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Armée byzantine

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Armée romaine d'Orient
Fresque du monastère Saint-Lucas représentant un soldat byzantin au Xe siècle.
Fresque du monastère Saint-Lucas représentant un soldat byzantin au Xe siècle.
Nom Armée romaine d'Orient
Création 395
Dissolution 1453
Pays Empire byzantin
Allégeance Empire byzantin
Branche Garde varangienne
Infanterie byzantine
Cavalerie byzantine
Marine byzantine
Type Armée
Surnom Armée byzantine
Couleurs Rouge et or
Bannière de l'Empire byzantin et de son armée à partir de 1261.
Bannière de l'Empire byzantin et de son armée à partir de 1261.
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L'armée byzantine ou armée romaine d'Orient était l'ensemble des forces armées de l'Empire romain d'Orient (plus connu sous le nom d'Empire byzantin) de 395 à 1453, la chute de l'Empire. Directement héritée de l'armée romaine, elle en garde les valeurs et de nombreux titres. Son unité principale était la cavalerie, composée majoritairement de cataphractaires.

L'organisation de l'armée byzantine a beaucoup changé au cours de son histoire, ainsi que son recrutement : elle a recruté des troupes parmi les peuples de régions conquises mais aussi des mercenaires en nombre élevé à certaines périodes. Elle s'est affrontée notamment aux Perses, puis aux turcs Seldjoukides, aux Croisés et à l'Empire ottoman.

Grades et hiérarchie[modifier | modifier le wikicode]

L'armée byzantine est très hiérarchisée, grâce à des titres spécifiques. Ces titres évoluent au cours du temps, au gré des réformes de l'armée et des besoins de l'époque. En particulier, ils sont renommés du latin au grec : c'est l'hellénisation.

À partir des Comnènes, l'armée est commandée par le megas domestikos (grand domestique), la flotte est dirigée par un amiral, le megadux (mégaduc). Il existe aussi d'autres titres de moindre importance, comme le drongaire qui est le chef d'un régiment de généralement quelques milliers d'hommes, ou l'hécatontarque et le décarque qui sont, à l'image du centurion et du décurion, les commandants respectivement de cent soldats et dix soldats.

Pratiques religieuses[modifier | modifier le wikicode]

L'Empire byzantin est, durant toute son existence, un empire chrétien orthodoxe ; l'armée se plie donc aux dogmes orthodoxes et se soumet spirituellement au patriarche de Constantinople, comme tous les citoyens byzantins. L'armée byzantine développe également certaines traditions religieuses, comme celle d'entonner le Kyrie eleison1 avant les batailles, de se « purifier » et de prier deux fois par jour. Certains écrits rapportent que les généraux jeûnaient parfois jusqu'à quatre jours pour obtenir la victoire. L'influence de l'Église orthodoxe sur l'armée est donc très grande2.

Évolution de l'armée byzantine[modifier | modifier le wikicode]

Débuts[modifier | modifier le wikicode]

Dans les premiers temps de l'Empire romain d'Orient, l'armée byzantine est simplement la partie de l'armée romaine qui sert la moitié orientale de l'Empire romain. Les soldats sont alors majoritairement des locaux Grecs, Arméniens ou Égyptiens qui servent l'empereur de Constantinople. Les légions romaines, profondément remaniées par les réformes successives des empereurs romains Dioclétien et Constantin, ne comptent généralement guère plus de 1 000 hommes et leur utilité décroît au profit du comitatensis, l'armée « principale » qui rassemble quelques légions mais aussi des contingents de cavalerie et des unités aux effectifs variables, appelées numerii. En 395, à la division de l'Empire romain, la légion n'est donc plus l'unité principale de l'armée romaine orientale, supplantée par la cavalerie qui compose désormais la principale force de l'armée byzantine.

Sous Justinien Ier[modifier | modifier le wikicode]

Mosaïque représentant l'empereur Justinien Ier, dans la basilique Saint-Vital de Ravenne.

