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Révolution russe

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La Révolution russe ou Révolution bolchevique est un évènement très important dans l'Histoire de la Russie. Elle a eu lieu principalement pendant l'année 1917 et s'est accompagnée de la décomposition de la Russie impériale, faisant ensuite place à la Russie soviétique (1922).

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Lénine proclame le pouvoir des soviets

Pourquoi une révolution ?

Jusqu'en 1917, la Russie est gouvernée par un tsar. C'est une sorte d'empereur, qui gouverne de manière autoritaire (le tsarisme est un régime autocratique). Le tsar est alors Nicolas II. Lors d'une révolte en 1905, il a créé une sorte de parlement, la Douma, qui est censée donner un peu de représentativité au peuple (c'est-à-dire mieux représenter ses intérêts et aspirations). Mais ce n'est pas suffisant pour satisfaire le peuple, qui réclame plus de démocratie.

En 1917, la Russie est engagée dans la Première guerre mondiale aux côtés des Anglais et des Français, et contre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. Mais la Russie a du mal à résister aux Allemands, les morts sont nombreux et les Russes sont mécontents de faire une guerre qu'ils ne comprennent pas. De plus, l'hiver est très froid et la nourriture manque.

La révolution de février 1917

Le tsar Nicolas II avant son abdication

En février 1917, des manifestations ont lieu à Saint-Pétersbourg, des marins se révoltent. Le Tsar hésite, il ne sait pas comment répondre au mécontentement de son peuple. Au bout de trois jours de manifestations, le Tsar décide de réprimer la rébellion. Mais une partie des soldats se range du côté du peuple. Cela pousse le Tsar à abdiquer (c'est-à-dire à quitter le pouvoir) au profit de son cousin, le grand-duc Michel1, le 2 mars.

Du côté des ouvriers, l'organisation commence. Des soviets se créent. Ce sont des assemblées d'ouvriers, de paysans et de soldats élus qui s'organisent pour gérer les entreprises. Rapidement, les soviets s'occupent aussi de la politique, ce qui force la Douma à prendre en compte leurs opinions. Les soviets ont différentes opinions politiques, mais ceux qui sont proches du communisme sont les plus radicaux (autrement dit les plus favorables à des changements en profondeur).

La révolution s'étend dans tout le pays : dans les villes et les villages, à l'annonce de la révolution dans la capitale, des soviets se forment et les notables (ou personnes jusqu'alors importantes dans leur localité), qui dirigeaient au nom du tsar, sont destitués.

Lénine, trois ans après les évènements

Au cours du printemps et de l'été 1917, les soviets définissent leurs revendications : ils veulent l'arrêt de la guerre, un partage plus équitable — plus juste — des terres et davantage de démocratie.

Pendant ce temps, un révolutionnaire russe qui était en exil en Europe, Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, rentre en Russie. Peu après, il fait paraître un livre exposant ses idées, Thèses d'avril, dans lesquelles il s'oppose au gouvernement provisoire et explique que seul le plein pouvoir aux soviets est à même de sauvegarder les acquis de la révolution. Il prône la confiscation et le partage des terres par les paysans, le passage immédiat à une république des soviets et le boycott du gouvernement provisoire (soit le refus d'y participer). Avec l'effondrement économique et la poursuite de la guerre, les idées du parti bolchevik2, dirigé par Lénine et Trotsky gagnent de l'influence. Début juin, les bolcheviks sont majoritaires dans le soviet ouvrier de Saint-Pétersbourg.

Le gouvernement, dirigé par le modéré Kerensky, ne peut ni ne veut s'opposer à la montée de la réaction. Il perd de plus en plus la considération des masses populaires.

La révolution se poursuit, les paysans s'emparent des terres des seigneurs sans attendre la réforme agraire promise et constamment retardée par le gouvernement provisoire. Les soldats désertent en masse les tranchées, qui se vident peu à peu. Ainsi, les bolcheviks, qu'on qualifiait encore en juillet d'« insignifiante poignée de démagogues », contrôlent la majorité du pays.

La révolution d'octobre 1917

L'insurrection

En octobre, Lénine et Trotsky considèrent que le moment est venu d'en finir avec la situation de double pouvoir (le gouvernement officiel à la Douma, le gouvernement réel aux soviets). Les débats au sein du Comité central du Parti bolchevik, afin que celui-ci organise une insurrection armée et prenne le pouvoir, sont vifs, certains considérant qu'il faut encore attendre et agir en accord avec d'autres formations révolutionnaires. Mais Lénine et Trotsky l'emportent et après avoir résisté, le Comité approuve et prépare l’insurrection, qui doit se tenir juste avant l'ouverture du IIe congrès des soviets, le 25 octobre.

