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Opéra de Lyon

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L'opéra de Lyon, surnommé l'opéra Nouvel, est un opéra situé place de la Comédie en face de l'hôtel de ville, dans le 1er Lyon (France).

Le bâtiment de l'opéra concilie histoire et modernité avec des façades datant du XIXe siècle et une coupole mise en place plus récemment par l'architecte Jean Nouvel.

L'opéra de Lyon, construit par Jean Nouvel.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Le bâtiment de Soufflot (1756 - 1826)[modifier | modifier le wikicode]

Au XVIIIe siècle, le Consulat de Lyon (le conseil municipal) commande un opéra à Jacques-Germain Soufflot, architecte très apprécié dans la ville pour plusieurs de ses constructions (l'Hôtel-Dieu, le temple du Change et de nombreuses autres chapelles privées) qui concevra plus tard le célèbre Panthéon de Paris. Sa construction commence en 1753, à l'emplacement des jardins de l'hôtel de ville.

Inauguré en 1756 avec Britannicus de Racine en présence de son architecte, le bâtiment s'inscrit dans le style classique et s'inspire de Palladio que Soufflot avait découvert plus tôt lors de son voyage à Rome. Le théâtre du quartier Saint-Clair, de son nom d'alors, peut accueillir 2000 personnes. L'attraction rencontre un succès inattendu auprès de Lyonnais, réputés peu portés à la musique, qui se plaisent à assister à des comédies ou des tragédies : face à l'afflux de spectateurs, un quatrième rang de loges est même ajouté en 1788.

Cependant, pendant la Révolution française, les conflits entre Jacobins et modérés conduiront à la fermeture temporaire de l'opéra. Pour faire face à la dette publique, le bâtiment est vendu par l'État en 1796. Racheté en 1825 par la mairie, il est démantelé afin d'être remplacé par un opéra plus moderne. Dans l'actuel opéra, il n'en reste plus grand-chose.

Le bâtiment de Chenavard et Pollet (1831 - 1987)[modifier | modifier le wikicode]

Le bâtiment de l'opéra de Lyon, au XXe siècle, sans la coupole de Jean Nouvel.

En 1827, le roi Charles X donne l'autorisation de construire un nouvel opéra. Les travaux sont confiés à Antoine-Marie Chenavard (wp) et Jean-Marie Pollet (wp), deux architectes locaux, tous deux passés par l'école des beaux-arts de Lyon. En attendant l'arrivée du nouveau bâtiment, la construction d'un théâtre provisoire place des Terreaux, en brique et en bois, est commandée : les travaux, qui ne durent que trois mois, sont dirigés par les architectes Vincent Farge (wp) et Fleury Falconnet (wp). Cette salle, qui sera ouverte jusqu'en 1831 (date de l'inauguration du nouveau théâtre), permet aux Lyonnais de continuer à assister à des représentations théâtrales.

De leur côté, Chevenard et Pollet poursuivent tant bien que mal les travaux. Les deux architectes se querellent régulièrement, si bien que Pollet, le plus jeune, rend finalement son tablier. Face au manque d'argent, la construction est un peu bousculée : l'inauguration a lieu le 1er juillet 1831, alors même que bien des parties du théâtre ne sont pas terminées. De plus, la capacité d'accueil n'est que de 1800 places, alors que le chiffre prévu était 2400. Enfin, comble du malheur, la toiture, mal conçue, menace de s'effondrer : des petites colonnes sont installées pour la soutenir. Autant dire que toutes les années à venir vont être consacrées à des ajustements.

Cependant, il faut reconnaître quelques qualités à ce nouveau bâtiment. Désormais, dans l'orchestre, les spectateurs peuvent s'asseoir, ce qui n'était pas le cas précédemment. En outre, Lyon jouit maintenant d'un opéra flambant neuf, remis au goût du jour, dans le très à la mode style néoclassique. La décoration sera perfectionnée tout au long du siècle : le foyer (galerie où les spectateurs peuvent se promener, se rencontrer et échanger pendant l'entracte) est peint par Joanny Domer (wp) qui quittera les lieux en 1886 sans avoir tout à fait terminé ses toiles.

Réunion des organisateurs de la foire de Lyon dans la scène de l'opéra, photographie de 1916.

Le bâtiment de Nouvel (1993)[modifier | modifier le wikicode]

La coupole de l'opéra surplombant la ville basse, photographie prise depuis la colline de Fourvière.

Cependant, le mauvais état de l'édifice et sa faible capacité d'accueil préoccupent la mairie de Lyon, qui hésite entre réhabilitation ou reconstruction totale. En 1986, elle lance finalement un grand concours pour la rénovation de l'opéra qui réunit plus de 50 candidats. Le projet retenu est finalement celui de Jean Nouvel, architecte français déjà connu pour avoir construit l'Institut du monde arabe (IMA).