Arrivé au pouvoir en 527, l'empereur Justinien Ier réorganise profondément l'armée byzantine. Il la divise en six types de formations :

  • la garde de Constantinople, chargée de faire régner l'ordre dans la capitale et ses environs ;
  • les limitanei, qui surveillent les frontières de l'Empire (leur nom vient du limes, la frontière) ;
  • les stratiotoi, l'armée régulière, c'est elle qui représente la plus grande partie de l'armée byzantine au temps de Justinien ;
  • les bucellarii (littéralement les « mangeurs de biscuits »), une armée irrégulière composée de soldats à cheval de toutes sortes et de tous milieux, qui est la plupart du temps payée par un général byzantin qui souhaite l'emmener en campagne militaire avec lui (ce que fera par exemple le général Bélisaire) ;
  • les foederati (fédérés), des peuples « barbares » alliés de l'Empire qui placent volontairement plusieurs de leurs contingents sous l'autorité de généraux byzantins ;
  • les alliés, des armées barbares indépendantes qui servent les intérêts de l'Empire.
Le général Bélisaire.

Les ressources humaines et matérielles de l'Empire byzantin sous Justinien Ier permettent à l'empereur d'entretenir une armée gigantesque ; les historiens de l'époque, comme Procope de Césarée, parlent de 300 000 à 350 000 soldats déployés dans les quatre coins de l'Empire ! Malgré ce nombre, les armées byzantines utilisées pendant les guerres et les campagnes militaires comptaient rarement plus de 20 000 hommes dans leurs rangs. Mais la tactique jouait beaucoup dans les batailles ; par exemple, lors de la bataille de Dara, le général byzantin Bélisaire, avec seulement 25 000 hommes, écrase une armée de 40 000 à 50 000 soldats sassanides. Plus tard, pendant la guerre des Vandales, Bélisaire anéantit le royaume vandale fort de 30 000 hommes avec environ 16 500 soldats.

Dans le même temps, l'armement et l'équipement des soldats byzantins évolue. Les soldats de l'infanterie lourde sont armés de lances, parfois de haches, et se protègent avec des boucliers et des cuirasses. L'infanterie légère, elle, compte des contingents d'archers moins protégés mais plus mobiles. De plus, devant défendre efficacement l'Empire face aux cataphractaires sassanides, les cavaliers byzantins, qui forment l'unité principale de l'armée, se couvrent de lourdes armures, les cataphractes ; la cavalerie est désormais composée de cataphractaires (en grec κατάφρακτος). Une cavalerie plus légère reste malgré tout, à l'image de l'infanterie légère. Tous les cavaliers, cataphractaires comme cavaliers légers, s'équipent parfois d'arcs, parfois de lances, d'épées ou de haches.

L'apparition des thèmes[modifier | modifier le wikicode]

Au début du VIIe siècle, l'Empire byzantin, en grande difficulté car menacé à toutes ses frontières par les Sassanides, les Slaves, les Lombards et les Avars, et à la limite de la guerre civile, a besoin de réformes militaires. L'empereur Héraclius, qui renverse Phocas en 610, entame un processus qui débouchera, sous le règne de son successeur Constant II, à la formation des premiers thèmes. Ceux-ci se base sur un fonctionnement simple.

Le thème est une province civile et militaire dirigée par le stratège, un général qui agit comme le maître de la région à la manière du seigneur médiéval occidental, et qui fait la loi au nom de l'empereur duquel il tient ses ordres et son poste. Un thème est défendu par environ 9 600 soldats ; ces soldats reçoivent chacun une terre de la part de l'empereur où ils s'établissent et vivent de ce qu'ils produisent. Ainsi, le gouvernement n'a pas besoin de les payer, puisqu'ils vivent de leurs terres. De plus, en passant cet accord avec l'empereur, les soldats du thème s'engagent à ce que leurs descendants rejoignent eux aussi l'armée ; il s'agit donc d'une ressource inépuisable d'hommes pour l'armée byzantine.

Les cinq premiers thèmes sont le thème des Arméniaques, celui des Opsikion, des Thracésiens, des Anatoliques et le thème maritime des Karabisianoi, ce dernier étant chargé d'assurer la défense navale des côtes de l'Empire. Ces thèmes se situent tous en Asie mineure, qui est à cette époque une province très menacée de l'Empire byzantin du fait de l'expansion territoriale des Arabes musulmans. Mais, les stratèges devenant de plus en plus puissants et potentiellement capables de renverser l'empereur, celui-ci divise petit à petit les thèmes en provinces plus petites, et donc moins menaçantes pour le basileus.

