Formation du Front populaire

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Manifestation du 7 février 1934

En France, la formation du Front populaire est liée à la crise du 6 février 1934. En février 1934, les Ligues d'extrême-droite et certaines associations d'anciens combattants, grâce à des émeutes violentes à Paris, avaient réussi à renverser le gouvernement de centre-gauche formé fin janvier et accepté par la Chambre des députés.

Les partisans de la gauche y voient une attaque contre le régime républicain. Bien que divisés depuis 1920, et souvent très hostiles les uns vis à vis des autres, syndicalistes et adhérents politiques de gauche veulent répondre au danger représenté par l'extrême-droite. Pour cela, poussés par le désir d'unité de leurs adhérents et acceptant le changement de doctrine de l'Internationale communiste les dirigeants politiques radicaux, socialistes de la SFIO et communistes du PCF négocient des accords électoraux et un programme minimum commun ( « le pain, la paix, la liberté ») en vue des élections législatives du printemps 1936. Ce regroupement sera le « rassemblement populaire » plus connu comme le Front populaire.

Les réactions à l'émeute du 6 février[modifier | modifier le wikicode]

En février 1934, l'extrême-droite menace le fonctionnement normal des institutions républicaines. L'émeute a montré qu'il est possible qu'un gouvernement soit fait « par la rue » et non par le résultat démocratique des élections législatives (la gauche avait gagné les élections législatives de 1932).

Les adhérents et sympathisants des partis de gauche ont le sentiment que le 6 février le régime républicain a été mis en cause. Ils parlent d'une tentative de « coup d'État fasciste ». Tous ont en mémoire, comment en Italie en 1922, Mussolini est arrivé au pouvoir en intimidant les hommes politiques par la marche sur Rome. Récemment tous ont parce que la violence des nazis pendant les nombreuses consultations électorales ont convaincu la droite allemande de nommer légalement d'Hitler comme chancelier de l'Allemagne en janvier 1933.

Les divisions violentes entre les forces de gauche en Allemagne et en Italie n'ont pas permis l'organisation de la riposte face aux forces fascistes. Depuis en Italie comme en Allemagne les militants de gauche ont été emprisonnés, assassinés par les fascistes et les nazis. Les libertés démocratiques (liberté de la presse, liberté de réunion, liberté d'adhérer au parti ou au syndicat de son choix ...) ont été détruites. Le risque est grand de voir le même scénario se répéter en France. Les militants politiques et syndicaux de base veulent l'unité afin de préserver les acquis du régime démocratique.

Mais les rancunes, voire les haines sont fortes entre les forces de la gauche française. Les radicaux n'ont pas oublié que le soutien parlementaire des socialistes leur a fait défaut en 1926 pour faire face au « mur d'argent ». Les socialistes ont mal vécu les attaques violentes (en paroles, en écrits mais aussi en actes) des communistes qui les qualifient de socio-traîtres, d'ennemi de la classe ouvrière. En effet depuis 1924, les communistes français appliquent les directives de l'Internationale communiste, la tactique dite « classe contre classe » qui fait des socialistes leurs adversaires principaux dans la lutte pour capter la confiance et l'adhésion des milieux populaires.

Cependant le sentiment de l'antifascisme se développe et peut servir de dénominateur minimum pour l'union. C'est ce sentiment qui va permettre le regroupement des partis de gauche. Dès le 12 février 1934, à Paris, les partisans de gauche, et en particulier les syndicalistes de la CGT (socialiste) et de la CGTU (communiste), organisent deux manifestations séparées mais en même temps sur le thème de la défense républicaine et contre la crise économique et sociale. En fin de journée, ces deux manifestations se rejoignent pour n'en formeront plus qu'une. La base militante et sympathisante montre le chemin.

