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Médecins des XVIIe et XVIIIe siècles

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Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les médecins apprenaient leur métier surtout à partir de connaissances livresques et de cours des professeurs des facultés de médecine, en fait des commentaires. La plus grande partie du savoir médical provenait de l'Antiquité gréco-romaine (en particulier la théorie des humeurs de Galien). La connaissance interne du corps était très faible car la dissection a été pendant longtemps interdite par l'Église catholique. Il était extrêmement rare qu'au cours de leurs études les futurs médecins aient pu examiner, voire même toucher un corps. Très peu nombreux, résidant surtout en ville, à une époque où près de 80% de la population vivaient à la campagne, les médecins ne soignaient que les personnes aisées. Dans les villages, mais aussi dans les quartiers populaires des villes, les médecins avaient de nombreux concurrents comme les rebouteux, les barbiers-chirurgiens, les charlatans vendant des drogues et autres élixirs de jouvence.

Les connaissances insuffisantes et dépassées[modifier | modifier le wikicode]

Médecins du XVIIe siècle exerçant une de leurs activités principales : la prise du pouls. Illustration pour le Malade imaginaire, comédie de Molière

Depuis l'Antiquité, les connaissances médicales ont peu évolué. Au XVIIe siècle encore l'essentiel du savoir médical repose sur les théories du médecin grec Galien (IIe siècle), qui s'appuient elles-mêmes sur les idées du médecin grec Hippocrate (Ve siècle av. J-C) et du philosophe grec Aristote (IVe siècle av. J-C).

Le système de Galien suppose l'existence des humeurs (A l'époque une humeur est un liquide secrété par un organe et qui parcourt le corps humain). Pour Galien il y a quatre « humeurs » : le sang, la lymphe (ou flegme), la bile jaune et la bile noire1. La bonne santé suppose l'équilibre entre ces quatre humeurs. S'il y a « saute d'humeur », c'est-à-dire déséquilibre, la santé se détériore. Le moyen le plus pratiqué pour rétablir l'équilibre est l'alléger la partie sanguine, par la saignée (incision des veines qui permet l'écoulement du sang hors du corps). Les purges et les lavements (introduction d'un liquide médicamenteux dans l'appareil digestif) permettent l'évacuation des biles. Un régime alimentaire approprié (souvent une diminution de l'apport de nourritures solides) complète le traitement.

Toutes ces « connaissances » étaient acquises par l'étude des textes anciens (traduits en latin pour la plupart) et les commentaires faits par les professeurs. Dans ses études médicales, le futur médecin ne touchait pas le corps d'un malade. En France ce n'est qu'en 1723, que les étudiants en médecine peuvent faire des stages à l'hôpital.

Les médecins prétendaient avoir le monopole du traitement des maladies internes, les soins externes tels que les opérations, étaient abandonnés aux chirurgiens (qui n'étaient pas médecins). Les connaissances anatomiques des médecins étaient très faibles. Elles se limitaient à l'apparence extérieure du corps. La dissection qui aurait permis de prendre connaissance de l'intérieur du corps humain et de son fonctionnement est interdite par l'Église catholique. Les esprits forts (chez les chirurgiens) qui osent braver l'interdit (souvent avec l'autorisation discrète d'un souverain désirant d'être mieux soigné) doivent se procurer, souvent difficilement, des cadavres. Dans l’Empire germanique, comme dans la très prestigieuse université de Bologne en Italie, la dissection n’était autorisée qu’à raison d’un seul cadavre par an, et elle devait se faire en public en présence des autorités civiles et religieuses. À Lérida en Espagne les étudiants disposaient d’un corps tous les trois ans. A Montpellier, siège d'une célèbre école de médecine, l'autorisation de 1375, ne permet obtenir un cadavre qu'après des formalités dissuasives. A Paris, où la première dissection semble avoir eu lieu en 1478 ou 1494, le Collège des Chirurgiens avait droit à quatre cadavres par an.

