Grève des ouvriers de Deir-el-Medineh

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Le « Papyrus de la grève » écrit par Amennakht, entre 1187 et 1157 avant J.-C., Nouvel Empire. Musée égyptologique de Turin, Turin.

La grève des ouvriers de Deir-el-Médineh est l'un des conflits les plus ancien connu actuellement, concernant le monde ouvrier. Il se déroula en l'an 29 durant le règne de Ramsès III à Deir el-Médineh, près de Thèbes en Égypte.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

Ce conflit concernant les ouvriers qui se mettent en grève, se déroule vers la fin du règne de Ramsès III, qui était le dernier grand souverain du Nouvel Empire. La société égyptienne devient de plus en plus individualiste, c'est-à-dire que les gens font passer leurs intérêts avant ceux de la société et s'accentue du fait que le régime perd de sa puissance. En effet, le souverain qui était jusqu'ici vu comme puissant, ne l'est plus tellement depuis que les serviteurs de celui-ci et les fonctionnaires égyptiens n'accomplissent plus leur travail et leur missions, ce qui affaibli le pouvoir.

Des sources permettent de voir un peu la vie des ouvriers et de leurs familles à cette époque pour ceux qui travaillent dans la vallée des Rois. En effet, les fouilles archéologiques, permettent d'identifier un peu la vie quotidienne et de s'apercevoir que les conditions de vie de ses ouvriers ne sont pas forcément mauvaises, dans le sens où ils construisent et décorent uniquement des temps et monuments funéraires pour les pharaons. Ils sont payés en miches de pains et en bière, dont la quantité varie selon le métier et les fonctions exercés par les ouvriers. Quant aux contremaitres, c'est-à-dire les chefs, et les scribes, ils ont en plus des sacs de céréales.

Déroulement[modifier | modifier le wikicode]

Vue sur les ruines de Deir el-Médineh.

Amennakht, un scribe, décrit les évènements étant présent lors de la grève, vu qu'il travaillait à la nécropole royale1

Le conflit social commence en raison d'un problème lié aux salaires, en effet, ceux-ci ne sont pas distribués à temps et tardent à arriver à cause des fonctionnaires royaux2 et les ouvriers critiquent aussi les rations alimentaires, estimant qu'elles ne sont pas de qualité.

L'absence de ration pour les ouvriers, a duré plus de 20 jours et au bout de 4 mois, le conflit reprend à nouveau et cette fois-ci, ils se retrouvent sans rations alimentaires pendant 18 jours, ce qui a conduit aux protestations et à l'arrêt du travail.

Les ouvriers décident de faire une grève pour exprimer leurs désaccord, et pour cela, ils vont arrêter de travailler et bloquer les bâtiments administratifs et le chantier pour empêcher quiconque d'entrer et de travailler. En raison de l'importance que joue l'administration et l'économie pour l'Égypte antique, ils ont espoir que la situation tourne à leur avantage.

« si nous en sommes arrivés à ce point, c'est à cause de la faim et de la soif ; il n'y a plus de vêtements, ni d'onguents, ni de poissons, ni de légumes ; écrivez au pharaon, notre bon seigneur, à ce propos, et écrivez au vizir, notre supérieur, pour que les provisions nous soient données »

— Amennakht, scribe1

Pour parvenir à un accord, des négociations ont lieu que ce soit avec les représentants du roi et les autorités locales, mais le problème n'est jamais réglé définitivement, il ne l'est que temporairement2, ce qui conduit les ouvriers, à recommencer en permanence leur grève. Le Papyrus de la Grève énonce qu'il y a eu au moins trois grèves. Pour tenter d'avoir plus de poids sur les autorités, ils menacent de révéler à tout le monde, que certains fonctionnaires détournent le ravitaillement et les autorités de leur côté, menacent de faire usage de la répression pour les forcer à se remettre au travail.

Malgré cet affrontement entre les ouvriers et les autorités, ce sont les ouvriers qui s'en sortiront et obtiennent gain de cause concernant leurs revendications.

Etudes concernant cette grève[modifier | modifier le wikicode]

Il n'y a pas forcément beaucoup de documents concernant cette grève. Le document le plus connu et sur lequel les historiens s'appuient, est le Papyrus de la Grève3. Il s'agit d'un papyrus qui a été écrit par Amennakht, présent au moment de la grève des ouvriers vu qu'il travaillait aussi sur la nécropole royale de la vallée des Rois2.

Aujourd'hui, le Papyrus de la Grève est conservé au musée égyptologique de Turin ainsi que le Papyrus judiciaire4.

En plus du Papyrus de la Grève, d'autres documents servent de sources, tels que les ostraca trouvés à Deir el-Médineh et conservés, entre autres, dans les Musée égyptien du Caire et de Berlin1.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. 1,0 1,1 et 1,2 (fr) La première grève connue de l'Histoire, Egyptos.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 (fr) Liviu Iancu, En grève contre le pharaon, Courrier international, numéro 1530, 27 février-4 mars 2020. Traduit d'un article publié le 6 février dans Historia (Bucarest).
  3. (en) Records of the strike at Deir el Medina under Ramses III, transcription en anglais du Papyrus de la Grève sur reshafim.org.il.
  4. (en) Food strikes in Ancient Egypt – The Turin Strike Papyrus, and Other Records, transcription en anglais, illustré & commentée, du Papyrus de la Grève sur Dianabuja's Blog.

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • (en) William F. Edgerton, The Strikes in Ramses III's Twenty-Ninth Year., Journal of Near Eastern Studies, 3 juillet 1951.
  • (de) Matthias Müller, Der Turiner Streikpapyrus (pTurin 1880)., Gütersloher Verlagshaus, Gütersloh 2004.
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