Mouvement breton

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Le mouvement breton (Emsav, en breton) est un mouvement politique, qui désire donner plus de pouvoir et d'autonomie à la Bretagne. Au sein du mouvement breton, il y a beaucoup de courants différents. Certains veulent valoriser la culture bretonne : sa langue, sa danse, sa musique, ... D'autres veulent développer les entreprises bretonnes, pour que la région soit plus riche. D'autres encore veulent l'autonomie politique de la Bretagne : autrement dit, ils désirent que les Bretons décident eux-mêmes des principales mesures à prendre en Bretagne (à propos de l'école, des transports, du tourisme, ...). Ces gens, qu'on appelle autonomisme, veulent néanmoins rester Français ; ils acceptent que le Parlement et le Président de la République française décident, à propos des questions régaliennes (entrer en guerre, nouer des relations avec d'autres Etats, créer sa propre monnaie, ...). Enfin, il existe des indépendantistes : eux veulent que la Bretagne se sépare de la France et forme un nouveau pays.

Une manifestation de militants bretons, qui demandent le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

La Bretagne a été pendant une grande part du Moyen Âge plus ou moins indépendante de la France. À partir de 1532, elle est unie plus étroitement au royaume de France, mais sous l'Ancien Régime, la province de Bretagne garde ses particularité et sa langue, le breton qui est la langue principale des campagnes sur la plus grande partie de son territoire.

À partir de la Révolution française et jusqu'au XXe siècle, les gouvernements français prennent plusieurs fois des mesures pour réduire la langue bretonne et imposer le français, notamment en imposant que l'école ne soit qu'en français même quand cette langue n'était pas parlée dans les familles des enfants. Cette politique met longtemps avant d'avoir de grands effets, mais finalement au cours du XXe siècle, le breton recule beaucoup au fil des générations (dans les familles à cette époque, il arrivait souvent que les grand-parents ne parlent que breton, les parents bretons et français tandis que les enfants ne connaissent que le français).

Cela fait qu'une part des Bretons ont l'impression de perdre leur culture et leur identité, en particulier avec le recul de leur langue.

Article à lire : Histoire de la Bretagne.

Histoire du mouvement breton[modifier | modifier le wikicode]

Dans l'histoire du mouvement breton, il y a trois phases : le premier Emsav (1898 - 1914), le deuxième (1914 - 1945) et le troisième (1945 - aujourd'hui)

Le premier Emsav[modifier | modifier le wikicode]

A la fin du XIXe siècle, la Bretagne est une région française très pauvre. La plupart des Bretons sont agriculteurs. Beaucoup d'entre eux, pour fuir la pauvreté, partent à Paris, où ils espèrent gagner plus d'argent : c'est exode rural. La Bretagne est aussi une terre où les aristocrates et le clergé sont toujours très puissants. Pour toutes ces raisons, la Bretagne est mal vue par le reste du pays. Les Bretons sont méprisés : ils seraient pauvres, rustres, sales. De là vient l'insulte : "plouc".

Les aristocrates bretons sont donc mécontents. Les Bretons ont une mauvaise image, et en plus, ils n'ont pas de pouvoir. Les chefs parisiens décideraient pour toute la France, sans connaître les spécificités de chaque région. Cela fait peur aux aristocrates, qui veulent conserver une Bretagne paysanne, catholique et conservatrice, où ils auraient du pouvoir. Or, les chefs parisiens sont tout l'inverse : plutôt républicains, laïcs et ouvriers.

Pour conserver leur pouvoir, les aristocrates bretons créent, en 1898, un parti politique : l'Union Régionaliste Bretonne (UDB). L'UDB veut donner une image sympathique de la Bretagne. Voilà pourquoi beaucoup d'écrivains bretons, membres de l'UDB, se mettent à écrire des livres sur les costumes, les danses, les dialectes bretons. Toutes ces traditions, disent-ils, ne sont pas "ploucs", mais des traditions dignes et belles, qui méritent d'être conservées.

Pour avoir plus de pouvoir, les aristocrates veulent aussi enrichir la Bretagne (et s'enrichir eux-mêmes). Pour cela, ils créent la Fédération Régionaliste Bretonne (FRB) en 1911 : elle sert de tremplin pour toutes les entreprises bretonnes.

