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Fourmi ensanglantée

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Fourmi ensanglantée
Des fourmis ensanglantées ouvrières, à la recherche de nourriture.
Des fourmis ensanglantées ouvrières, à la recherche de nourriture.
Nom(s) commun(s) Fourmi ensanglantée
Nom scientifique Camponotus cruentatus
Classification famille des fourmis
Milieu de vie Bassin méditerranéen
Régime alimentaire Omnivore
Statut UICN LC IUCN 3 1.svg Préoccupation mineure
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La fourmi ensanglantée (nom scientifique : Camponotus cruentatus) est une grosse fourmi, originaire de la région méditerranéenne. On la rencontre, notamment, dans le sud de la France, où elle est souvent l'une des espèces de fourmis les plus courantes.

Description et mode de vie[modifier | modifier le wikicode]

C'est une grosse fourmi : les ouvrières mesurent généralement entre 6 et 15 mm de long. Elles ont le corps est noir, mat, orné de taches rougeâtres qui leur ont valu leur nom. La reine est plus grande, et peut mesurer entre 16 et 18 mm. Elle est également plus grosse. Il n'y a qu'une seule reine dans la fourmilière, c'est elle qui donne naissance à toutes les autres. Les mâles ne sont présents qu'une partie de l'année, au moment de la reproduction (comme chez toutes les fourmis, ils ne servent qu'à la reproduction). Ils sont plus petits (environ 9 à 10 mm), et entièrement noirs.

Les mâles et les princesses (les futures reines) ont des ailes, qui leur servent à s'envoler pour aller fonder une autre fourmilière plus loin. Les mâles meurent après s'être reproduits, et les princesses perdent leurs ailes lorsqu'elles deviennent des reines. Les ouvrières sont les fourmis les plus nombreuses : elles n'ont pas du tout d'ailes, ce sont celles que l'on voit le plus souvent, puisqu'elles quittent régulièrement la fourmilière à la recherche de nourriture.

Cette fourmi n'a pas de dard venimeux (contrairement à certaines fourmis qui en ont comme leurs cousines les guêpes et les abeilles).

Reproduction et rôles sociaux[modifier | modifier le wikicode]

Dans une société de fourmis, il existe différentes castes, qui diffèrent notamment par leur capacité à se reproduire :

  • la reine : c'est une femelle, et la seule de sa fourmilière capable de se reproduire. Il n'y a qu'une seule reine dans la fourmilière : c'est elle la mère de toutes les autres fourmis.
  • les princesses : ce sont des femelles, également capables de se reproduire, mais elles ne restent pas dans la fourmilière : leur rôle est de devenir de futures reines, et de partir fonder d'autres fourmilières un peu plus loin. Elles possèdent des ailes, mais elles les perdent lorsqu'elles deviennent des reines.
  • les mâles : ils apparaissent en même temps que les princesses, au moment de la reproduction. Eux-aussi possèdent des ailes, et ils accompagnent les princesses en dehors de la fourmilière. Ils meurent après s'être accouplés, et ne feront donc pas partie de la prochaine fourmilière.
  • les ouvrières : ce sont les fourmis les plus nombreuses, elles s'occupent de tout ce qu'il y a à faire dans la fourmilière. Ce sont les fourmis qui sortent le plus souvent de la fourmilière, pour aller chercher de la nourriture, et donc celles que l'on voit le plus. Cependant, elles ont beaucoup d'autres rôles, comme s'occuper des larves (les bébés fourmis), par exemple. Ce sont toutes des femelles, mais elles ne peuvent pas se reproduire. Ce sont les seules fourmis à ne pas posséder du tout d'ailes, mais, comme ce sont les plus nombreuses et qu'on les voit le plus souvent, on croit souvent à tort que c'est le cas de toutes les fourmis...

