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Traité de Francfort de 1871

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Le traité de Francfort met fin à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Il est signé entre les représentants de la récente Troisième République française et ceux du nouvel Empire allemand, à Francfort-sur-le-Main le 10 mai 1871.

Le traité entérine l'annexion de l'Alsace-Lorraine (départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ainsi qu'une partie du département de la Moselle) par l'Empire allemand. La France doit payer dans un délai de trois années une énorme indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or. Au fur et à mesure du paiement, l'armée allemande se retirera des territoires des 21 départements qu'elle occupe dans la France du Nord.

Des négociations sont prévues pour régler divers problèmes, comme les accords commerciaux entre la France et l'Allemagne, le transfert des documents administratifs, et les modalités du franchissements des nouvelles frontières par les Français.

La perte de l'Alsace-Lorraine par la France mena à un esprit de revanche, une des causes du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Les négociations du traité de paix[modifier | modifier le wikicode]

Les négociateurs : debout à gauche, Bismarck. Derrière la table : Jules Favre. Effondré dans un fauteuil à droite, Adolphe Thiers.

Le 28 janvier 1871, le gouvernement de la Défense nationale, à majorité républicaine, demande un armistice au gouvernement de l'Empire allemand. Cependant l'armée du Nord, sous le commandement du général Faidherbe, se bat encore, de même à Bitche où le commandement Teyssier ne capitule que le 26 mars et à Belfort, où le colonel Denfert-Rochereau tient jusqu'au 13 février.

Les opérations militaires ayant pratiquement cessées, des élections sont organisées le 8 février 1871, pour élire une Assemblée constituante chargée de deux missions : régler le problème de la paix avec le nouvel Empire allemand, créé le 18 janvier 1871, et donner une nouvelle Constitution à la France après l'abolition de l'Empire le 4 septembre 1870. Le 13 février, cette assemblée se réunit à Bordeaux, en territoire non-occupé par les armées allemandes. Elle est composée de 675 députés, dont 400 monarchistes. Le 16 février, elle élit Adolphe Thiers comme chef du pouvoir exécutif de la République. Thiers obtient les pleins pouvoirs pour négocier avec l'Allemagne. Le 17, Émile Keller, député du Haut-Rhin, lit une déclaration affirmant le droit imprescriptible des Alsaciens et des Lorrains à rester français.

Thiers et son ministre des Affaires étrangères Jules Favre, se rendent à Versailles pour négocier des préliminaires de paix avec le chancelier Otto de Bismarck, dirigeant de l'Allemagne. Dès le 23 février, les négociations sont laborieuses, en particulier sur les territoires cédées à l'Allemagne. Les troupes allemandes sont autorisées à défiler dans Paris (humiliation imposée en raison de la poursuite des combats à Belfort). La délégation française obtient aussi la réduction de l'indemnité de guerre versée au Allemands de 6 à 5 milliards de francs-or.

Les négociations aboutissent le 26 février à la signature des préliminaires à Versailles. Ce texte est ratifié par l’Assemblée nationale le 1er mars par 546 voix contre 107 et 23 abstentions. Plusieurs députés de Paris, hostiles au traité, démissionnent en guise de protestation.

En vue de la rédaction du traité définitif, les négociations se poursuivent à Bruxelles puis à Francfort. Le 3 mai, l'Assemblée nationale approuve le texte définitif du traité, qui est signé à Francfort le 10 mai 1871.

L'annexion de l'Alsace-Lorraine[modifier | modifier le wikicode]

Les modifications territoriales dues au traité de Francfort

Contrairement à sa position de 1866 contre l'empire d'Autriche vaincu, Bismarck est partisan d'enlever à la France des territoires situés dans l'Est du pays.Cette annexion permet de souder les différent États allemands autour d'une prise commune qu'il faudra défendre en commun, un moyen de surmonter la méfiance des princes contre la prépondérance prussienne. Bismarck refuse de consulter les populations des régions annexées quant à leur rattachement à l'Empire (contrairement à ce qu'avait fait les Italiens quelques années auparavant).

