Débuts de la Troisième République

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Les Débuts de la Troisième République date au moment de la proclamation de la Troisième République par les députés républicains de Paris le 4 septembre 1870. Elle est d'abord dirigée par un gouvernement de la défense nationale, qui est provisoire, et qui continue la guerre contre l'Allemagne. Mais la France étant vaincue, les Allemands exigent la création d'un gouvernement légal soutenu par une majorité de représentants élus des Français.

Les incendies de Paris pendant la Commune de de 1871. L'impossible installation d'une république sociale

L'assemblée a été élue le 8 février 1871 et a cessé ses fonctions le 31 décembre 1875. Elle est élue après la défaite de la France à l'issue de la guerre franco-allemande. Elle est élue dans des conditions dramatiques : une partie des jeunes hommes électeurs sont retenus prisonniers de guerre, une partie du territoire est occupée par l'ennemi. Les députés ont surtout été élus en fonction de leur position sur le problème de la paix avec le nouvel empire allemand. La droite monarchistes est pour une paix rapide, la gauche républicaine souhaite continuer la guerre. Les monarchistes l'emportent largement (400 députés contre 200 républicains).

L'assemblée élit Adolphe Thiers, un des chefs du centre monarchiste, comme "chef du pouvoir exécutif de la République". Le gouvernement va signer la paix avec l'Allemagne (en acceptant la perte de l'Alsace-Lorraine et le paiement d'une très importante indemnité de guerre). De 1871 à 1873, l'armée allemande va progressivement évacuer les départements qu'elle occupait et le territoire va être totalement libéré .

L'assemblée et le gouvernement Thiers vont écraser dans le sang le soulèvement républicain et social qui pendant 72 jours du 18 mars au 28 mai 1871 dirige Paris en s'opposant à la politique réactionnaire de l'Assemblée.

Malgré les progrès électoraux des républicains qui se manifestent d 'élections en élections partielles, les monarchistes qui sont divisés entre légitimistes et orléanistes ne parviennent pas à se mettre d'accord pour rétablir la monarchie. En 1873, après avoir chassé du pouvoir Thiers, qui est devenu progressivement partisan d'une république conservatrice, ils le remplacent par un royaliste le maréchal de Mac-Mahon. Ils imposent au pays une politique anti-républicaine, très favorable aux notables et à la religion catholique. Cependant, en 1875 ils sont contraints d'élaborer des lois constitutionnelles qui établissent une république conservatrice, qu'ils espèrent provisoire.

Une république provisoire dirigée par des royalistes[modifier | modifier le wikicode]

Composition de l'Assemblée nationale élue en 1871. Légitimistes et orléanistes sont des monarchistes.

Les monarchistes dominent la nouvelle assemblée législatives. Bien que divisés sur le prétendant à qui offrir le trône de France il sont d'accord pour ne pas laisser en place le régime républicain. Les orléanistes sont partisans d'un régime parlementaire avec un pouvoir exécutif fort confié à un roi. Ils se recrutent dans la grande et petite bourgeoisie et une petite partie de la noblesse. les légitimistes sont nostalgiques des usages de l'Ancien régime, d'une plus grande influence sociale et politique de l'Église catholique. Un retour à la France d'Ancien Régime est leur but. Ils se recrutent parmi la noblesse encore nombreuse et influente en province grâce à ses propriétés foncières qui lui permettent de dominer le monde paysan. Bien que très affaiblis les bonapartistes, partisans de l'ex-empereur Napoléon III puis à partir de 1873 du prince impérial, tous les deux en exil, sont encore soutenus par les partisans d'un régime fort.

Les républicains pour une partie d'entre eux ont tenter de continuer la guerre contre les Allemands. Cette position provoque l'hostilité des paysans, qui fournissent l'essentiel des soldats et qui sont très majoritaires dans la population. De plus les républicains sont très divisés, une partie souhaite l'installation d'une république modérée, qui fasse des réformes politiques (extension de la liberté d'expression, enlever l'enseignement à l'emprise de l'Église catholique) mais pas trop de réformes sociales (le plus représentatif est Jules Ferry). Ils recrutent parmi les professions libérales, les petits commerçants, dans certains milieux ouvriers et artisanaux et dans quelques régions régions rurales à tradition "rouge". Il existe des républicains qui veulent venir en aide aux plus défavorisés, en particulier aux petits artisans aux ouvriers de la grande industrie qui est en plein essor. Ils sont très minoritaires et très divisés (jacobins nostalgiques de la révolution de 1793-1794, socialistes, anarchistes).

Pour en savoir plus, lis l’article : Assemblée nationale de 1871.