Cependant des progrès sont faits au XVIIe siècle. Le quinquina, arrivé des Amériques, permet de lutter efficacement contre les fièvres comme c'est le cas en 1649 pour le jeune roi Louis XIV. Les travaux d'observations médicales d'André Vésale commencent à pénétrer le milieu médical. Le hollandais Antoni Van Leeuwenhoek, en perfectionnant le microscope découvre les spermatozoïdes (1674) et les globules rouges. En 1628, l'Anglais William Harvey met en évidence la double circulation sanguine, mais il est fortement dénigré par les autorités médicales (on le nomme circulator c'est-à-dire médecin ambulant en latin).

L'hygiène inconnue[modifier | modifier le wikicode]

Aux XVIIe et XVIIIe siècles les conceptions en matière d’hygiène étaient à l’opposé des conceptions actuelles.

La pratique médiévale des étuves (bains publics) ou du bain collectif après avoir fait bouillir de l’eau dans les cuisines (en vue de cuire certains aliments) avait disparue. La redécouverte des conceptions médicales antiques au moment de la Renaissance aboutit curieusement à un recul des pratiques hygiéniques. Pour que les humeurs ne soient pas déséquilibrées, il faut interdire toutes intrusions extérieures. Comme on pense alors que la peau est perméable, il vaut mieux laisser les pores bouchés par la crasse et ne pas se laver à l'eau. Le jeune dauphin Louis (le futur Louis XIII) n’a été lavé qu’à l’âge de sept ans. Une blague répandue à l’époque était : comment reconnait-on un Juif marrane ? Réponse : il se lave plusieurs fois par jour lorsqu’il manipule des aliments et prend un bain rituel tous les vendredis (avant le Sabbat). Par contre un Européen (donc un chrétien) ne prend un bain qu’une fois par an et encore n’en a-t-il pas vraiment besoin.

Les soins de toilette consistent en une toilette sèche, mais le plus souvent uniquement sur les parties visibles du corps. On se contente de se frotter la peau avec des linges. Pour masquer les odeurs on use et abuse des parfums.

Au XVIIe siècle les baignoires commencent timidement à pénétrer dans les intérieurs aristocratiques ou bourgeois mais le plus souvent elles étaient plus des lieux de plaisirs que de soins du corps. Leur alimentation en eau était coûteuse : la distribution se faisait par porteurs allant puiser l’eau dans les fontaines ou les cours d’eau, rares étaient les maisons disposant d’une citerne.

Les conditions de vie sont également très défavorables, en particulier dans les villes. Il n’y a pas d’égouts. Les immondices sont jetés dans les rues, les volailles et les porcs, jouant le rôle d'éboueurs, se chargeaient de les faire disparaitre au bout d’un temps plus ou moins long. Les eaux usées (eaux de cuisine ou des seaux hygiéniques) sont déversées dans les rues, elles s’infiltrent dans le sol et viennent polluer les nappes phréatiques qui alimentent les puits. Les cimetières entourent les églises, il y a des charniers disséminés dans les grandes villes (ainsi le cloître des Innocents à Paris). Toutes conditions favorables au développement des épidémies.

Formation des médecins[modifier | modifier le wikicode]

La leçon d'anatomie. Peinture de Rembrandt. 1632

En Europe l’enseignement de la médecine est assuré par quelques facultés. Celles de Bologne en Italie ou de Paris et Montpellier en France sont réputées. Il en existe aussi en Hollande, en Angleterre en Écosse et au Danemark.

En France, au XVIIe siècle, pour faire des études de médecine, il faut être catholique. Le droit d’inscription dans une faculté de médecine est très élevé. Avant de commencer les études proprement médicales il faut savoir le latin (langue dans laquelle se faisait l’enseignement) et avoir obtenu le grade de Maître en art accordé par une faculté de lettres. Les professeurs sont peu nombreux par faculté (quatre ou cinq au maximum).

