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Viktor Orbán

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Viktor Orbán
Viktor Orbán, en 2017.
Viktor Orbán, en 2017.
Fonctions
Premier ministre de Hongrie
Depuis le 29 mai 2010
Élection 25 avril 2010
Réélection 6 avril 2014
8 avril 2018
3 avril 2022
Prédécesseur Gordon Bajnai
6 juillet 1998 au 27 mai 2002
Élection 24 mai 1998
Prédécesseur Gyula Horn
Successeur Péter Medgyessy
Président du Fidesz
Depuis le 17 mai 2003
Prédécesseur János Áder
18 avril 1993 au 29 janvier 2000
Prédécesseur Aucun (fonction créée)
Successeur László Kövér
Biographie
Nom de naissance Viktor Mihály Orbán
Date de naissance 31 mai 1963
Lieu de naissance Székesfehérvár (Hongrie)
Nationalité Hongroise
Parti politique Fidesz
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Viktor Orbán, né le 31 mai 1963 à Székesfehérvár, est un homme politique hongrois. Militant anticommuniste pendant la guerre froide, il dirige après la démocratisation de la Hongrie le parti d'extrême-droite du Fidesz. Premier ministre entre 1998 et 2002 puis depuis 2010, initialement proche du courant libéraliste, il s'impose après sa réélection comme l'une des figures populistes les plus médiatisées en Europe, s'attirant la sympathie des milieux conservateurs1. Se réclamant du principe de la démocratie illibérale, il suscite la défiance de l'Occident de par ses actions répressives envers l'état de droit et l'opposition politique, et l'influence grandissante qu'exerce une oligarchie sur le gouvernement. Il est principalement connu pour sa gestion de la crise migratoire européenne et ses positions conservatrices, rejetant l'identité de genre et minimisant les effets du réchauffement climatique23. En 2022, il s'oppose à l'aide militaire et financière à l'Ukraine, ainsi qu'aux restrictions imposées à la Russie45.

Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Né dans une famille rurale, il mène des études de droit à l'université de Budapest et obtient son doctorat en 1987. Il acquiert, l'année suivante, une bourse de la fondation Soros où il développe ses opinions politiques à Oxford6. Il s'engage rapidement dans l'opposition libérale au régime communiste, en rejoignant l'Alliance des démocrates libres (Szdsz) en 1988. Il gagne une notoriété en prononçant un discours lors des funérailles d'Imre Nagy en 1989, où il appelle au multipartisme. Il participe aux négociations mettant en place la démocratisation du pays7.

Élu député de l'Assemblée nationale, il dirige à partir de 1993 le Fidesz, initialement organisation de jeunesse du Szdsz. Devenu Premier ministre en 1998, il met en avant les valeurs du travail, de la famille et de l'identité nationale. Il permet l'adhésion de la Hongrie à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) en 1999, mais est jugé responsable de l'augmentation des inégalités8. Son parti perd les élections de 2002, au profit du Parti socialiste.

Dans l'opposition[modifier | modifier le wikicode]

Dans une optique d'intégration à l'Occident, il lance le processus d'adhésion à l'Union européenne et envoie un bataillon au côté de la coalition envahissant l'Irak, en 20039. Des conflits éclatent fréquemment entre le gouvernement socialiste et le Fidesz sur la gestion du budget, le premier refusant la baisse des impôts obtenue par ce dernier. En 2006, le Fidesz remporte les élections municipales, après un scandale provoqué par l'aveu du Parti socialiste d'avoir menti sur la situation économique du pays10. L'effondrement de la popularité des socialistes amène Viktor Orbán à obtenir la majorité des voix lors des élections législatives de 2010.

Premier ministre[modifier | modifier le wikicode]

Premier mandat (2010-2014)[modifier | modifier le wikicode]

Considéré comme un parti néofasciste en raison de sa volonté de réhabiliter le régime de Miklós Horthy (1920-1944) et de ses évocations de la « grande Hongrie », le programme du Fidesz est axé à la fois sur un aspect conservateur et la mise en place de mesures économiques libérales. L'une de ses premières mesures est d'accorder la nationalité hongroise aux minorités des pays voisins, comme la Roumanie et l'Ukraine. L'année suivante, le Fidesz fait adopter une loi contraignant à de sévères amendes les médias qui ne se conforment pas à la ligne éditoriale du gouvernement. La loi est maintenue, malgré les critiques de l'Union européenne9.

