Offensive Broussilov

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Offensive Broussilov
Carte de gauche montrant le plan d'attaque de l'armée russe, carte de droite montrant les avancées russes réalisées lors de l'offensive Broussilov. Les avancées sont montrées par les flèches bleues.
Carte de gauche montrant le plan d'attaque de l'armée russe, carte de droite montrant les avancées russes réalisées lors de l'offensive Broussilov. Les avancées sont montrées par les flèches bleues.
Informations générales
Dates 4 juin - 20 septembre (ou 10 octobre) 1916
Lieu Volhynie et Carpates (Autriche-Hongrie et Empire russe)
Cause Dégarnir des troupes austro-allemandes du front de l'Ouest et du front italien, afin de soulager la pression à Verdun et en Italie
Changements territoriaux Reprise de la Galicie par l'armée russe, quelques gains dans les Carpates
Belligérants
Commandants
Forces en présence
48 divisions
Chiffres inconnus
Pertes
1 000 000 de soldats
600 000 soldats austro-hongrois
350 000 soldats allemands
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L'offensive Broussilov est une offensive menée par l'armée russe lors la Première Guerre mondiale, se déroulant du 4 juin au 20 septembre1 (ou 10 octobre2) 1916. Lancée par le général Alexeï Broussilov afin de soutenir les Français et Italiens respectivement en difficulté à Verdun et contre les forces austro-hongroises, elle permet la percée du front sur plus d'une centaine de kilomètres et la reprise de la Galicie. Causant la capture de nombreux prisonniers, elle permet de dégarnir le front de l'Ouest et amène à un certain redressement des troupes russes, épuisées par les défaites de 1915 (Pologne et Ukraine). Elle échoue cependant à provoquer l'effondrement de l'Autriche-Hongrie, souhaitée par l'armée russe3.

Elle est la bataille la plus meurtrière de l'histoire moderne, faisant 1,6 millions de pertes au total4.

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

Les forces russes sont grandement affaiblies par les défaites de l'année 1915, perdant de nombreux équipements et troupes et provoquant la perte du bassin industriel polonais. Les troupes austro-allemandes sont en position de force, et étendent leur contrôle au centre de la Biélorussie, en Volhynie et jusqu'en Lettonie. Elles ont cependant échouées à contraindre les Russes à négocier la paix, et ces derniers poursuivent le combat au côté de leurs alliés de la Triple-Entente.

Au début de l'année 1916, la situation est complexe pour les forces alliées : les Français subissent un déluge d'artillerie allemand à Verdun, et les Italiens perdent une grande quantité de soldats face aux Austro-Hongrois lors des batailles de l'Isonzo. En ce sens, les franco-italiens demandent aux Russes de lancer leur propre offensive sur le front de l'Est, afin de transférer des troupes allemandes et austro-hongroises du front de l'Ouest vers l'Est pour réduire la pression à l'Ouest. Les forces russes lancent ainsi, en mars 1916, une attaque sur le lac Naratch (en Biélorussie), qui n'aboutit pas en raison d'un manque de préparation. En outre, celles-ci ne disposent pas suffisamment d'effectifs et leur formation est insuffisante, de par la mauvaise coordination au sein de l'armée russe. La situation s'améliore néanmoins pour les Russes pendant le printemps 1916, ces derniers s'adaptant progressivement à une économie de guerre en plus de recevoir des livraisons d'obus par l'Entente, et les artilleurs reçoivent une formation par des soldats français. L'offensive russe est censée être lancée conjointement avec l'attaque britannique dans la Somme, au cours de l'été 1916.

Les troupes russes mobilisent quatre armées regroupant 48 divisions, dirigées par les généraux Alexeï Broussilov, Platon Letchitski, Vladimir Sakharov et Dmitri Chtcherbatchiov5. Initialement destinée à être dirigée vers la Lituanie, le lieu de l'offensive est déplacé en Galicie et celle-ci est conçue comme une opération de diversion1. La Galicie est une région stratégique, en tant que nœud ferroviaire6.

Déroulement[modifier | modifier le wikicode]

Précédant l'envoi de l'infanterie, un déluge d'artillerie est lancé sur les défenses austro-hongroises entre le 2 et le 4 juin 1916, affaiblissant leur efficacité. La stratégie employée par le général Broussilov s'inspire de celle utilisée par les Allemands sur le front de l'Ouest, qui consiste à bombarder lourdement les positions adverses avant le début d'une attaque.

Le 4 juin, l'infanterie russe est envoyée, perçant le front sur plus de 70 kilomètres et provoquant un désastre chez l'armée austro-hongroise, qui perd 130 000 soldats et 200 000 capturés en l'espace de deux jours1. L'offensive s'organise suivant l'arrivée de plusieurs vagues de soldats, qui sont couverts par l'artillerie et qui s'attaquent séparément aux lignes de défenses ennemies7. Les Russes attaquent en direction de la ville de Loutsk, occupée depuis septembre 1915, sur la rivière Styr. Les troupes austro-hongroises manquent rapidement d'unités, et l'arrivée de renforts allemands ne permet pas d'éviter la retraite sur la rive gauche. Ces dernières se trouvent bientôt menacées d'encerclement, tous les ponts ayant été détruits traversant la rivière, et Loutsk est évacuée le 8 juin6. Malgré la poursuite de l'avancée russe, celle-ci s'essoufle rapidement en raison d'erreurs stratégiques comme le transfert d'une armée vers le nord pour contrer les Allemands plutôt que de poursuivre vers les faibles lignes autrichiennes, puis la tentative d'attaques sur tout le front qui provoque un désastre (80 000 morts en une semaine). L'attaque se poursuit durant les mois de juillet et août, poussant les Russes aux portes des Carpates et marquant l'entrée en guerre de la Roumanie au côté de la Triple-Entente6. Elle s'arrête vers le mois de septembre.

Bilan et conséquences[modifier | modifier le wikicode]

L'offensive provoqua un bilan inaperçu dans l'histoire moderne, provoquant plus d'un million de morts et blessés et plus de 450 000 prisonniers6. Si les gains acquis par l'armée russe sont importants, ils ne permettent pas de renverser la situation sur le front, malgré le report des plans d'offensives austro-allemands en France et en Italie à la suite des lourdes pertes, qui permettent de soulager la situation sur le terrain. Les pertes meurtières précipitent l'effondrement des armées russe et austro-hongroise, qui perdent chacune de nombreuses troupes entraînées et compliquent la recherche d'effectifs. Des unités régionales croates sont mobilisées pour reconstituer des troupes, accentuant les tensions politiques entre le royaume de Hongrie et l'empire d'Autriche qui se reprochent la mauvaise gestion de la guerre, et les Russes perdent leur potentiel offensif. Le moral des troupes russes se retrouve grandement affaibli, et les idées révolutionnaires prennent de l'ampleur au sein d'unités reconstituées méfiantes à l'égard du tsar Nicolas II.

La stratégie mise en place par le général Broussilov, faisant usage de troupes d'assaut mobiles, inspirera son utilisation dans les armées allemande et alliées ainsi que dans la future Armée rouge6.

Références[modifier | modifier le wikicode]

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

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