En 1707, l’enseignement médical est réglementé par l’édit royal de Marly. Le but recherché est de réserver la pratique médicale à des personnes formées et lutter contre les pratiques frauduleuses (voir la section ci-dessous). Seuls les médecins formés dans des facultés françaises peuvent exercer dans le royaume. Les études durent trois ans. À la fin de chaque année un examen est institué. L’issue des études médicales est sanctionnée par une suite d’examens qui permettent d’obtenir le grade de bachelier en médecine (durée de l’examen trois heures), puis trois mois plus tard le grade de Licencié en médecine (durée de l’examen quatre heures) puis le grade de Docteur en médecine (durée de l’examen cinq heures).

Dès le grade de Maître on pouvait exercer la profession. Les épreuves étaient uniquement théoriques, il n’y avait pas d’épreuve pratique qui aurait nécessité d’avoir un malade présent. Il fallait avoir réussi la soutenance de sept thèses pour être Maître. Voici quelques sujets de thèses : L’amour physique est-il un sixième sens ?, L’héroïsme se transmet-il des pères aux enfants ?, Les femmes sont-elles plus faciles à guérir que les hommes ?.

L’enseignement est avant tout un commentaire des textes des auteurs anciens. L’édit prévoit l’obligation d’assister au cours de botanique, d’anatomie, de pharmacie galénique (basée sur les idées de Galien). Cependant l’anatomie bénéficie de la pratique des dissections réalisées en amphithéâtre devant les étudiants. Les hôpitaux militaires et maritimes permettent à ceux qui le veulent de mieux se former.

Dans le grand bouleversement des institutions contemporains de la Révolution de 1789, toutes les académies et facultés sont supprimées le 2 mars 1791. Désormais et jusqu'en 1802, n’importe qui pouvait s’intituler médecin et pratiquer.

Ignorants et imposteurs[modifier | modifier le wikicode]

Le marchand d'orviétan (remède miraculeux) dans un village de campagne au XVIIe siècle.

Il ne faut pas imaginer le réseau médical des XVIIe et XVIIIe siècles identique à celui que nous connaissons aujourd'hui. À l’époque, la France était un immense désert médical. Pour soigner les quelque 20 millions d’habitants du royaume sous le règne de Louis XIV, il n’y avait pas plus de 200 médecins. La plupart des Français ne pouvaient donc pas consulter de médecin, qui, pour la plupart d'entre eux, résidaient en ville (où se trouvait une nombreuse clientèle) et dont les frais de consultation étaient au-dessus des moyens financiers des Français d'origine modeste.

Dans la plupart des quartiers populaires des villes et dans la quasi-totalité des villages (à une époque où plus de 80% de la population était rurale), les Français devaient se passer de la consultation médicale. Pour les troubles corporels les plus graves on faisait confiance au barbier (chargé des opérations chirurgicales de base) ou au rebouteux, sans compter les sorciers ou guérisseurs connaisseurs des herbes médicinales qui leur permettaient de confectionner des remèdes de « bonne femme » (c’est-à-dire de « bonne réputation », la fama).

Les foires et marchés étaient les lieux de pratique des arracheurs de dents et des vendeurs de potions miraculeuses ou élixirs de jouvence. On y trouvait aussi en vente libre des panacées (médicaments susceptibles de guérir n’importe quelle maladie), des philtres magiques garantissant la guérison ou le retour de l’être aimé. Des aventuriers de haut vol comme Gagliostro ou Messmer proposaient à une clientèle aisée des remèdes plus sophistiqués basés sur les récentes découvertes de l’électricité ou du magnétisme.

Pour compléter sur l'histoire de la médecine[modifier | modifier le wikicode]

Sources[modifier | modifier le wikicode]

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  1. L'humeur est aussi, dans le langage courant, le tempérament d'un individu. Quelqu'un d'humeur bilieuse (la bile jaune est produite par le foie, est une personne colérique ; une humeur flegmatique ou lymphatique révèle une personne calme ; une humeur mélancolique secrétée par la bile noire produite par la rate décèle un individu inquiet comme un hypocondriaque ou un atrabilaire; celui qui a une humeur dominante sanguine est un individu gai, amoureux.