Bataille de Megiddo (1457 av. J.-C.)

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Bataille de Megiddo
Vue aérienne de Megiddo.
Vue aérienne de Megiddo.
Informations générales
Dates 9 mai 1457 av. J.-C
Lieu Megiddo (Canaan)
Cause Soulèvement cananéen
Issue Victoire égyptienne
Belligérants
Commandants
Roi de Qadech
Prince de Megiddo
Forces en présence
10 800
10 700
Pertes
4 000 tués
1 000 blessés
8 300 tués
3 400 capturés
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La bataille de Megiddo est une bataille se déroulant au cours du XVe avant notre ère, dans les années 1457. L'affrontement oppose l'armée égyptienne de Thoutmôsis III à une alliance cananéenne dirigée par le roi de Qadesh1. La particularité de cette bataille, est le fait qu'il s'agit de la première de l'histoire à être très détaillée, au point que pour la première fois, il est fait un véritable décompte des corps2.

Les détails sont dus essentiellement par le travail d'un scribe de l'armée Tjenen et dont le texte de 225 lignes de 25 mètres de long fut inscrit sur la volonté du roi, sur les murs du temple d'Amon-Rê à Karnak. Le texte fut nommé par les historiens, sous le terme d'« Annales de Thoutmôsis III ».

Le récit de l’Égypte ancienne donne la date de la bataille comme étant le 21e jour du premier mois de la troisième saison, de l’an 23 du règne de Thoutmôsis III. On a prétendu que c’était le 16 avril 1457 av. J.-C., selon la chronologie moyenne, bien que d’autres publications placent la bataille en 1482 av. J.-C. ou 1479 av. J.-C.

Cette bataille s'acheva avec la victoire de l'Égypte après que leurs ennemis se soient cachés à Megiddo pour se protéger. Elle s'acheva après un siège de 7 mois où les ennemis décidèrent de se rendre.

Annales de Thoutmôsis III[modifier | modifier le wikicode]

Au cours de la première campagne de Thoutmôsis III au Levant, son scribe personnel, Tjaneni, tenait un journal quotidien sur parchemin. Vers sa 42e année de règne, de nombreuses années après la fin de ses campagnes au Levant, Thoutmôsis III ordonna à ses artisans d’inscrire ses exploits militaires dans les murs du temple d’Amon-Rê à Karnak. Les annales décrivent avec beaucoup de détails 14 campagnes menées par Thoutmôsis III au Levant, le butin gagné grâce à ses campagnes, le tribut reçu des régions conquises et, enfin, les offrandes à Amon-Rê. La séquence de représentations indique la croyance du Nouvel Empire sur les interactions des dieux avec la guerre : louanges et offrandes aux divinités en échange de leur aide divine dans la guerre3,4.

De plus, les annales montrent les effets durables de la bataille de Megiddo. Après la victoire de Thoutmôsis III à Megiddo et ses campagnes victorieuses au Levant au cours des 20 années suivantes, l’ascension de l’Égypte dans la communauté internationale et son évolution en un empire sont évidentes dans les annales. Les représentations montrent l'influence diplomatique à travers les cadeaux de Babylone, de l'Empire hittite et d’autres régions importantes et puissantes au cours de cette période3,4.

Prémices de la bataille[modifier | modifier le wikicode]

Révolte des Asiatiques[modifier | modifier le wikicode]

Le pharaon Thoutmôsis III a commencé un règne au cours duquel l’Empire égyptien a atteint sa plus grande étendue en renforçant la présence égyptienne de longue date au Levant. Après avoir attendu la fin de sa régence par le pharaon égyptien Hatchepsout suite à son décès, il répondit immédiatement à une révolte des dirigeants locaux près de Kadès, dans les environs de l’actuelle Syrie. L'Égypte doit faire face à une coalition contre elle venant des princes de Palestine et des environs :

« Depuis Yeraza jusqu’aux marécages de la terre, on s’était rebellé contre Sa Majesté »

— Kurt Heinrich Sethe, égyptologue5.

Cette coalition était placée sous le commandement du roi de Qadesh, mais aussi avec comme second, l'ennemi absolu de l'Égypte, le roi de Mitanni. La coalition décida de choisir la ville de Megiddo pour y établir leur camp, la position étant stratégique. C'est la raison pour laquelle l'emplacement fut celle de la bataille.

Remontée vers Megiddo[modifier | modifier le wikicode]

Lorsque le pharaon Hatchepsout mort, celui-ci sera remplacé par Thoutmôsis III qui avait pour ambition de mener plusieurs campagnes dans le but de montrer sa puissante aux Asiatiques. Il forma donc une armée de 10 000 hommes et réunissait plusieurs unités, telles que les chars, les archers et les fantassins.

L'armée du pharaon se mit en route et passèrent la forteresse de Tjaru avant de rejoindre quelques jours plus tard, la ville de Gaza, qui fut prise d’assaut. Une fois l'assaut terminé, le lendemain, les troupes se remirent en route pour arriver à Yehem, sans doute l’actuelle Yavnéel pour ensuite marcher sur Megiddo.