Les armées des thèmes comprennent chacun deux tourmata, composées de 2 400 soldats, eux-mêmes divisés en six drongoi (unités de 400 soldats). Chacun de ces drongoi est divisé en deux banda (unités de deux cents soldats), à leur tour divisés en centuries puis en décuries. Les décuries sont divisées en deux unités de cinq soldats.

Les tagmata[modifier | modifier le wikicode]

Reconstitution de soldats byzantins au XIe siècle.

Dès le VIIIe siècle, sous le règne de Constantin V, l'armée permanente de l'Empire est organisée en tagmata (au singulier tagma). Ces contingents, généralement composés de cavaliers, sont, par opposition aux soldats des thèmes, déployables dans tout l'Empire, et non assignés à la défense d'un territoire particulier. Les tagmata, directement sous le contrôle de l'empereur et de ses proches, sont donc l'organisme principal de l'armée byzantine, et ce jusqu'au XIe siècle. Chaque tagma est dirigé par un domestique.

Aux IXe et Xe siècles, les tagmata sont au nombre de quatre :

  • la Vigla, garde impériale basée à Constantinople, chargée de la sécurité du basileus ;
  • la schole palatine, la tagma la plus ancienne qui existe depuis l'Empire romain, est une unité d'élite. Composée de cavaliers et de fantassins, elle est commandée par un des plus hauts dignitaires de l'Empire byzantin, le domestique des scholes. Ce poste disparaît vers 950 ;
  • les excubites, une unité également considérée comme d'élite, sont initialement une garde personnelle de l'empereur ; ils rejoignent l'armée principale au VIIIe siècle avant de finalement décliner jusqu'en 1081, date à laquelle les historiens byzantins de l'époque cessent de parler de leur existence ;
  • les hikanatoi, une tagma stationnée aux environs de Constantinople.

Cependant, d'autres unités militaires existent, comme les noumeroi, fantassins qui protègent les alentours de Constantinople, ou les hetaireia, mercenaires étrangers présents dans la garde impériale.

Il est difficile de savoir combien de soldats les tagmata comptaient dans leurs rangs. Les historiens byzantins parlent de 4 000 noumeroi ; selon les géographes abbassides Qudama Ibn Jaafar et Ibn Khordadbeh, vivant au Xe siècle, les tagmata comptent au total 24 000 soldats. Certains historiens pensent que chaque tagma comptait 4 000 hommes, tandis que d'autres, plus mesurés, évaluent les effectifs de chaque tagma à 1 000 ou 1 500 soldats.

Sous les Comnènes[modifier | modifier le wikicode]

Alexis Ier Comnène, empereur byzantin de 1081 à 1118.

À la fin du XIe siècle, l'Empire byzantin est au bord du gouffre. Ruiné, entouré d'ennemis de toutes parts, ses armées des thèmes faibles et divisées, et ses tagmata détruits après la terrible défaite de Manzikert en 1071 (de plus, recruter des soldats devient alors de plus en plus difficile, les principales ressources en hommes étant les terres d'Anatolie ; et ces dernières ont été conquises par les Seldjoukides dès leur arrivée au XIe siècle), il semble prêt de tomber. C'est dans ce contexte qu'arrive au pouvoir Alexis Ier Comnène, qui instaure la dynastie des Comnènes. Alexis Ier entame alors une politique de redressement de l'Empire, et notamment de son armée, qu'il réforme.

Reconstitution d'un turcopole du XIIe siècle.

Alexis Ier supprime le système des tagmata, qui de toute façon étaient inopérants depuis 1071, et forme progressivement une armée plus unie formée de plusieurs bataillons d'importances égales. S'appuyant sur des unités d'élite comme la garde varangienne ou les Athanatoi (du grec, cela signifie « les immortels » ; ce terme vient des Immortels de l'armée perse), il crée aussi un nouveau régiment : les Archontopouloi, qui sont des fils de soldats byzantins tués au combat. De nombreux autres régiments de soldats de métier, venant des quatre coins de l'Empire, composent désormais l'armée byzantine. Celle-ci est dès lors dirigée par un haut dignitaire : le grand domestique.

