Communauté  • Livre d'or
Chats noirs.jpg Actualités, astuces, interview... Venez lire la gazette de ce printemps de Vikidia ! DessinInterview.png

Persécution des chrétiens dans la Rome antique

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
Aller à la navigation Aller à la recherche

De 50 à 313, et surtout au IIIe siècle, les chrétiens de l'Empire romain sont persécutés épisodiquement car ils rejettent la religion romaine, notamment le culte impérial (culte de l'empereur, considéré comme un dieu), ce qui mécontente et inquiète les Romains.

C'est pour des raisons plus politiques que religieuses que les empereurs combattent les chrétiens : on leur reproche leur monothéisme exclusif, la célébration clandestine de leur culte, leur rejet de nombreux aspect de la vie quotidienne habituelle des Romains. Cette mise à l'écart volontaire de la part des chrétiens semblaient miner la cohésion de la civilisation traditionnelle de l'empire qui reposait en grande partie sur le respect du culte des dieux ancestraux, sur le culte de l'empereur et sur l'acceptation de valeurs communes. Au cours du IIIe siècle la persécution prend un aspect plus religieux, car le christianisme entre alors en concurrence avec l'instauration progressive par les autorités d'un nouveau culte, celui de Sol Invictus. Cette nouveauté, qui a des aspects de religion nationale, est destinée à souder les habitants autour de l'empereur, qui est quasi déifié, afin de lutter contre les nombreux dangers internes et externes qui menaçaient alors l'empire, en particulier les attaques des peuples germaniques.

Les persécutions ne sont pas uniformes dans tout l'empire, il semble qu'elles soient plus suivies et importantes dans la partie orientale du monde romain, où les chrétiens peuvent représenter du cinquième au tiers de la population. Elles sont beaucoup plus sporadiques dans la partie occidentale, où le christianisme est moins développé. Elles dépendent en grande partie de la détermination des autorités locales à appliquer les décrets impériaux.

Les persécutions cessent d'abord provisoirement par une décision de l'empereur Gallien qui en 260 suspend toutes les persécutions en cours et ouvre ainsi une période de relative tranquillité d'une quarantaine d'années. En 303 la reprise des persécutions par l'empereur Dioclétien et ses collègues est stoppée en 311 par l'attitude plus tolérante de l'empereur Galère et surtout par l' Édit de Milan de 313 pris par les empereurs Constantin Ier et Licinius qui permet le libre exercice du culte chrétien dans tout l'empire.

En 392 l'empereur Théodose Ier interdit toutes les religions non-chrétiennes dans l'empire et commence la persécution des religions polythéistes.

Les chrétiens dans l'empire romain[modifier | modifier le wikicode]

Une religion minoritaire[modifier | modifier le wikicode]

Dans le monde romain le christianisme est une religion nouvelle apparue au Ier siècle apr. J-C. Pendant longtemps, pour les contemporains, le christianisme se différencie difficilement du judaïsme dont il semble être une secte parmi d'autres. Ce n'est qu'au milieu du IIe siècle que la différenciation se fait nettement.

D'après les historiens spécialistes de l' Antiquité tardive (appelée aussi Bas-Empire romain) au début du IVe siècle, moment où après les très dures persécutions décidées par l'empereur Dioclétien, les chrétiens ne représentent que moins de 4 à 5 % de la population totale de l'empire. La plus grande partie de la population est donc encore polythéiste. Mais la répartition des chrétiens est très inégale. Ils sont nettement plus nombreux dans la partie orientale de l'empire, ils formeraient près de 20 % de la population de l'Égypte romaine et environ le tiers de la population de l'Asie mineure. Par contre dans la partie occidentale, à part Rome qui semble la ville la plus christianisée (environ 10% des habitants) et en Afrique du Nord (de 10 à 20 %) les chrétiens sont très peu nombreux, situation très perceptible en Gaule et en Grande-Bretagne. Mais le christianisme est en progression et touche toutes les couches sociales et a pénétré les milieux militaires. Il faudra plusieurs siècles pour que, dans ces régions, le christianisme parvienne, et encore bien imparfaitement, à éliminer les croyances et surtout les pratiques païennes (celles de la population rurale, majoritaire en Occident).

Les chrétiens en opposition à la société romaine traditionnelle[modifier | modifier le wikicode]

Au Ier siècle apr. J-C les religions existant dans l'empire romain ont plusieurs siècles voire plusieurs millénaire (c'est le cas de l'Égypte) d'existence. Ce sont toutes des religions polythéistes dotées d'une mythologie abondante. Les Romains sont très tolérants vis à vis de ces religions pourvu que les peuples qui en sont les adeptes acceptent eux aussi les dieux romains. Au fur et à mesure de la conquête romaine les Romains incorporent ces dieux étrangers dans leur univers mental.