Une fois par an, en été, naissent dans la fourmilière des fourmis qui ne ressemblent pas aux autres ouvrières : elles ont des ailes. Ce sont les princesses (femelles) et les mâles, qui ne vont pas rester dans la fourmilière, et dont le rôle est d'aller en fonder une nouvelle. À un moment donné, toutes les princesses et les mâles sortent de la fourmilière en même temps, pour s'envoler. C'est ce que l'on appelle le vol nuptial, au cours duquel les mâles s'accouplent avec les princesses. Les mâles meurent après le vol nuptial, mais, pour les princesses, il reste encore beaucoup à faire. Revenue à terre, elle perd ses ailes, et commence à creuser la terre, pour y construire un nouveau nid. C'est la raison pour laquelle le vol nuptial se produit souvent juste avant un orage, car les fourmis savent que la pluie ramollit la terre, et facilite le travail des futures reines. C'est aussi la raison pour laquelle on a tendance à observer les fourmis volantes, pour essayer de savoir s'il va pleuvoir...

Une fois son trou creusé, la future reine s'y installe, et commence à pondre ses premiers œufs. Elle n'en pond pas beaucoup, entre cinq et dix environ, car elle va s'en occuper seule, sans quitter son nid, et donc sans sortir manger, grâce aux réserves qu'elle a constituées dans son ancienne fourmilière, lorsqu'elle n'était encore qu'une princesse, nourrie par ses sœurs ouvrières. Elle élève et nourrit seule ses premières larves, qui deviendront les premières ouvrières de la nouvelle fourmilière. C'est une étape très délicate, car la reine n'a alors aucune protection, elle est très vulnérable. Une fois ces premières fourmis arrivées à l'âge adulte, ces premières ouvrières vont pouvoir s'occuper de tout ce qu'il y a à faire dans la fourmilière : défendre la reine, si besoin, sortir trouver de la nourriture pour elle et pour la reine (qui en a bien besoin !), s'occuper des nouveaux œufs que la reine va pondre, et des larves qui vont en émerger, et agrandir la fourmilière pour avoir la place pour accueillir tout le monde. Une fourmilière « adulte » compte en moyenne un peu plus de 3 000 fourmis, principalement des ouvrières.

Nourriture[modifier | modifier le wikicode]

L'un des premiers rôles des ouvrières est de réussir à trouver suffisamment de nourriture pour toutes ces fourmis : elles passent donc une grande partie de leurs temps dehors, hors de la fourmilière, à en chercher, et c'est comme cela qu'on peut les observer le plus facilement.

Les fourmis ensanglantées sont omnivores, mais elles ont besoin d'une nourriture essentiellement liquide. Elles se nourrissent selon un mode particulier, appelé trophallaxie : la fourmi ensanglantée possède dans son corps un organe spécial, le jabot, qui est une sorte de poche pouvant contenir de la nourriture liquide. Lorsqu'une fourmi avale un liquide, il ne va pas tout de suite dans son estomac, mais d'abord dans son jabot : elle va donc être capable de le recracher, au besoin, pour nourrir une autre fourmi qui en a besoin, surtout si c'est une fourmi qui ne peut pas se déplacer, comme une jeune larve, ou bien la reine. Un grand nombre d'ouvrières passent donc leur journée dehors, à avaler un maximum de nourriture qu'elles stockent dans leur jabot, puis à retourner dans la fourmilière pour nourrir les fourmis qui n'ont pas pu sortir, soit parce qu'elles en sont incapables, soit parce qu'elles avaient autre chose à faire, comme s'occuper des larves, ou creuser de nouvelles galeries, par exemple. Les fourmis communiquent entre elles grâce aux antennes qu'elles ont sur la tête : lorsqu'une fourmi a faim, il lui suffit de toucher une autre fourmi d'une certaine façon avec ses antennes pour lui demander à manger : l'autre fourmi lui recrache alors une goutte de nourriture directement dans la bouche.

Les fourmis ensanglantées sont principalement insectivores : elles ramènent à leur fourmilière toutes sortes d'insectes. Après avoir aspiré tous les liquides qu'ils contenaient, elles se débarrassent des carcasses desséchées. Cependant, ce n'est pas leur seule ressource de nourriture : la fourmi ensanglantée entretient beaucoup de relations avec d'autres espèces pour avoir sa nourriture :

Symbiose avec d'autres espèces[modifier | modifier le wikicode]

Un insecte pollinisateur[modifier | modifier le wikicode]
Une fourmi ensanglantée, en train de récolter le nectar d'une fleur d'euphorbe épineuse (et de se couvrir de pollen au passage...)