La politique soutenue par l'assemblée[modifier | modifier le wikicode]

La paix avec l'Allemagne[modifier | modifier le wikicode]

Les négociateurs: debout à gauche Bismarck, derrière la table: Jules Favre. Éffondré dans un fauteuil à droite Thiers

Le 13 février 1871 les nouveaux élus se réunissent à Bordeaux (loin des territoires occupés par les armées allemandes. Ils élisent Jules Grévy, un républicain modéré comme président de l'Assemblée. Le 17 ils élisent Adolphe Thiers comme chef du pouvoir exécutif de la République « en attendant qu'il soit statué sur les institutions de la France ». Les négociations de paix avec les Allemands vont pouvoir commencer. La délégation française est dirigée par Jules Favre, la délégation allemande par Bismarck. Les négociations auront lieu à Versailles. Le 17 février , les députés d'Alsace et de Lorraine protestent sans succès du rattachement prévisible des départements alsaciens et de la Moselle à l'empire allemand. Le 4 mars, l'Assemblée ratifie le traité préliminaire de paix (546 pour, 107 contre et 23 abstentions).

Pour en savoir plus, lis l’article : Traité de Francfort de 1871.

Régler l'avenir de Paris[modifier | modifier le wikicode]

Aux élections les Parisiens ont montré qu'ils étaient très attachés au régime républicain et à une politique plus offensive vis à vis des Allemands : deux positions qui sont totalement opposées à celles des l'Assemblée. Pour les monarchistes il « faut vider l'abcès parisien ». Diverses mesures sont prises qui sont autant de provocations contre les Parisiens. Le 6 mars, le général d' Aurelle de Paladines est nommé commandant en chef de la Garde nationale. Le 10, l'Assemblée vote la fin du moratoire des loyers et des effets de commerce : plus de 150 000 Parisiens, issus les classes populaires, du monde du petit artisanat et du petit commerce sont menacés d'expulsion, de faillite et de poursuites judiciaires pour ne pas pouvoir rembourser leurs dettes.

Le même jour, l'Assemblée choisit Versailles comme le lieu de réunion qu'elle doit rejoindre avant le 20 mars. Il va falloir désarmer les Parisiens qui disposent d'armes, de munitions et de canons. Dans la nuit du 17 au 18 mars, les troupes régulières tentent de s'emparer des canons entreposés à Montmartre. Des Parisiens s'y opposent, les soldats se mutinent et deux généraux sont fusillés, le gouvernement quitte Paris et se réfugie à Versailles. C'est le début de la Commune de Paris. Toutes les tentatives de conciliation entre les Parisiens révoltés et le gouvernement et l'Assemblée sont repoussées par ces derniers.Pendant une centaine de jours les révoltés encadrés par les républicains de gauche vont gouverner Paris. Ils vont tenter d'y réaliser des réformes sociales très importantes (gratuité de l'enseignement, liberté de la presse, mise en place de coopératives, aide aux chômeurs...) En même temps ils doivent lutter contre les troupes gouvernementales (les Versaillais) qui assiègent Paris. Fin mai 1871, les Versaillais entrent dans Paris, pendant une semaine la résistance est très importante, les dégats et les pertes humaines sont considérables.

Pour en savoir plus, lis l’article : Soulèvement parisien du 18 mars 1871.
Pour en savoir plus, lis l’article : Chronologie de la Commune de Paris de 1871.

Le soulèvement de la commune sera anéanti fin mai 1871, après une guerre civile de 72 jours. Puis de multiples procès devant les tribunaux militaires aboutiront à des exécutions et des déportations.La possibilité tant redoutée par les notables, aussi bien monarchistes que républicains modérés, d'une république sociale est écartée pour de nombreuses décennies.

Pour en savoir plus, lis l’article : Semaine sanglante.
Pour en savoir plus, lis l’article : Commune de Paris (1871).

La libération du territoire[modifier | modifier le wikicode]

Le traité des préliminaires de paix entre la France et l' Allemagne, signé le 26 février 1871, avait prévu que la France devrait verser une indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or, la somme due était soumise à un intérêt annuel de 5%. Les versements seraient échelonnés sur trois ans, deux milliards avant le 1er mai 1872 et 3 milliards en 1874. Au fur et à mesure des versements les armées allemandes évacueraient certains départements qu'elles occupaient (leur entretien étant à la charge de l'État français.

Pour trouver les fonds nécessaires le gouvernement décide de lancer un emprunt public de deux milliards assortis de 5% d'intérêt. L'emprunt pouvait être souscrit entre le 27 et le 30 juin. Il est clôt au bout de 6 heures car près de 5 milliards de francs avaient été proposés par les prêteurs.

Dès le 22 juillet 1871après un premier versement les département de l'Eure (département)|Eure]], de la Seine-Inférieure et de la Somme (département)|Somme]] sont évacués. Le 20 septembre 1871ce sera le tour des département de la Seine-et-Marne, de la Seine-et-Oise, de la Seine et des forts assurant la défense de Paris au nord de la capitale. Il ne restait que 12 départements occupés.

