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Vénus et Adonis
Vénus et Adonis sont un couple et un épisode de la mythologie grecque et romaine qui décrit une relation amoureuse tragique. Cette histoire a été racontée notamment par Ovide dans Les Métamorphoses, qui en est la version la plus connue. Cette œuvre a été écrite au début du Ier siècle, mais le mythe est beaucoup plus ancien. L'épisode a été repris plusieurs fois par des écrivains et poètes, notamment par William Shakespeare, c'est aussi le thème de nombreux tableaux et sculptures.
Vénus (ou Aphrodite) est la déesse de l'amour et de la beauté,
Adonis est un humain (un mortel), d'une très grande beauté.
Début de l'histoire[modifier | modifier le wikicode]
Adonis ayant perdu sa mère, Vénus le confie à Proserpine (Perséphone, femme d'Hadès/Pluton, dieu des enfers) pour l'élever. Il devient un jeune homme si beau que Vénus elle-même, la déesse de l'amour, tombe amoureuse de lui. Vénus demande à Perséphone de lui rendre Adonis, ce qu'elle refuse. Zeus doit arbitrer cette dispute. Il décide qu'Adonis passera un tiers de l'année avec Perséphone, un tiers avec Vénus et un dernier tiers avec la personne de son choix. Adonis décide de passer ce dernier tiers de son temps avec Vénus et ils deviennent amants. Malheureusement, le partage n'est plus équilibré, et cela rend Perséphone jalouse1.
D'après Ovide, Vénus quitte ses lieux de séjour habituels de déesse pour suivre Adonis, qui est chasseur, et vivre leur amour passionné dans les bois, au moins à la belle saison.
Vénus, Cupidon et Adonis sur une fresque retrouvée à Pompéi.
Assiette d'argent du VIe siècle au Cabinet des médailles, représentant Vénus, Cupidon et Adonis.
Mort d'Adonis[modifier | modifier le wikicode]
Proserpine s'est plainte auprès de Mars, dieu de la guerre et amant ou mari de Vénus (selon les versions), qui est également très jaloux de la relation entre Vénus et Adonis. Lors d'une partie de chasse, le dieu envoie un sanglier tuer le jeune homme. La déesse, ayant appris ce qu'il s'était passé, court à son secours, mais trouve Adonis déjà mort.
Inconsolable de la perte de son amant, Vénus transforme le sang d'Adonis qui coule sur le sol en une fleur, la L'adonis d'automne (wp) ou adonis goutte-de-sang.
Adonis passe désormais une partie de l'année dans le royaume de Proserpine aux Enfers, et l'autre partie de l'année sous forme de fleur dans le royaume des vivants2, suivant le cours des saisons.
Dans les arts et la littérature[modifier | modifier le wikicode]
Le mythe de Vénus et Adonis a inspiré de nombreuses œuvres, comme des tableau ou sculptures ainsi que des récits, dès l'Antiquité puis en particulier au cours de la Renaissance puis au cours de la période de l'art classique3.
Œuvres littéraires ou musicales[modifier | modifier le wikicode]
Il existe un bout de texte de la poétesse grecque Sappho, qui montre l'existence d'un culte ou de fêtes en l'honneur d'Adonis en Grèce dès environ 700 avant Jésus-Christ, mais les récits plus développés qu'il y avait sans doute à cette époque à propos d'Adonis et Aphrodite ne nous sont pas parvenus, ils se sont perdus4.
Un des récits de l'Antiquité qui subsiste à propos d'Aphrodite (Vénus) et d'Adonis est un poème du grec Théocrite (wp), né vers 310 avant Jésus-Christ, mort vers 250 av. J.-C. Plus tard, l'histoire est racontée en latin (et en vers) dans le livre 10 des Métamorphoses d'Ovide, au Ier siècle.
Longtemps plus tard, le thème inspire notamment :
- Élégie (ou chanson lamentable) de Vénus sur la mort du bel Adonis, de Mellin de Saint-Gelais (wp), vers 1555 (lire en ligne sur ipoesie.org) ;
- L'Adonis de Pierre de Ronsard, 1567 ;
- Vénus et Adonis (William Shakespeare) (wp) (1592-1593), un poème long de 1194 vers de William Shakespeare ;
- Adonis (La Fontaine) (wp) de Jean de La Fontaine, un poème de 590 vers en alexandrins, 1658 (sur Wikisource) ;
- Venus and Adonis (Blow) (wp) (1681), un opéra de John Blow.
