François Athanase Charette de La Contrie

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
Aller à la navigation Aller à la recherche
Super article Tu lis un « super article ».
Tu lis un « Super Article ».
François Athanase Charette de La Contrie
François-Athanase de Charette de La Contrie Tableau peint par Paulin Guérin.
François-Athanase de Charette de La Contrie Tableau peint par Paulin Guérin.
Date et lieu de naissance 2 mai 1763 à Couffé (Royaume de France Royaume de France)
Date et lieu de décès 29 mars 1796 à Nantes (France France)
Fonctions Lieutenant général
Lieutenant de vaisseau
Évènements biographiques Quelques éléments :
  • Commandant de l'Armée catholique et royale.
  • Chef des insurgés Vendéens.
  • Il est capturé le 23 mars 1796 par les républicains.
  • Il est condamné à mort et est fusillé le 29 mars 1796.
voir modèle • modifier

François Athanase Charette de La Contrie (surnommé « le roi de la Vendée » pendant la Révolution française en raison de sa bravoure et de son intelligence) est né le 2 mai 1763 à Couffé1 et il est mort fusillé le 29 mars 1796 à Nantes. Il s'agit d'un militaire français, devenu ensuite général royaliste lors de la guerre de Vendée.

Le père de François-Athanase veut qu’il devienne marin pour le roi de France. Mais, quelques années plus tard, la Révolution française éclate. Il est témoin des premiers massacres vendéens.

Il vient d'une famille bretonne appartenant à la noblesse1 et commence sa carrière militaire en 1779 dans la marine, à Brest, ce qui lui permet de participer à la Guerre d'indépendance américaine. Il est nommé en 1787 lieutenant de vaisseau avant de démissionner en 1790.

François de Charette (selon une gravure de 1809).

En 1790, il se marie avec Marie-Angélique Josnet de La Doussetière et hérite du château de Fonteclose, près de La Garnache, en Vendée. Trois ans plus tard, les paysans viennent le chercher pour qu'il soit à leur tête contre la levée en masse.

Entre mars et juin 1793, Charette s'impose difficilement comme le commandant des insurgés des régions de Machecoul et Legé. Le 30 avril, les différentes armées vendéennes s'unissent pour former l'Armée catholique et royale mais, dans les faits, Charette continue d'agir en toute indépendance.

Il fait face à plusieurs défaites militaires et, en décembre 1794, il entame des négociations avec les représentants de la Convention thermidorienne. Le 17 février 1795, il conclut la paix et reconnait la République lors des négociations de La Jaunaye, mais il reprend quelques mois plus tard les armes et est reconnu comme « généralissime » de l'Armée catholique et royale par Louis XVIII (qui est alors en exil).

La relance des hostilités tourne cependant au désastre. Abandonné par ses hommes, Charette est capturé le 23 mars 1796 dans les bois de la Chabotterie. Condamné à mort, il est fusillé six jours plus tard à Nantes, sur la place Viarme. Sa mort marque la fin de la deuxième guerre de Vendée.

Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Photographie en noir et blanc du château de La Contrie.
Vue du château de La Contrie, à Couffé, au début du XXe siècle.

Carrière dans la marine royale[modifier | modifier le wikicode]

Guerre d'indépendance américaine[modifier | modifier le wikicode]

Le 20 mars 1779, François Athanase Charette de La Contrie intègre l'armée et intervient lors de la guerre d'indépendance américaine qui se déroule depuis déjà quatre ans ; la France a rejoint les hostilités contre la Grande-Bretagne depuis quelques mois1.

Le 24 mai 1780, à ses 17 ans, il embarque et doit assurer une mission de protection des côtes françaises, mais en raison de diverses maladies le touchant, il est obligé de débarquer. Il reprendra la mer un an plus tard, sur un autre navire de l'escadre de Toussaint-Guillaume Picquet de La Motte1.

Huile sur toile représentant plusieurs navires engagés dans une bataille navale.
La bataille des Saintes, huile sur toile de Thomas Whitcombe, 1783.

Le 15 octobre, il embarque sur Le Clairvoyant1 qui part le 14 février 1782 de Brest pour rejoindre les Antilles, avec un convoi de navires marchands et de transports de troupes. Il atteint Fort-Royal, en Martinique, et s'intègre aux unités du vice-amiral François Joseph Paul de Grasse. La flotte militaire se fait attaquer par la flotte britannique des amiraux Rodney et Hood1, ce qui aboutit à la bataille des Saintes du 9 au 12 avril se concluant par un massacre pour l'armée française.

Le 24 juin, il monte à bord de L'Hercule1 qui rejoint la flotte du marquis de Vaudreuil pour la Jamaïque, où elle doit intervenir avec l'aide de la flotte espagnole ; mais en vain, car en raison de la paix signée entre la France et la Grande-Bretagne, toute action devient inutile et la flotte repart pour Brest.

Campagne en mer du Levant contre les corsaires grecs[modifier | modifier le wikicode]

Le 10 mai 1788, François-Athanase Charette monte à bord de La Belette commandée par le capitaine de vaisseau Hesinisy de Moissac1, avec l'assistance du comte de Ferrières, du chevalier Gras de Preville et du comte de Pierre. Ce navire rejoint la flotte du marquis de Nieul pour se rendre à Gibraltar et dans la mer Méditerranée. La flotte se rend à Carthagène, puis vers Alger afin d'aider les navires marchands français contre un corsaire barbaresque.

Le 21 septembre, La Belette se rend vers le bassin Levantin, dans le but d'aider les navires de commerce contre les attaques des corsaires. À la suite de l'annexion du Khanat de Crimée par la tsarine Catherine II, une guerre oppose l'Empire russe et l'Empire ottoman, et ce conflit a favorisé le développement de la piraterie grecque. En tant qu'allié de l'Empire ottoman, La Belette s'efforce de mettre fin à cette piraterie.

Début de la Révolution française[modifier | modifier le wikicode]

Gravure représentant Charette, à cheval, qui franchit le portail de son château.
Le château de Fonteclause, habitation de Charette. Gravure de Thomas Drake, 1856, Album vendéen.

François Athanase quitte la marine royale et demande sa retraite en novembre 1790. La même année, il épouse Marie-Angélique Josnet de La Doussetière, âgée de 41 ans2. Charette de La Contrie se montre particulièrement infidèle et est de moins en moins présent. Il s'éloigne de Nantes en 1791 en raison de la Révolution qui fait rage. Il a un enfant avec sa femme, mais ce dernier décède au bout de deux mois.