« où était entré le méprisable ennemi de Qadesh en ce moment même, réunissant autour de lui les Grands de tous les pays étrangers qui avaient été fidèles à l’Égypte… leurs chevaux, leurs armées et leurs gens »

— Kurt Heinrich Sethe, égyptologue5

Pour entrer dans la ville, le pharaon envoya des éclaireurs afin de voir, quelle route parmi les trois étaient la plus sûre, car ils allaient devoir atteindre la ville sans possibilité de se cacher ou de rester discret. Le dilemme fut compliqué, car la meilleure route serait celle du milieu, mais le problème, c'est qu'elle était très étroite et donc, les soldats ne pourraient se déplacer qu'en file indienne, ce qui implique que si l'ennemi les attend à la sortie, l'armée égyptienne, connaitrait un échec. Les officiers du roi informèrent le pharaon des risques, mais celui-ci ne les écouta pas. Il croyait que si ses généraux lui conseillaient de prendre les routes les plus faciles, alors son ennemi supposerait qu’il le ferait et l'attendait1.

En soit, il n'avait pas forcément eu une mauvaise idée, car les ennemis l'attendaient effectivement vers les routes les plus simples d'accès et avait quasiment ignoraient la route la plus complexe, ce qui a permis à l'infanterie et aux archers du pharaon de neutraliser les ennemis. La ville étant faiblement gardée par l’ennemi, Thoutmôsis mena un assaut rapide, dispersa les rebelles et entra dans la vallée sans opposition. Maintenant, l’armée égyptienne avait une voie libre vers Megiddo, avec les forces principales de l’armée rebelle loin au nord-ouest et au sud-est.

Bataille et siège[modifier | modifier le wikicode]

Relief dans le temple de Karnak montrant Thoutmôsis III tuant des captifs cananéens de la bataille de Megiddo, XVe siècle avant JC.

Thoutmôsis saisit l’occasion. Il établit son camp à la fin de la journée. Le lendemain matin, ils ont commencé l'attaque en espérant que l'ennemi n'avait pas eu le temps de se préparer durant la nuit et même s'il y était parvenu, il est probable que cela n'aurait pas changé grand chose, car l'armée égyptienne avait prévu une tactique spécifique, qui leur permettait d'attaquer des deux côtés. Cette technique permit aux égyptiens de remporter une étape vu que l'ennemi recula et s'enferma dans la ville, abandonnant leur camp.

Les soldats égyptiens se mirent à piller le camp ennemi et se sont emparés de 924 chars et 200 armures. Malheureusement pour les Égyptiens, au cours de cette confusion, les forces cananéennes dispersées, y compris les rois de Kadesh et de Megiddo, ont pu rejoindre les défenseurs à l’intérieur de la ville.

La ville fut assiégée pendant sept mois et le roi s’échappa. Thoutmôsis construisit un fossé et une palissade en bois, forçant finalement ses occupants à se rendre. À Karnak, il est rapporté que l’armée victorieuse a ramené 340 prisonniers, 2 041 juments, 191 poulains, 6 étalons, 924 chars, 200 armures, 502 arcs, 1 929 bovins, 22 500 moutons et l’armure royale, le char et les mâts de la tente du roi de Megiddo. La ville et les citoyens ont été épargnés. Un certain nombre d’autres villes de la vallée de Jizréel ont été conquises et l’autorité égyptienne dans la région a été restaurée.

Conséquences[modifier | modifier le wikicode]

Le royaume d’Égypte s'est agrandi à la suite de cette campagne. Comme l’a écrit Paul K. Davis, « En rétablissant la domination égyptienne en Canaan, Thoutmôsis a commencé un règne au cours duquel l’Égypte a atteint sa plus grande étendue en tant qu’empire »6.

Thoutmôsis III exigea des rois vaincus qu’ils envoient chacun un fils à la cour égyptienne où ils recevront une éducation égyptienne. Lorsqu’ils retournèrent dans leurs pays d’origine, ils gouvernèrent avec des liens étroits avec l'Égypte. Néanmoins, la victoire de Megiddo n’est que le début de la pacification du Levant. Ce n’est qu’après plusieurs autres campagnes, menées presque chaque année, que l’agitation s’est calmée. Un résultat inattendu est venu sous la forme du mot Armageddon, qui a pris sa racine du nom de Megiddo.

Sources[modifier | modifier le wikicode]

Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. 1,0 et 1,1 (en) Eric H Cline, The Battles of Armageddon : Megiddo and the Jezreel Valley from the Bronze Age to the Nuclear Age, Presse universitaire du Michigan, mai 2002.
  2. (en) Trevor Nesbit Dupuy, The Evolution of Weapons and Warfare, DaCapo, 1990.
  3. 3,0 et 3,1 (fr) Annales de Thoutmôsis III, site officiel du Louvre.
  4. 4,0 et 4,1 (en) Thutmose III, Encyclopedia Britannica.
  5. 5,0 et 5,1 (de) Kurt Heinrich Sethe, Urkunden des ägyptischen Altertums, volume 4, Urkunden der XVIII. Dynastie, Hindrich'sche Buchhandlung, 1932-1961.
  6. (en)Paul K. Davis, 100 Decisive Battles from Ancient Times to the Present : The World’s Major Battles and How They Shaped History, Presse universitaire d'Oxford, 1999.

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • (en) Richard E. Dupuy et Trevor N. Dupuy, The Encyclopedia of Military History : From 3500 B.C. to the Present, New York, Harper & Row, 1993.
  • (fr) Claire Lalouette, Thèbes ou La naissance d'un Empire, Flammarion, 1995.
  • (en) Donald B. Redford, Wars in Syria and Palestine of Thutmose III, Leiden, E. J. Brill, 2003.
  • (fr) Florence Maruéjol, Thoutmôsis III et la corégence avec Hatchepsout, Paris, Pygmalion, 2007.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

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