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Maison royale de Saint-Louis

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Le pensionnat de Saint-Cyr

La maison royale de Saint-Louis est un pensionnat de l'Ancien Régime accueillant des jeunes filles nobles, situé à Saint-Cyr-l'École (près de Paris).

Créée en 1686 sur l'initiative de Madame de Maintenon, favorite du Roi1, elle connaîtra une période de réussite avant de décliner. Elle sera finalement supprimée en 1793 lors de la Révolution française du fait des transformations de la société que cette dernière entraînait2. Elle était dédiée à saint Louis, d'où son nom.

Les Colombes du Roi-Soleil, une série de romans des années 2000 se déroule dans la maison royale de Saint-Louis.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

La fondation[modifier | modifier le wikicode]

Mme de Maintenon, réputée pour sa dévotion.

Depuis quelque temps, des dames nobles fondent des pensionnats pour jeunes filles ; il s'agit souvent de femmes qui s'ennuient et veulent s'occuper, ou bien aussi d'autres qui recherchent de la reconnaissance divine (lorsque qu'elles souhaitent aller au paradis) comme sociale.

Mme de Maintenon, épouse officieuse du Roi, désire elle aussi contribuer à cette œuvre charitable. Elle commence d'abord par allouer des sommes à divers établissements pour les soutenir, puis l'idée lui vient de fonder sa propre maison sur le modèle de ces pensionnats. Naturellement, la maîtresse, d'un caractère affirmé, compte bien ajouter sa petite touche personnelle au fonctionnement !

Grâce à son influence sur le Roi, elle obtient de lui qu'il crée un pensionnat sur les terres de Saint-Cyr, l'emplacement parfait : pas situé bien loin de la cour du château de Versailles, mais pas non plus trop éloigné de Paris. Ainsi, Mme de Maintenon qui partage son temps entre la Cour et son pensionnat peut faire les aller-retours rapidement en carrosse. L'architecte royal Jules Hardouin-Mansart est désigné pour concevoir l'édifice.

Objectifs[modifier | modifier le wikicode]

Les objectifs de la maison de Saint-Cyr sont assez clairs. Créer une élite féminine en aidant des jeunes filles de la noblesse, tel est le concept revendiqué par Mme de Maintenon. Le pensionnat recueille 250 jeunes filles en utilisant pour ce faire des critères de sélection stricts. Ce sont généralement des jeunes filles nobles mais dont la famille est ruinée et qui, sans intervention, risquent de rester incultes. Les demoiselles doivent attester de leur noblesse grâce à leur généalogie ; la preuve que leur père est mort à la guerre peut favoriser leur admission. Mme de Maintenon, la fondatrice, s'était elle-même trouvée dans cette situation dans sa jeunesse ce qui explique qu'elle soit si attentive à l'instruction de jeunes filles nobles en difficultés.

La maison royale de Saint-Louis a pour vocation d'éduquer ces jeunes filles : leur inculquer toutes les bonnes manières, la grâce, former leurs esprits, en faire des femmes cultivées, intelligentes, tout cela dans l'espoir qu'elles soient de bonnes femmes de maison après leur mariage et qu'elles rayonnent dans la société.

Vie quotidienne au pensionnat[modifier | modifier le wikicode]

Deux demoiselles de Saint-Cyr.

Les demoiselles de Saint-Cyr sont conscientes du privilège qu'on leur octroie et tentent de s'en montrer dignes. Les jeunes filles reçoivent une instruction très soignée, qui inclut notamment la connaissance des mathématiques, de l'histoire, de la philosophie, de la géographie mais aussi, et surtout, la maîtrise parfaite de la langue française, tâche particulièrement redoutée car les jeunes filles ont souvent appris le patois de la région dont elles viennent, et, à leur entrée dans le pensionnat, certaines d'entre-elles ne connaissent pas un traître de mot de français.

La plupart des écoles de l'époque sont régies par des règles très austères, conformes aux idées prêchées par certains prêtres catholiques. Mais encore une fois, c'est penser sans compter sur l'intervention de Madame de Maintenon... En effet, l'ancienne gouvernante des enfants du Roi est d'une opinion bien tranchée en matière de pédagogie. Selon elle, la discipline doit sans aucun doute régner mais un climat religieux ne doit pas dominer. Elle se doute bien que, une fois leur éducation terminée, la plupart des jeunes filles mèneront une vie mondaine et ne deviendront pas des religieuses. Les écoles ecclésiastiques ont en son sens une approche de la science trop restrictive, qui se cantonne à un point de vue religieux.