Le christianisme intègre dans ses croyances les récits bibliques fondateurs de la religion juive qui a une longue histoire et qui est celle d' un peuple particulier. Cependant le christianisme est centré sur la vie et de l'enseignement de Jésus personnage récemment apparu dans le monde méditerranéen. Le christianisme est donc une religion nouvelle ce qui est suspect aux yeux des Romains habitués à vénérer des dieux ancestraux.

Sauf pour les religions à « mystères », phénomène dont les Romains se méfient car leur culte n'est ouvert qu'aux initiés, le culte des dieux traditionnels est public. Il est présidé le plus souvent par des citoyens élus et le plus souvent organisé par les autorités politiques ou des confréries autorisées par ces mêmes autorités. Or les cérémonies religieuses des chrétiens, en particulier la réunion pour célébrer l'Eucharistie, ne regroupent que les adeptes. L'atmosphère de méfiance, voire d'hostilité, entourant le christianisme rend difficile la tenue de ses réunions dans l'espace public ; elles se tiennent dans dans des demeures privées, à l'abri du regard des voisins, ce qui développe toute une série de phantasmes ou de calomnies sur ce qui s'y passe ; ainsi des rumeurs affirment que les chrétiens tuent des enfants et mangent de la chair humaine ( mauvaise compréhension des paroles de la communion "prenez et buvez car ceci est mon sang. Prenez et mangez car ceci est mon corps").

Adorateurs d'un dieu unique, les chrétiens ne veulent pas participer aux cérémonies publiques organisées pour les dieux traditionnels. Ils refusent de sacrifier les animaux et de consommer la chair des animaux sacrifiés comme cela est fréquent dans la religion romaine. Ils n'assistent pas aux jeux du cirque et aux spectacles très prisés par les Romains ordinaires. Ils se mettent ainsi en dehors de la vie quotidienne de leurs contemporains.

La société romaine est basée sur une hiérarchie très stricte distinguant l' homme libre de l' esclave, sans droit et propriété de son maitre. À l'opposé le christianisme considère que tous les humains sont frères donc sont égaux devant Dieu. L'idéal chrétien met donc en cause un des fondements de la société romaine. Il en est de même pour la violence qui fait partie de l'univers mental et de la pratique des Romains (combat des gladiateurs, proscriptions et assassinats en raison de divergences politiques, violence envers les esclaves). Or les chrétiens préconisent la non-violence, acceptent de subir la torture et la mort sans se révolter (cas des martyrs), ce qui déconcerte le Romain ordinaire.

Au cours des premiers siècles de l'ère chrétienne, les dangers venus de l'extérieur, comme les nombreuses incursions des peuples considérés comme barbares, car non-grecs ou romains, se multiplient. Les Romains sont alors invités à se regrouper autour du pouvoir impérial, qui tente de garantir la défense et la survie de l'empire. Progressivement la personne de l'empereur se divinise, d'abord après sa mort, c'est l' apothéose votée par le sénat, puis au cours du IIIe siècle ils devient dieu de son vivant. Un culte est rendu à la personne de l'empereur, avec usage de l'encens, parfum que chrétiens et romains traditionnels d'accord sur ce point, réservent uniquement aux dieux. Cette pratique est rejetée par les chrétiens, qui nient la divinité de l'empereur. Ils apparaissent alors comme des adversaires de l'État, peu soucieux de la sécurité de l'empire, ils sont assimilés à des traitres.

Les persécutions des chrétiens[modifier | modifier le wikicode]

Portrait de Néron. Marbre, œuvre romaine, Ier siècle ap. J.-C. Provenance : zone de l'époque d'Auguste, Palatin. Antiquarium du Palatin

La persécution n'est pas continuelle et procède par vague ou par crise. Elle dépends en grande partie de la situation politique de l'empire, mais aussi du zèle des autorités locales chargées de la mise en œuvre effective de la persécution.

À partir de la seconde moitié du IIe siècle le pouvoir impérial est fragilisé par la succession de nombreux empereurs concurrents et éphémères, nombreux sont ceux qui sont assassinés par leurs soldats mécontents de promesses non tenues ou par leurs adversaires. De nombreux empereurs sont d'origine extra-italienne. Une grande partie des Romains pensent alors qu'il faut revenir aux traditions romaines qui ont fait la force de Rome face à ses ennemis d'alors, aussi bien les peuples italiotes, que les peuples vivant dans les pays conquis à partir des Guerres puniques. La vénération des dieux ancestraux et la divinisation progressive de l'empereur sont considérées comme indispensables à la survie de la cohésion de la société et du pouvoir romain.