Dans la plupart de ses campagnes militaires, l'armée byzantine s'appuie désormais sur des mercenaires ou des États alliés de l'Empire ; par exemple, les Coumans dans la lutte contre les Petchénègues, ou encore d'autres royaumes chrétiens des Balkans comme la Rascie (ancêtre de la Serbie) ou la Hongrie. Beaucoup de cavaliers Francs ou Germains s'engagent également à prix d'or dans l'armée de Byzance ; et des combattants seldjoukides sont également recrutés dans l'armée impériale où ils forment l'unité des turcopoles. Petit à petit, ces mercenaires étrangers verront leur nombre croître dans les rangs de l'armée byzantine, jusqu'à être vitaux à celle-ci.

Cette nouvelle armée byzantine permettra un nouvel âge d'or byzantin sous la dynastie Comnène — le dernier que connaîtra l'Empire.

Hiérarchie et organisation[modifier | modifier le wikicode]

Sous les Comnènes, le chef suprême de l'armée, le grand domestique, est aidé d'un second, le protostrator3. L'amiral en chef de la flotte byzantine, le mégaduc, est le supérieur hiérarchique de plusieurs généraux terrestres du Péloponnèse, les dux et les catépans, qui dirigent des troupes et des forteresses. Chaque forteresse est dirigée par un kastrophylax.

Les unités de base de la cavalerie byzantine, les banda, sont supprimées au profit des allagia (au singulier allagion), contingents formés de trois à cinq cents cavaliers commandés par un allagator. Plusieurs allagia réunies forment des tagmata (mot dont la signification se réduit désormais à celle de régiment). Quant à l'infanterie, elle est divisée en régiments de 1 000 hommes, les taxiarcha.

Effectifs[modifier | modifier le wikicode]

Sous les Comnènes, le nombre de soldats de métier byzantins est mal connu, mais on le pense important. On parle d'une armée de campagne d'en moyenne 15 000 à 25 000 hommes ; l'armée compte 20 000 soldats sous Alexis Ier, atteint 50 000 hommes sous Jean II Comnène et dépasse ce nombre sous Manuel Ier. La cavalerie compte environ 6 000 cavaliers balkaniques et 6 000 autres anatoliens, ce qui fait une cavalerie totale forte de 12 000 hommes. Cependant, les troupes alignées sur les champs de bataille comptaient beaucoup moins de soldats : en effet, les 50 000 militaires de Manuel Ier étaient répartis dans tout l'Empire, assignés à la défense de régions byzantines, et non pas tous présents dans les campagnes militaires ou les batailles.

Armement[modifier | modifier le wikicode]

Devant lutter face aux Seldjoukides à l'est, puis, avec les croisades, aux princes occidentaux venus s'établir en Proche-Orient au détriment de l'Empire, l'armement des soldats byzantins se modernise et s'inspire à la fois des armes européennes et seldjoukides ; l'Empire byzantin étant en effet situé à la limite entre l'Orient et l'Occident. L'infanterie lourde et les cataphractaires utilisent un bouclier, et une lance, la kontarion, mais aussi des épées regroupées en deux types distincts.

  • Les spathia sont des épées qui ressemblent à s'y méprendre aux lourdes épées de l'Occident médiéval (celles des fameux chevaliers) ; elles sont longues, larges, et possèdent une lame à double-tranchant ;
  • Les parameria, qui sont plus proches des sabres perses et arabes, avec un seul tranchant et une lame incurvée.

Mais ces épées sont surtout utilisées par la cavalerie ; si les fantassins en possèdent, ils privilégient la lance. Certains cataphractaires, outre la lance et les deux épées, sont également armés de masses d'armes.

Les soldats de l'infanterie légère, dont les armes principales sont l'arc — inspiré des arcs turcs seldjoukides — et le javelot, usent parfois de petites haches pour se défendre en cas de combats rapprochés. Quant aux gardes varangiens, ils portent une grande hache scandinave et un bouclier.