C'est pourquoi le personnel de Saint-Cyr est essentiellement laïc. Il comprend les institutrices et aussi des domestiques qui changent leurs linges, font le ménage...

Les jeunes filles sont donc un peu plus libres. Mais il ne faut pas s'y méprendre : la journée est rythmée par les prières et le respect des règles est tout de même de mise. Ainsi, on n'entre ni ne sort de Saint-Cyr sur de simples humeurs : habituellement, les demoiselles de Saint-Cyr sortent du pensionnat pour se marier ; autrement, il faut attendre d'avoir atteint 20 ans pour sortir de l'établissement.

À Saint-Cyr, on suit un programme bien défini avec des horaires qui s'appliquent à tout le monde. Le réveil se fait à 6 heures, on va ensuite étudier jusqu'au déjeuner à 12 heures. Après une récréation, l'étude reprend à 14 heures pour 4 heures sans interruption. Les jeunes filles doivent se coucher à 21 heures. Cela peut paraître un peu rude, surtout pour de futures nobles qu'on l'on est supposé ménager, mais en comparaison aux établissements religieux de l'époque, l'emploi du temps est relativement souple.

Le déclin et la fermeture[modifier | modifier le wikicode]

Racine fait répéter Esther par les élèves de Saint-Cyr devant Louis XIV et Mme de Maintenon.
Les bâtiments actuels occupés par le lycée militaire de Saint-Cyr.

À Saint-Cyr, le théâtre passionne les jeunes filles. Jean Racine vient même dispenser son savoir aux jeunes filles, préparant les représentations. Mais l'une d'elles, celle de Esther suscitera un grand trouble dans l'établissement. Les jeunes filles se prennent au jeu et ont beaucoup de succès auprès du public (composé en partie de jeunes hommes de l'extérieur). On craint alors qu'elles tirent de la prétention à se faire applaudir, et que cela devienne un jeu de séduction avec les spectateurs. Désormais, les pièces doivent être jouées dans la sobriété.

Après cet épisode, les temps changent. Madame de Maintenon a changé de position au sujet de sa pédagogie innovante. Les jeunes filles ont de son point de vue été trop choyées et succombent au pêché d'orgueil. Elle met en place une discipline nettement plus sévère obligeant les jeunes filles à se comporter avec humilité. En définitive, les hommes (hormis les religieux) n'ont plus accès à l'établissement afin de faciliter l'adoption de cette nouvelle ambiance. Autant dire qu'on se rapproche de plus en plus des écoles religieuses...

À vrai dire, c'est le cas. En 1692, notamment sous la pression, Madame de Maintenon transforme officiellement le pensionnat en couvent. Les institutrices sont désormais des religieuses. Madame de Maintenon restera très attachée à son œuvre et y mourra. Sans elle, l'établissement déclinera. Le prestige procuré par l'admission en son sein n'est plus réellement d'actualité.

En 1789, la Révolution française survient. Les idées ne sont plus les mêmes : l'abolition des privilèges remet en cause le bien-fondé du pensionnat réservé aux nobles. Pour permettre à celui-ci de perdurer, les responsables élargissent les critères d'admission, ne tenant ainsi plus compte de la noblesse des jeunes filles. Mais les révolutionnaires ne sont malgré tout pas satisfaits et voient d'un mauvais œil cet ancien symbole de l'aristocratie française : il sera finalement fermé en 1793.

Napoléon Ier réutilisera les bâtiments du pensionnat pour installer l'École militaire de Saint-Cyr. Puis après la Seconde Guerre mondiale, c'est un lycée militaire qui en prendra la place. Par ailleurs, Napoléon se servira du concept d'école d'élite et créera la Maison d'éducation de la Légion d'honneur, réservée aux enfants de membres de la Légion d'honneur.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Liens internes[modifier | modifier le wikicode]

Films[modifier | modifier le wikicode]

  • Saint-Cyr (film) (wp) : film de 2000 réalisé par Patricia Mazuy. Il reconstitue scrupuleusement le décor de Saint-Cyr, et nous en montre en deux heures sa longue histoire.

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. La maîtresse royale, c'est-à-dire les femmes avec lesquelles le Roi avait des relations extraconjugales sentimentales ou sexuelles (toutes à l'exception la Reine, sa femme.)
  2. C'est-à-dire l'abolition des privilèges, égalité entre les citoyens, hostilité envers la noblesse
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