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Comté de Nice

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Comté de Nice
(oc) Comtat de Niça
(it) Contea di Nizza
1388 - 1860
Drapeau Blason
Drapeau Blason
Position du comté de Nice au sein de la France actuelle.
Position du comté de Nice au sein de la France actuelle.
Informations générales
Régime Comté des États de Savoie
Capitale Nice
Langue Niçois, italien et français
Monnaie Livre sarde
Religion Catholicisme
Démographie et superficie
Superficie  km2
Entités précédentes :
Comté de Provence Provence
Entités suivantes :
France Second Empire
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Le comté de Nice (en occitan nissart : comtat de Niça ; en italien : contea di Nizza) est une région historique du sud-est de la France correspondant approximativement à l'actuel arrondissement de Nice.

Son territoire s'étend le long de la Côte d'Azur (mer Méditerranée), entre le fleuve du Var et les crêtes méridionales des Alpes.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Des tribus ligures ont peuplé le comté de Nice avant son occupation par les Romains. Ces tribus, conquises par Auguste, ne sont pleinement romanisées que vers le IVe siècle lors des invasions barbares.

Les Francs ont conquis la région après la chute de l'Empire romain d'Occident et les populations romanes locales sont intégrées au comté de Provence tout en conservant une certaine autonomie qui ira jusqu'à une période d'indépendance en tant que république maritime (1108-1176).

Maison de Savoie (1388-1860)[modifier | modifier le wikicode]

Le comté de Nice au sein des États de Savoie.

Nice intègre les domaines de la maison de Savoie le 28 septembre 1388 quand Amédée VII, comte de Savoie, profite des luttes internes en Provence pour négocier avec Jean Grimaldi, baron de Beuil (dont l'autorité s'étend sur Nice et toute la Provence orientale), le passage de Nice et de la vallée de l'Ubaye aux domaines savoyards sous le nom de Terre Nuove di Provenza. Les Terre Nuove prennent ensuite le nom de comté de Nice en 1526.

Le 25 octobre 1561, à la suite de l'édit de Rivoli, l'italien remplace le latin en tant que langue officielle et administrative du comté.

Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie, fait de Nice un port franc et y établit un sénat en 1614. Une rébellion du comte de Beuil est réprimée en 1621, permettant au comté d'accéder à une certaine stabilité à l'inverse de la Provence voisine, minée par les révoltes. Des hostilités avec la France débutent au XVIIe siècle et le comté sera soumis à l'occupation française par deux fois (1691-1697 puis 1707-1713).

Nizza en 1624.

Au cours du XVIIIe siècle, la frontière entre le comté de Nice et la France fut rectifiée à plusieurs reprises. Une première fois en 1718 lorsque Victor-Amédée II de Savoie rachète la haute vallée du Var avec Entraunes et Saint-Martin-d'Entraunes en échange de la commune du Mas, puis une seconde fois par le traité de Turin du 24 mars 1760 par lequel la Savoie cède Gattières ainsi que la rive droite de l'Estéron à la France en échange des domaines de Guillaumes et de La Penne, qui deviennent savoyards.

En 1789, Nice est un bastion contre-révolutionnaire ; l'armée du Midi de la Première République française, commandée par le général Jacques Bernard d'Anselme, entre dans la ville le 29 septembre 1792. Le 31 janvier suivant, la Convention nationale ordonne l'annexion du comté au territoire français et la création du nouveau département des Alpes-Maritimes. Au cours de cette période d'occupation française naît dans le comté le barbétisme, mouvement populaire fidèle à la maison de Savoie.

Le 23 avril 1814, le comté repasse sous le contrôle du roi Victor-Emmanuel Ier de Sardaigne tandis que la principauté de Monaco ne passe que sous protectorat sarde. Avec le déclenchement des mouvements révolutionnaires de 1848, les villes monégasques de Menton et Roquebrune se rebellent contre leur prince pour former les Villes libres de Menton et Roquebrune, en réalité administrées par la maison de Savoie.

Annexion française (1860)[modifier | modifier le wikicode]

Carte du comté de Nice mettant en évidence les parties du royaume italien de Sardaigne annexées par la France en 1860 (marron). La zone en rouge faisait déjà partie de la France avant 1860.

Avec la signature du traité de Turin en 1860 entre Victor-Emmanuel II de Sardaigne et Napoléon III à la suite des accords de Plombières, le comté est à nouveau et définitivement cédé à la France en guise de récompense pour son aide lors de la seconde guerre d'indépendance italienne contre l'Autriche. Le roi Victor-Emmanuel II, le 1er avril 1860, demanda solennellement à la population d'accepter le changement de souveraineté au nom de l'unité italienne et la cession fut ratifiée par un référendum local. Des manifestations italophiles et l'acclamation d'une « Nice italienne » par la foule ont été signalées à cette occasion. Le référendum s'est tenu les 15 et 16 avril 1860. Les opposants à l'annexion appellent à l'abstention, d'où le taux d'abstention très élevé. Le « oui » l'emporte avec les votes de 83 % des électeurs inscrits dans le comté et 86 % à Nice, partiellement grâce à la pression des autorités. C'est le résultat d'une opération magistrale de contrôle de l'information de la part des gouvernements français et piémontais, pour influencer le résultat du vote sur des décisions qui ont déjà été prises. Certaines irrégularités sont flagrantes. Le cas de la commune de Levens est emblématique : les sources officielles enregistrent 481 suffrages exprimés pour seulement 407 votants, évidemment presque tous en faveur de l'adhésion à la France.