Fermé dès 1987, l'opéra entre en reconstruction à partir de 1989 : les travaux s'achèvent en mai 1993. Cependant, l'édifice suscite vite une polémique : certains reprochent notamment à l'édifice une trop imposante modernité à l'édifice, inadaptée au quartier historique qui l'environne. D'autres, également, soulignent la hauteur de sa coupole qui dépasse les toits des bâtiments alentour et se voit partout dans la ville1. Enfin, l'obscurité des lieux et la faible capacité d'accueil (1 100 places) pour une ville aussi peuplée que Lyon sont aussi à l'origine très critiquées.

De nos jours, l'opéra de Lyon semble malgré tout bien intégré dans le paysage urbain et accepté par les Lyonnais. Il jouit d'une bonne réputation, même internationale, et offre l'exemple d'un bâtiment moderne qui reste rattaché à son histoire, comme le souhaitait Jean Nouvel.

Description[modifier | modifier le wikicode]

L'opéra de Lyon, de nuit, avec ses lumières rougeoyantes : on joue une pièce ce soir-là.

Avec une surface de 14 800 m2, l'opéra de Lyon s'élève en tout sur 18 niveaux, dont 6 en sous-sol et 5 dans la verrière, même si, de l'extérieur, il ne semble compter que deux étages. Il s'agit d'un bâtiment hybride : il est constitué de certains éléments datant du XIXe siècle et d'autres parties modernes, ajoutées par Jean Nouvel dans les années 90.

Parties modernes[modifier | modifier le wikicode]

À l'intérieur, Jean Nouvel a voulu casser les codes et rompre avec la décoration traditionnelle d'un théâtre : à la place des dorures, des lustres et des miroirs que l'on peut voir par exemple dans l'opéra Garnier, il a installé un style brut, sombre, entièrement coloré en noir, et sans beaucoup d'éclairage. Le hall d'entrée est un ensemble de paliers reliés par des escalators qui remplacent les traditionnels escaliers.

La grande salle, en fer à cheval, est suspendue dans une coque grâce à de massifs piliers en béton. En effet, Jean Nouvel avait été informé par son confrère Carlos Ott que l'opéra Bastille, proche d'une station de métro, était sensible à des vibrations problématiques : comme l'opéra de Lyon était lui aussi proche d'une station2, la suspension devait permettre d'éviter un problème similaire. La grande salle est elle aussi plongée dans une totale obscurité afin que, dès l'entrée, le regard soit attiré par la scène et non les sièges.

L'opéra de Lyon comprend également une salle plus petite, appelé « amphithéâtre » en raison de sa disposition, semblable à celle des théâtres antiques. Dans ce lieu également, Jean Nouvel a voulu casser les idées reçues et rompre avec l'image de l'opéra d'un lieu réservé à un public âgé et aisé. Doté d'une capacité plus faible (200 places), il est destiné à un public plus jeune et moins formel que dans la grande salle : l'entrée y est gratuite et il est possible d'y apporter de la nourriture. Les spectacles programmés sont également beaucoup plus modernes et contemporains que dans la grande salle, où il se joue essentiellement de la musique classique.

Enfin, reposant sur les quatre murs historiques, le dôme est fait entièrement de verre, mais il est recouvert de lames brise-soleil qui changent d'apparence en fonction de leur orientation. La nuit tombée, des lumières rouges contenues dans l'interstice peuvent s'allumer pour, avec des lanternes placées dans le péristyle, montrer à toute la ville qu'une pièce se joue à l'opéra.

À l'intérieur de cette verrière, on trouve un studio de ballet réputé dans le monde entier pour la vue panoramique qu'il offre sur toute la ville de Lyon.

Parties anciennes[modifier | modifier le wikicode]

Pour ce qui concerne les parties anciennes, il ne reste véritablement que les quatre façades et le grand foyer. En effet, l'intérieur a été complètement vidé et remplacé, jusqu'aux structures. La façade, de style néoclassique, se caractérise au rez-de-chaussée par un péristyle (où se trouvent des cafés et d'autres commerces) et au premier niveau par une loggia. La façade principale est surmontée de statues de Muses : celles-ci sont au nombre seulement de 8, et non 9 comme dans la mythologie grecque, par une erreur de Chenavard qui n'avait pas prévu assez de socles.

Le grand foyer, lieu où se rendent les spectateurs pendant l'entracte, a également été conservé : il garde une décoration traditionnelle, avec des dorures, un lustre, des fresques (peintes par Domer (wp) et des sculptures. Jean Nouvel a souhaité qu'il reste inchangé, jusque dans ses erreurs3 et dans ses défauts (peinture inachevée), comme pour être le dernier témoignage à l'intérieur de l'ancienne vie du bâtiment. Et, effectivement, le passage de la grande salle au grand foyer est un choc, tant le contraste entre les deux esthétiques est grand.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Liens internes[modifier | modifier le wikicode]

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

Références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Interview de Jean Nouvel, par Laurent Ruquier.
  2. Hôtel de Ville - Louis Pradel (métro de Lyon) (wp)
  3. Le buste d'un célèbre compositeur affiche des dates de naissance et de mort inversées
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