Pour le paiement des trois milliards restant dus, un nouvel emprunt (avec intérêt de 5%) est proposé le 15 juillet 1872. La souscription ouverte le 28 juillet est close le lendemain soir. Elle fournit 4,3 milliards de francs (plus de 934 000 souscripteurs, 10% de la somme est souscrite par des étrangers). Le versement est effectué en 17 versements échelonnés d'août 1872 à septembre 1873. La France avait versé à l'Allemagne en plus du capital des intérêts pour plus de 315 millions. Ces différents emprunts augmentèrent la dette publique de la France, celle-ci devait payer chaque année plus de 340 millions d'intérêt aux prêteurs.

Pour en savoir plus, lis l’article : Libération du territoire français en 1871-1873.

La loi militaire[modifier | modifier le wikicode]

Soldats français en 1873. Gravure allemande

La déroute de l'armée impériale française et des différentes armées républicaines face aux armées allemandes en 1870-1871, puis la dissolution en août 1871 de toutes les Gardes nationales obligent à repenser l'organisation de la défense de la France.

Thiers, partisan d'une armée de métier, donc d'un service miliaire long, parvient à imposer ses idées. La loi réorganisant le recrutement est votée le 27 juillet 1872.

Les obligations militaires durent 20 ans. Les soldats font 5 ans dans l'armée active (c'est-à-dire encasernée), puis après, retour à la vie civile, ils passent 4 ans dans la réserve de l'armée active, puis 5 ans dans l'armée territoriale et 6 ans dans la réserve de la territoriale. Les réservistes et les territoriaux devaient faire des périodes de retour dans les casernes de 28 et 13 jours afin de les maintenir opérationnels. En cas de conflit la France pouvait de ce fait disposer d'une armée importante de 15 classes d'âge.

Cependant maintenir simultanément sous les drapeaux cinq classes d'âge était coûteux pour les finances du pays. Aussi la loi institue des allègements. Selon le numéro tiré au moment du conseil de révision on devait accomplir effectivement 5 ans (pour les mauvais numéros}}), six mois pour les « bons numéros ». Il était possible de s'engager volontairement pour 5 ans mais aussi pour une année mais dans ce dernier cas il fallait verser 1 500 francs dans les caisses du Trésor public. De nombreuses dispenses étaient accordées en fonction de la situation de famille, pour les membres de l'enseignement ou du clergé catholique.

Pour en savoir plus, lis l’article : Loi militaire française de de 1872.

La tentative de rétablissement de la monarchie[modifier | modifier le wikicode]

Le comte de Chambord vers 1870

Les vainqueurs de la Commune tentent de rétablir la monarchie. Mais leur candidat au trône (le comte de Chambord, petit-fils de l'ex-roi Charles X) refuse que le drapeau tricolore soit conservé. En attendant sa mort, et son remplacement par le comte de Paris, candidat orléaniste acceptant le drapeau tricolore, ils portent à la présidence de la République, pour sept ans, un royaliste le Maréchal de Mac-Mahon. Le gouvernement fait alors régner l'Ordre moral (les fonctionnaires républicains ou bonapartistes sont écartés, on renforce l'emprise de l'Église catholique sur l'enseignement supérieur). Cependant, en 1875, presque par surprise, la République est organisée (avec deux chambres élues (la chambre des députés et le Sénat)) et un président élu pour sept ans par ces chambres, le président nomme les ministres.

Pour en savoir plus, lis l’article : Constitution de la Troisième République française.
Pour en savoir plus, lis l’article : Échec de la restauration monarchique 1871-1875.
Pour en savoir plus, lis l’article : Ordre moral.

Les progrès électoraux des républicains[modifier | modifier le wikicode]

Cependant, les républicains modérés se réorganisent. Ils proposent des réformes politiques (liberté de la presse, dans le domaine de l'enseignement la gratuité, la généralisation par l'obligation scolaire et la laïcité afin de réduire l'influence religieuse), dans les domaines des libertés individuelles (divorce) et collectives (création de syndicat de salariés). Ils parviennent à obtenir le vote d'une grande partie des paysans, des petits artisans, des ouvriers et des fonctionnaires. Élections après élections (municipales, cantonales, législatives) ils prennent de l'importance. En 1876, les républicains obtiennent la majorité à la chambre des députés, mais malgré des progrès ne parviennent pas à être majoritaires au sénat.

Les républicains se lancent dans une campagne dénonçant l'influence de l'Église catholique. En 1877, pour s'opposer à cette situation, Mac-Mahon, provoque de nouvelles élections, mais les républicains restent très majoritaires. Devant la paralysie gouvernementale (un ministère favorable à Mac-Mahon et une chambre qui lui est hostile et ne vote pas les projets de lois) et le succès des républicains au sénat, Mac-Mahon démissionne le 30 janvier 1879. Aussitôt les républicains élisent un des leurs (Jules Grévy). Désormais tous les pouvoirs sont entre les mains des républicains, qui vont pouvoir appliquer leurs réformes.

Pour compléter sur les débuts de la Troisième Républiqque[modifier | modifier le wikicode]

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