Société européenne au Moyen Âge

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Les trois ordres de la société médiévale. De gauche à droite : les religieux, les guerriers, les travailleurs

En Europe, la société médiévale est organisée en ordres : ceux qui travaillent (laboratores), ceux qui combattent (bellatores) et ceux qui prient (oratores). Les hommes libres se lient entre eux par la vassalité.

Les paysans et autres non nobles, soumis à l'autorité des seigneurs châtelains acquièrent progressivement des libertés. La condition paysanne se diversifie, à côté d'une importante masse de paysans pauvres (les brassiers) qui émergent des familles de paysans aisés (les laboureurs).

La population urbaine augmente à partir du XIIe siècle. Par son nombre elle arrache aux seigneurs urbains des libertés et le droit de s'organiser en communes. L'artisanat très réglementé est vite dominé par les familles de négociants (le patriciat) qui organisent la production (qu'ils introduisent dans les campagnes), ont des contacts commerciaux dans toute l'Europe, et s'emparent de la gestion des communes. L'industrie naît près des matières premières (en particulier dans les régions forestières), elle donne du travail à des ouvriers qui ont une vie très dure.

Les guerriers qui forment encore la grande majorité de la noblesse (mais qui sont décimés et ruinés par les guerres continuelles) doivent désormais compter avec de nouveaux venus, mieux formés intellectuellement, qui entrent au service du roi pour administrer le royaume.

Les campagnes[modifier | modifier le wikicode]

Le monde paysan au XIVe siècle.Extrait des très Riches Heures du duc de Berry

La production agricole étant modeste, et souvent compromise par des calamités climatiques, la population est mal nourrie. Si la natalité est élevée, les enfants disparaissent vite et l'espérance de vie est courte (en moyenne les trente ans), les vieillards sont rares.

La société repose sur les liens personnels de fidélité, d'homme à homme, qui organisent les relations du plus humble des paysans au plus grand des seigneurs.

Vers l'an mille, les travailleurs sont essentiellement les paysans qui représentent les 9/10e de la population. Dans cet ordre, il y a des différences : il y a des paysans libres (généralement appelés « vilains ») et des paysans non libres de leurs mouvements (les serfs) qui sont attachés à la terre d'une seigneurie. Les deux ordres, pour leur entretien, prélèvent des redevances le plus souvent en nature sur les paysans. L'existence des paysans se passe à travailler durement et à vivre très difficilement de leur production.

Pour en savoir plus, lis l’article : Paysans au Moyen Âge.
Pour en savoir plus, lis l’article : Agriculture du Moyen Âge.
Loisirs des guerriers : le tournoi

Les guerriers sont dominés par le groupe des seigneurs châtelains. Ils ont organisé la défense de l'Europe pendant les invasions normandes ou invasions hongroises. Par leur force guerrière ils se sont emparés de la terre et contraignent les paysans à travailler pour eux ou à leur céder une partie de la production. Rares sont les terres libres de la domination d'un seigneur (ce sont les alleux). Les seigneurs ont également usurpé l'autorité du roi, ils rendent la justice et lèvent des impôts sur les personnes ou les installations qu'ils sont les seuls à avoir le droit de construire (ce sont les banalités).

Les religieux vivent au milieu de la population qu'ils encadrent (ce sont les prêtres qui forment le clergé séculier) ou bien vivent en communautés installées dans les monastères et les abbayes à l'écart des autres habitants, ce sont les moines qui forment le clergé régulier. Ils bénéficient d'exemption d'impôts et en revanche reçoivent la dîme perçue sur la production agricole.

Au cour du XIIe siècle les paysans obtiennent plus de libertés. L'essor agricole demande plus de main d'œuvre. Pour retenir ou attirer des travailleurs les seigneurs doivent leur accorder certaines libertés ; parfois les seigneurs affranchissent leurs serfs. Les paysans qui peuvent accumuler de la monnaie peuvent également acheter ces libertés. Les communautés rurales signent avec le seigneur des chartes de franchise qui précisent leurs droits et ceux du seigneur. La société rurale se diversifie. Dans les villages, quelques paysans aisés, les laboureurs qui peuvent payer l'entretien d'un attelage de labour, dominent la masse des paysans ayant peu ou pas de terre (les brassiers). Ces derniers ne survivent qu'en travaillant chez les propriétaires aisés et par l'usage gratuit des biens communaux.

Pendant la crise du XIVe siècle, afin de faire face à leurs besoins financiers qui augmentent alors que leurs revenus fonciers diminuent, les seigneurs vendent (ou afferment dans le meilleur des cas) une partie leurs terres (voire leurs droits seigneuriaux) et affranchissent massivement leurs serfs (désormais en Europe occidentale 85% des paysans sont libres, mais le servage reste très important en Europe centrale et orientale). La bourgeoisie des villes achète des terres. Elle installe des fermiers et des métayers qui louent les terres en échange d'une partie fixe ou en pourcentage de le production. Les paysans aisés, souvent fermiers, prennent encore plus d'importance. En France, le roi pendant la guerre de Cent Ans a créé des impôts nouveaux (comme la taille royale) qui portent surtout, sur les paysans qui ne fournissent qu'exceptionnellement des soldats. Ces impôts nouveaux s'ajoutent aux impôts seigneuriaux et ecclésiastiques. Les chefs guerriers (les nobles) qui dans les batailles donnent l'impôt du sang et les religieux qui prient pour le succès du roi en sont dispensés.

