Garçon devant un ordinateur.jpg
Hollie Little Pink Laptop.jpg
À propos • Aide • Le Livre d'or
Les lecteurs de Vikidia demandent des articles en plus. Voyez la liste d'articles à créer, et venez nous aider à les rédiger !

Vie quotidienne pendant le siège de Paris en 1870-1871

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
Aller à la navigation Aller à la recherche

Du 19 septembre 1870 au janvier 1871, Paris est encerclée par les armées allemandes et les Parisiens subissent un siège très éprouvant. Coupé du reste de la France, la capitale ne peut compter que sur ses propres ressources qui sont insuffisantes.

Malgré les terres cultivables (surtout maraîchères) qui subsistent entre l'ancien mur des Fermiers généraux et l'enceinte de Thiers, la production alimentaire est très un suffisante pour nourrir une ville de près de 2 000 000 d'habitants. La viande est désormais en partie fournie par les animaux domestiques, les rats des égouts, les très nombreux chevaux servant aux transports urbains individuels et collectifs, et même aux animaux du Jardin des plantes. Le pain est fait avec une farine mélangés d'ingrédients qui la plupart du temps sont d'origine suspecte. La pénurie d'aliments fait grimper les prix alors que les revenus d'une grande partie des classes populaires diminuent fortement du fait du chômage consécutif à la fermeture des ateliers faute de matières premières mais aussi de débouchés, les clients n'ayant plus les moyens d'acheter.

Alors que l'hiver 1870-1871 est particulièrement rigoureux les Parisiens ne peuvent plus se chauffer : le charbon traditionnellement importé par la Seine et l'Oise ne peut plus circuler car les Allemands contrôlent les cours d'eau qui convergent vers Paris. Le bois de chauffage se fait rare après que l'on ait abattu les arbres des bois de Boulogne ou de Vincennes afin de dégager l'espace en avant des fortifications pour surveiller les mouvements des assiégeants.

L'armée allemande bombarde la ville du 5 janvier 1871 au 26 janvier 1871. Il s'agit de briser le moral et l'esprit de résistance de la population qui refuse de capituler, ce qui retarde la fin des combats et les tractations de paix. Les dégâts causés par les tirs ennemis sont relativement faibles mais l'effet de terreur est assuré.

Difficulté du ravitaillement[modifier | modifier le wikicode]

Les pavillons des Halles de Paris, centre du ravitaillement des commerçants parisiens en produits frais

Pendant le Second Empire, Paris était ravitaillé quotidiennement par les maraîchers de la banlieue (à l'époque en grande partie un espace agricole), mais aussi par les envois des provinces limitrophes (la Normandie par la viande, le beurre et les fromages) mais aussi par les productions plus lointaines acheminées par les chemins de fer (en particulier les fruits et légumes du Midi).

L'encerclement de Paris par les armées allemandes interrompt cet approvisionnement. La Parisiens doivent se rabattre sur la nourriture disponible sur place. Le pain, un des aliments essentiels de l'alimentation populaire de l'époque, est en partie fabriqué avec des farines de céréales auxquelles le boulanger a additionné d'autres éléments (la sciure de bois, les pailles...). Le pain blanc, le plus recherché par les classes aisées, ne se trouve que difficilement. La viande fraîche est rare. Le bœuf atteint des prix exorbitants. La viande de cheval, jusque là surtout consommée par les classes populaires figure désormais au menu des repas des classes aisées. Heureusement Paris dispose alors de près de 70 000 chevaux, ceux qui sont attelés aux différents moyens de transports urbains, comme les cabs, les omnibus... Ces animaux sont difficiles à nourrir, car il n'y a plus d'herbe, plus de graines... aussi ont les sacrifie sans remord. L'andouille de cheval vaut six francs la livre (500 grammes). Les autres viandes sont hors de prix, une oie coûte 140 francs, un lapin 35 francs, la livre de lard 7 francs, l'œuf de poule est vendu à 2 francs pièce., la viande de chien n'est cédée qu'à 4 francs la livre. Les légumes deviennent un luxe, un poireau vaut 0,5 franc, un chou ordinaire 1,5 franc, un litre d'oignons 5 francs. La rareté est telle qu'il faut traquer les rats des égouts (2 francs pièce), les corbeaux (5 francs pièce), les moineaux (1,25 franc) … La disette empirant les animaux exposés au Jardin des plantes sont abattus : Les éléphants Castor et Pollux, une des attractions les plus connues sont sacrifiés et vendus à 4 francs la trompe. Il en est de même pour les chameaux, le girafes, les antilopes, les kangourous, mais les grands carnivores, comme le lion ou le crocodile sont moins demandés.

Les autorités municipales n'organisent qu'avec retard les circuits de distribution et le rationnement. Aussi les queues s'agglutinent devant les portes des commerces alimentaires, ce qui favorise les conversations qui quelquefois sont très défavorables au gouvernement.

