux d'animaux. Pour honorer leurs dieux, les Phéniciens pratiquaient les sacrifices d'animaux et en plus celui d'enfants. Les cérémonies avaient lieu dans des temples urbains mais aussi en plein air où ils étaient représentés sous forme de pierres dressées, les bétyles.

L'invention de l'alphabet[modifier | modifier le wikicode]

Les Phéniciens sont les inventeurs de l'alphabet environ vers 1300 av. J-C.

Les premières traces d'écriture alphabétiques apparaissent à Byblos un peu avant 1100. On pense que c'est pour faciliter leur correspondance commerciale et la tenue de leur comptabilité qu'ils ont mis au point ce système plus facile à apprendre et à utiliser que les signes cunéiformes ou les hiéroglyphes.

L'alphabet phénicien comprenait 22 signes (les voyelles n'étaient pas notées) qui ne représentaient plus des mots ou des syllabes mais des sons différents. Il devenait alors possible de noter tous les sons d'une langue. L'écriture phénicienne se lit de droite à gauche. Cet alphabet sera adopté par les Hébreux et amélioré par les Grecs (qui y ajoutent les voyelles) puis par les Romains (Grecs et Romains ayant adopté la lecture de la gauche vers la droite).

Article à lire : Alphabet phénicien.
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