Beaux-arts[modifier | modifier le wikicode]
Les tableaux et sculptures représentant ce thème montrent le plus souvent l'amour entre Vénus et Adonis, le moment où la déesse supplie Adonis de ne pas partir à la chasse où il va être tué, ou bien la découverte du corps du jeune homme mort. Les deux amants se trouvent en général dans un paysage de campagne sauvage. Certains tableaux ajoutent le personnage de Cupidon (ou Éros), le fils de la déesse Vénus5.
Tableau du Titien sur le même thème.
Vénus et Adonis (Rubens) (wp) (1635), un tableau de Pierre Paul Rubens, où il y a également Cupidon.
- Vénus et Adonis (Poussin) (wp) (1626), un tableau de Nicolas Poussin ;
- La Mort d'Adonis (Ermitage) (wp) (1700 à 1710 environ), une sculpture de Giuseppe Mazzuoli, exposée au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.
Extraits de récits[modifier | modifier le wikicode]
Les Métamorphoses[modifier | modifier le wikicode]
Le passage suivant des Métamorphoses d'Ovide raconte comment Vénus est touchée involontairement par une flèche de Cupidon son fils (les flèches de Cupidon rendent amoureux), et tombe sous le charme d'Adonis. Elle devient sa compagne et lui recommande d'éviter le danger des bêtes sauvages, ayant peur de le perdre.
Texte original d'Ovide en latin | Traduction en Français |
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Labitur occulte fallitque volatilis aetas, |
Le temps coule insensiblement ; il s’envole d’une aile rapide, et rien n’est si prompt que la fuite des années. Cet enfant qu’un arbre enfermait naguère et qui voit à peine le jour, cet enfant, hier le plus beau des enfants, le voilà dans l’adolescence, le voilà jeune homme, le voilà plus beau qu’il n’a jamais été, le voilà qui plaît même à Vénus et qui venge les infortunes de sa mère. Car tandis que l’Amour donne un baiser à Cypris, par malheur, une flèche, sortant à demi du carquois, effleure le sein de la déesse. Vénus, blessée, repousse son fils de la main. L’atteinte était profonde : la déesse se trompa d’abord à l’apparence, mais bientôt, éprise des charmes d’un mortel, Vénus oublie Cythère et ses rivages ; elle ne fréquente plus Paphos dont la mer forme la ceinture, Cnide aimée des pêcheurs, Amathonte aux mines opulentes. Elle abandonne le ciel même ; le ciel ne vaut pas Adonis. Elle s’attache à ses pas ; elle est sa compagne assidue. Jadis, sous de frais ombrages, tout entière à l’indolence, elle se livrait sans réserve aux soins de sa beauté. Maintenant les monts, les bois, les roches buissonneuses la voient errer, la jambe nue, la robe relevée à la manière de Diane ; elle anime les chiens, mais contre de douces et d’innocentes proies. Les animaux qu’elle poursuit, c’est le lièvre rapide, le daim, le cerf à la superbe ramure. Prudente, elle évite le sanglier féroce, le loup ravisseur, l’ours armé de griffes cruelles, le lion qui se gorge du sang des troupeaux.
Toi-même (et puisses-tu profiter de ses conseils !) elle t’engage à les craindre, ô Adonis ! « Sois brave, dit-elle, mais contre de timides adversaires : l’audacieux s’expose en se mesurant à l’audace. De grâce, ô mon jeune amant ! ne sois pas téméraire, au péril de mon bonheur ! Ces monstres qui tiennent de la nature des armes redoutables, oh ! ne va pas les affronter, ta gloire pourrait me coûter trop cher. Non, crois-moi, ni ton âge, ni ta beauté, rien de ce qui sut toucher Vénus ne pourrait attendrir les lions, les sangliers hideux : comme leurs yeux, leur âme est farouche. Les sangliers ! ils sont terribles ; leurs défenses recourbées, c’est la foudre ! Et les lions au poil fauve ! leur colère est impétueuse et sans borne ; c’est une race qui m’est en horreur. Tu me demandes pourquoi ? Écoute le merveilleux récit de l’antique châtiment qu’ils subirent : mais encore mal aguerrie, je suis déjà épuisée de fatigue ; voici l’ombre de ce peuplier qui nous invite et nous sourit ; le gazon nous offre une couche verte, je veux m’y reposer avec toi. » Et ils se reposèrent tous deux, et, pressant à la fois l’herbe et son amant, appuyant sur le sein du jeune homme sa tête gracieuse, elle parle, et des baisers se mêlent à ses paroles souvent interrompues.
