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Euromaïdan

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Manifestation à Kiev, le 27 novembre 2013.

L'Euromaïdan (en ukrainien : Євромайдан) désigne les manifestations se déroulant en Ukraine, de novembre 2013 à février 2014. Elles sont principalement provoquées par la politique pro-russe du président Viktor Ianoukovytch, refusant de signer un accord d'association avec l'Union européenne, par la corruption endémique du pouvoir et un autoritarisme grandissant12.

Débutant le 21 novembre 2013, elles sont marquées par la répression de la milice des Berkout, qui fait usage de bombes lacrymogènes et de tirs de balles sur les manifestants. Ces derniers, réclamant le départ de Ianoukovytch et le retour à la Constitution de 2004 (qui octroyait moins de pouvoirs au président), répliquent aux violences et au rejet de leurs exigences par l'occupation de bâtiments administratifs3.

L'Euromaïdan est perçu par ses partisans comme un symbole du patriotisme ukrainien et un mouvement de lutte contre l'influence russe, face au modèle occidental considéré comme un gage de démocratie45. En outre, le mouvement sera suivi de mesures symboliques visant à affirmer l'identité nationale ukrainienne (décommunisation, Léninopad...).

Contexte[modifier | modifier le wikicode]

La contestation naît dans une atmosphère précaire, qui s'installe à l'arrivée au pouvoir du président Viktor Ianoukovytch. Ce dernier est élu en 2010 sur la base de la poursuite de l'intégration à l'Union européenne (UE), initiée par son prédécesseur Viktor Iouchtchenko, tout en cherchant à maintenir des relations étroites avec la Russie.

Sur le plan politique, Ianoukovytch est désavoué chez l'électorat pro-occidental de l'ouest du pays, et est accusé de « censure » à l'encontre de la presse critique6. La libération de Ioulia Tymochenko, leader du principal parti d'opposition Batkivchtchyna et emprisonnée à partir de 2011, est fixée comme une condition pour permettre la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne7.

La situation financière est critique depuis la crise économique mondiale de 2008. L'Ukraine, dépendant des bénéfices tirés du gaz naturel russe, signa plusieurs accords commerciaux avec la Russie, réduisant les prix du gaz en échange d'une aide financière, tout en continuant à profiter des aides européennes. La contraction excessive d'emprunts mène cependant l'Ukraine proche du défaut de paiement, alors qu'elle doit rembourser plusieurs milliards de dollars auprès de la Russie8.

Vers 2013, alors que grandit la perspective de l'accord d'association, la Russie fait pression sur le gouvernement ukrainien pour qu'il rejette l'accord, menaçant d'interdire les importations de produits ukrainiens en cas de signature7 ; la Russie ne souhaitant pas que son marché lucratif en Ukraine soit supplanté par le marché européen. Le gouvernement ukrainien est alors face à un dilemme : sa situation économique précaire ne lui permet pas de se passer des avantages financiers que lui procure la Russie, et les partis politiques sont dans l'incapacité de s'accorder sur l'accord d'association, celui-ci étant rejeté par les milieux russophones opposés à un rapprochement avec l'Occident, alors qu'il est souhaité par les partis pro-européens opposés à un rapprochement avec la Russie. En outre, Ianoukovytch fut élu grâce au soutien écrasant des régions russophones du sud-est 9, et il craint de perdre leur soutien et celui des oligarques, implantés dans ces territoires.

Déroulement[modifier | modifier le wikicode]

Le 21 novembre 2013, après des mois d'interrogation, Ianoukovytch annonce son refus de signer l'accord d'association avec l'UE, préférant relancer des négociations avec la Russie au sujet du commerce7. Les pro-européens désapprouvent la décision de Ianoukovytch en manifestant en masse dans la capitale Kiev10. Ils se positionnent sur le Maïdan (principale place de Kiev), et occupent la mairie de la ville qu'ils érigent en centre de la contestation11.

Le 29 novembre, la police essaye en vain de déloger les manifestants du Maïdan, défendus par l'installation de barricades12. Les rassemblements s'amplifient dès-lors, attirant plusieurs centaines de miliers de personnes et se propageant dans tout le pays13. Les manifestants sont majoritairement issus de la classe moyenne, le poids de la contestation étant constitué d'étudiants14.

Les premiers affrontements éclatent début décembre, la police anti-émeute des Berkout tirant et matraquant les manifestants, qui répliquent par des lancers de cocktails Molotov15. Cette milice, dépendant du ministère de l'Intérieur, s'illustre par sa brutalité qui indigne les associations de défense des droits de l'homme. Le 17 décembre, Viktor Ianoukovytch signe avec le président russe Vladimir Poutine un accord commercial, accordant un prêt de 15 milliards de dollars au gouvernement ukrainien et réduisant d'un tier les prix du gaz russe livré à l'Ukraine16. Le 17 janvier 2014, le Parlement ukrainien vote une loi restreignant le droit de manifester, en interdisant la pose de tentes et de barricades sans autorisation préalable. En réponse, les manifestants s'emparent du bâtiment de l'administration régionale dans plusieurs régions, et appellent à la démission de Ianoukovytch17. Le pouvoir semble alors jouer à l'apaisement, en abolissant le texte de loi, faisant démissionner le Premier ministre et engageant des négociations avec l'opposition1819.

