Club des Jacobins

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Caricature montrant le débat sur la guerre au club des Jacobins en janvier 1792 (Bibliothèque nationale de France, Paris.

Le Club des Jacobins est un club parisien réunissant des hommes politiques de premier plan pendant la Révolution française1. On y rencontrait, du moins de 1789 à 1791, La Fayette, Mirabeau, Robespierre ou Jacques Louis David. Son nom officiel était Société des Amis de la Constitution. La salle de réunion se trouvait dans l'ancien couvent des jacobins, rue Saint-Honoré à Paris.

Selon Georges Couthon, le club des Jacobins est l'endroit où la Révolution française est née et a été préparée2.

La cotisation d'adhésion au club était assez élevée ce qui en réservait l'accès à la bourgeoisie aisée, tels les avocats, les médecins, les négociants ou les savants.

En 1791, le club des Jacobins avait près de 400 « succursales  » dans les départements. De base, celui-ci porté le nom de Club breton et changera de nom, du fait qu'il est situé dans le couvent des jacobins de la rue Sainte-Honoré ayant été loué par le club.

Le club sera le lieu de réflexion privilégié des Montagnards à partir de 1792, car les députés et partisans des Girondins, républicains modérés, le quitteront. Les adversaires politiques des Jacobins les nommeront jacoquins.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Une séance au Club des jacobins en 1791 dans la bibliothèque des Dominicains. Alexandre de Lameth préside, tandis que Mirabeau prononce un discours.

La Constituante (1789-1791)[modifier | modifier le wikicode]

Mirabeau domine le club jusqu’en décembre 1790.
Barnave qui, avec Duport et Lameth, succède en triumvirat à Mirabeau.

Le 30 avril 1789, les députés bretons aux états généraux dont Isaac Le Chapelier, Jean-Denis Lanjuinais et Jacques-Marie Glezen, avocats au barreau de Rennes décident de fonder, à Versailles le Club breton, avant d'être rejoint progressivement par d'autres députés. Après le transfert de l'Assemblée constituante à Paris, le nom du club change pour devenir la « Société des amis de la Constitution » et s’installe au couvent des Jacobins.

Le club avait pour rôle, de préparer les séances de l'Assemblée en discutant des textes à débattre, ce qui s'avérera être un succès étant donné que le nombre d'adhérents a augmenté très rapidement et toutes personnes le souhaitant, peut en faire parti à condition d'être parrainé par cinq membres du club. Plusieurs personnes en sont membres, dont Honoré-Gabriel Riquetti de Mirabeau, Maximilien de Robespierre, Gilbert du Motier de La Fayette, Jérôme Pétion de Villeneuve, Adrien Duport, Antoine Barnave et Alexandre de Lameth.

À Paris, Mirabeau est la personne qui se démarque le plus parmi les membres, du fait qu'il exerce par son éloquence, une très grande influence, jusqu'à ce que Alexandre de Lameth l'attaque en lui faisant perdre de son influence en l’accusant de travailler en collaboration avec les aristocrates.

En juin 1791, le roi s'enfuit avant de revenir et ce dernier ne peut plus être attaqué et reprend ses fonctions, ce qui conduira à une division au sein même des jacobins. Le 16 juillet 1791, la veille de la fusillade du Champ-de-Mars, désertant les jacobins, Barnave entraîne la majorité modérée (dont la quasi-totalité des députés) et va s’installer au couvent des Feuillants.

La Législative (1791-1792)[modifier | modifier le wikicode]

Brissot, député de Paris, est l’homme de la guerre révolutionnaire. Avec ses amis, il représente la deuxième génération révolutionnaire. On les appelle, après Lamartine, les girondins.
Robespierre se prononce contre la guerre. Le duel qui l’oppose à Brissot a lieu au Club des jacobins. Robespierre y déclame cinq grands discours et une dizaine d’interventions, applaudis par plusieurs futurs députés montagnards.

Le club n’est plus essentiellement destiné à préparer les débats à l’Assemblée, mais devient totalement autonome, conduisant à ce que des débats politiques se déroulent aussi au Club des jacobins et plus seulement à l'Assemblée.

Le public peut désormais assister aux séances, ce qui conduit le club des jacobins à devoir subir des pressions de la part du public et des activistes.

L’hiver 1791-1792 est marqué au Club des jacobins par le débat sur la guerre et un duel entre Brissot et Robespierre. Brissot est l’homme de la guerre et affirme que « Le moment est venu d’une nouvelle croisade : c’est une croisade de liberté universelle » dans le sens où il est obligatoire d'aider les révolutionnaires de l'Europe, mais cette vision ne convient pas à Robespierre, qui estime que cela pourrait conduire à une dictature militaire en affirmant :

« La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d’un politique est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à main armée chez un peuple étranger pour lui faire adopter ses lois et sa Constitution. Personne n’aime les missionnaires armés. »

— Maximilien de Robespierre

La Convention (1792-1794)[modifier | modifier le wikicode]

De l’été 1793 à l’été 1794, le Club des jacobins s’identifie avec Robespierre.
Vignette en forme de sceau du Club des jacobins. À partir de l’automne 1792, le club change de nom et devient la Société des amis de la Liberté et de l’Égalité.
Jean Baptiste Louis Massard .- Grand convoi funebre de leurs majestés les Jacobins en leur vivant nos Seigneurs et Maitres, décédés en leurs palais de la rue St Honoré, Paris, 1792.