Sous les Anges[modifier | modifier le wikicode]

La prise de Constantinople par les Croisés en 1204, pendant la quatrième croisade.

Sous la famille des Anges, arrivée au pouvoir en 1185, l'Empire byzantin s'effondre. Les empereurs Anges, incompétents et préférant dépenser l'argent de l'État dans des fêtes coûteuses plutôt que dans l'armée, remplacent les anciens officiers aptes par des courtisans sans expérience et n'ayant obtenu leur poste que grâce à leurs relations. Cela marque la fin de la grandeur byzantine et, surtout, de celle de son armée. Armée qui se retrouve de plus en plus en difficulté, notamment en orient, où les Seldjoukides profitent de la faiblesse byzantine pour s'emparer de nombreux territoires. De plus, les impôts trop élevés, visant à compenser les immenses pertes d'argent dues aux empereurs, provoquent plusieurs révoltes, notamment en Bulgarie, pays conquis en 1018 par Basile II, où un nouvel et redoutable Empire bulgare se forme encore une fois.

Le mécontentement grandit dans la population après ce délaissement de l'armée de la part des empereurs. En 1204, les empereurs byzantins successifs, Alexis III Ange, Isaac II Ange et Alexis IV Ange ne parviennent pas à canaliser les Croisés qui assiègent Constantinople, auxquels s'ajoute la haine de la population à leur égard. Les Anges sont renversés, et le nouvel empereur, Alexis V Doukas Murzuphle, tente sans succès de chasser les Croisés, ce qui n'aboutit à rien étant donnée la faiblesse de l'armée byzantine. Les Croisés, lassés, en attente d'un hypothétique paiement de la part des Anges, s'emparent sans réelles difficultés de Constantinople et y établissent l'Empire latin de Constantinople. L'Empire byzantin disparaît pour un temps ; seuls survivent quelques États byzantins, comme l'Empire de Nicée ou le despotat d'Épire, où des armées byzantines continuent d'exister.

De 1204 à 1453[modifier | modifier le wikicode]

Sous les Lascaris, dans l'Empire de Nicée, le système de l'armée byzantine reste le même que sous l'armée Comnène ; une armée standard, divisée en bataillons sans nom et de même importance. Ce système restera désormais, et ce, jusqu'à la chute de l'Empire.

En 1261, l'empereur de Nicée, Michel VIII Paléologue, premier de sa dynastie, reprend Constantinople avec 800 soldats. L'Empire byzantin renaît, mais ni sa gloire ni son armée ne se relèveront. La quatrième croisade de 1204 lui a asséné un coup fatal.

Mais Michel VIII Paléologue entame malgré tout de nombreuses réformes afin de sauver l'Empire. L'armée s'en retrouve plus puissante : sous son règne, l'armée totale compte environ 20 000 hommes, ce qui toutefois est bien plus petit que les 50 000 soldats permanents du temps de Manuel Ier Comnène. Les garnisons des villes ne dépassent plus les 5 000 soldats, et l'armée de campagne compte elle aussi rarement plus de 5 000 hommes. De plus, l'Empire byzantin a perdu beaucoup de territoires : les régions où les empereurs recrutaient beaucoup de soldats auparavant, comme l'Anatolie ou les Balkans, sont désormais aux mains des différents ennemis des Byzantins. Il faut à cela ajouter une forte baisse des moyens des empereurs ; le trésor de l'État est de plus en plus vide, ce qui empêche les successeurs de Michel VIII de payer une armée efficace.

Andronic II Paléologue, successeur de Michel VIII.

Le fils de Michel VIII, Andronic II Paléologue, décide de payer moins cher des soldats moins bien formés, moins bien armés et donc moins forts plutôt que de continuer de payer cher une armée professionnelle puissante. En 1320, Andronic II renvoie la plupart des militaires qu'il ne peut plus payer, ainsi que les mercenaires qui représentaient une grande partie des troupes byzantines, ce qui laisse à l'Empire une armée de 4 000 hommes. L'année suivante, l'armée de tout l'Empire est réduite à quelques 3 000 cavaliers se trouvant aux alentours de Constantinople. À partir de 1350, l'Empire byzantin est en réalité surtout protégé par ses alliés, comme la république de Venise ou la république de Gênes.