Étant de retour à Paris courant 1791-1792, François Athanase aurait participé à la défense du Palais des Tuileries, lors de la journée du 10 août 1792. C'est ce qu'affirment, en tout cas, certains historiens. D'autres considèrent cette information comme douteuse, car rien, selon eux, ne confirme qu'il a bien rejoint Paris à ce moment-là1.

Débuts de la guerre de Vendée[modifier | modifier le wikicode]

L'insurrection contre la levée en masse[modifier | modifier le wikicode]

Gravure représentant des femmes armées de serpes et de bâtons attaquant des patriotes à Machecoul.
Soulèvement de Machecoul, gravure d'Adolphe Pierre Leleux, 1845.

En 1789, les populations rurales de l'ouest sont plutôt en faveur de la Révolution3. En 1790, l'augmentation des impôts et la constitution civile du clergé entraînent des émeutes3. En mars 1793, la levée des 300 000 hommes n'améliore pas la situation, bien au contraire.

Le 14 mars, François de Charette est à la tête d'une troupe de 80 paysans qui sont venus le chercher pour qu'il les dirige, car étant noble, il est censé avoir une certaine expérience militaire1.

Le 23 mars, l'armée de La Roche Saint-André, ralliée à celles de La Cathelinière et de Guérin, se lance à l'attaque du port de Pornic1. La ville elle-même finit par être occupée par quelque 4 000 paysans. Mais la nuit suivante, les patriotes républicains lancent une contre-attaque qui surprend totalement les paysans rebelles et les oblige à fuir, les combats coûtant à ces derniers 200 hommes (tués ou capturés puis exécutés).

Huile sur toile représentant Charette, entouré de femmes et de soldats vendéens, qui regardent les corps de patriotes massacrés dans les douves du château de Machecoul.
Le Massacre de Machecoul, huile sur toile de François Flameng, 1884, musée d'Art et d'Histoire de Cholet.

Le comité de Machecoul confie alors le commandement des troupes à Charette, et ce dernier retourne à Pornic afin de reprendre la ville. À cette occasion, un certain nombre de patriotes sont faits prisonniers, et le comité de Machecoul ordonne leur mise à mort. Ils sont fusillés dans les douves du château de Machecoul.

« Je n'ai point vu M. Charette dans ces premiers moments ; mais d'après le récit de ceux qui l'approchaient journellement, les crimes commis à Machecoul ne doivent point lui être imputés ; il empêcha, au contraire, les massacres des prisonniers tant qu'il put être présent à son quartier général, et les égorgeurs, à la tête desquels étaient Souchu, profitèrent du moment d'absence qu'il fut obligé de faire pour attaquer Challans et Saint-Gervais, et commirent durant ce temps les atrocités dont j'ai fait le récit »

— Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière

D'autres sources considèrent que François Athanase était responsable des exécutions ou, du moins, qu'il n'a rien fait pour les empêcher.

Contre-offensive républicaine en avril[modifier | modifier le wikicode]

Gravure représentant les ruines du château de Machecoul.
Vue de Machecoul, gravure de Thomas Drake, 1856, Album vendéen.

Les républicains veulent se rassembler à nouveau, dans le but de chasser les rebelles et reprendre le contrôle ; mais le 19 mars, les hommes du général Louis de Marcé se font repousser par les paysans, dont Charles de Royrand est à la tête lors de la bataille de Pont-Charrault3,4. Cet échec des patriotes a un effet médiatique pour l'époque, car l'événement remonte jusqu'à Paris, surprenant les députés de la Convention nationale, ce qui conduira à nommer ce conflit de « guerre de Vendée » et les insurgés de « vendéens ».

En avril, la répression se fait ressentir et François Athanase se retrouve sous la menace, d’un côté, de 3 000 soldats républicains menés par l'adjudant général Jean-Michel Beysser et, d’un autre côté aux Sables-d'Olonne, de 4 000 soldats menés par le général Henri de Boulard1.

Les insurgés sont de plus en plus en difficulté face aux soldats républicains et chaque acte défensif est repoussé, conduisant à la mort de nombreux insurgés.

Les armées républicaines approchent de Nantes et gagnent de plus en plus de terrain. Malgré les interventions de François Athanase pour tenter de garder la ville, les insurgés prennent peur et s'enfuient, tandis que les républicains contrôlent la ville et font des arrestations.

Installation à Legé[modifier | modifier le wikicode]

Gravure représentant l'entrée de la petite ville de Legé.
Vue de Legé, gravure de Thomas Drake, vers 1850.

François Athanase décide, à la suite de l'échec de l'insurrection et des diverses arrestations, de fuir la ville pour rejoindre l'armée de Charles de Royrand à Saint-Fulgent5, mais ce dernier critique Charette, le considérant comme responsable de l'échec de l'insurrection. François Athanase rejoint donc Rocheservière et Vieillevigne où Gabriel Esprit Vrignault, le chef local, se montre froid. Les paysans de Rocheservière accusent François Athanase Charette de lâcheté et commencent à discuter de la possibilité de le tuer ou non. Il reprend donc la route pour s'arrêter à Legé.

Lors de son arrivée, les républicains sont informés de sa présence et décident d'envoyer des soldats pour s'emparer de la ville. Le 30 avril, les républicains attaquent Legé par le nord, mais l'artillerie et la cavalerie républicaines se retrouvent coincés dans la boue, marquant l'échec des républicains.

À la suite de cette victoire, François Athanase Charette décide de s'emparer de Machecoul, mais ses hommes et ceux de son allié Vrignault se disputent pour savoir qui va acquérir les canons abandonnés par les républicains, retardant un peu l'action. Le soir du 2 mai, il se rend avec ses hommes à Machecoul, ce qui s'avère être un échec lors de son arrivée à Paulx, car des dragons républicains provoquent un mouvement de panique chez les paysans, qui repartent vers Legé.

Le 5 mai, les républicains pénètrent dans Legé sans réelles difficultés, mais le 7 mai, devant Charette revenant de Saint-Colombin, les républicains s'enfuient presque sans combattre1.