Les persécutions d'abord limitées à un espace géographique restreint puis de plus en plus généralisées se font par vagues épisodiques. Le plus souvent elles sont limitées à une catégorie de chrétiens, en particulier les évêques qui encadrent les communautés chrétiennes. On peut distinguer les persécutions qui ont lieu pendant le règne de Néron (54-68) qui sont liées à l' incendie de Rome, puis il y a eu les persécutions ordonnées par l'empereur Domitien (81-96). L'empereur Trajan (98-117) est aussi partisan des persécutions anti-chrétiennes. Il en est de même pour les empereurs Marc-Aurèle (161-180), Septime Sévère (193-211) et Maximin le Thrace (235-238) . Les persécutions redoublent pendant le règne de Dèce (249-251) qui exige de tous les habitants une participation au culte impérial, des certificats de « bonne conduite » sont alors délivrés aux habitants qui se plient aux ordres. Il en est de même avec l'empereur Valérien en 257-258, elles visent surtout les classes supérieures de la population de l'empire et le clergé chrétien, les fidèles de base semblent avoir été épargnés ; mais elles sont interrompues par son fils et successeur Gallien. L'empereur Aurélien (270-275), ardent adepte du dieu Sol invictus , concurrent du christianisme, est aussi un persécuteur. L'empereur Dioclétien organise aussi une grande persécution en 303-305, elle touche toutes les couches de la population et même l'armée où de nombreux cadres miliaires sont gagnés au christianisme (comme l'officier romain qui deviendra Saint Sébastien). Son successeur Galère qui a un fort passé de persécuteur, en 311 arrête le mouvement et tolère les chrétiens à qui demande de prier pour son salut et celui de l'empire. Dans certains cas les victimes potentielles parviennent à échapper à la persécutions en bénéficiant de la complicité de certains agents persécuteurs qui les préviennent par avance de leur intervention et leur permettent de se retirer dans des endroits plus surs. Des fonctionnaires romains en échange d'argent fournissent des certificats de "bon christianisme" attestant que la personne a bien sacrifié aux cultes autorisés. Certains chrétiens préfèrent se soumettre aux demandes impériales et acceptent de participer au culte officiel public pourtant contraire à leurs convictions (ce qui leur vaudra des poursuites lorsque le christianisme deviendra la religion d'État).

Quelques persécutions[modifier | modifier le wikicode]

L'empereur Néron, en 64, lance la première grande persécution. Il accuse les chrétiens d'avoir provoqué le grand incendie de Rome . En effet, Néron était accusé d'avoir déclenché l'incendie après que certains de ces hommes aient été vus proches du point de départ de l'incendie en question. Si aujourd'hui nous savons que cet incendie est de nature accidentelle, les opposants de Néron ont avancé qu'il l'avait déclenché pour agrandir son palais. La condamnation à mort des chrétiens était alors une solution pour être lavé des soupçons, et remonter dans l'estime.


Les chrétiens sont soumis à toutes sortes de supplices et de tortures. Ils sont livrés aux fauves, crucifiés ou encore torturés en public.

En 177, à Lyon, de nombreux chrétiens sont martyrisés. La mort de ces martyrs impressionne les Romains et poussent un nombre grandissant d'entre eux à se convertir.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • [1] article de Wikipédia sur la persécution des chrétiens dans la Rome antique
  • [2] article du site aletia.org sur la persécution des chrétiens
  • [3] article de Wikipedia sur le christianisme dans le monde romains

Autres persécutions[modifier | modifier le wikicode]

L'empereur Dioclétien
  • 250 : persécution de Dèce (que certains appellent aussi « persécution générale ») : Dèce, empereur romain, oblige tous les Romains à offrir un sacrifice (une sorte de cadeau) aux dieux tutélaires, qui sont par exemple ceux représentant une ville ou un travail, sous risque de peine de mort. Les chrétiens qui n'ont pas voulu faire cette offrande ont été persécutés.

La prise au pouvoir du christianisme[modifier | modifier le wikicode]

Buste du Christ, peinture murale provenant des catacombes de Commodilla, IVe siècle

Malgré toutes ces persécutions, le christianisme séduit de plus en plus de Romains.

L'empereur Constantin se convertit lui-même au christianisme. Il est le premier empereur romain chrétien. En 313, par l'édit de Milan, il autorise le christianisme dans l'empire. C'est la fin des persécutions.

L'empereur Théodose Ier, dans un second temps, interdit les anciennes religions polythéistes avec l'édit de Thessalonique, en 380. Le christianisme à son tour devient la religion officielle de l'Empire romain. Ce sont maintenant les païens qui sont persécutés... par les chrétiens.

Portail du christianisme —  Tous les articles concernant le christianisme.
Auguste Portail de la Rome antique —  Histoire romaine, langues et civilisations italiotes.