Ces aristocrates ont conscience d'une chose : la Bretagne est trop petite pour résister seule à la France. Ils tentent donc de créer des alliances avec d'autres pays : pays de Galles, Irlande, Ecosse, ... Tous ces pays, et la Bretagne, sont censés partager la même culture : la culture celte.

Le deuxième Emsav[modifier | modifier le wikicode]

En 1914, a lieu la Première Guerre Mondiale. Plus de la moitié des jeunes hommes bretons sont morts, et beaucoup de Bretons en veulent à l'Etat français. Le mouvement breton a donc du succès. Beaucoup de gens s'en revendiquent. Au début, ces gens se regroupent dans un parti unique : le Groupe Régionaliste Breton (GRB). Ce groupe édite une revue qui a du succès, Breiz Atao (qui veut dire "La Bretagne toujours", en breton). Le GRB adopte des gens aux pensées très différentes, mais qui s'accordent sur un point : donner plus de pouvoir à la Bretagne, la libérer d'une France trop imposante. Aujourd'hui encore, les militants de l'Emsav se souviennent des penseurs de l'époque : Célestin Lainé, Morvan Marchal, Olier Mordrel, ...

Mais, peu à peu, ces gens se divisent en deux blocs. Certains disent que la Bretagne est catholique, et qu'il faut donc protéger le catholicisme. D'autres disent que la religion catholique n'importe pas, et préfèrent une Bretagne sans religion.

Ceux qui n'aiment pas la religion catholique forment un nouveau parti : la Ligue Fédéraliste de Bretagne (FLB). Ces gens sont de gauche, et se réclament du socialisme. Beaucoup habitent dans les villes. Certains, pour se distancier du catholicisme, s'intéressent aux anciens druides bretons, et veulent réimplanter en Bretagne la religion païenne.

Ceux qui veulent protéger le catholicisme créent le Parti Autonomiste Breton (PAB). Ces gens sont de droite. Certains d'entre eux applaudissent le fascisme et le nazisme, qui naissent au même moment, en Italie et en Allemagne.

Avec la Seconde Guerre Mondiale et l'Occupation de la France par les nazis, la plupart des militants disparaissent, ou sont persécutés. Une partie des militants intéressés par le nazisme s'engagent dans la Collaboration. Ils espèrent qu'Adolf Hitler fera de la Bretagne un pays indépendant. Les plus fanatiques s'engagent dans la division Bezen Perrot, une unité de l'armée qui tue et torture beaucoup de Résistants bretons.

Le troisième Emsav[modifier | modifier le wikicode]

A la Libération de la France, le mouvement breton est condamné. On pense qu'il se résume aux crimes de la Bezen Perrot. Les militants de l'Emsav décident alors de promouvoir la culture bretonne, plutôt que de s'engager dans des partis politiques. Ils animent des soirées de danse bretonnes (fest-noz), des groupes de musique bretonnes (bagad) et des groupes de druides.

D'un autre côté, les riches patrons bretons pensent qu'il faut s'unir, pour sortir la Bretagne de la pauvreté. Ils créent alors un lobby, le CELIB (Comité d'Etude et de Liaison des Intérêts Bretons). Le CELIB poussait chaque fois les dirigeants parisiens à favoriser les entreprises bretonnes, à donner de l'argent à la Bretagne, à la moderniser. A l'époque, la Bretagne est encore une région d'agriculteurs, où chaque paysan a sa petite portion de terre. Avec le CELIB, l'agriculture bretonne se modernise : les champs deviennent plus grands, chaque paysan possède un tracteur et/ou une moissonneuse-batteuse, et ils se spécialisent dans une plante ou un animal particulier. Le CELIB fait aussi ouvrir des usines en Bretagne.

Dans les années 1960, surtout après Mai 1968, les gens deviennent de plus à plus à gauche. Entre autres, la gauche veut protéger les cultures régionales. Cela profite donc à l'Emsav, qui vit un âge d'or. D'un côté, elle recrée des partis politiques, notamment l'Union Démocratique Bretonne (UDB), un parti autonomiste de gauche qui, encore aujourd'hui, est le plus grand parti breton. De l'autre, sa musique remporte un succès dans toute la France et l'Europe. Des musiciens de folk-rock, comme Alan Stivell, Glenmor ou Gilles Servat, deviennent très populaires. Enfin, des groupes terroristes d'extrême gauche commettent des attentats, pour réclamer l'indépendance de la Bretagne.