Huile sur toile représentant la comtesse de La Rochefoucauld.
Portrait de Marie Adélaïde de La Touche Limouzinière, comtesse de La Rochefoucauld, huile sur toile anonyme, vers 1780-1790.

L'évacuation des soldats républicains de Legé a lieu lorsque la nouvelle de l'intervention de François Athanase est connue, dans la journée du 9 mai ; Charette revient dans la soirée dans la ville, pour y établir son quartier général dans la maison Pineau et il s'installe au château de Bois Chevalier. Sa popularité est à nouveau en hausse1.

Offensives vendéennes pendant l'été 1793[modifier | modifier le wikicode]

L'attaque de Nantes[modifier | modifier le wikicode]

Machecoul est attaquée le 10 juin par les Vendéens qui lancent des attaques de chaque côté de la ville, poussant les républicains à fuir vers Port-Saint-Père. Cet affrontement conduit, du côté des insurgés, à la mort de Vrignault. Les hommes de celui-ci dépendent dorénavant de François Athanase Charette6.

Gravure représentant le général Canclaux.
Portrait du général Canclaux, gravure de François Bonneville, fin XVIIIe siècle ou début XIXe siècle.

Le 30 mai, un Conseil supérieur de la Vendée est établi à Châtillon pour administrer les territoires insurgés5. Louis de Lescure entre en contact avec Charette dans le but d'organiser une opération sur Nantes et, le 29 juin, l'attaque est lancée. Néanmoins, les Vendéens se retrouvent bloqués car le pont pour accéder à la ville a été détruit, et ils n'ont pas d'autres moyens de franchir la Loire. Pour parvenir à la franchir, François Athanase Charette doit servir de leurre avec ses hommes pour tromper les républicains et permettre aux Vendéens de gagner du temps. L'affrontement est difficile, au point que les Vendéens sont dans l'obligation de fuir pour rejoindre la ville de Legé.

L'échec de Luçon[modifier | modifier le wikicode]

Gravure représentant les corps de plusieurs insurgés vendéens à l'entrée de la ville de Luçon?
Vue de Luçon, gravure de Thomas Drake, 1856.

Le 14 juillet, Jacques Cathelineau meurt des suites de ses blessures et le 19 juillet, Maurice d'Elbée est élu par un conseil de guerre pour lui succéder7

Durant l'été 1793, les paysans doivent retourner aux champs pour la moisson, l'armée vendéenne perd ainsi de nombreux hommes durant plusieurs semaines. Le 14 août, une attaque touche la ville de Luçon. Bien que l'armée soit désorganisée, Charette parvint à en garder un contrôle et à renverser quelques défenses ennemies. Néanmoins, les républicains reprennent rapidement le dessus en profitant de la panique des Vendéens, lorsque les républicains utilisent l'artillerie dans la plaine que François Athanase avait défriché : ceci a été considéré comme une erreur stratégique, car les Vendéens étaient visibles des Républicains, conduisant à la mort de nombreux Vendéens et à la fuite de beaucoup d'autres.

Les offensives de l'Armée de Mayence[modifier | modifier le wikicode]

Offensive républicaine de septembre[modifier | modifier le wikicode]

Le 1er août 1793, la Convention nationale adopte le décret relatif aux mesures à prendre contre les rebelles de Vendée. L'Armée de Mayence, (formée par la garnison française de la ville allemande de Mayence, composé d'environs 1 500 soldats expérimentés, qui a capitulé le 23 juillet, après un siège de trois mois imposé par l'armée prussienne malgré une résistance très forte, ce qui lui a permis d'être libérée par les prussiens) reçoit l'ordre de se rendre à Nantes, sous l'autorité des généraux Aubert du Bayet, Kléber, Beaupuy, Haxo, Vimeux et Scherb.

« Nous n'avions eu affaire jusque-là qu'à des généraux sans expérience et des troupes sans courage ; quelques victoires nous donnaient peut-être une aveugle confiance dans nos forces. [...] Le vin était toujours en grande abondance dans nos camps ; nos paysans pour la plupart avaient déjà pris l'esprit libertin du soldat. [...] Loin de s'effrayer on se livra de plus en plus à la joie »

— Lucas de La Championnière

Le 8 septembre, les hommes de Kléber sortent de Nantes pour s'emparer quelques jours plus tard de Port-Saint-Père après un affrontement avec l'armée de La Cathelinière.

Les républicains font usage d'obus explosifs conduisant à la peur des paysans, car c'était une première dans ce conflit d'utiliser une telle arme. Les femmes, vieillards et enfants décident de partir vers la ville de Legé pour trouver refuge et fuir les bombes.

« On se fait difficilement une idée de l'état de confusion et de terreur où nous fûmes dans le bourg de Legé. L'entrée subite des Mayençais au Port-Saint-Père, le récit de leurs exploits, les menaces de leurs proclamations, l'incendie éclairant leur arrivée de tous côtés, glacèrent le courage dans le cœur des plus braves. Les officiers expérimentés reconnaissaient que de pareilles troupes étaient invincibles pour des paysans »

— Mémoire de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière8

Le 14 septembre, les républicains arrivent devant Legé9 et François Athanase fait semblant d'accepter le combat6 en déployant sa cavalerie, permettant ainsi, à son infanterie et aux civils de fuir la ville pour se mettre en sécurité, tandis que les républicains se préparent à attaquer. Une fois les personnes mises en sécurité, François Athanase lui-même et sa cavalerie abandonnent Legé aux mains des républicains, qui récupèrent ainsi leurs prisonniers, les uniques personnes encore présentes. Ils vont donc décider de piller la ville et d'incendier les maisons.

Huile sur toile représentant des femmes qui barrent le passage à des soldats vendéens pour les ramener au combat.
Bataille de Torfou ; les femmes de Tiffauges barrent le chemin aux Vendéens épouvantés à la vue des Mayençais conduits par Kléber, huile sur toile de Alfred de Chasteignier, XIXe siècle.

Le 16 septembre, les Vendéens se rendent à Montaigu où les troupes de Kléber et Beysser sont présentes, mais les Vendéens s'enfuient vers Tiffauges et Torfou. Les troupes vendéennes sont poursuivies par les troupes républicaines, jusqu'à ce que la situation s'inverse au moment de l'arrivée du général Charles de Bonchamps (gravement blessé lors de la bataille de Martigné-Briand) qui parvient à faire reculer les hommes de Kléber sur Clisson, tandis que Beysser reste caché.