La situation empire. Les descendants d'Andronic II, en guerre civile, ne font que perdre la plupart des derniers territoires byzantins ; l'armée n'est plus que l'ombre d'elle-même. En 1394, le sultan ottoman Bayezid Ier assiège Constantinople. L'empereur Manuel II Paléologue fait alors un grand voyage en Occident, où il essaie de trouver des soutiens parmi les rois et empereurs européens pour obtenir de l'aide contre les Ottomans ; la France promet l'envoi de plusieurs centaines de soldats, mais la folie du roi Charles VI met fin au projet. La capitale Constantinople ne sera pas sauvée grâce à son armée, très fragile, mais par la puissance de Tamerlan, empereur turco-mongol, payé par le neveu de Manuel II pour débarrasser les Byzantins de la menace ottomane. L'Empire byzantin à l'agonie subit un nouveau siège de Constantinople en 1422, qui, grâce aux imposantes fortifications de la ville, est encore une victoire pour l'armée byzantine. En 1453, l'armée ottomane de Mehmed II met de nouveau le siège autour de Constantinople ; l'Empire comme son armée vivent alors leurs dernières semaines.

Pendant la chute de Constantinople[modifier | modifier le wikicode]

La chute de Constantinople face aux troupes ottomanes, en 1453.
Article à lire : Chute de Constantinople.

En 1453, lors du dernier siège de Constantinople par les Ottomans, l'armée byzantine n'est guère plus qu'un fantôme de sa splendeur passée ; elle compte environ 1 500 soldats de métier. L'empereur, Constantin XI Paléologue, rassemble avec de grandes difficultés 4 983 hommes, auxquels s'ajoutent environ 2 000 étrangers appelés à l'aide : Vénitiens, Génois, Catalans... Face à eux, le sultan Mehmed II aligne environ 80 000 soldats dont la plupart sont Ottomans mais qui regroupent aussi des Serbes, des Bulgares... Malgré la supériorité numérique écrasante des Ottomans, l'armée byzantine tient pendant 56 jours, aidée des hautes murailles réputées infranchissables de la ville ; murailles finalement détruites par les canons ottomans. La ville tombe le 29 mai 1453 ; c'est la fin de l'Empire byzantin et de l'armée byzantine. Les soldats survivants fuient par bateaux, sont massacrés ou faits prisonniers par les Ottomans lors du sac de la ville.

Infanterie[modifier | modifier le wikicode]

Dès la chute de l'Empire romain d'Occident, l'infanterie byzantine n'est qu'une unité auxiliaire de l'armée ; elle sert généralement à affaiblir l'armée ennemie en attendant l'arrivée de la cavalerie. Elle se divise en deux unités : l'infanterie légère et l'infanterie lourde. Cette dernière est la composante principale de l'infanterie byzantine : les soldats qui en font partie, couverts d'armure, sont équipés de lances, de boucliers métalliques, et parfois d'épées ; ils jouent un rôle important. L'infanterie légère, elle, se déplace plus vite sur le champ de bataille comme en temps de paix, mais est incapable de mener une bataille de front ; ses membres sont armés d'arcs, de javelots et de poignards. Les soldats de l'infanterie légère sont moins protégés, et portent généralement une armure de cuir ou une fine cotte de maille.

Cavalerie[modifier | modifier le wikicode]

Illustration d'une chronique de Jean Skylitzès, qui décrit une victoire de la cavalerie byzantine (à gauche) sur la cavalerie bulgare (à droite), au XIVe siècle.

La cavalerie est, durant la majeure partie de l'existence de l'Empire, l'unité principale de l'armée byzantine. Comme l'infanterie, la cavalerie est elle aussi divisée en deux corps d'armées : la cavalerie lourde et la cavalerie légère, ou « cavalerie de ligne ». La cavalerie lourde, composée de cataphractaires, est la principale force de la cavalerie byzantine : les cavaliers portent une lourde armure, la cataphracte, ainsi que des haches, des épées et des lances, et parfois des boucliers. Même les chevaux des cataphractaires sont cuirassés, ce qui permet de provoquer de gros dégâts en cas de charge sur une armée ennemie. La cavalerie de ligne, elle, est plus maniable et rapide, mais moins protégée. La plupart de ses soldats sont armés d'arcs ou de javelots, et plus rarement d'épées légères.