Orbán, fort de sa majorité acquise au Parlement, impose la mise en place d'une nouvelle Constitution remplaçant celle de 1949, malgré l'hostilité de l'opposition au projet11. La Commission de Venise exprima des critiques sur le rôle des pouvoirs exécutif et législatif sur la Banque nationale et la magistrature, ainsi que sur les références consacrées au christianisme et à Dieu12. L'opposition organisa des manifestations dénonçant une « mise en cause » de l'État de droit13. Le gouvernement réduit les prix du gaz, de l'électricité et de l'eau afin de conserver son électorat, dans un pays fortement impacté par la crise économique mondiale de 200814. En mai 2012, la décision de plusieurs villes d'installer des statues de Miklós Horthy sur leur territoire provoque des accrochages entre adhérants de gauche et de droite, les premiers dénonçant sa collaboration avec le régime nazi, pendant la Seconde Guerre mondiale15. Une nouvelle révision de la Constitution, en mars 2013 permettant le contournement des décisions prises par la Cour constitutionnelle, est dénoncée par la commission de Venise9.

En janvier 2014, en pleine crise ukrainienne, il signe un contrat de financement de construction, par la Russie, de deux réacteurs pour la centrale nucléaire de Paks16. Le Fidesz conserve sa majorité parlementaire lors des élections législatives de 2014, remportant 133 sièges sur 199, réduit de 386 depuis la promulgation de la nouvelle Constitution. Le scrutin est pointé du doigt par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui y dénonce une « partialité » des médias17.

Deuxième mandat (2014-2018)[modifier | modifier le wikicode]

Il accentue sa politique nationaliste après sa réélection, provoquant la polémique lors d'un discours le 27 juillet 2014, où il appelle ouvertement à l'instauration d'un « État illibéral » et citant les systèmes politiques de la Turquie, de la Russie et de la Chine comme des modèles de gouvernance1819. Vers l'automne 2014, Orbán et son administration commencent à faire l'objet de soupçons de corruption, qui sont toujours démentis. En parallèle, il durcit sa position envers les migrants lors de la crise de 2015, où il instaure une barrière le long de la frontière serbe et étend les prérogatives de l'armée pour empêcher les entrées illégales. Il assimile, en outre, les migrants comme une menace pour la chrétienneté de l'Europe, car « majoritairement » musulmans20.

En octobre 2016, il échoue à faire adopter un référendum sur la participation de la Hongrie au quota d'accueil des migrants au sein de l'UE, qui est invalidé malgré une écrasante majorité de « non », en raison d'une mobilisation insuffisante21. Il mène, la même année, une campagne médiatique contre le milliardaire américain juif George Soros, l'accusant de promouvoir l'immigration illégale. Une affiche le montrant manipuler une marionnette est dénoncée comme antisémite22.

Le Fidesz remporte les élections législatives de 2018, obtenant 113 sièges sur 199 et gardant la majorité au Parlement. Elles confirment la perte de popularité des socialistes, dont le président Gyula Molnar démissionna, et placent le parti d'extrême droite Jobbik comme le principal parti d'opposition au Fidesz23.

Troisième mandat (2018-2022)[modifier | modifier le wikicode]

En mars 2019, les décisions polémiques à répétition d'Orbán amènent à la suspension de son parti du Parti populaire européen (PPE), qui regroupe plusieurs partis politiques de droite24. Il subit un sévère revers, la même année, lors des élections municipales d'octobre, où le Fidesz perd la gouvernance de la capitale Budapest au profit de l'opposition socialiste25.

Le 30 mars 2020, dans un contexte naissant de pandémie de COVID-19, Orbán obtient un vote du Parlement lui permettant de gouverner par décrets, dans le cadre d'un état d'urgence pouvant être déclaré sans aval des députés et pour une durée illimitée. L'opposition condamne unanimement le vote, le qualifiant notamment de « coup d'État » et y voyant un prétexte du gouvernement pour renforcer son pouvoir26. Cet état d'urgence est abrogé le 17 juin suivant27. Le 15 juin, le Parlement hongrois adopte une loi interdisant la « promotion » de l'homosexualité à l'égard des mineurs, qui se concrétise par l'interdiction de l'enseignement éducatif de la sexualité. La loi, dénoncée comme discriminatoire par plusieurs membres de l'UE, est défendue par Orbán comme relevant de l'éducation parentale28. En octobre de la même année, la Hongrie est condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne pour une loi votée en 2017, qui obligeait les académies créées à bénéficier d'une autorisation du gouvernement29.

