Scandale du Watergate

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Les bureaux du Parti démocrate américain étaient situés dans l'immeuble du Watergate à Washington.

Le Scandale du Watergate est une affaire politique et d'espionnage qui a eu lieu aux États-Unis de 1972 à 1974.

Ce scandale a eu pour conséquence la démission du président Richard Nixon1.

Situation politique aux États-Unis en 1972[modifier | modifier le wikicode]

Portait officiel de Richard Nixon.

Richard Nixon, le président républicain des États-Unis depuis 1969, se présente aux élections en 1972 pour un second mandat présidentiel. Les spécialistes de la politique le considèrent alors comme le favori2 : le président sortant présente un bilan plutôt positif (entre autres, sur le plan international : la reprise des relations diplomatiques avec la Chine communiste, interrompues depuis 1949, et la signature avec l'U.R.S.S. d'un accord, pour limiter la fabrication des armes nucléaires américaines et soviétiques ; cependant, ses opposants lui reprochent de mener une politique trop conservatrice à l'intérieur des États-Unis). Son adversaire du Parti démocrate, George McGovern, a peu de chances de gagner l'élection.

Déroulement de l'affaire[modifier | modifier le wikicode]

D'étranges cambrioleurs[modifier | modifier le wikicode]

En juin 1972, cinq cambrioleurs pénètrent dans l'immeuble du Watergate à Washington, où se trouvent les bureaux du Parti démocrate (le parti adversaire du président Nixon) ; mais ils sont vite repérés et arrêtés par la police. Les enquêteurs découvrent sur eux du matériel d'écoute (des micros), et des numéros de téléphone de la Maison-Blanche, la résidence du président des États-Unis. De plus, un des « cambrioleurs » est un colonel ayant travaillé pour le FBI et la CIA, il est aussi un membre du Comité qui soutient la réélection de Nixon3. Mais l'enquête est vite abandonnée ; le président Nixon affirme qu'il n'a aucun lien avec cette affaire, et il déclare que « la Maison-Blanche n'est pas impliquée dans cet incident ». Les Américains suivent avec intérêt l'élection présidentielle, mais l'affaire des « cambrioleurs » du Watergate passe inaperçue, le public ne s'y intéresse pas. En novembre 1972, Richard Nixon est réélu président (avec 60,7 pour cent des voix4) et il commence son second mandat en janvier 1973.

Le Washington Post enquête[modifier | modifier le wikicode]

Bob Woodward, un des deux journalistes du Washington Post (photographié ici en 2002, trente ans après le Scandale du Watergate).

Un journal d'investigation, le Washington Post, suit l'affaire depuis le début. Deux des journalistes de ce journal, Bob Woodward et Carl Bernstein3, vont découvrir petit à petit que les hommes arrêtés avaient sur eux une importante somme d'argent, et qu'ils étaient équipés pour une mission d'espionnage. Plus tard, les deux journalistes apprennent que des personnes proches du président Nixon ont financé des missions d'espionnage contre des membres du Parti démocrate ; le Watergate était une de ces missions, parmi beaucoup d'autres. Pour faire avancer leur enquête, Bob Woodward et Carl Bernstein interrogent de nombreux témoins ; parmi ceux-ci, un membre important du FBI (désigné sous le nom de code de « Gorge Profonde », de son vrai nom Mark Felt) les rencontre secrètement à plusieurs reprises et leur fournit de précieuses informations5,6. Le Washington Post consacre plusieurs articles à cette affaire.

Procès des faux « cambrioleurs »[modifier | modifier le wikicode]

Le procès des cinq faux cambrioleurs et de deux de leurs chefs s'ouvre en janvier 1973. Avant le procès, des pressions sont faites sur les accusés : pour éviter des révélations embarrassantes pendant le procès, on leur demande de plaider « coupable », et on leur promet une future amnistie (c'est-à-dire, une réduction de leur peine) et une compensation financière (le versement d'une somme d'argent). Tous sont condamnés à des peines de prison ; ces peines sont ensuite transformées un peu plus tard en une liberté conditionnelle. Plus tard, un des accusés reconnaitra avoir menti à la justice en raison des pressions qu'il a subies5.