Marine[modifier | modifier le wikicode]

La marine byzantine est, dans la majeure partie de son histoire, une unité peu considérée par les empereurs successifs. Jusqu'en 650 environ, la flotte byzantine joue seulement un rôle protecteur des littoraux de l'Empire, défendant les ports et les navires marchands des pirates.

Le navire de guerre byzantin est le dromon.

VIIe ‑ XIe siècles[modifier | modifier le wikicode]

Le dromon, navire de guerre byzantin.

Mais, à partir de la seconde moitié du VIIe siècle, les Arabes musulmans voisins des Byzantins s'emparent de nombreux territoires qui appartenaient aux Sassanides4 (anciens ennemis des Byzantins) et aux Byzantins eux-mêmes. De plus, les Arabes constituent une véritable flotte de guerre qui leur permet de conquérir de nombreuses îles de la Méditerranée et de s'en prendre aux côtes byzantines. C'est à ce moment-là que le gouvernement byzantin, cherchant à protéger ses frontières maritimes, constitue une flotte de combat, les Karabisianoi.

Les Karabisianoi disparaissent petit à petit, remplacés peu à peu par de plus petites flottes limitées à certaines zones de l'Empire ; les écrits cessent de parler d'eux vers 711. Pendant le règne de l'empereur Léon III l'Isaurien, trois marines byzantines voient le jour :

  • la flotte impériale, basée à Constantinople, qui est constituée de gros vaisseaux, est l'« élite » de la marine byzantine ;
  • la flotte des thèmes, qui est assignée à une province précise et dirigée par un stratège nommé par l'empereur ;
  • la flotte provinciale, qui est une sorte de « police maritime » locale chargée de la protection des côtes.
Navires byzantins utilisant le feu grégeois.

Mais cette flotte se montrera peu efficace face aux nefs arabes qui prennent la Crète (823) puis la Sicile (conquête progressive qui s'étend de 827 à 902). Le gouvernement byzantin décide alors de rééquiper considérablement la flotte impériale puis la flotte des thèmes ; de plus, la marine se munit désormais du feu grégeois, une arme inflammable destructrice qui brûle même sur l'eau. Ce renforcement de la marine permet au général Nicéphore Phocas de reprendre la Crète en 961. Mais, dans les temps qui suivent, les empereurs byzantins, soit par méfiance vis-à-vis des amiraux qui peuvent potentiellement provoquer des révoltes contre eux, soit par manque de considération vis-à-vis de la flotte (entretenir les bateaux et les marins coûtait cher au trésor impérial, et la flotte servait de moins en moins), décident de diminuer le nombre de navires de guerre et de marins. La flotte, désormais sous-équipée, ne contrôle plus les littoraux byzantins ; c'est ainsi que Thessalonique, la deuxième ville de l'Empire byzantin en taille et en importance, est saccagée par quelques vaisseaux arabes en 904. Malgré cela, la marine byzantine verra d'importants succès dans les eaux de la péninsule italienne au début du XIe siècle.

Du XIe siècle à la Quatrième croisade[modifier | modifier le wikicode]

Des navires de guerre byzantins.

Au long du XIe siècle, la flotte byzantine décline. Le gouvernement byzantin, suite à des réformes de l'empereur Constantin IX Monomaque, supprime la flotte des thèmes, pourtant la principale force maritime. La marine byzantine se réduit alors à quelques navires assurés de la sécurité de Constantinople ; les riches seigneurs byzantins, pour protéger leurs terres, commencent à armer des armada privées.