L'abattage des arbres parisiens pour se procurer du bois de chauffage

Les communications avec la Province étant coupées par le siège, les Parisiens ne reçoivent plus de combustible nécessaire pour chauffer les logements, mais aussi faire fonctionner les machines à vapeur (qui sont à l'époque les moteurs des usines). Avant le siège l'approvisionnement en charbon provenait des bassins houillers du Nord et Pas-de-Calais, mais aussi de ceux du Massif central. Le combustible était acheminé par l'Oise et la Seine-amont de Paris. Or ces cours d'eau sont sous le contrôle des Allemands qui empêchent les convois fluviaux de passer. Le bois provenait aussi en grande partie du Massif central grâce au « déchirage » des embarcations à usage unique qui transportaient le charbon. L'abattage des arbres des bois de Boulogne, et de Vincennes pour les besoins de l'artillerie de défense procure le bois de chauffage mais est vite épuisé. Il faudra de rabattre sur les arbres des parcs, des boulevards ... Comme il arrive parfois en période de guerre l'hiver 1870-1871 est particulièrement rigoureux. En décembre la température est inférieure à zéro pendant 22 jours, le 21 décembre pendant la seconde bataille du Bourget, la température est à moins quatorze. La Seine est gelée à Paris.

Les bombardements[modifier | modifier le wikicode]

Paris est encerclée dès le 19 septembre 1870. Par ailleurs les armées républicaines continuent le combat. Mais l'armée de la Loire est battue à Beaune-La Rolande le 28 novembre. Issue de l'armée de la Loire, l'armée Chanzy est battue au Mans les 10-12 janvier 1871, tandis que l'armée Bourbaki battue à Héricourt les 15-18 janvier doit se réfugier en Suisse. L'armée du Nord (Faidherbe) est battue à Saint-Quentin le 19 janvier. Paris qui résiste grâce à son système défensif imposant est un obstacle majeur pour la fin rapide de la guerre et la conclusion de la paix. Le blocus de l'approvisionnement et des communications est insuffisant pour faire céder les Parisiens et le Gouvernement de la défense nationale qui siège à Paris. Les Allemands décident donc de bombarder le système défensif puis les quartiers intérieurs de l'enceinte afin de terroriser la population.

Caricature d'origine française illustrant la "barbarie" des soldats allemands dont les obus tuent des enfants qui jouent innocemment dans les jardins du Luxembourg

Le 27 décembre 1870, le bombardement commence sur les des forts de l'est, puis du sud. Le plateau d'Avron, les forts de Noisy, Nogent et Rosny, sont pilonnés. L'artillerie française évacue le plateau d'Avron le 29 décembre pour éviter une éventuelle capture des canons. Le 4 janvier, les forts de l'Est, dont Montreuil et Bondy sont pilonnés.

Le 5 janvier, les batteries prussiennes installées sur les hauteurs de Meudon, Saint-Cloud et Boulogne,(sud-ouest proche de Paris) commencent à bombarder Paris « intra-muros »: c'est surtout la rive-gauche qui subit les tirs. Le 5 sont touchées les rues d'Assas, des Feuillantines, le cimetière du Montparnasse et le quartier du Luxembourg. Les tirs de nuit, très « terrorissant » sont utilisés. Durant la nuit du 5 au 6 janvier, le bombardement se poursuit plus violemment, le quartier du Panthéon, du Val-de-Grâce et le Quartier sont atteints. La nuit du 6 au 7 janvier, c'est le quartier de Grenelle et le quartier de l'Observatoire. Le 7 janvier, le viaduc d'Auteuil, l'hôtel des Invalides transformé en hôpital sont pris pour cible. Le 9 janvier, cinq cents obus tombent dans et autour du jardin du Luxembourg. Le 12 janvier, l'hôpital de la Salpétrière pourtant signalé est visé.

Pendant ce temps, le gouvernement français négocie la fin des combats avec;les Allemands. Les pourparlers étant sur le point d'aboutir, les tirs cessent le 26 janvier.

Les difficultés des communications avec le reste de la France[modifier | modifier le wikicode]

L'encerclement de la capitale par les armées allemandes coupe toutes les communications terrestres avec le reste de la France. Les Allemands contrôlent les ours d'eau (Seine, Marne) qui à Paris ou dans sa très proche banlieue. Les différentes lignes de chemins de fer et les différentes routes nationales partant de Paris sont également coupées par les Allemands. Divers moyens ont été expérimentés pour surmonter cette difficulté.

