Communauté  • Livre d'or
Chats noirs.jpg Actualités, astuces, interview... Venez lire la gazette de ce printemps de Vikidia ! DessinInterview.png

Bataille de Dettingen

Une page de Vikidia, l’encyclopédie junior
Aller à la navigation Aller à la recherche
George II à la bataille de Dettingen1.

Défaite française subie par Noailles, le 27 juin 1743, durant la Guerre de Succession d'Autriche des mains des coalisés austro-anglo-hanovriens commandés par George II, le comte de Stair et le belgo-autrichien Léopold-Philippe d'Arenberg.

En mai 1743, le maréchal de Noailles (64 ans) se voit confier ce qu'il reste de l'armée française d'Allemagne, après que François Marie de Broglie (72 ans), qui en avait jusque là le commandement, a contrevenu aux ordres de Versailles et abandonné la Bavière de son fantomatique allié Charles VII aux Autrichiens sans combattre, effectuant une peu glorieuse retraite jusqu'en Alsace.

Avec cette armée renforcée de nouvelles recrues et comptant désormais 70.000 hommes2, Noailles se porte à la rencontre d'une armée de coalisés : Anglo-Hanovriens, Autrichiens et Hessois, dite l'« armée pragmatique »3, qui, partie du Hanovre (en Allemagne du nord), descend vers le sud (à savoir la Bavière) et que le roi de Grande-Bretagne George II en personne est venu rejoindre.

L'armée française traverse le Rhin à Spire. Elle parvient ensuite à couper la route de ravitaillement des coalisés austro-anglais, sans que ceux-ci en aient encore conscience. Les deux armées se trouvent en présence l'une de l'autre le 26 juin, celle française sur la rive gauche du Main, celle des coalisés sur la rive droite.
Dans la nuit du 26 au 27, Noailles fait passer, sur des ponts faits de bateaux, un fort contingent de son armée sur la rive droite, une partie à Dettingen devant les troupes austro-anglaises qui rebroussaient chemin, et l'autre derrière à Aschaffenbourg, afin de les prendre en tenaille et, ainsi immobilisées, de les anéantir depuis la rive gauche au moyen de ses cinquante-six canons dissimulés sous les feuillages.

La position des Français paraît très forte (en tout cas sur le papier), et pourtant la bataille va mal tourner pour eux... sans que la raison en soit très claire. Le duc de Gramont (neveu de Noailles), qui était posté à Dettingen (donc à l'avant de l'armée austro-anglaise), a-t-il lancé l'attaque prématurément, avant que son oncle ne lui en donne l'ordre, obligeant ainsi les canons français à interrompre le pilonnage des troupes coalisées ? Le tir extrêmement nourri de l'infanterie austro-anglaise a-t-il affolé la cavalerie (du duc d'Harcourt) et les gardes françaises (du duc de Gramont) ? Noailles a-t-il sous-estimé l'importance des troupes auxquelles il s'attaquait ? Pensait-il ne plus avoir affaire qu'à l'arrière-garde ennemie (alors que l'intégralité de l'armée coalisée était encore là, prise dans la nasse et se battant, la faim et la peur au ventre, en désespérée) ? Noailles a-t-il insuffisamment suivi le déroulement des opérations, a-t-il insuffisamment galvanisé ses troupes (en étant présent en leur coeur) lors du lancement de l'attaque ?

Au bout de deux, trois heures de combat, la panique gagne les rangs français côté rive droite du Main et chacun, dans un sauve-qui-peut général, cherche à repasser sur l'autre rive. Un des ponts de bateaux s'effondre sous le nombre des gardes francaises s'enfuyant, d'où le surnom de « canards du Main » qu'on leur donna ensuite (surtout dans les gazettes pro-anglaises ou autrichiennes).

Cette « sanglante bousculade » coûta trois mille morts aux Français et deux mille cinq cents aux coalisés austro-anglais. Ceux-ci la célébrèrent très vite comme une "grande victoire", parce qu'elle avait été obtenue en présence du roi George II. En fait, elle fut sans réelle conséquence sur la suite des opérations militaires. L'armée de Noailles regagne Spire sans être inquiétée. Et celle, affamée, des coalisés reprend précipitamment sa route vers Hanau, où des ravitaillements l'attendent (elle se contentera, ensuite, de remonter vers les Pays-Bas autrichiens et, tranquillement, d'y prendre ses quartiers d'hiver).

Dettingen est quand même un humiliant fiasco de l'armée française, qui ternit son image et celle de Louis XV. Au bout du compte, il faut sans doute attribuer la responsabilité de ce fiasco à une déficience du commandement : au moment de l'affrontement, Noailles aurait dû être présent, rive droite, à Dettingen (au lieu d'être, rive gauche, à surveiller le bon fonctionnement de la canonnade), son neveu Gramont n'aurait pu alors, pêchant par excès de précipitation (ou insubordination, si c'est le cas), lancer prématurément l'attaque des lignes ennemies.

Aujourd'hui, l'Histoire voit davantage Dettingen comme une heureuse échappée de l'armée pragmatique4 austro-anglaise (du piège dans lequel l'armée française de Noailles l'avait enfermée) que comme une grande victoire de ces coalisés.

En tout cas, Lord Carteret, aux manettes du pouvoir5 en Grande-Bretagne depuis février 1742 et présent à Dettingen, profite de cette "grande victoire" proclamée, pour renforcer son offensive diplomatique contre la France. Plus que jamais animé de sentiments belliqueux envers celle-ci, il fait signer contre elle, à Worms, le 13 septembre 1743, un traité d'alliance entre le roi George II, la reine de Hongrie Marie-Thérèse d'Autriche et le roi de (Piémont-)Sardaigne Charles Emmanuel III, jusqu'alors proche allié de la France (il est l'oncle de Louis XV) et de l'Espagne.

La guerre de Succession d'Autriche va alors redoubler d'intensité.

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Dettingen est un gros village faisant partie de la commune de Karlstein am Main située dans le nord de la Bavière.
  2. Certains chiffres ne donnent que 60.000.
  3. Car elle défendait la Pragmatique Sanction, par laquelle Marie-Thérèse d'Autriche avait hérité de l'intégralité des États des Habsbourg.
  4. Ainsi nommée parce qu'elle combat pour faire respecter l'application de la Pragmatique Sanction.
  5. C'est-à-dire du cabinet britannique
Portail de l'histoire militaire —  Tous les articles sur l'histoire militaire, les batailles, les chefs de guerre...
Francestubmap.png Portail de la France —  Accéder au portail sur la France !
Portail du Royaume-Uni —  Tout sur l'Angleterre, l’Écosse, le Pays de Galles, l'Irlande du Nord !
Portail de l'Autriche —  Accédez au portail sur l'Autriche.
Portail de la Belgique —  Accédez au portail sur la Belgique.