Gravure représentant des cavaliers vendéens qui entrent dans le bourg de Saint-Fulgent.
Vue de Saint-Fulgent, gravure de Thomas Drake, 1856.

Le 21 septembre, les Vendéens attaquent les républicains qui partent jusqu'aux Sorinières, au sud de Nantes, mais François Athanase Charette et Lescure les suivent dans le but de les attaquer, et parviennent à faire fuir les républicains de Saint-Fulgent. Néanmoins, cette réussite des hommes de Charette et de Lescure s'avère être une erreur stratégique, car les forces de d'Elbée, de Bonchamps et de Lyrot doivent attaquer seules à Clisson et elles ne parviennent pas à repousser les républicains, qui peuvent ainsi rejoindre Nantes.

Charette et Lescure souhaitent attaquer La Châtaigneraie ou Chantonnay, mais des disputes s'enclenchent entre les soldats des deux armées, ce qui fait que les soldats de François Athanase font part de leur volonté de rejoindre leurs domiciles, tandis que des officiers partent de leur côté. Charette et ses hommes retournent donc à Legé.

« Tous les pays que nous parcourions étaient déserts, chacun avait fui la rencontre des Mayençais, beaucoup de maisons étaient incendiées. [...] Beaucoup de ces paysans rentrant chez eux trouvaient non seulement leur maison ruinée, mais leur foyer souillé, leurs femmes déshonorées ; rien n'arrêtait les misérables qui nous combattaient, ni la vieillesse, ni la maladie ; les malheureuses femmes qu'ils avaient prises de force étaient souvent massacrées ensuite et ces crimes étaient commis non seulement par des soldats, mais par des officiers supérieurs qui ne reculaient devant aucune atrocité »

— Lucas de La Championnière

La prise de l'île de Noirmoutier[modifier | modifier le wikicode]

Le 25 septembre, les républicains reviennent à l'attaque pour rejoindre Cholet, une ville dont les Vendéens ont le contrôle et qui est l'une des plus importantes de la région. L'Armée de Mayence et l'Armée des côtes de Brest se remettent en marche à Nantes et l'Armée des côtes de La Rochelle à La Châtaigneraie.

Les républicains progressent rapidement ; le 26 septembre, ils atteignent Remouillé, le 1er octobre, ils sont à Montaigu. Saint-Fulgent et Clisson sont reprises et le 10 octobre, le général Nicolas Haxo occupe Legé, qu'il trouve abandonné. D'Elbée et Bonchamps demandent l'aide de François Athanase, ne parvenant pas de leur côté à repousser les ennemis, mais ce dernier ne répond à aucun de leurs courriers9.

Charette a un autre plan en tête, c'est celui de s'emparer de l'île de Noirmoutier et dans la nuit du 29 au 30 septembre, il s'engage avec 2 000 hommes sur le passage du Gois pour la rejoindre, mais il est obligé de battre en retraite avant de l'atteindre, n'ayant pas réussi à profiter de la surprise de la nuit pour attaquer6. Le 9 octobre, il quitte Legé avant l'arrivée d'Haxo et rejoint l'île de Bouin. Dans la nuit du 11 au 12 octobre, il essaye à nouveau de rejoindre l'ile depuis le passage du Gois et parvient cette fois-ci à vaincre et à y installer une administration royaliste. Il nomme comme gouverneur, René de Tinguy et comme chef de garnison, Alexandre Pineau du Pavillon.

Pendant que François Athanase s'occupe de son côté de Noirmoutier, Bonchamps et Lescure sont mortellement blessés et Maurice d'Elbée est grièvement blessé.

La retraite de Bouin[modifier | modifier le wikicode]

Pastel représentant un portrait du général vendéen Charette, coiffé d'un mouchoir de tête, avec une veste bleue à revers rouge.
Portrait de François Athanase Charette de La Contrie, pastel anonyme, réalisé entre 1793 et 1796.

La prise de Noirmoutier par les insurgés inquiète le Comité de salut public, qui estime que l'annexion par les insurgés pourrait être une menace, car ces derniers pourraient s'allier aux Britanniques ; le comité demande donc à Pierre-Louis Prieur et André Jeanbon Saint-André de s'emparer de l'île ou de la faire disparaitre10. Le 2 novembre, le général Nicolas Haxo a pour ordre d'attaquer les hommes de Charette dès qu'il les apercevra.

Charette quitte Touvois et rejoint avec ses hommes, ceux de Jean-Baptiste Joly et de Jean Savin afin d'attaquer Machecoul5, mais sans succès, les forçant à fuir. François Athanase rejoint l'île de Bouin, où il se retrouve bientôt cerné par la marée haute. Le 4 décembre, il tente de rejoindre l'île de Noirmoutier et demande à Joseph Hervouët de La Robrie de rejoindre l'Angleterre pour y demander de l'aide. Ce dernier accomplira difficilement sa mission, avant de mourir noyé.

Gravure représentant l'église de Bouin.
Vue de Bouin, gravure de Thomas Drake, 1856, Album vendéen.

Le 6 décembre 1793, les républicains attaquent l'ile de Bouin, où est présent François Athanase5. Les républicains prennent le dessus, le piégeant, lui et ses hommes, qui tentent de rompre l'encerclement pour fuir. Charette bénéficie de l'aide d'un vendéen qui connait les lieux afin de l'aider à fuir, ce qui a pour effet de le sauver.

Les défaites vendéennes de l'hiver 1793-1794[modifier | modifier le wikicode]

Expédition de Charette en Anjou et au Haut-Poitou[modifier | modifier le wikicode]

Portrait de profil de Henri de La Rochejaquelein.
Portrait de Henri de La Rochejaquelein dans l'édition de 1809 des Guerres de Vendée d'Alphonse de Beauchamp.

Le 7 décembre, François Athanase essaye de s'emparer à nouveau (mais en vain) de Legé et, le 8 décembre, il rejoint Joly et Savin aux Lucs-sur-Boulogne1.

Le 12 décembre, les officiers vendéens élisent François Athanase Charette comme général en chef de l'« Armée catholique et royale du Bas-Poitou ». Sous son commandement, il décide de conduire son armée dans le Haut-Poitou dans le but d'inciter la population à provoquer des émeutes1. Certains estiment que François Athanase ne se contente pas du poste qu'on lui a donné, mais qu'il aurait l'ambition de devenir le général en chef de toute la Vendée11.