Un tag indépendantiste

Aujourd'hui, le mouvement breton vit plus ou moins bien. Il n'existe plus de terroristes bretons. Les partis politiques sont très minoritaires. En revanche, la culture bretonne est toujours très vivace : il existe en Bretagne beaucoup de festivals de musique, la langue bretonne est de plus en plus pratiquée, etc.

Les organisations actuelles[modifier | modifier le wikicode]

On va étudier quatre organisations bretonnes actuelles, de l'extrême gauche à l'extrême droite.

A l'extrême gauche, il y a Douar ha Frankiz, qui compte moins d'une centaine de membres. Ce petit groupe est indépendantiste. Il est l'héritier d'Emgann, un ancien parti d'extrême gauche breton. Ici, les gens désirent l'indépendance de la Bretagne, ainsi que la fin du capitalisme : ils sont communistes.

A gauche, il y a l'UDB, dont on a parlé. C'est le plus gros parti breton ; il est autonomiste. En 2022, il possède six élus régionaux. L'UDB veut créer une Assemblée de Bretagne, qui déciderait de tout, sauf des questions régaliennes. Elle dénonce la Ve République, qu'elle dit très centralisatrice (tout se déciderait au centre du pays, c'est-à-dire à Paris). Le parti est proche d'EELV et du PS.

A droite, le Parti Breton (PB) est aussi autonomiste. Il dit que la Bretagne entière doit s'unir, les grands patrons avec les plus pauvres, pour se libérer de la France. Le PB applaudit donc les lobbys bretons, comme le CELIB ou l'Institut de Locarn (qu'on évoquera après).

A l'extrême droite, il n'y a plus de parti. Il existe encore la revue War Raok. Il y a toujours quelques militants d'ultra-droite, qui forment des bandes, ou rejoignent des groupes d'extrême droite nationaux.

Par ailleurs, aujourd'hui, les grands patrons bretons sont toujours unis dans des lobbys pro-bretons. On peut citer l'Institut de Locarn, le Club des Trente ou Produit en Bretagne.

Enfin, il existe des écoles entièrement dédiées à l'apprentissage de la langue bretonne : les écoles Diwan. Elles existent depuis 1977. Tous les cours sont donnés en breton. Il en existe 47, en 2022. A côté, il existe aussi des filières bilingues : des écoles où l'on parle moitié en breton, moitié en français.

Le terrorisme indépendantiste[modifier | modifier le wikicode]

A côté des partis légaux, quelques militants bretons se sont illustrés par des attentats.

Cela a commencé dès le second Emsav. Donnons un exemple. Devant l'hôtel de ville de Rennes, un sculpteur, Jean Boucher, a créé une statue représentant Anne de Bretagne (ancienne reine de Bretagne) s'agenouillant devant son futur mari, le roi de France Charles VIII. Le sculpteur célèbre donc le moment où la Bretagne et la France se sont unis. Cette sculpture fut créée en 1911, pour célébrer le 400e anniversaire de cette union. Trouvant la statue humiliante, les militants bretons font exploser en 1932 la statue grâce à une bombe1.

Mais le terrorisme breton est surtout actif dans les années 1960. A l'époque, le groupe terroriste le plus connu se nomme Front de libération de la Bretagne (FLB). Elle mène plusieurs centaines d'attentats contre des monuments, et fait rarement des morts. Son attentat le plus connu a lieu en 1978 : deux terroristes font exploser la galerie des Batailles du château de Versailles. Beaucoup de tableaux et de statues sont détruits. Presque tout le monde, y compris les autres militants bretons, condamnent cet attentat.

Dans les années 1990, le terrorisme breton reprend de l'ampleur. L'organisation qui les commet n'est plus le FLB, mais l'ARB (Armée Révolutionnaire Bretonne). Alliée aux indépendantistes basques, elle subtilise huit tonnes d'explosifs dans une caserne, après avoir neutralisé les gardiens. Grâce à cette réserve, l'ARB multiplie les sabotages, contre des entreprises françaises et américaines. Elle fait notamment exploser des restaurants McDonald's. En 2000, à Quévert, l'explosion tue accidentellement une jeune employée. La Bretagne est sous le choc, et les terroristes sont discrédités.

Depuis, mis à part quelques incidents de temps à autre, il n'y a plus de terrorisme en Bretagne.

Notes[modifier | modifier le wikicode]

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