La langue italienne, auparavant officielle dans tout le comté et utilisée par l'Église, les administrations, enseignée dans les écoles et pratiquée au théâtre et à l'opéra, est immédiatement remplacée par le français. Le mécontentement suscité par l'annexion à la France conduit à l'émigration de la majeure partie de la population italophile, mouvement qui s'accélère après l'unification italienne en 1861. Un quart de la population niçoise, soit environ 11 000 personnes, s'exilent volontairement en Italie (exode niçois).1 Ces émigrés niçois s'installent massivement dans les communes ligures de Vintimille, Bordighera et Ospedaletti, donnant naissance localement à un vif mouvement irrédentiste considérant la reconquête de Nice comme l'un des principaux objectifs nationalistes de l'Italie. Giuseppe Garibaldi, né à Nice, s'est fermement opposé à l'annexion en arguant que le scrutin avait été truqué par les Français. En politique, les libéraux niçois comme les partisans de Garibaldi apprécient très peu l'autoritarisme napoléonien. Des éléments de droite (aristocrates) comme de gauche (garibaldiens) souhaitent donc le retour de Nice à l'Italie. La Savoie est également annexée à la France par des moyens similaires.

Manifestations pro-italiennes à Nice lors des Vêpres niçoises, 1871.

En 1871, lors des premières élections libres organisées dans le département, les listes pro-italiennes obtiennent la quasi totalité des voix aux élections législatives (26 534 voix sur 29 428 suffrages exprimés) et Garibaldi est élu député à l'Assemblée nationale. Les pro-italiens manifestent dans la rue en scandant "Viva Nizza ! Viva Garibaldi !". En réaction, le gouvernement français envoie 10 000 soldats à Nice, interdit le journal Il Diritto di Nizza et fait arrêter plusieurs manifestants. Le mouvement s'accroît du 8 au 10 février au cours des trois journées connues sous le nom de Vêpres niçoises. La révolte finit par être réprimée à l'aide de l'armée. Le 13 février, Garibaldi se voit refuser la parole lors d'une réunion du Parlement français à Bordeaux alors qu'il voulait demander la réunification de Nice au royaume d'Italie et démissionne de son poste de député.2 L'échec des Vêpres entraîne le départ des derniers intellectuels pro-italiens de Nice tels que Luciano Mereu ou Giuseppe Bres.

Le mouvement irrédentiste pro-italien persiste jusqu'à la Première Guerre mondiale malgré la répression armée. Le gouvernement français a mis en œuvre une politique de francisation de la société, de la langue et de la culture locales. Les toponymes (noms de lieux) de l'ancien comté sont traduits en français et les noms de famille des habitants de la ville de Nice sont également traduits (par exemple, les patronymes italiens Bianchi et Del Ponte sont devenus respectivement « Leblanc » et « Dupont »).3

Les journaux en langue italienne sont interdits : en 1861, La Voce di Nizza est fermée (mais rouverte temporairement pendant les Vêpres niçoises), suivie par Il Diritto di Nizza en 1871. En 1895, c'est au tour d'Il Pensiero di Nizza, accusé d'irrédentisme, d'être interdit. Parmi les écrivains et journalistes niçois d'expression italienne de l'époque figurent Henri Sappia, Giuseppe André, Giuseppe Bres ou encore Eugène Caïs de Pierlas.

XXe siècle[modifier | modifier le wikicode]

Zone d'occupation italienne en France (1940-1943) pendant la Seconde Guerre mondiale.

Benito Mussolini considérait l'annexion de Nice comme l'un de ses principaux objectifs. En 1940, l'ancien comté de Nice est occupé par l'armée italienne qui restaure le journal Il Nizzardo, dirigé par Ezio Garibaldi, petit-fils de Giuseppe Garibaldi. Seule Menton fut officiellement administrée jusqu'en 1943 comme s'il s'agissait d'un territoire italien, même si les partisans de l'irrédentisme voulaient créer un gouvernorat (sur le modèle du gouvernorat italien de Dalmatie) s'étendant des Alpes jusqu'au Var.

Le gouvernement italien d'occupation est bien moins sévère que la France de Vichy ; ainsi, des milliers de Juifs y trouvèrent refuge. Pendant un certain temps, Nice est devenu un centre important de résistance juive. Cependant, lorsque les Italiens signèrent l'armistice de Cassibile avec les Alliés, les troupes allemandes envahirent la région le 8 septembre 1943 et y provoquèrent de nombreuses destructions. Alois Brunner, haut-responsable SS, fut placé à la tête des unités constituées pour rechercher les Juifs. En à peine cinq mois, 5 000 Juifs y furent arrêtés et déportés.4

La région est restituée à la France après la guerre et, en 1947, les communes de La Brigue et de Tende, territoires du comté de Nice restés italiens après 1860, sont cédés à la France. Par la suite, un quart des habitants de cette zone montagneuse subissant déjà l'exode rural quittent la vallée de la Roya pour le Piémont et la Ligurie, en Italie.

Département des Alpes-Maritimes[modifier | modifier le wikicode]

Les Neuf lignes obliques sur la promenade des Anglais, commémorant le 150e anniversaire de l'annexion de Nice à la France.

Le comté étant trop petit pour former son propre département, le gouvernement français le réunit à l'arrondissement de Grasse, alors détaché du département voisin du Var, pour créer le nouveau département des Alpes-Maritimes. Depuis 1926, l'arrondissement de Nice coïncide dans les grandes lignes avec l'ancien comté et forme l'un des deux arrondissements des Alpes-Maritimes, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Néanmoins, le terme comté de Nice (comtat de Niça en dialecte niçard) continue d'être utilisé pour désigner la région culturelle et historique en la distinguant notamment de la Provence.

La langue historiquement parlée par les habitants du comté de Nice était le niçard, désormais presque entièrement supplanté par le français. Depuis 2010, Neuf lignes obliques sur la promenade des Anglais commémorent le 150e anniversaire de l'annexion de Nice.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

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