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Joseph Pâris Duverney

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Joseph Pâris Duverney, financier de Louis XV

Joseph Pâris Duverney, né le 10 avril 1684 à Moirans (Isère) et mort le 17 juillet 1770 à Paris, est le troisième des frères Pâris.

Les frères Pâris sont quatre : l'aîné Antoine, puis Claude dit "la Montagne", Joseph dit "Duverney" et le benjamin Jean dit "Montmartel".

Ce sont des financiers et banquiers français, originaires du Dauphiné. Leurs débuts sont assez obscurs. Ils commencent dans le commerce privé, deviennent munitionnaires des armées (à qui ils fournissent des vivres et du fourrage) et ce service est le début de leur ascension, il leur permet de passer aux fonctions publiques (les lettres de noblesse accordées à un de leurs aïeux ayant été reconnues bonnes et authentiques par un jugement de cour).

Duverney est, comme financier, le plus doué des quatre. C'est, selon l'historien Pierre Gaxotte, « le grand homme de la famille ».

Mais Montmartel, le benjamin, autrement dit : Jean Pâris de Montmartel, parrain (voire père biologique ?) de la marquise de Pompadour et devenu lui-même marquis de Brunoy, illustre parfaitement la montée en puissance de ces gens d'affaires1 (et le triomphe de la finance, en général) au sein de la monarchie française, quand en février 1746 il épouse, en troisièmes noces à 56 ans, Marie Armande de Béthune, s'alliant ainsi à une très illustre famille de la noblesse d'épée remontant au Xème siècle.

Un financier au service du Régent puis du Roi[modifier | modifier le wikicode]

Joseph Pâris Duverney, sur ordre du Régent, dirige les opérations nécessitées par la faillite de Law et à ce titre, il est, pendant toute l'année 1721, « une sorte de dictateur, maître absolu des biens et fortunes »2 de tous ceux peu ou prou impliqués dans le Système.
Un arrêt du Conseil de régence du 26 janvier 1721 ordonne de soumettre à la commission, que dirige Duverney, tous les papiers (contrats de rentes, billets, actions, récépissés, certificats de comptes...) provenant du Système. 470 mille personnes déposent leurs titres, autant dire une masse énorme de chiffons dévalués atteignant, nominalement, deux milliards et demi de livres, soit dix-sept fois le budget du royaume3. Les vérifications (effectuées par 54 bureaux constitués de huit conseillers d'État, vingt-cinq maîtres des requêtes et deux mille commis) durent un an. Suite à quoi, en échange de tous ces titres et billets qui sont alors systématiquement détruits, les créanciers se partagent 46 millions de rentes (dont un gros tiers en rentes viagères à 4 1/2 et le reste en rentes perpétuelles à 2 et 2 1/2) créées par l'État pour payer la facture de la faillite.

Sous le ministère du duc de Bourbon (décembre 1723 - juin 1726), Pâris Duverney imagine (juin 1725) un impôt égalitaire, le cinquantième, mal accepté par le Parlement de Paris. Devenu, de ce fait, aussi impopulaire que « Monsieur le Duc », il est disgracié en même temps que lui (le 12 juin 17264) et son impôt supprimé. Pire, une lettre de cachet l'expédie pour dix-huit mois dans les prisons de la Bastille ; il n'en est relaxé qu'en 1728.

Quelque années plus tard, il retrouve les arcanes du pouvoir durant la Guerre de succession de Pologne, comme fournisseur des armées. Nommé administrateur général des subsistances, poste qu'il tient de 1736 à 1758, il exerce alors une certaine influence sur les choix politiques du royaume.

Ainsi, en décembre 1745, lui et ses frères obtiennent la démission de Philibert Orry du gouvernement. Il y officiait pourtant depuis quinze ans au poste de Contrôleur général des Finances avec autant d'habileté que d'intégrité, mais en pleine Guerre de Succession d'Autriche, était entré en conflit ouvert avec eux5, leur reprochant de profiter de la situation pour s'enrichir sans vergogne aux dépens de l'État. Louis XV accepte à contre-coeur le départ d'Orry et le remplace par Machault d'Arnouville.

Plus tard encore, Pâris-Duverney s'implique, avec Madame de Pompadour, dans la création de l'École militaire de Paris, dont il devient le premier intendant. Il meurt à ce poste, en même temps que Conseiller d'État, à l'âge de quatre-vingt-sept ans. Il est inhumé dans la chapelle de l'École militaire.

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. "Sans eux, il eût été impossible (la guerre de Succession d'Autriche étant en cours) de soutenir les armées en Flandre, en Piémont, en Allemagne, sur terre ou sur mer. « Dès 1745, l'État français se trouvait à leur entière discrétion en tout ce qui intéressait le département des Finances »." Jean-Christian Petitfils, Louis XV, Perrin - Collect. tempus, 2020, p. 446-447, citant dans ce passage l'historien Henri Thiéron et son opus : "La Vie privée des financiers au XVIIIème siècle".
  2. Pierre Gaxotte, Le Siècle de Louis XV, Fayard, 1974-1997, p. 75.
  3. Les chiffres sont repris et le passage très inspiré de : Pierre Gaxotte, Le Siècle de Louis XV, Fayard, 1974-1997, p. 73 à 77.
  4. Ce 12 juin 1726, c'est le ministre d'Etat (ancien précepteur du roi et son homme de confiance) Fleury qui devient premier ministre... sans en avoir le titre, mais en en ayant tout le pouvoir, et il gouvernera pleinement le royaume de France, pour le compte du jeune roi, pendant seize ans. En fait, jusqu'à sa mort, le 29 janvier 1743. Ce n'est qu'alors que le gouvernement personnel de Louis XV (sur le point d'avoir 33 ans) débutera véritablement.
  5. "La tension (avec Orry) atteignit son paroxysme quand les Pâris voulurent lui facturer le pain de munition 32 deniers la livre, alors qu'il refusait d'aller au-delà de 28. Furieux, Pâris-Duverney et Pâris-Monmartel jurèrent qu'ils ne travailleraient plus avec lui. Or la France, engagée dans la guerre de Succession d'Autriche, ne pouvait se payer le luxe d'une brouille avec le principal groupe de bailleurs de fonds du royaume, à la fois banquiers, vivriers et munitionnaires. « Ce sont deux personnages, écrivait alors le maréchal de Saxe (à propos des Pâris), qui ne veulent pas paraître et qui, dans le fond, sont fort considérables dans ce pays-ci, parce qu'ils font mouvoir toute la machine ». Jean-Christian Petitfils, Louis XV, 2020, p. 444-445.
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