Offensive à outrance

L'offensive à outrance est une stratégie militaire principalement adoptée par l'armée française entre les années 1880 et 1917, pendant la Première Guerre mondiale. Issue de l'étude des campagnes napoléoniennes et de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, elle consiste à privilégier des offensives constantes mobilisant une grande quantité d'armement, afin de rapidement rendre inefficace le potentiel défensif de l'adversaire. Elle est fondée sur un principe de glorification du morale dans le domaine militaire, qui serait seul responsable de la victoire au-delà du rapport de force, ainsi que dans une optique de conflit rapide afin de limiter les destructions.

Préconisée et appliquée pendant les premiers mois de la Première Guerre mondiale, où elle conduit à une série d'offensives en Alsace, le manque de préparation des attaques conduit à de lourdes pertes (300 000 morts fin 1914) et à des retraits afin d'éviter l'encerclement. Suivant la victoire française lors de la bataille de la Marne (septembre 1914) et la stabilisation de la ligne de front, cette approche offensive est remplacée par une posture défensive, mais continuera à être le mode d'action des offensives organisées jusqu'en 1917 et l'arrivée des mutineries et de la réorgnisation de l'armée opérée par le général Pétain.

Histoire

Cette stratégie militaire est appliquée à partir de 1792, pendant les guerres de la Révolution française, qui visent à réaliser le principe des frontières naturelles. Ce principe est instauré en parallèle d'une radicalisation des idées politiques, certains députés comme Barère associant la paix à la contre-révolution et percevant la guerre contre les rois comme une lutte « naturelle ». Elle est poursuivie durant les guerres napoléoniennes, qui étendent l'influence française à la majeure partie de l'Europe, la situant dans un ensemble plus vaste de guerre à outrance.

Cette théorie ressurgit après la guerre franco-prussienne de 1870-1871, l'armée impériale du Second Empire étant perçue comme défensive et faible. Ce principe offensif se propage parmi les figures de l'armée, qui valorisent la vigueur d'esprit et la force mentale comme des principes élémentaires surpassant la supériorité matérielle. Elle devient une stratégie enseignée à l'École de Guerre, sous l'influence de généraux comme Foch, et est analysée par plusieurs responsables militaires. Le colonel Grandmaison prône l'envoi d'une attaque-éclair décisive, réalisée sans préparation. Son analyse minimise cependant l'impact qu'ont les nouvelles armes offensives sur le rapport de force, le développement de la mitrailleuse au sein de l'armée allemande permettant un chargement plus rapide que les fusils. Ils participent à la création d'un « culte de l'offensive ».

Le plan XVII, organisée en 1913 en prévision du début de la Première Guerre mondiale, est planifiée suivant le principe de l'offensive à outrance ; une grande attaque est prévue en direction de l'Alsace-Lorraine (territoire allemand depuis 1871). La mise en place de ce plan d'attaque, au début du conflit, est perçue comme responsable d'importantes pertes au sein de l'armée française pendant les premiers mois. Privilégiant les avancées, les attaques sont menées sans véritable préparation et sans considération pour les pertes. Elles mènent à des replis forcés des forces françaises, qui ne stabiliseront le front qu'au prix de lourdes destructions, lors de la bataille de la Marne (septembre 1914). La posture défensive enterrera globalement cette stratégie, mais continuera d'être appliquée pour les offensives localisées comme à Verdun et la Somme (1916).

Voir aussi

• Culte de l'offensive
• Guerre totale

Références

Bibliographie

• Études sur le combat / par le colonel Ardant du Picq, Charles Ardant Du Picq, édition Hachette, Paris, 1880 - Consulter en ligne
• Douze mythes de l'année 1914, Jean-Claude Delhez, édition Economica, 1^er juin 2013 (ISBN 9782717865943) - Consulter en ligne
• La bataille de la Marne, Pierre Miquel, édition PLON, 9 octobre 2003 (ISBN 9782259199544) - Consulter en ligne

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