Perte de Noirmoutier et refuge dans la forêt de Grasla[modifier | modifier le wikicode]

Huile sur toile représentant le général d'Elbée fusillé dans un fauteuil, ainsi que les corps de trois autres condamnés et le peloton d'exécution qui s'éloigne au loin.
La mort du général d'Elbée, huile sur toile de Julien Le Blant, 1878. musée du Château, Noirmoutier-en-l'Île.

En décembre 1793 a lieu la bataille du Mans, qui marque un véritable échec pour les hommes de Charette, qui subissent aussi de nouvelles pertes (cette fois-ci dans la bataille de Savenay) en raison des combats intensifs, des massacres et des maladies7.

Les républicains, quant à eux, reprennent l'idée de s'emparer à nouveau de l'île de Noirmoutier et les hommes du général Haxo débarquent sur l'île sans se heurter à une réelle résistance, jusqu'à leur entrée dans la ville de Noirmoutier-en-l'Île. Les vendéens présents sur l'ile acceptent de se rendre uniquement s’ils ont la vie sauve ; mais, lors de la venue de Pierre-Louis Prieur, membre du Comité de salut public, celui-ci décide de tuer environ 1 500 personnes, ainsi que le général Maurice d'Elbée, toujours grièvement blessé, dans son fauteuil.

François Athanase profite de la situation pour reprendre Machecoul en tuant des républicains. L'adjudant général Dominique Joba entre dans la ville et arrive à faire fuir les soldats de Charette qui rejoignent la forêt de Grasla. Leur repos est de courte durée, car ils font à nouveau l'objet d'une attaque et, cette fois, le général Charette est blessé. Il se rend au couvent du Val de Morière avec quelques-uns de ses hommes pendant deux jours, avant que le général Haxo apprenne sa présence et s'y rende, trouvant les lieux vides, car Charette est retourné dans son refuge dans la forêt de Grasla.

Les colonnes infernales[modifier | modifier le wikicode]

Répression républicaine[modifier | modifier le wikicode]

Huile sur toile représentant un portrait du général Turreau.
Portrait du général Louis-Marie Turreau (détail), huile sur toile de Louis Hersent, 1800, musée Carnavalet, Paris.

Au moment de la Terreur, une violente répression touche la Vendée. À Nantes, 11 000 prisonniers, hommes, femmes, et enfants sont fusillés, noyés, guillotinés ou décèdent du typhus entre novembre 1793 et février 17947. Le 13 décembre 1793, l'ordre est donné à Nicolas Haxo de tout détruire et d'affamer la population afin de l'exterminer.

Le 17 janvier 1794, le général Louis-Marie Turreau attaque les zones occupées par les émeutiers dans le but de tout détruire et raser10. Le général Haxo doit mettre ses hommes à la fois, à La Roche-sur-Yon, Challans, Legé, Machecoul, Aizenay, Palluau, Bouaye et Saint-Philbert-de-Grand-Lieu afin d'empêcher les émeutiers de se rejoindre et de tuer toutes personnes qui seraient aperçues avec des armes, sans tenir compte du sexe de la personne et de son âge, et sans vérifier son innocence ou sa culpabilité.

« si mes intentions sont bien secondées, il n'existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants que ceux qui, cachés dans le fond des forêts, auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions »

— Ecrit de Turreau au Comité de salut public, le 24 janvier 1794., Turreau au Comité de salut public10

Combats contre les colonnes de Turreau et d'Haxo[modifier | modifier le wikicode]

François Athanase Charette fait son retour avec un millier d'hommes, mais il doit continuellement avancer afin d'empêcher les armées républicaines de le retrouver5. Pour nourrir ses troupes, il décide de réquisitionner le peu de nourriture que possède la population, ce qui a pour conséquence de laisser les femmes et les enfants sans rien pour s'alimenter8.

Le 2 février, il rejoint Chauché, pour retrouver Charles Sapinaud de La Rairie, qui a partiellement reconstitué une « Armée du Centre » et qui a succédé au général Royrand, mort pendant la virée de Galerne. Le général Florent Joseph Duquesnoy apprend que les deux hommes et leurs armées sont en marche et les poursuit en incendiant et tuant toute personne se trouvant devant eux10.

Gravure représentant des soldats républicains en rangs qui fusillent ou sabrent une foule de civils.
Massacres en Vendée, gravure de Pierre Nicolas Ransonnette, entre 1793 et 1810.
Gravure représentant le général Haxo, à pied, entouré de cavaliers vendéens.
La mort de Haxo, gravure de 1884.

Le 28 février, le général Haxo quitte Machecoul avec 2 000 hommes afin de suivre l'armée de Charette pour la neutraliser, mais malgré la prudence des vendéens, le 20 mars, Haxo rejoint Clouzeaux, et les attaque. Malgré que les Vendéens soient moins nombreux, ils remportent le combat, faisant fuir les républicains, qui laissent leur général seul devant les Vendéens. Certaines sources affirment que Haxo se donne la mort pour ne pas être capturé, alors que d'autres disent qu'il a continué à se battre jusqu'à se faire tuer10.

Résurgence des armées vendéennes[modifier | modifier le wikicode]

Huile sur toile représentant un portrait du général Marigny.
Portait de Gaspard de Bernard de Marigny, huile sur toile anonyme, XVIIIe siècle.

Du 20 au 22 avril, les armées vendéennes se réunissent au château de la Boulaye, dans la paroisse de Treize-Vents, pour que les généraux des quatre armées se partagent le territoire de la Vendée et prêtent serment de toujours se soutenir et se venir en aide :

Une dispute éclate entre les trois généraux et Marigny qui est accusé de trahison ; un conseil de guerre vote la peine de mort à son encontre, avec une majorité de dix-huit voix contre deux. Marigny pense qu'il ne risque rien et il se sent en sécurité avec ses hommes qui veillent sur lui. Pourtant, le 10 juillet, les soldats allemands de Stofflet se rendent dans le château de La Girardière où il est présent et malade, et où il est arrêté et emmené pour être fusillé.