À partir de l’automne 1792, le club change de nom et devient la « Société des amis de la Liberté et de l’Égalité ».

Il change aussi de physionomie. Selon Michelet,

« cette troisième légion convoquée en quelque sorte au nom de l’égalité différait beaucoup des deux autres. D'abord elle était plus jeune. Puis la grande majorité se composait d’hommes de conditions peu lettrées comme le menuisier Duplay, etc. Ces braves gens très passionnés étaient généralement honnêtes et désintéressés. Profondément fanatiques du salut de la patrie, s’avouant leur ignorance, ils ne cherchaient qu’un directeur, il leur fallait un honnête homme, bien sûr et bien solide qui voulût pour eux, ils remettaient leur conscience dans la main de Robespierre. Ils étaient, si je ne me trompe, plus naïfs et plus violents, moins fins et moins pénétrants que le peuple d'aujourd'hui. Le fanatisme sincère, si peu éclairé des uns, la violence vraie ou simulée des autres, la concurrence de fureur qui était entre eux, chacun voulant primer l’autre en colère patriotique, rendaient la société (toute disciplinée qu’elle semblait) très difficile à manier. Elle sortait souvent de la mesure que comportait le moment. »

— Jules Michelet

Le club, au départ à majorité de députés, devient progressivement, un club constitué essentiellement de militants, regroupant des montagnards et des girondins. Progressivement, le club doit faire face à un conflit opposant les deux groupes, mais les girondins sont majoritaires et Robespierre en est le chef. Sous sa domination, ce dernier va renvoyer des opposants.

Les jacobins vont jouer un rôle essentiel dans l'arrestation des girondins dont le frère de Robespierre, Augustin appellera les partisans à tout mettre en œuvre pour arrêter les députés s'opposant à eux.

« Il faut que tous les bons citoyens se réunissent dans leurs sections, qu’ils y dirigent l’opinion publique d’une manière plus utile qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent, et qu’ils viennent à la barre de la Convention nous forcer de mettre en état d’arrestation les députés infidèles. »

— Augustin Robespierre

Estampe représentant la clôture du club des Jacobins le 10 thermidor an II, Paris, BnF, département des estampes.

Malgré la chute de Robespierre, les jacobins ne disparaissent pas aussitôt, mais le club sera fermé et il sera décidé d'éliminer tout ceux qui ont soutenu Robespierre avant de rouvrir ensuite. La population ayant été choquée par la période de la Terreur de Robespierre, ne veulent pas que le club reste ouvert, ce qui conduira à sa fermeture définitive le 12 novembre 1794 avant la destruction du bâtiment, six mois plus tard.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. (fr) Henri Prat, Études historiques. Révolution française, Paris, C. Borrani, 1868.
  2. (fr) Maxime Renard, L’Héritage du jacobinisme, Paris, L'Harmattan, 2015.

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • (fr) Jean Boutier, Philippe Boutry et Serge Bonin, Les Sociétés politiques, Paris, Éditions de l'EHESS, 1992.
  • (fr) Jean-Paul Bertaud, Françoise Brunel, Catherine Duprat, Mélanges Michel Vovelle : sur la Révolution, approches plurielles / volume de l'Institut d'histoire de la Révolution française, Société des études robespierristes, Paris, 1997.
  • (fr) Jean Boutier et Philippe Boutry, La diffusion des sociétés politiques en France 1789 – an III. Une enquête nationale, Annales historiques de la Révolution française, numéro 266, septembre-octobre 1986.
  • (fr) Jean-Paul Bertaud, Françoise Brunel, Catherine Duprat, Mélanges Michel Vovelle : sur la Révolution, approches plurielles / volume de l'Institut d'histoire de la Révolution française, Société des études robespierristes, Bibliothèque d'histoire révolutionnaire, Paris, 1997.
  • (fr) François Furet et Mona Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française Flammarion, 1988.
  • (en) Patrice Higonnet, Goodness beyond Virtue : Jacobins during the French Revolution, Harvard University Press, Cambridge (Massachusetts) / Londres, 1998.
  • (en) Michael Lee Kennedy, The Jacobin Clubs in the French Revolution : The First Years, Princeton University Press, 1982.
  • (en) Michael Lee Kennedy, The Jacobin club of Marseilles, 1790-1794, Cornell University Press, Ithaca / Londres, 1973.
  • (fr) Michael Lee |nom1=Kennedy, Les clubs des jacobins et la presse sous l'Assemblée nationale, 1789-1791, Revue historique, Presses universitaires de France, numéro 535, Paris, juillet-septembre 1980.
  • (fr) Jean-Daniel Piquet, L'abbé Grégoire, ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs, Annales de l'Est, janvier-juin 2002.
  • (fr) Jean-Daniel Piquet, Un discours inédit de l’abbé Grégoire sur le décret du 15 mai 1791 : Discours de M. Grégoire sur la révocation du décret relatif aux gens de couleur, Annales historiques de la Révolution française, numéro 363, janvier-mars 2011.

Pour compléter sur les clubs politiques pendant la Révolution de 1789[modifier | modifier le wikicode]

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