Les négociations[modifier | modifier le wikicode]

Le retournement doctrinal de l'Internationale communiste[modifier | modifier le wikicode]

Les dirigeants communistes internationaux, en premier lieu les soviétiques, sont très inquiets de la montée irrésistible des forces fascistes en Europe. En effet, pour eux, les fascistes sont les agents des capitalistes et des grands propriétaires terriens (les ennemis de classe des communistes). Les fascistes et les nazis sont des adversaires déterminés des communistes et partout où ils le peuvent, les éliminent physiquement. L'arrivée au pouvoir en Allemagne d'un parti qui n'a jamais caché qu'il mettrait en cause les frontières héritées du Traité de Versailles et qui revendique la possession d'un « espace vital » conquis sur les slaves (les Polonais et les Russes soviétiques) est alarmant pour Staline, le chef de l'URSS (qui n'est séparée de l'Allemagne que par la Pologne, souvent hostiles aux Russes).

Aussi l'Internationale communiste en 1934, change totalement les directives que devront appliquer les partis communistes dans les pays où ils peuvent encore agir. La doctrine classe contre classe est brusquement abandonnée. Désormais les communistes devront rechercher l'unité d'action avec les partis socialistes et même s'allier avec des partis jusque-là considérés comme bourgeois (cas des radicaux pour la France).

En France le rapprochement des antifascistes.[modifier | modifier le wikicode]

Dès mai 1934, les communistes négocient avec les socialistes : le 27 juillet 1934, un pacte d'unité d'action est signé entre eux .

Reste à convaincre les radicaux, le groupe qui régulièrement a le plus grand nombre de députés. Les radicaux représentent les classes moyennes (fonctionnaires, petits paysans, petits commerçants...). Les classes moyennes représentent une forte proportion de l'électorat français de l'époque. Or les classes moyennes sont très courtisées par les groupes d'extrême-droite. Ceux-ci leur promettent des compensations politiques qui doivent effacer le déclassement social et économique qu'elles ressentent. Les radicaux sont très attachés à la propriété, ils veulent bien des réformes mais pas la révolution. Ils sont très patriotes (Georges Clemenceau, le « Père la Victoire de 1918 » était un radical). Les communistes ont le profil opposé. Ils militent pour l'expropriation des capitalistes, ils veulent étatiser les richesses et les entreprises et sont internationalistes (« Les prolétaires n'ont pas de patrie (Karl Marx. Manifeste du Parti communiste) ».

Cependant la situation évolue. En mai 1935, la France et l'URSS signent un pacte pour contrecarrer les ambitions allemandes. Staline accepte que la France s'arme pour sa défense. Les communistes français vont alors voter les crédits pour renforcer l'armée française (ce qu'ils dénonçaient depuis 1920). Dans leur presse, dans leurs réunions les communistes exaltent le drapeau tricolore (celui de la Révolution de 1789 apportant la liberté à l'Europe). Devenus « patriotes » les communistes deviennent fréquentables pour les radicaux.

Une partie des radicaux autour de Daladier soutiennent le rapprochement avec la gauche socialiste et communiste. Le 14 juillet 1935, à Paris, se déroule une grande manifestation unitaire, 500 000 personnes défilent de la Bastille à la Nation (des symboles) derrière les leaders de la gauche.

Un comité national de Rassemblement populaire est créé. Diverses organisations de gauche, les partis radical, socialiste et communiste, la CGT et la CGTU y siègent. Les négociations portent sur un programme acceptable par tous (en fait aligné sur les propositions modérées des radicaux). : « le pain, la paix, la liberté ». Il est décidé qu'aux élections du printemps 1936, le parti de gauche arrivé en tête, resterait seul en lice pour le second tour contre la droite et bénéficierait du désistement des autres partis (ceux-ci retireront leurs candidats et appelleront à voter pour le parti restant).

En mars 1936, les centrales syndicales ouvrières la CGT et la CGTU mettant fin à quinze années de séparations s'unissent dans une seule CGT. Les conditions sont alors réunies pour affronter les élections de 1936 et viser la victoire électorale du Front populaire.

Pour en savoir plus, lis l’article : Élections législatives françaises de 1936.
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