Lithographie représentant Céleste Bulkeley, armée d'un pistolet et d'un sabre, affrontant des soldats républicains.
Céleste Bulkeley au combat, lithographie de Charles Motte, XIXe siècle.
Gravure représentant la mort au combat de Mermet et de son fils, entourés de fantassins et de cavaliers vendéens.
Mort du lieutenant-colonel Albert Mermet et de son fils Jean-Baptiste, 15 septembre 1794 (29 Fructidor An 2), estampe de Louis Lafitte, 1807, Musée Carnavalet, Paris.

Négociations avec les républicains[modifier | modifier le wikicode]

Le traité de la Jaunaye[modifier | modifier le wikicode]

Estampe représentant des officers républicains et royalistes qui signent la paix sous une tente.
The Pacification of the Vendee, estampe imprimée à Londres en 1804.

À Paris, la Convention thermidorienne rompt totalement avec la politique de la Convention nationale pendant la Terreur, et passe à une politique de clémence12 où des députés vont jusqu'à dénoncer les massacres des populations civiles, et demande la reconnaissance d'une amnistie des insurgés et de leurs chefs, ce que le Comité de salut public et la Convention nationale acceptent, uniquement pour les insurgés vendéens et chouans qui déposent les armes dans un délai d'un mois7.

Le 23 décembre 1794, des émissaires, Jean-Baptiste Bertrand-Geslin, et peut-être François-Pierre Blin, rencontrent Charette à Belleville-sur-Vie. Ce dernier et Charles Sapinaud de La Rairie se montrent ouverts aux propositions de paix et envoient à leur tour deux émissaires, de Bruc et Amédée-François-Paul de Béjarry pour une rencontre à Nantes entre le 28 et le 30 décembre et le 11 janvier 1795, un accord est trouvé pour engager des négociations officielles.

Le 12 février, François Athanase, Sapinaud et plusieurs de leurs officiers rencontrent les représentants en mission au manoir de La Jaunaye, à Saint-Sébastien-sur-Loire. Bertrand Poirier de Beauvais et Pierre Dezoteux de Cormatin, le major-général de Joseph de Puisaye, chef des chouans de Bretagne, sont également présents et un accord de paix est signé le 17 février.

Cet accord énonce que les insurgés remettent leur artillerie aux républicains et en échange, ils seront amnistiés, la liberté de culte est reconnue, une exemption d'impôts et de conscription pour une durée de dix ans, la reconnaissance de leurs propriétés, l'organisation d'un corps de 2 000 gardes territoriaux vendéens, le remboursement des bons émis durant la rébellion, et dix-huit millions d'indemnités pour la reconstruction de la Vendée.

Dessin représentant Charette et plusieurs officiers à cheval faisant leur entrée dans la ville de Nantes, acclamés par les habitants.
Entrée de Charette et Sapinaud à Nantes, gravure de D. Lacroix, XIXe siècle.

Dans les rangs royalistes, un conflit apparait entre Poirier de Beauvais, qui reproche à François Athanase de ne pas avoir obtenu la libération du roi Louis XVII. Certains de ses officiers se montrent hostiles face à l'accord de paix, jusqu'à considérer Charette de La Contrie comme étant un « traître » et ils le menacent de « lui casser la tête d'un coup de pistolet ». François Athanase tente de reprendre le contrôle de ses troupes et parvient à raisonner Savin et Le Moëlle, mais Delaunay s'enfuit chez Jean-Nicolas Stofflet.

Le 26 février, Charette et Sapinaud se rendent à Nantes par le pont de Pirmil, pour prendre part à un défilé réconciliateur aux côtés du général Jean-Baptiste-Camille de Canclaux et des représentants républicains sous les acclamations de la population, puis pour dîner et assister à un spectacle de gala au théâtre Graslin7.

Le 14 mars, les accords de La Jaunaye sont ratifiés par la Convention nationale.

Division du camp royaliste[modifier | modifier le wikicode]

Huile sur toile représentant Stofflet, accondé sur un calvaire.
Jean-Nicolas Stofflet, huile sur toile de Thomas Drake, XIXe siècle.

Après la signature du traité de La Jaunaye, les royalistes se divisent entre Stofflet et l'abbé Bernier qui publient une lettre à destination des anciens chefs vendéens qui se sont ralliés aux républicains3. Stofflet fait arrêter le chef de la division de Loroux, qui est condamné à mort et exécuté à coups de sabre pour avoir signé le traité. Les Angevins pillent le quartier-général de Sapinaud à Beaurepaire, emportant ses deux canons, 60 chevaux et la caisse militaire. Sapinaud manque lui-même d'être capturé et doit s'enfuir à cheval.

Stofflet tente de prendre le contrôle des emplacements où François Athanase commande, mais ce dernier refuse de se battre contre lui. C'est l'intervention des républicains qui empêchera les vendéens de se diviser encore plus. Stofflet perd le combat et doit accepter de participer aux négociations avec les Chouans, où il acceptera de signer le même accord de paix qu'à l'époque de Charette, bien qu'au départ il s'y soit opposé. Il décide de rencontrer François Athanase et Sapinaud à l'armée du Centre pour se réconcilier. Bien que Delaunay retourne à Belleville, il espère que Charette se montre clément avec lui, mais il décidera de le faire tuer.

La deuxième guerre de Vendée[modifier | modifier le wikicode]

Reprise de la guerre par Charette[modifier | modifier le wikicode]

Huile sur toile représentant le comte de Provence, futur Louis XVIII, en uniforme, tenant de la main gauche un bicorne et main droite dans le gilet.
Portrait de Louis Stanislas Xavier de Bourbon, comte de Provence, école allemande, vers 1790.

Entre février et juin 1795, plusieurs assassinats et incidents mettent fin à la paix entre les Vendéens et les républicains.