Les Allemands annexent près de 15 milles kilomètres carrés de territoire français et une population d'environ 1,5 millions d'habitants. La France perd ainsi le département du Haut-Rhin, la totalité du département du Bas-Rhin, et une grande partie du département de la Moselle. Il en est de même pour l'arrondissement de Sarrebourg et de Château-Salin dans le département de la Meurthe (aujourd'hui Meurthe-et-Moselle), et les cantons de Saales et de Schirmeck dans les Vosges.

Grâce à la place forte de Metz, les Allemands peuvent faire stationner des troupes pour décourager une attaque française.

Du fait du nouveau tracé de la frontière, la France perd 20 % de ses installations minières et sidérurgiques de Lorraine, ainsi que la liaison fluviale entre le canal de l'Est et le canal du Rhône-au-Rhin.

Le paiement d'une importante indemnité de guerre[modifier | modifier le wikicode]

Une pièce de 100 francs-or, émise en 1858. Elle pouvait servir à souscrire aux emprunts

Le traité prévoit une indemnité de guerre de cinq milliards de francs-or, qui doit être versée en trois ans: 1,5 milliard en 1871, 0,5 milliard en mars 1872 et 3 milliards avant mars 1874. Cette indemnité est frappée d'un intérêt de 5 %, auquel s'ajoutent 266 millions de francs-or de dettes de guerre. Afin d'assurer le paiement, jusqu'au versement complet de la somme due, les Allemands occupent une partie du territoire français, soit six départements du Nord de la France.

Pour régler cette somme considérable, le gouvernement français fait appel à l'épargne privée des habitants : un emprunt public d'un montant de 2 milliards et ayant un taux d'intérêt de 5 % est mis en souscription à compter du 20 juin 1871. Il est rapidement couvert puisque les sommes proposées par les épargnants sont deux fois et demi celles demandées ; une partie des candidats souscripteurs est donc refusée. Le 28 juillet 1872, un nouvel emprunt public est mis en souscription auprès des épargnants internationaux, comptant plus de 1 million de souscripteurs dont une cinquantaine de banques. Son montant est de trois milliards de francs ; il est souscrit plus de 14,5 fois.

L'indemnité est remboursée par avance dès septembre 1873, ce qui permet le départ du dernier soldat allemand le 16 septembre 1873.

Pour en savoir plus, lis l’article : Libération du territoire française en 1871-1873.

La possibilité de choisir son pays[modifier | modifier le wikicode]

Départ d'Alsaciens ayant opté pour rester Français. Tableau de 1872

L’article 2 du traité de Francfort donne aux Alsaciens le choix de rester dans les territoires annexés par l'Allemagne, donc d'acquérir la nationalité allemande, ou de quitter l'Alsace-Lorraine pour conserver la nationalité française. Ce choix devait être fait avant le 30 septembre 1872 pour les habitants d'Alsace-Lorraine, et jusqu'au 30 septembre 1873 pour les personnes nées sur le territoire mais résidant hors d'Europe.

Sur environ 1,6 millions d'habitants, près de 160 000 choisiront de quitter les territoires annexés. Le Bas-Rhin perd ainsi 6 % de sa population, le Haut-Rhin près de 20 %. Certains s'installent dans le département voisin de la Meurthe (devenu Meurthe-et-Moselle). Plus de 10 000 personnes choisissent de partir pour coloniser l'Algérie. D'autres viennent s'installer à Paris (ils sont nombreux dans la restauration, où ils ouvrent des brasseries devenues célèbres).

Le mouvement d'émigration continue après 1873. En 40 ans, jusqu'en 1914, sur 1 800 000 habitants en Alsace-Lorraine, 260 000 émigreront vers la France et s'installent dans les régions industrialisées, 330 000 partent vers l'Amérique. Les départs sont en partie compensés par l'arrivée de près de 400 000 colons allemands.

Texte du traité[modifier | modifier le wikicode]

Le texte du traité est disponible sur Wikisource : [1]

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