La boule de Moulins[modifier | modifier le wikicode]

Une boule de Moulins

Pour les liaisons Province-Paris, des inventeurs ont mis au point la « boule de Moulins » (le nom provient de la ville de Moulins dans l'Allier où elles étaient fabriquées et où le courrier était centralisé. La « boule » est un cylindre de 20 cm de long et d'un diamètre de 12 cm. Il est pourvu d'ailettes qui lui permettent de tourner sur lui-même dans le courant du fleuve. La boule roule sur le fond. La boule pèse un peu plus de 2 kg et peut renfermer 500 à 600 lettres dont le poids est limité à 4 grammes chacune. La boule est immergée sur la Seine-amont au niveau du confluent avec l'|Yonne. La boule doit être récupérée à son arrivée à Paris, à Alfortville, grâce à un filet barrant le fleuve. Le système ne fut mis en place que tardivement et ne fonctionna que du 4 au 29 janvier 1871. Pas une des 55 boules expédiées ne fut récupérée à Paris ; elles ont dû être bloquées par des seuils rocheux, des troncs d'arbres immergées, des trous dans le filet qui a été endommagé par les glaçons charriés par la Seine à la mi-janvier, où bien repêchées par des filets allemands ( on en a retrouvées quelques unes par la suite jusqu'en 1988. Quelques unes ne sont même pas allées jusqu'à Paris, d'autre ont atteint la Basse-Seine en aval du confluent avec l'Oise).

Les pigeons voyageurs[modifier | modifier le wikicode]

L'utilisation des pigeons-voyageurs servit dans les deux sens (Province-Paris et Paris-Province). Les pigeons étaient déposés en province grâce aux ballons montés, puis une fois lâchés ils regagnaient Paris. Chaque pigeon acheminait ainsi des microfilms sur pellicule de collodion. On pouvait y faire figurer 40 000 messages par film. Les Allemands tentèrent d'intercepter les pigeons grâce à des faucons importés d'Allemagne, et beaucoup de pigeons n'arrivèrent pas dans la capitale. L'administration des Postes proposa d'utiliser des chiens dressés lâchés en province, mais aucun d'entre eux ne revint à Paris.

Les ballons montés[modifier | modifier le wikicode]

À l'initiative du photographe Nadar, ont utilise des ballons à gaz, avec nacelle légère en osier. Ils servaient au transport notamment du courrier civil ou militaire, des pigeons voyageurs, mais aussi des passagers : le 7 octobre 1870, le ballon « Armand Barbès » quitte Paris avec à son bord léon Gambetta, ministre de la Guerre et de l'Intérieur, qui doit à partir des départements non-occupés par les Allemands animé la résistance armée. étaient gonflés avec du gaz d'éclairage hautement inflammable. Les départs se faisaient de jour comme de nuit, essuyant les tirs de barrage des troupes prussiennes.

Départ de Gambetta pour organiser le gouvernement de la défense nationale en Province. 7 octobre 1870

Ces ballons étaient gonflés avec du gaz d'éclairage. La plupart ont une enveloppe contenant 1200 à 1500 m3 de gaz. Puis on utilisa des ballons plus gros environ 2000 m3. Le ballon « L'Égalité », lancé le 24 novembre 1870, avait une enveloppe d'une capacité de 3000 m3. Deux ateliers de construction de ballons sont installés dans les gares de chemin de fer, la gare d'Austerlitz et la gare du Nord inutilisées faute de liaisons avec l'extérieur.

Le premier ballon monté décolle le 24 septembre 1870. Pendant le siège, 66 ballons montés transportèrent 164 passagers, 381 pigeons, 5 chiens et plus de 2 millions de lettres (les lettres ne devaient pas excéder un poids de 4 grammes, la plupart étaient donc sans enveloppe), soit environ onze tonnes de courrier.

Le manque de pilotes expérimentés (ceux qui partaient ne pouvaient que difficilement regagner Paris), fut pallié par l'engagement de pompiers, de gymnastes et de volontaires. Formés rapidement ils furent souvent des pilotes de peu de valeur surtout au moment des atterrissages, ou dans des conditions de navigation peu favorables.

L'industriel allemand Krupp construisit plusieurs mousquets anti-ballons, sorte de canons-anti-aériens mais ils furent peu efficaces en raison de l'altitude prise par les ballons. Seul le ballon « Daguerre » fut mitraillé le 12 novembre 1870 : ses deux passagers furent faits prisonniers.

Pour compléter[modifier | modifier le wikicode]

Sources[modifier | modifier le wikicode]

  • [1] article de Wikipedia sur le siège de Paris en 1870-1871
  • [2] site internet geneawiki. Renseignements intéressants sur les prix des produits alimentaires à Paris pendant le siège.
  • [3] article de Wikipedia. Détails sur les différents ballons ayant quitté Paris en 1870-1871
Icone chateau.png Portail de l'Histoire —  Toute l'Histoire, de la préhistoire, jusqu'à aujourd'hui.
Portail de Paris — Tous les articles concernant Paris et sa banlieue.