« Notre sort était encore incertain, en attendant on assassinait de toute part. Nos soldats, pour fournir à leurs débauches et imiter le luxe de leurs officiers, qui s'étaient habillés de neuf dans les différents voyages de Nantes, volaient sur les grandes routes ou plutôt partout où ils le pouvaient faire impunément. Ces crimes, trop peu réprimandés par notre chef souverain, étaient encouragés par bien des officiers qui avaient la bassesse d'en partager les profits ; on alla jusqu'à profaner les lois de l'hospitalité ; des républicains venus parmi nous à la faveur de l'armistice furent égorgés pour n'avoir pas déguisé leur opinion. Peu d'entre nous heureusement participèrent à ces horreurs et quelques-uns eurent le courage de les blâmer. Les républicains s'en vengèrent aussitôt en usant de représailles ; quelques officiers de la division de Le Couvreur furent enlevés et massacrés, soit à Machecoul, soit à Nantes »

— Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière

Le 26 mai, le général Jean-Baptiste-Camille de Canclaux rencontre François Athanase sans réel soucis, mais des républicains sont pris au piège et tués pendant le trajet. À la suite de ces événements, les royalistes qui critiquaient les traités de paix, sont rejoint à leur tour par les républicains qui estiment qu'il y a eu trop de concessions en faveur des royalistes, ce qui déclenche de nouveaux conflits armés entre les deux camps.

C'est en 1795 que François Athanase fait son retour lorsqu'il est contacté par le comte d'Hector et en mai, le marquis de Rivière, aide de camp du comte d'Artois, frère cadet de Louis XVI, arrive à Belleville, il demandera à François Athanase de les aider à faire diversion le temps que le comte puisse arriver, ce que celui-ci accepte de faire.

Le 24 juin, François Athanase Charette s'adresse à ses hommes pour les informer que le traité de La Jaunaye n'existe plus et que la guerre reprend - de sa propre initiative, sans en discuter avec ses officiers.

Le 25 juin, le camp des Essarts est pris par surprise par les Vendéens et le 27, un convoi se fait attaquer près de Beaulieu-sous-la-Roche. Le 26 juin, François Athanase écrit un article qu'il met à la connaissance de tous, pour informer la population que la guerre reprend et qu'il y avait des articles cachés dans le traité, concernant la libération de Louis XVII et le rétablissement de la monarchie, ce que certains historiens réfutent. Le 8 juin, l'« enfant-roi » meurt et François Athanase en conclut que les républicains sont à l'origine de sa mort, par empoisonnement.

Expédition du comte d'Artois[modifier | modifier le wikicode]

Les Vendéens aident les Britanniques à débarquer en retenant les républicains le plus loin possible, permettant aux Britanniques de leur livrer des armes, de la poudre et des uniformes.

La flotte du commodore Warren quitte Portsmouth avec des soldats, le général Welbore Ellis Doyle et 800 émigrés emmenés par le comte d'Artois. François Athanase Charette les aide en donnant les positions des républicains et décide de les attaquer afin de permettre au comte d'Artois d'accoster.

Le 16 octobre, les Anglais prennent contact avec Charette malgré l'absence du comte d'Artois, mais la situation étant si compliquée qu'ils décident de faire demi-tour, et le comte fait demi-tour.

Effondrement des armées vendéennes et victoire des républicains[modifier | modifier le wikicode]

Portrait du général Hoche en uniforme, un sabre à la main.

Le 29 août 1795, le Comité de salut public nomme Lazare Hoche à la tête de l'Armée de l'Ouest, en remplacement du général Canclaux. Le 26 décembre, le Directoire lui donne le commandement de l'Armée de l'Ouest, de l'Armée des côtes de Brest et de l'Armée des côtes de Cherbourg qui fusionnent pour former l'Armée des côtes de l'Océan. De plus, avec la signature du Traité de Bâle entre la France et l'Espagne, il peut se faire aider de l'Armée des Pyrénées. Le 28 décembre, le Directoire proclame l'état de siège dans toutes les grandes communes des départements insurgés et Hoche préfère faire une différence entre ceux qui commandent les insurgés qu'il faut attraper, des soldats qui doivent rester libres s'ils se rendent. Ce système crée une volonté de paix entre les insurgés et les républicains et de plus en plus de Vendéens acceptent la République.

Huile sur toile représentant des hussards républicains se saississant de fusils à l'intérieur d'une maison.
Scène de pacification de la Vendée en 1795, huile sur toile de Charles-Alexandre Coëssin de la Fosse, 1882, musée Massey, Tarbes.

Hoche lance une expédition contre François Athanase. Face à ces hostilités, certains officiers vendéens demandent à Charette d'accepter la fin des combats, mais il s'y oppose en considérant que leur proposition est « lâche » et « déshonorante ».

Durant les derniers combats, Charette se retrouve affaibli, il perd de nombreux officiers comme Prudent de La Robrie, Pajot et Couëtus. La situation ne s'arrange pas pour lui car le comte d'Artois ne le fait pas général, ce qui l'inquiète.

Huile sur toile représentant des soldats vendéens courant dans les bois.
En Vendée - 1795, huile sur toile d'Évariste Carpentier, XIXe siècle.

En 1796, il tente une expédition en direction de l'Anjou, afin de pousser Stofflet à le rejoindre dans la guerre, mais il échoue à nouveau et cet échec, va démoraliser les Vendéens qui décident de l'abandonner à son sort, au point que François Athanase, n'a pas d'autres choix que de tout le temps fuir avec le peu d'hommes qui lui reste entre Belleville, Saligny, Dompierre et Le Poiré.

Lazare Hoche autorise l'abbé Guesdon à trouver un moyen de permettre à François Athanase de partir de France, mais vu que ce dernier refuse, les attaques à son encontre reprennent, le forçant à fuir en permanence.

Capture de Charette[modifier | modifier le wikicode]

Huile sur toile représentant Charette entouré et saisi par des soldats républicains.
La capture du général Charette, huile sur toile de Louis Joseph Watteau, 1796, historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne.

Le 23 mars, François Athanase Charette ne dispose plus que de 50 hommes encore en vie et qui lui sont fidèles, mais ils doivent fuir lorsqu'ils se retrouvent face aux grenadiers. Les soldats de l'adjudant-général Valentin se retrouvent à nouveau face aux insurgés et parviennent à tuer 10 hommes de Charette.

Les hommes de l'adjudant-général Travot attaquent à leur tour et, durant cet affrontement, François Athanase est légèrement blessé à la tête, à l'épaule et à la main gauche et ne dispose plus que de deux hommes à ses côtés, si bien qu'ils se font attraper par les républicains qui parviennent à s'emparer du général vendéen.

Mort[modifier | modifier le wikicode]

Portrait de Charette de profil, le bras en écharpe et coiffé d'un mouchoir de tête.
Portrait du général Charette avant son exécution, huile sur toile de Louis Crucy, 1796, collection particulière.