Le 3 mars 2021, le Fidesz annonce son retrait du Parti populaire européen, en réponse à l'adoption d'un vote permettant l'exclusion d'un groupe entier au sein du PPE, et plus uniquement de députés individuels30.

L'invasion russe de l'Ukraine de 2022 le place dans une situation délicate, la Hongrie étant dépendante de la Russie sur le plan énergétique mais ne pouvant se résoudre à s'isoler complètement de l'UE. Tout en votant les sanctions contre la Russie, il refuse de livrer des armes et une aide financière à l'Ukraine, ainsi qu'un embargo sur le pétrole russe. S'il soutient l'arrivée de réfugiés ukrainiens sur le territoire, l'essentiel de l'accueil est assuré par des groupes bénévoles31. Malgré un scrutin présenti comme serré en raison de l'unité de l'opposition et d'un contexte défavorable (inflation montante et faibles performances économiques, isolement régionale et attitude ambiguë sur l'Ukraine), le Fidesz obtient la majorité des voix lors des élections législatives d'avril 2022. L'OSCE déclare que les élections ont été « entachées par l'absence de règles équitables », en raison du domaine médiatique dominé par le narratif du Fidesz, ainsi qu'un financement de campagne déséquilibré entre le gouvernement et l'opposition. Le référendum organisé conjointement avec les élections, qui visait à entériner les lois de 2020 sur l'homosexualité, est invalidé faute de participation suffisante32.

Quatrième mandat (depuis 2022)[modifier | modifier le wikicode]

Il provoque, en juillet 2022, l'indignation du comité international d'Auschwitz, pour un discours prononcé en Transylvanie (région de Roumanie) où il appelait au rejet d'une « race hongroise mélangée avec des non-Européens »33.

Le 12 décembre de la même année, le Parlement européen bloque le versement à la Hongrie de 6,3 milliards d'euros de fonds, en raison de mesures insuffisantes pour garantir l'État de droit34. C'est la première fois qu'une telle décision est prise par l'UE, qui depuis 2020, peut suspendre les financements accordés à un État-membre si ce dernier ne respecte pas l'État de droit.

Le 23 octobre 2023, il prononce un discours à l'occasion de la commémoration de l'insurrection de 1956, où il compare la « tragédie » passée de l'Union soviétique à la « parodie contemporaine » de l'UE35.

Corruption et pratiques financières[modifier | modifier le wikicode]

Pour en savoir plus, lis l’article : Corruption en Hongrie.

Tout au long de ses mandats gouvernementaux, il est accusé de corruption par l'opposition, mais de premiers doutes sur la transparence du pouvoir sont émis à partir de 2012, lorsque l'ONG Transparency International détaille les liens entre le gouvernement et des dirigeants financiers, qui présentent un risque de corruption36. Des accusations de pays étrangers émergent vers octobre 2014, lorsque des membres de son administration sont interdits d'entrée aux États-Unis pour ce motif37. L'entourage d'Orbán est accusé d'étendre son influence sur les milieux financier et médiatique de manière douteuse, de nombreux médias privés étant rachetés par des proches du gouvernement de façon avantageuse, et plusieurs entreprises du secteur public ne présentant qu'un unique candidat à la succession38. Des conflits d'intérêts et une concurrence déloyale sont pratiqués par des entrepreneurs proches du Fidesz, comme le gendre d'Orbán István Tiborcz qui signa des contrats d'installation de lampadaires dans des villes contrôlées par le gouvernement, sans accorder de droits à la concurrence39. Ce dernier détourna également les fonds accordés par l'Union européenne à la Hongrie, destinés à réduire les inégalités entre pays-membres, afin de financer ses contrats40. Le gouvernement d'Orbán est parfois désigné comme un « État-mafia », ayant mis en place un système clientéliste semblable à la Russie de Vladimir Poutine41.