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Les amours de Vénus et Adonis, par La Fontaine[modifier | modifier le wikicode]
Dans ce passage de son poème en alexandrins, Jean de La Fontaine, raconte les moments d'amour du couple :
Consacrant à l’Amour la saison la plus belle.
Souvent, pour divertir leur ardeur mutuelle,
Ils dansoient aux chansons, de Nymphes entourez.
Combien de fois la Lune a leurs pas éclairez,
Et, couvrant de ses rais l’émail d’une prairie,
Les a veus à l’envy fouler l’herbe fleurie !
Combien de fois le jour a veu les antres creux
Complices des larcins de ce couple amoureux !
Mais n’entreprenons pas d’oster le voile sombre
De ces plaisirs amis du silence et de l’ombre.
- Adonis, Jean de La Fontaine, 1658.
Shakespeare[modifier | modifier le wikicode]
L'extrait suivant du long poème Venus and Adonis de William Shakespeare se place lorsque Vénus inquiète cherche Adonis parti à la chasse avec ses chiens, et juste avant qu'elle le découvre tué par un sanglier :
Venus and Adonis texte original de William Shakespeare en anglais | Traduction en Français |
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Cela dit, elle se hâte vers un bosquet de myrte, étonnée de voir la matinée si avancée, sans qu’elle ait eu des nouvelles de son bien-aimé ; elle tâche de distinguer la voix de ses limiers et le son de son cor ; bientôt elle les entend retentir bruyamment, et tout en hâte elle accourt au bruit. Et, comme elle s’élance, les broussailles de la route l’attrapent par le cou, lui baisent le visage, ou s’enlacent autour de sa cuisse pour l’arrêter ; farouche, elle s’arrache à leurs étroits embrassements, comme une biche laitière que tourmentent ses mamelles gonflées et qui s’empresse pour nourrir son faon caché dans un hallier. Sur ce, elle entend le cri de la meute aux abois ; elle tressaille comme quelqu’un qui aperçoit sur son chemin, déroulant ses anneaux funestes, un serpent dont l’horreur le fait trembler et frémir : de même le jappement plaintif des limiers épouvante les sens et confond les esprits de Vénus. Car elle reconnaît à présent que ce n’est plus une chasse inoffensive : l’animal poursuivi est le sanglier farouche, l’ours brutal ou le lion superbe ; en effet, le cri part toujours du même point, et les chiens jettent d’effroyables clameurs, trouvant leur ennemi si formidable qu’ils reculent tous devant l’honneur de commencer l’attaque.
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Jacques Offenbach[modifier | modifier le wikicode]
L'aria (air ou chant) Amours divins de l'opéra La Belle Hélène de Jacques Offenbach (créé en 1864) représente une fête d'Adonis à Sparte. Les jeunes filles « pleureuses d'Adonis » versent des larmes « Sur la mort des beaux jeunes gens ». C'est le prétexte pour qu'Hélène, insatisfaite, réclame à Vénus « de l'amour ».
Adonis, nous versons des larmes,
Sur ton sort !
Et toi, Vénus, vois nos alarmes :
L’amour se meurt, l’amour est mort !
Amours divins ! ardentes flammes !
Vénus ! Adonis ! gloire à vous !
Le feu brûlant vos folles âmes,
Hélas ! Ce feu n’est plus en nous !
Écoute-nous, Vénus la blonde,
Il nous faut de l’amour, n’en fût-il plus au monde !
- La Belle Hélène, acte premier, scène IV sur Wikisource, (écouter en ligne).
Références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ "Adonis (mythologie)." Wikipédia, l'encyclopédie libre. 31 mars 2024 <http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Adonis_(mythologie)&oldid=213835404>.
- ↑ "Venus und Adonis." Wikipédia en Allemand, 25. janvier 2024 https://de.wikipedia.org/w/index.php?title=Venus_und_Adonis&oldid=241528160
- ↑ Vénus et Adonis ; le mythe et ses résurgences dans la tradition humaniste de la Renaissance européenne Marie-Odile Sweetser, Le Fablier. Revue des Amis de Jean de La Fontaine Année 2002 14 pp. 9-17.
- ↑ 'Adonis', Wikipedia, The Free Encyclopedia, 16 April 2024, 16:34 UTC, <https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Adonis&oldid=1219250865>
- ↑ "Venere e Adone (arte)." Wikipedia, L'enciclopedia libera. 31 mai 2022 <https://it.wikipedia.org/w/index.php?title=Venere_e_Adone_(arte)&oldid=127674009>.
Voir aussi les images sur Commons : Category:Venus and Adonis.
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