Quand Alexis Ier Comnène arrive au pouvoir en 1081, l'Empire byzantin, fortement affaibli, est contraint de céder à la République de Venise divers avantages commerciaux ; en effet, n'ayant plus de marine pour se protéger des Seldjoukides, peuple turc ayant récemment envahi l'Anatolie pour s'y installer, Alexis Ier a besoin de l'aide des Vénitiens. Ceux-ci accordent leur soutien à l'empereur, en l'aidant notamment à vaincre une flotte normande puis une flotte seldjoukide. Alexis Ier comprend l'importance d'une flotte et en réarme une afin de se débarrasser d'un grand émir seldjoukide, Zachas, qui a pris de nombreuses îles égéennes appartenant à l'Empire byzantin. Cette flotte anéantit celle de Zachas vers 1090 ; petit à petit, les Byzantins reprennent le contrôle des côtes d'Asie mineure et de Grèce. Une seconde flotte constituée par Alexis Ier écrase une armada de Génois et de Pisans quelques années plus tard.

Dans le même temps, Alexis Ier réforme la marine byzantine renaissante ; plutôt que trois flottes différentes, Alexis Ier préfère une armada unie sous le commandement d'un seul amiral, le mégaduc ou grand-duc. Cette flotte puissante décourage les Normands italiens commandés par Bohémond de Tarente d'assaillir l'Empire byzantin.

Plus tard, Manuel Ier Comnène, un des successeurs d'Alexis Ier, continue de payer une flotte grâce à laquelle il reprend avec l'aide des Vénitiens l'île de Corfou, en Grèce, et bat une armada normande en 1149. Mais, quelques temps plus tard, une autre escadre de guerre normande écrase les navires byzantins, et une tentative de reconquête de la péninsule italienne échoue lamentablement. Manuel Ier envoie alors une autre flotte pour envahir l'Égypte fatimide avec l'aide des Croisés ; mais là encore c'est un échec. Après le règne des Comnènes, la marine byzantine se cantonne à nouveau au rôle de protectrice des ports et des vaisseaux marchands. En 1204, lors de la quatrième croisade, la flottille byzantine basée à Constantinople n'a aucun moyen d'empêcher l'arrivée de la puissante armada vénitienne et des Croisés qui s'y trouvent.

De la Quatrième croisade à la chute de l'Empire[modifier | modifier le wikicode]

Une galère vénitienne.

Dans l'Empire de Nicée, temporaire successeur de l'Empire byzantin entre 1204 et 1261, les empereurs utilisent de petites escadres de navires guerriers pour transporter des fantassins afin de reprendre peu à peu des territoires en Thrace, en Macédoine et dans les îles égéennes. Puis, après 1261, lorsque Michel VIII Paléologue reconquiert Constantinople et ressuscite l'Empire byzantin, la République de Gênes, qui soutient les Byzantins, équipe en partie une nouvelle flotte byzantine construite par l'empereur. Celle-ci a pour but de s'opposer à la puissance navale de la République de Venise, ennemie de l'Empire byzantin depuis 1204. Mais, en 1263, la flotte des Génois et des Byzantins est écrasée à la bataille de Settepozzi. Michel VIII renvoie la flotte génoise et renforce l'armada byzantine. Celle-ci parvient dans les années qui suivent à reprendre le contrôle d'une partie du Péloponnèse, de la mer Égée. Ce renouveau de la flotte byzantine ne dure pas : à la mort de Michel VIII Paléologue, son fils et successeur, Andronic II, supprime l'armada faute d'argent pour la financer. Les quelques navires de combat qui subsistent dans l'Empire demeurent désormais à Constantinople pour y jouer seulement un rôle protecteur ; en 1453, lors de la chute de Constantinople, la flotte compte dix navires byzantins et seize navires d'autres nationalités (italienne pour la plupart).

Pour compléter sur les Byzantins[modifier | modifier le wikicode]

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Le Kyrie eleison est le plus connu et principal chant orthodoxe byzantin, écrit en grec.
  2. Persée, « Les pratiques religieuses dans l'armée byzantine d'après les traités militaires »
  3. Plus tard, ce titre changera de sens et désignera le premier ministre byzantin.
  4. Les Sassanides voient leur empire disparaître en quelques années face aux Arabes, qui se révèlent être de redoutables conquérants.

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

Article mis en lumière la semaine du 12 septembre 2022.
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