Entre 2013 et 2017, un programme de distribution de « visas dorés », organisé par le gouvernement, permit à plusieurs dizaines de milliers de ressortissants russes, chinois et de pays arabes (dont certains faisant l'objet de sanctions), de bénéficier d'un accès permanent aux pays de l'espace Schengen en échange du versement de plusieurs centaines de milliers d'euros. Les bénéficiaires furent principalement des hommes d'affaires et des membres de services de renseignement. Le programme contribua essentiellement à l'enrichissement des proches de Viktor Orbán, qui gagnaient jusqu'à 60 000 euros par acheteur42.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Qui est Viktor Orbán, Premier ministre hongrois et champion de la "démocratie illibérale" ? - Toute l'Europe
  2. En Hongrie, Orbán se pare de vert pour changer d'ère - Slate
  3. Hongrie: les LGBT+ et l’identité de genre, nouvelles cibles de Viktor Orban - RFI
  4. Guerre en Ukraine : Viktor Orban plaide pour la fin des sanctions contre la Russie « avant la fin de l'année » - La Tribune
  5. Pour Viktor Orban, l’Ukraine ne peut pas vaincre la Russie - Le Point
  6. Viktor Orban | Biography, Ideology, & Facts - Britannica
  7. VIKTOR ORBÁN (1963- ) - Encyclopædia Universalis
  8. Portrait de Viktor Orban - Premier ministre de Hongrie - Institut Montaigne
  9. 9,0 9,1 et 9,2 Hongrie : vie politique depuis 1989 - LAROUSSE
  10. Viktor Orbán Biography – Facts, Childhood, family Life of Hungarian Politician - TheFamousPeople
  11. Une continuité imparfaite: la nouvelle Constitution hongroise - Jus Politicum
  12. La constitution hongroise critiquée par le Conseil de l’Europe - Euractiv
  13. Budapest adopte une nouvelle constitution ultra conservatrice - France24
  14. En Hongrie, une décennie d'Orbán et d'autoritarisme - Slate
  15. En Hongrie, la gauche proteste contre la réhabilitation de Miklos Horthy - Le Monde
  16. La Russie, un allié pour la Hongrie de Viktor Orban - La Croix
  17. Hongrie. Poussée de l'extrême droite aux élections législatives. 6 avril 2014 - Encyclopædia Universalis
  18. Dans la tête de Viktor Orbán d'Amélie Poinssot - Revue Esprit
  19. Hongrie: ce discours d'Orban qui soulève des vagues - RFI
  20. Qui est Viktor Orban, le premier ministre qui veut arrêter les migrants en Hongrie ? - Le Monde
  21. Hongrie: le référendum sur les migrants invalidé faute de participation - Le Point
  22. Comment le cas George Soros met l’UE au pied du mur - IRIS
  23. En Hongrie, une large victoire pour Viktor Orbán - Libération
  24. La droite européenne suspend Viktor Orban, son «enfant terrible» - Le Figaro
  25. Hongrie : revers électoral inédit pour Viktor Orban - Les Echos
  26. Une « loi coronavirus » assure à Viktor Orban des pouvoirs quasi illimités en Hongrie - Le Monde
  27. Orbán rend ses “pleins pouvoirs” mais maintient son emprise sur la Hongrie - Courrier international
  28. Droits des LGBT. Viktor Orban dit défendre les homosexuels, les Européens protestent - Ouest France
  29. La Hongrie de Viktor Orban condamnée par la Cour européenne - Le Point
  30. Au Parlement européen, le parti hongrois de Viktor Orban quitte le groupe PPE - France24
  31. Les rêves contrariés « d’ouverture à l’Est » de Viktor Orbán - Le Grand Continent
  32. Le triomphe d’Orbán - Institut Jacques Delors
  33. Orban et la « race » hongroise : le comité d’Auschwitz se dit « horrifié » - L'Orient-Le Jour
  34. État de droit en Hongrie : 6,3 milliards d'euros bloqués par l'UE - Vie publique
  35. UE : Viktor Orban, un leader inquiet sous ses fanfaronnades - Le Point
  36. Transparency International dénonce l'influence d'«intérêts privés» en Hongrie - Libération
  37. Hongrie : des proches de Viktor Orban dans le viseur de Washington - Le Monde
  38. La Hongrie sous l’emprise médiatique du populiste Viktor Orbán - Libération
  39. Soupçons de corruption en Hongrie : pourquoi l'UE déclenche une procédure inédite ? - Marianne
  40. Hongrie : comment l'entourage de Viktor Orbán s'enrichit grâce aux fonds européens et à la complaisance d'entreprises comme Bouygues - Observatoire des multinationales
  41. Un État-mafia dans l’UE - Les Echos
  42. La Hongrie vend des visas européens à la Russie - Euractiv
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