Certaines plantes sont pollinisées par les fourmis : on dit qu'elles sont myrmécogames. C'est le cas, notamment, de certaines euphorbes. L'euphorbe épineuse et l'euphorbe des vallons sont pollinisées, notamment, par la fourmi ensanglantée, qui est même leur principal pollinisateur dans certaines régions.

Pour se reproduire, il faut que le pollen d'une fleur arrive sur le pistil d'une autre ; l'ennui, c'est que les plantes ne se déplacent pas ! Elles ont donc, au cours de l'évolution, développé des stratégies pour attirer les insectes et les « convaincre » de transporter leur pollen pour elles... Les euphorbes, par exemple, produisent dans leurs fleurs une grande quantité de nectar très sucré, que les fourmis adorent. La fourmi ensanglantée passe des heures sur les euphorbes, pour essayer de manger le maximum de nectar. L'ennui, c'est qu'il n'y a pas assez de nectar dans une seule fleur, et que la fourmi est donc obligée d'en visiter beaucoup, et de passer d'une fleur à l'autre. Comme elle possède des petits poils sur son corps, elle se couvre de pollen au passage, et le dépose d'une fleur à une autre, ce qui permet à la plante de se reproduire. Ainsi, cette association est bénéfique aussi bien pour l'euphorbe (qui peut se reproduire) que pour la fourmi (qui trouve ainsi de quoi manger) : c'est ce que l'on appelle une symbiose.

L'euphorbe n'est pas seulement myrmécogame, elle est aussi myrmécochore, c'est-à-dire que les fourmis dispersent non seulement son pollen, mais aussi ses graines. Les graines d'euphorbes sont attachées à un petit organe, l'élaïosome, riches en lipides, qui attire les fourmis. Elles récoltent donc les graines, les ramènent à leur fourmilière (souvent assez loin), détachent l'élaïosome pour le manger et... jettent la graine, qui peut donc germer plus loin que la plante sur laquelle elle a poussée. Comme l'euphorbe, la fourmi ensanglantée récolte les élaïosomes de nombreuses espèces d'autres plantes, notamment le romarin, le nerprun alaterne, ou le hellébore fétide...

L'élevage des pucerons[modifier | modifier le wikicode]
Deux fourmis ensanglantées, sur une fleur de genêt d'Espagne, en train de s'occuper de pucerons du cytise.

De nombreuses espèces de fourmis, dont la fourmi ensanglantée, élèvent des pucerons pour se nourrir, un peu comme nous élevons des vaches... Le puceron est un insecte parasite des plantes, dont il suce la sève pour se nourrir. Ce faisant, il aspire beaucoup d'eau, et risquerait d'éclater, s'il n'était pas capable de l'éliminer. Le puceron possède dont à l'arrière de son corps une sorte de petit tube, le siphon, par lequel il est capable d'évacuer une goutte de liquide très riche en sucre, le miellat, pendant qu'il mange, ce qui lui permet d'aspirer la sève de la plante. Pendant qu'il mange, le puceron se déplace très peu, et immobile sur la plante, il est à la merci de ses prédateurs. Mais beaucoup de pucerons font l'objet d'une sorte d'« élevage » par des fourmis : les fourmis transportent les pucerons sur les plantes qu'ils aiment bien, et restent ensuite avec eux pour les protéger de leurs prédateurs. En échange, elles aspirent le miellat très sucré, qui forme une part importante de leur alimentation.

La fourmi ensanglantée est l'une des espèces qui pratiquent cet élevage. Dans les régions méditerranéennes, elles élèvent notamment le puceron du cytise, qui se nourrit de la sève du genêt d'Espagne. C'est, ici aussi, un exemple de symbiose entre la fourmi ensanglantée et le puceron du cytise (mais pas le genêt d'Espagne, qui, le pauvre, ne profite pas vraiment de cette association !)

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