Conférence de Berlin (1884-1885)

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Ne pas confondre avec Congrès de Berlin (1878) !
Caricature parue dans l'hebdomadaire français L'Illustration en 1885. Debout le chancelier allemand Bismarck partage le « gâteau » Afrique entre les différentes puissances européennes dont les représentants sont assis à la table des négociations

La conférence de Berlin s'est tenue de novembre 1884 à février 1885 à Berlin, capitale de l'Empire allemand. Les principales puissances européennes ainsi que les États-Unis y participent. Bien qu'ils soient les premiers concernés par l'objet de cette réunion internationale, aucun souverain africain n'a été invité à la conférence. La conférence édicte les règles de l'installation et de la conquête des terres intérieures de l'Afrique par les Européens. Elle aboutit de fait au partage de l'Afrique entre les différents pays européens.

La situation en Afrique au début des années 1880[modifier | modifier le wikicode]

Amorcée dès le XVe siècle, la colonisation européenne n'avait jusque là conquis que des portions éparpillées des autres continents (sauf en Amérique). En Afrique, les possessions européennes étaient surtout côtières, elles servaient de relais sur la route des Indes via le sud du continent (le canal de Suez ne sera ouvert qu'en 1867.

Or dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec la découverte des mines de diamants du Transvaal en 1867 on entrevoit la richesse de l'intérieur de l'Afrique. La France ne disposait que de l'Algérie, dont la conquête n'avait commencé qu'en 1830, la Tunisie ne devient un protectorat français qu'en 1881 et la France ne conquiert la Guinée qu'en 1884. Le Royaume-Uni est installé sur la côte ghanéenne depuis des siècles. Il ne s'empare de l'Égypte qu'en 1882 et du Soudan en 1884.

Le Portugal depuis des siècles a des comptoirs africains en particulier en Angola, au Mozambique, comptoirs qu'il rêve de relier à travers l'Afrique australe. En 1884, l'Allemagne dispose du Togo, du Cameroun et du sud-ouest africain (actuelle Namibie) et lorgne sur le Afrique-orientale allemande. Après avoir rêvé de s'emparer de la Tunisie, l'Italie vise la Libye. Et dans la cuvette du fleuve Congo, depuis 1878, le roi des Belges Léopold II est en train de se tailler une immense propriété personnelle dont il espère devenir le roi.

En Afrique, les ambitions territoriales des états européens, en particulier pour la délimitation des frontières intérieures dans un continent encore en grande partie inconnu d'eux, provoquent par endroits des heurts qui peuvent dégénérer en guerre ouverte. Ainsi en 1881 au nom de la France Savorgnan de Brazza fonde Brazzaville sur le fleuve Congo, alors que les Portugais, s'appuyant sur des traités multicentenaires avec les anciens souverains du royaume du Congo, revendiquent cette région, région nécessaire pour le débouché pour le futur État du Congo. En 1884, Britanniques et Portugais s'entendent pour l'imiter l'accès aux Belges.

La Conférence de Berlin[modifier | modifier le wikicode]

Une séance de la conférence. À droite dans le fond, debout Bismarck. Un africain est caché derrière un bouquet d'arbre qui sert de décor.

Sur une idée des Portugais d'organiser une réunion internationale pour le partage de la basse vallée du Congo, le chancelier allemand Bismarck réunit les représentants des grandes puissances européennes à Berlin. La conférence dure du 15 novembre 1884 au 26 février 1885. Sont présents l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l'Empire ottoman, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège auxquels s'adjoignent les États-Unis. Aucun pays africains, royaumes constitués ou chefs coutumiers n'est invité.

Prévue à l'origine pour régler la question congolaise, la conférence va vite s'intéresser aux conditions dans lesquelles les pays colonisateurs, surtout les Européens,vont pouvoir s'installer dans l'intérieur de Afrique à partir des côtes. On y discute également des conditions de la navigation sur les grands fleuves africains comme le Niger ou le Congo. L'Allemagne, qui a très peu de colonies, souhaite la liberté totale du commerce qui favoriserait son industrie en plein essor. Le Portugal, soutenu par la France (gouvernée alors par Jules Ferry) souhaite que les colonies soient la « chasse gardée » du pays colonisateur.

Les décisions de la conférence[modifier | modifier le wikicode]

L'acte final de la conférence est signé le 26 février 1885. Il précise les points suivants :

  • Une puissance européenne établie sur la côte africaine peut s'engager vers l'intérieur jusqu'à ce qu'elle rencontre le territoire acquis par une autre puissance européenne. Cette extension n'est pas automatique. Il est évident que des accords entre puissances seront nécessaires pour fixer les limites de ces "zones d'influence".
  • L'annexion n'est valable que s'il y a une occupation effective du terrain. Les traités passés avec les autorités indigènes doivent être portés à la connaissance des autres puissances colonisatrices.
  • La navigation est libre sur le Niger et le Congo.
  • L'esclavage est interdit dans les territoires annexés.
  • Il est créé un État indépendant du Congo qui est la propriété personnelle de Léopold II roi des Belges. Par contre l'extension de cet état est limitée vers le nord et l'ouest car la France annexe la rive droite du Congo et de l'Oubangui
  • Le Royaume-Uni s'y étant opposé, il n'est plus question de l'annexion par le Portugal des territoires situés entre l'Angola et le Mozambique. Le Portugal doit également renoncer à s'étendre au nord de l'embouchure du Congo. Il n'obtient que l'enclave de Cabinda.

La mise en œuvre des décisions de la conférence[modifier | modifier le wikicode]

Le résultat de la Conférence. Les frontières tracées sont les frontières actuelles qui n'existaient pas avant la Première Guerre mondiale. Noter que le Libéria et l'Éthiopie échappent à la colonisation

La conférence a émis des principes généraux. À partir de ceux-ci les diplomates européens vont devoir préciser sur des cartes puis sur le terrain les « frontières » entre les différentes zones d'influence qui vont diviser l'Afrique. Là encore il n'est pas tenu compte de l'opinion et des modes de vie des populations indigènes concernées.

Le Royaume-Uni et le Portugal règle par la force le problème de la liaison terrestre entre les colonies portugaises Angola et Mozambique. En 1890, le Royaume-Uni, en violation des principes ci-dessus, impose au Portugais de se retirer des régions qu'ils espéraient acquérir. Cela permettra par la suite aux Britanniques de s'emparer de cet espace par l'intermédiaire de ce qui deviendra la Rhodésie.

Pour le partage de l'Afrique de l'Ouest, la France et le Royaume-Uni s'entendent pour fixer la limite sur une ligne allant de Say au Niger à Barouda sur le lac Tchad. La France prend les régions au nord, les Britanniques s'emparent des territoires au sud. Plus à l'Est, dans des régions désertiques, il est convenu que la limite sera entre le onzième et le quinzième degré de longitude Est ; cela ne sera réglé qu'après la crise de Fachoda qui en 1898 faillit déclencher la guerre entre la France et le Royaume-Uni.

Toujours en Afrique de l'ouest, le Royaume-Uni et l'Allemagne se mettent d'accord pour fixer la limite de leurs zones d'influence respectives entre le Nigéria (britannique) et le Cameroun (allemand) sur une ligne allant passant par Yola, Dikoa et le lac Tchad. Dans la même région la France et l'Allemagne décident que la région de Miltou (au Tchad actuel) sera sous influence française.

Dans le nord de l'Afrique, l'Italie qui renonce définitivement à la Tunisie, reçoit une vaste portion du Sahara entre le tropique du Cancer et le quinzième parallèle, les dix-septième et vingt-et-unième méridiens.

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