La situation se tend à nouveau vers mi-février, lorsque le gouvernement émet un ultimatum aux manifestants, exigeant leur départ du Maïdan sous peine d'être délogés20. Le 20 février, un assaut de la police conduit à des dizaines de morts et plusieurs centaines de blessés20. La répression meurtrière pousse à des désertions du Parti des régions (le parti présidentiel)21. Sous la menace de sanctions, des négociations sont relancées avec l'opposition après un premier échec, aboutissant à un accord de sortie de crise : la Constitution est amendée et octroit plus de pouvoir au Parlement, des élections sont organisées, et l'opposante Ioulia Tymochenko est libérée22.

Suites et conséquences[modifier | modifier le wikicode]

Pour en savoir plus, lis les articles : annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et guerre du Donbass.

Le 22 février, Ianoukovytch, ne se sentant plus en sécurité, s'enfuit en Russie et demande sa protection. Le jour-même, le Parlement vote sa destitution et un nouveau gouvernement dirigé par l'opposition pro-occidentale est formé23. La presse russe voit le gouvernement comme émanant d'un coup d'État financé par l'Occident, et des manifestations éclatent pour demander un rattachement à la Russie24. Le 27 février, le Parlement criméen est pris d'assaut par des hommes armés, qui vote l'organisation d'un référendum d'annexion à la Russie25. Dans le reste de l'Ukraine, des affrontements ont lieu tout le mois de mars entre pro-ukrainiens et pro-russes. Début avril, des manifestants s'emparent du siège de l'administration régionale à Donetsk, qui organisent à leur tour un référendum de rattachement à la Russie : c'est le début de la guerre du Donbass26.

Le mouvement provoqua la mort de plusieurs dizaines de personnes et en blesse des milliers27. L'ampleur de celui-ci fut inaperçu en Ukraine depuis la révolution orange de 2004 : les manifestations attirèrent jusqu'à un million de participants, et près de 20 % de la population ukrainienne prit part à un rassemblement de l'Euromaïdan428.

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. L'Ukraine signe l'accord d'association avec l'UE - Le Monde
  2. Qui est Viktor Ianoukovitch, le président ukrainien décrié ? - francetvinfo
  3. Ukraine. La révolution de EuroMaïdan accule le régime Ianoukovitch - Sciences Po
  4. 4,0 et 4,1 «L’Euromaïdan» ou la révolution ukrainienne pour les valeurs européennes - INA
  5. La politique étrangère de l’Ukraine avant et après Euromaïdan - Cairn
  6. Ukraine: les médias crient à la censure - Le Figaro
  7. 7,0 7,1 et 7,2 L'Ukraine renonce à s'associer avec l'UE, Ioulia Timochenko reste en prison - Le Monde
  8. Pourquoi l'Ukraine se rapproche de la faillite - 20minutes
  9. Élection présidentielle en Ukraine : la revanche de Viktor Ianoukovitch - Fondation Robert Schuman
  10. Ukraine : violents incidents en marge d'une manifestation pro-européenne - Le Monde
  11. Ukraine : retour sur un mois de crise - Le Monde
  12. La police ukrainienne déloge les manifestants de la place Maidan - Euractiv
  13. Ukraine : à Kiev, tous les éléments en place pour un scénario de répression - Le Monde
  14. UKRAINE. Maïdan – La révolution des classes moyennes - Courrier international
  15. Les rumeurs d'instauration de l'état d'urgence en Ukraine inquiètent les marchés financiers - Les Echos
  16. La Russie et l'Ukraine signent un accord commercial - Libération
  17. Ukraine : menace d'état d'urgence après la prise d'un ministère par les manifestants - francetvinfo
  18. En Ukraine, la loi restreignant les manifestations promulguée - Le Monde
  19. Vladimir Poutine laisse l'Ukraine dans l'expectative - yahoo.com
  20. 20,0 et 20,1 Ukraine : la journée la plus meurtrière depuis le début de la crise - Le Monde
  21. Accord de sortie de crise: vers une Ukraine divisée en deux? - BFMTV
  22. Ukraine : la rue doute de l'accord de sortie de crise - Le Monde
  23. Ukraine: le nouveau gouvernement dévoilé devant la foule à Maïdan - RFI
  24. « La Révolution de Maïdan est un coup d’État fasciste soutenu par l’Occident. » - Cairn
  25. Le parlement de Crimée pris d'assaut - Le Figaro
  26. Ukraine: des pro-russes prennent d'assaut un bâtiment officiel à Donetsk - Challenges
  27. Ukraine: Deux ans après l'Euromaïdan, les perspectives de justice sont menacées - Amnesty International
  28. UKRAINE. Il y a un an, Maïdan - Courrier international
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