L'attaque sur le palais d'Hiver

L'insurrection éclate dans la nuit du 24 au 25 octobre. Un Comité militaire révolutionnaire, dirigé par Trotsky et composé d’ouvriers armés, de soldats et de marins, est créé et organise la prise d’assaut des points stratégiques de la ville, comme le palais d'Hiver, siège du gouvernement provisoire.

Le 7 novembre 1917, les dirigeants bolcheviks Lénine et Trotsky lancent leurs partisans dans un soulèvement à Saint-Pétersbourg (alors capitale de la Russie) contre le gouvernement provisoire dirigé par Kerensky.

Les évènements se déroulent presque sans résistance : les bolcheviks parviennent à prendre les symboles gouvernementaux sans résistance avant de lancer un assaut final sur le palais d'Hiver. Ce dernier, défendu par un millier de soldats, cède après un assaut confus où soldats et gardes rouges3 tirent en l'air, au prix limité de six morts. Un des évènements les plus importants du XXe siècle avait lieu sans que grand monde ne s'en rende compte...

L'après-insurrection

Alors que les bolcheviks étaient encore pourchassés la veille, leurs journaux interdits et certains de leurs dirigeants en prison, ils sont désormais maîtres de la capitale. Le lendemain, 25 octobre, Trotsky annonce officiellement la dissolution du gouvernement provisoire lors de l'ouverture du Congrès panrusse4 des soviets des députés ouvriers et paysans (649 délégués y furent élus, dont 390 bolcheviks)

Dans les quelques heures qui suivirent, une poignée de décrets allait jeter les bases de la révolution :

Affiche de propagande bolchevique pendant la guerre civile
  • Décret sur la paix. Tout d'abord, Lénine annonce l'abolition de la diplomatie secrète et la proposition, à tous les pays en guerre, d'entamer des pourparlers « en vue d'une paix équitable et démocratique, immédiate, sans annexions5 et sans indemnités6 ». Seule l'Allemagne accepte. Le 15 décembre, un armistice russo-allemand est signé à Brest-Litovsk (une ville de l'actuelle Biélorussie située à la frontière polonaise) et des négociations de paix s'engagent.
  • Ensuite, un décret sur la terre : « la grande propriété foncière7 est abolie immédiatement sans aucune indemnité6 » et les soviets de paysans deviennent libres d'en faire ce qu'ils désirent (socialisation de la terre ou partage entre les paysans pauvres). Dans les faits, ce décret entérine la réalité existante, puisque les paysans ont spontanément procédé depuis l'été à des occupations massives de grands domaines.
  • D'autres mesures suivront, comme la nationalisation des banques, le contrôle ouvrier sur la production, la création d'une milice ouvrière, la souveraineté et l'égalité de tous les peuples de Russie, leur droit à disposer d’eux-mêmes, la suppression de tout privilège à caractère national ou religieux, la séparation de l'Église orthodoxe et de l'État, le passage du calendrier julien au calendrier grégorien, etc.

La révolution russe ne se termine pas pour autant. Les gens qui ont perdu leurs richesses à cause des décrets des communistes, mais aussi beaucoup d'autres, déçus par la révolution, commencent à se révolter contre les soviets. C'est le début d'une guerre civile qui va durer jusqu'en 1922 et faire de très nombreux morts : de 5,8 à 8,8 millions8 (qui sont venus s'ajouter aux pertes humaines liées à la Première guerre mondiale).

Voir aussi

Notes

  1. En Russie, « grand-duc » était le nom donné au prince de la famille tsarienne.
  2. On écrit aussi bolchevique au féminin et l'on trouve aussi parfois bolchévik et bolchévique.
  3. À l'époque, la Garde rouge était le nom donné à l'Armée rouge. Source : Discours de Trotsky ai Ier Congrès de l'Internationale communiste en mars 1919, Marxists Internet Archive.
  4. « Panrusse » signifie que cela concerne tous les soviets de Russie (les préfixes pan... ou panto…, issus du grec pas et pantos, indiquent l'idée d'intégralité, de rassemblement).
  5. Sans que des territoires d'un État soient soumis à la dépendance d'un autre État.
  6. 6,0 et 6,1 Sans somme accordée pour dédommager ceux ayant éprouvé des pertes.
  7. Liée à un fonds de terre.
  8. Source de cette estimation : Russie : Les pertes russes (1914-1922), Anovi (site personnel d'Éric Labayle, Parcay-sur-Vienne , France).

Articles liés

Lien externe