Les villes[modifier | modifier le wikicode]

L'hôtel de ville de Gand (en Belgique], symbole de l'affranchissement communal.

Vers l'an mille, les villes (espace clos d'une muraille qui la sépare des campagnes avoisinantes) sont très peu peuplées et peu nombreuses. Elles sont habitées par les artisans et les commerçants qui travaillent pour la clientèle locale. Les évêques assistés d'un embryon d'administration religieuse ainsi que les curés chargés des paroisses urbaines sont aussi présents. Les villes sont sous l'autorité d'un ou plusieurs seigneurs laïcs ou religieux (les évêques en particulier).

Au cours du XIIe siècle les villes existantes se développent. Afin de mieux surveiller leurs territoires face à leurs concurrents et accroître leurs revenus, les seigneurs créent de nouvelles villes (les villeneuves et les bastides) où ils attirent les habitants en leur concédant des franchises réglées par les chartes communales. Quelquefois les habitants doivent lutter violemment contre leur seigneur pour obtenir de telle franchise. En France, le roi pour affaiblir les seigneurs qui souvent sont plus puissants que lui, soutient ce mouvement communal.

Le monde de l'artisanat augmente ses effectifs et s'organise en métiers (ou corporations à partir du XIVe siècle) dotés d'un règlement qui codifie les techniques à respecter, les horaires de l'atelier, les conditions de travail et d'apprentissage. Le but principal est d'éviter la concurrence entre les ateliers ayant la même activité et de lutter contre les empiétements des métiers voisins (comme les cordonniers et les savetiers par exemple). Cette réglementation freine l'innovation technique.

Dans les villes à côté du menu peuple formé par les artisans et les petits commerçants, émergent les riches familles patriciennes qui organisent la production et bénéficient de la reprise des relations commerciales à travers l'Europe pacifiée. Le patriciat monopolise les fonctions administratives.

Pour en savoir plus, lis l’article : Ville au Moyen Âge.

La noblesse[modifier | modifier le wikicode]

Un banquet à la fin du XIVe siècle. La Cour du duc de Berry, oncle du roi Charles VI

Au XIe siècle les seigneurs forment la noblesse. Leur occupation est de s'entraîner aux combats et de faire la guerre. Ils vivent noblement, c'est-à-dire qu'ils ne travaillent pas pour produire leur nourriture. Comme ils détiennent la terre de leur seigneurie et l'autorité appuyée sur leur force militaire, ils disposent des revenus de la réserve seigneuriale ainsi que des redevances en nature qu'ils prélèvent sur les paysans qui cultivent le reste des terres.

La crise du XIVe siècle a été défavorable aux seigneurs. La diminution des revenus de l'agriculture est importante, la diminution dramatique de la population prive les seigneurs des taxes qu'ils prélèvent sur les personnes. En revanche, les besoins en revenus se font plus pressants. Les seigneurs sont soumis à l'obligation d'aider le souverain à faire la guerre. Or les guerres sont continuelles et coûtent très cher du fait de la complexité de l'équipement du chevalier. Une partie de la noblesse disparaît dans les batailles souvent sanglantes (comme celle d'Azincourt) ou elle est ruinée si elle devient prisonnière et doit régler une rançon.

La noblesse vit dans un certain luxe (banquets somptueux, vêtements en tissus précieux et fourrures...).

Afin de résoudre leurs problèmes financiers, les seigneurs vendent une partie des terres de la réserve, certains vendent ou afferment leurs droits seigneuriaux. Mais ils amputent alors leurs revenus futurs et aggravent leur situation.

En France, les plus grands seigneurs, proches des souverains et de leurs parents, quémandent alors des faveurs, des places intéressantes qui peuvent rapporter, des pensions financières auprès du roi. C'est le début de la domestication de la haute noblesse par le pouvoir royal qui l'attire et la retient à la Cour. La haute noblesse accapare les grandes fonctions religieuses (évêques, abbés, abbesses, qui procurent prestige et revenus) et également les grands commandements militaires.

La complexification de la gestion des royaumes, celle de la fiscalité royale qui s'étend partout, contraignent les souverains à s'entourer de spécialistes de plus en plus nombreux. Pour les récompenser les souverains leur accordent la noblesse. Les nobles sont écartés progressivement du gouvernement. Mais souvent les souverains doivent vaincre leur opposition militaire.

En Angleterre, le roi profite de sa victoire dans la guerre des Deux Roses pour confisquer les biens de la haute noblesse vaincue. Les cadets de famille doivent trouver d'autres moyens de vivre, et se lancent alors dans les affaires commerciales, maritimes ou industrielles.

Dans l'Europe centrale et orientale, le pouvoir impérial est impuissant à s'imposer à la noblesse qui s'ingénie à maintenir son indépendance et ses revenus féodaux (le servage de certains paysans en particulier est très répandu).

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