Enquête du Sénat américain[modifier | modifier le wikicode]

De leur côté, les sénateurs forment une commission (un groupe de travail) chargée d'enquêter sur ces événements, cette enquête se poursuit de mars 1973 à juillet 1974 . Des personnalités proches de la Maison-Blanche sont obligées de venir témoigner et Richard Nixon essaie, sans y parvenir, d'empêcher les sénateurs de les interroger. Devant la Commission sénatoriale, les témoins parlent et les révélations s'enchainent7 : les témoignages confirment qu'une sorte de « service secret » a été mis en place par l'entourage du président, dans le but d'espionner ses opposants politiques. D'autres faits illégaux sont mis en lumière, notamment des cas d'« obstruction à la justice » (comme les pressions exercées sur les faux cambrioleurs pendant leur procès). Certains témoins révèlent aussi que la campagne électorale de Richard Nixon a été financée (en partie) par des fonds illégaux. Les débats sont retransmis par la télévision, et les Américains se passionnent pour l'affaire du Watergate.

Le rôle de la Maison Blanche est dévoilé[modifier | modifier le wikicode]

Nixon dans son bureau (le « bureau ovale ») à la Maison Blanche.

Mises directement en cause, des personnalités proches du pouvoir démissionnent de leur poste ; parmi ceux-ci on peut citer : le ministre de la Justice, deux des conseillers personnels de Richard Nixon ainsi que son conseiller juridique, et le directeur du FBI. Des témoins affirment que le président était parfaitement informé de ce système, car il a assisté à certaines réunions. De plus, les sénateurs apprennent au cours des interrogatoires que le président Nixon faisait enregistrer secrètement (peu de personnes le savaient) toutes les conversations qui avaient lieu dans son bureau à la Maison Blanche, et que les bandes de ces enregistrements ont été conservées. Le juge qui suit l'affaire demande à la Maison Blanche de remettre ces bandes aux enquêteurs ; Richard Nixon refuse et destitue le juge. Un autre juge est nommé, qui à son tour réclame les enregistrements. Finalement les bandes sont communiquées, mais une partie des enregistrements a été effacée. Ce qui reste des enregistrements permet toutefois de démontrer que le président est personnellement impliqué dans cette affaire8.

Conséquences[modifier | modifier le wikicode]

Manifestation devant le Capitole pour réclamer le départ de Nixon.

Procédure d'« impeachment »[modifier | modifier le wikicode]

Largement réélu avec plus 60 pour cent des voix, le président Nixon bénéficiait, avant la révélation du système d'espionnage et de corruption mis en place par la Maison-Blanche, du soutien d'une grande partie des Américains (grâce notamment aux accords mettant fin à la Guerre du Viêt Nam, signés en 1973). Après le scandale du Watergate, le public n'a plus confiance en lui, sa popularité diminue et des manifestants demandent son départ. La Cour suprême de justice américaine conclut à la responsabilité de Richard Nixon et une procédure d'« impeachment » débute alors (en français, « destitution » : procédure où les sénateurs américains votent pour priver le président de ses fonctions).

Démission du président[modifier | modifier le wikicode]

Finalement, Richard Nixon préfère démissionner le 8 août 1974 sans attendre la fin de la procédure2. Il est, à ce jour, le seul président américain ayant démissionné. Comme le prévoit la Constitution des États-Unis, il est remplacé par le vice-président Gerald Ford. Celui-ci gracie Richard Nixon8, et la procédure d'impeachment est définitivement abandonnée.

Le scandale du Watergate au cinéma[modifier | modifier le wikicode]

  • Les Hommes du président (All the President's Men) sont un film d'Alan J. Pakula, adapté du livre écrit par Bob Woodward et Carl Bernstein, les deux journalistes du Washington Post qui ont révélé l'affaire. Dans le film, leurs personnages sont interprétés par Robert Redford et par Dustin Hoffman. Le film est sorti en 1976, deux ans après la fin de l'affaire et la démission de Richard Nixon.


Le savais-tu.png
Le savais-tu ?
Carl Bernstein et Bob Woodward ont reçu le prix Pulitzer
En 1973, les deux journalistes ont reçu le prix Pulitzer pour leurs articles sur l'affaire du Watergate, parus dans le Washington Post.

Sources, notes et références[modifier | modifier le wikicode]

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • Bob Woodward et Carl Bernstein, All the President's Men (années 1970), et Les Fous du président, Gallimard, 2005 ;
  • Bob Woodward, Gorge profonde, Gallimard, 2007 ;
  • Claude Moisy, Nixon et le Watergate, Hachette, 1994 ;
  • Quentin Convard, Le Scandale du Watergate, 2015.

Liens internes[modifier | modifier le wikicode]

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

Article mis en lumière la semaine du 27 février 2023.
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