François Athanase une fois capturé est transporté au château de La Chabotterie, où il se fait soigner. Il rejoint ensuite Angers où les officiers républicains lui permettent de diner avec eux et ses blessures sont à nouveau soignées.

Le général Dutilh organise un défilé comme pour les triomphes romains, où le prisonnier marche accompagné de tambours et de musiciens, suivi par des soldats jusqu'à la prison.

Mort du général Charette, huile sur toile de Julien Le Blant, 1883, collection particulière.

Le 29 mars, à 9 heures, il est jugé par un conseil militaire, où il est condamné à mort. Suite à ce procès, il est conduit devant 5 000 soldats et 18 d’entre eux sont chargés de son exécution.

La mort de François Athanase marque la fin de la guerre de Vendée, même si pendant quelques semaines encore, des insurgés continuent de se battre et le 13 juillet 1796, le général Hoche annonce que la guerre à l'Ouest est terminée.

Descriptions physiques et représentations dans les arts[modifier | modifier le wikicode]

« Charette était d'une taille avantageuse ; il avait le corps mince, dessiné avec grâce ; le visage ovale, le nez bien pris et un peu retroussé, la bouche plate, le menton en avant. Ses yeux, petits, enfoncés et pleins de feu, lançaient à volonté un regard si pénétrant qu'on avait peine à le soutenir quand il vous fixait avec attention. Un port distingué ; sans orgueil, une démarche leste, la tête haute, un air doux et riant annonçaient la noblesse de son caractère et son goût dominant pour le plaisir »

— Urbain-René-Thomas Le Bouvier-Desmortiers

D'après certaines descriptions, François Athanase Charette pourrait mesurer environ 1,75 mètre, il a les yeux bruns, les cheveux châtains et la barbe noire.

Selon Élisabeth Guillet, une marchande de sardine détenue puis relâchée à Belleville en juin 1795, l'homme serait « assez grand et blond » alors que d'autres disent qu'il a les cheveux noirs, cela crée une confusion auprès des historiens, qui ne partagent pas forcément la même description du général vendéen.

Aujourd'hui[modifier | modifier le wikicode]

Le Puy du Fou a fait un spectacle sur lui et sa lutte, Le Dernier Panache.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 et 1,15 (fr) Lionel Dumarcet, François Athanase Charette de La Contrie : Une histoire véritable, aux éditions Les 3 Orangers, 1997.
  2. (fr) acte de mariage, Archives de Loire-Atlantique.
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 (fr) Jean-Clément Martin, La guerre de Vendée 1793-1800, Paris, Éditions Points, 2014 .
  4. (fr) Yves Gras, La Guerre de Vendée (1793-1796), aux éditions Economica, 1994.
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 et 5,4 (fr) Hervé Coutau-Bégarie et Charles Doré-Graslin, Histoire militaire des guerres de Vendée, aux éditions Economica, 2010.
  6. 6,0 6,1 et 6,2 (fr) Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, Éditions Robert Laffont, 2009.
  7. 7,0 7,1 7,2 7,3 et 7,4 (fr) Jacques Hussenet, Détruisez la Vendée ! Regards croisés sur les victimes et destructions de la guerre de Vendée, aux éditions Centre vendéen de recherches historiques, La Roche-sur-Yon, 2007.
  8. 8,0 et 8,1 (fr) Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen 1793-1796, Les Éditions du Bocage, 1994.
  9. 9,0 et 9,1 (fr) Jean-Baptiste Kléber, Mémoires politiques et militaires 1793-1794, Éditions Tallandier, 1989}.
  10. 10,0 10,1 10,2 10,3 et 10,4 (fr) Alain Gérard, Vendée : les archives de l'extermination, La Roche-sur-Yon, aux éditions Centre vendéen de recherches historiques, 2013.
  11. * (fr) Roger Dupuy, La noblesse entre l'exil et la mort, Éditions Ouest-France, 1988.
  12. (fr) Thérèse Rouchette, Charette, aux éditions Centre vendéen de recherches historiques, 2007.

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • (fr) Jean-Christophe Buisson et Emmanuel Hecht, Les grands vaincus de l'histoire : Hannibal, Vercingétorix, Montezuma, le grand Condé, Charette, le général Lee, Trotski, Nixon, Paris, aux éditions Perrin, 2018.
  • (fr) Gilbert Charette, Le chevalier Charette : roi de Vendée, Chateaugiron, aux éditions Yves Salmon, 1983.
  • (fr) Jacqueline Chauveau, La vivante Histoire : Charrette et l'épopée vendéenne, Éditions du Scorpion, 1964.
  • (fr) Lionel Dumarcet, François Athanase Charette de La Contrie : Une histoire véritable, aux éditions Les 3 Orangers, 1997.
  • (fr) Alain Gérard, Sur les traces de Charette, roi de la Vendée, Fromentine, aux éditions Etrave, 1993.
  • (fr) Urbain-René-Thomas Le Bouvier-Desmortiers, Réfutation des calomnies publiées contre le général Charette commandant en chef les armées catholiques et royales dans la Vendée : Extrait d'un manuscrit sur la Vendée, 1809.
  • (fr) Urbain-René-Thomas Le Bouvier-Desmortiers, Vie du général Charette, commandant en chef les armées catholiques et royales dans la Vendée et dans tous les pays insurgés, aux éditions Imprimerie Mellinet-Malassis et Raynal, Libraire, 1823.
  • (fr) Françoise Kermina, Monsieur de Charette : chevalier de légende, Éditions Perrin, 1993.
  • (fr) G. Lenotre, Monsieur de Charette : Le Roi de la Vendée, aux éditions Librairie Hachette, 1924.
  • (fr) Thérèse Rouchette, Charette, aux éditions Centre vendéen de recherches historiques, 2007.
  • (fr) Julien Rousseau, Charette : chevalier de légende, Éditions Beauchesne, 1963.
  • (fr) Michel de Saint Pierre et Maurice de Charette, Monsieur de Charette, chevalier du roi, Paris, aux éditionsLa Table ronde Gallimard, 1982.
  • (fr) Philippe de Villiers, Le roman de Charette, Paris, Éditions Albin Michel, 2012.
Portail de la Révolution française —  Tous les articles sur la Révolution française de 1789-1799.
Portail des Pays de la Loire —  Tout sur les Pays de la Loire